now we're lost somewhere in outer space in a hotel room where demons play - Juweel

Je sais pas. C’est drôle hein de commencer une pensée par ça ? Mais c’est vrai quoi, je sais pas. Je suis un peu paumé en ce moment. Y’a Vlinder et Zamas d’un côté et puis de l’autre, tu as moi. Et je suis paumé. Pas mal paumé. Je crois qu’ils me manquent et qu’on se perd un peu dernièrement, et que c’est triste. C’est vraiment triste parce que je les aime bien, vraiment, c’est mon frère et ma soeur, mais bon, je ne peux pas faire plus que ce que je fais déjà, n’est-ce pas ? Je peux pas. Et je suis perdu. Je sais que je me répète beaucoup, mais c’est parce que justement, je sais pas et que j’essaie de comprendre ce qui se trame dans ma tête, mais c’est pas facile faut que je l’admette. C’est pas facile du tout. Je me perds toujours dans ma tête, dans mes pensées. Et il y avait cette féline-là, que j’aimais, fin je crois que je l’aimais, on a passé pas mal de temps ensemble, Sieth là. Elle était une escogriffe, c’était la fille de Gaara, donc fallait que je fasse profil bas si je voulais pas finir empaillé. Mais voilà, je pensais beaucoup à elle, mais je me suis pris un de ces vents, un de ces râteaux. Je n’ai jamais avoué mes sentiments hein, mais j’ai bien vu comment elle était avec Kizuato qui était un escogriffe sorti de nulle part, fin, il venait de la Troupe Inondée donc c’est pas non plus nulle part, mais je me comprends. Alors voilà, y’avait elle que j’aimais, et j’aurais voulu passer tout mon temps avec elle, mais elle, et bah, c’était pas réciproque quoi et je sais pas comment le prendre ou comment réagir.

D’façon, c’est pas comme si elle était là. Elle est partie, partie je sais pas trop où, avec son compagnon et moi, je reste là. Comme un bel idiot. Je reste là, stupidement là, à ne rien faire de mes journées à part chasser et écouter ce que mon arbre me dit quand il a des choses à me dire parce que je travaille toujours activement pour avoir des informations sur ce vaste complot visant à détruire notre forêt, à la fin du monde. J’espère que Zamas et Vlinder n’ont pas délaissé tout ça, je veux pas les voir mourir non plus quand ce sera le temps de la fin du monde. Je les aime beaucoup trop pour encaisser leur perte, je crois que si je les perds et bien je décide de me jeter dans la gueule de la fin du monde pour les rejoindre parce que franchement, j’ai rien à part eux. Okay, j’ai quelques amis ici et là, quelques personnes avec qui je m’entends bien, des connaissances amicales et tout ça, mais c’est pas la même chose. Vlinder et Zamas sont de ma famille, comme ma mère hein, mais j’ai toujours été très proche de mon frère et de ma soeur comparé à ma mère qui n’a jamais vraiment approuvé nos idées de fin du monde. Eh, on s’entend, on a raison, c’est juste que les autres ils veulent pas le voir et le reconnaître et tant pis pour eux. Je me porte pas garant de tous les âmes perdues non plus.

Bon, j’en ai marre de rien foutre, je commence à me tomber sur les nerfs moi-même. Je suis là, dans mon arbre, je fais rien et je n’y arrive plus, je commence à saturer en énergie, à avoir besoin de courir un peu partout et ça m’insupporte. Je m’insupporte. Comment me supporter ? J’en ai un peu marre de penser aussi. Mais je suis bon qu’à ça, penser un peu trop encore et encore. Mon cerveau est en surchauffe constante et c’est très épuisant. Et puis soudainement, mon corps est secoué d’une quinte de toux qui me donne envie de jeter mes poumons par terre. Je suis tombé malade super ! C’est peut-être un peu ce que je cherchais à force de rester dans mon arbre, immobile, même quand la pluie se faisait sentir et mon pelage trempé jusqu’aux os. Mais bon, ça reste énervant. Je n’aime pas être malade et y’a pas grand monde qui aime ça, je crois. Et ça y est que je tousse encore ! Rah. Ça m’apprendra. Je m’énerve contre moi-même maintenant. Et le Danger que je sens toujours près de moi, que je chérie dans mon coeur. Bref. Je m’énerve. Sérieusement, j’ai presque envie de me gifler moi-même c’est pas croyable.

Je vois Juweel au loin et je soupire. Je soupire parce que je me désespère, hein, pas parce que je l’aime pas la petite. Au contraire, elle est très agréable. Bon, elle parle pas, on dirait qu’elle ressent rien, mais j’aime passer du temps en sa compagnie, elle est très… apaisante je crois. Je sais pas. C’est triste qu’elle ne parle pas, j’aimerais un peu savoir ce qui se trame dans sa tête, mais ce n’est pas si grave que ça. Je m’approche d’elle du coup. C’est une des seules aussi à ne pas réagir en me voyant alors je pense que ça aide au fait que je me sens calme avec elle. C’est pas fréquent, les chats qui n’effectuent pas un pas de recul en voyant à quel point mon ami le Feu a massacré mon apparence. Je m’approche d’elle parce que bon, faut bien que je bouge et puis, je la considère comme mon amie même si je suis incapable de savoir comment elle, elle me voit, ce qui est un peu épuisant. J’espère qu’elle me trouve pas énervant et lourd, sérieusement. Ce serait dommage. Et j’ai eu assez d’un râteau de la part de Sieth. Ça se voyait pas que je l’aimais ? Bon, je devrais pas trop y penser. Avec le temps et la distance, je l’aime plus trop, Sieth, c’est plutôt juste devenu un souvenir vague dans mon esprit qui revient lors de mes mauvais jours. « Coucou toi ! » Ah et, venez pas me demander comment j’ai obtenu son nom, je sais juste où aller chercher les informations quand je me pose des questions. Mais j’attendrais le jour où elle me le dira pour le dire à voix haute, faut pas croire. « Il fait pas très beau aujourd’hui, tu trouves pas ? Ça m’énerve un peu. Mais c’est vrai que parfois, du gris, c’est agréable et que ça permet de reposer. J’espère que t’as mangé aujourd’hui. Sinon, je peux t’apporter quelque chose.» Je parle peut-être un peu trop, mais je crois que je comble le silence. En fait non, c’est juste dans ma nature de parler beaucoup. Et comme elle ne parle pas, c’est encore pire.

Parfois, c'est comme si mes poumons suffoquent. Vous savez, comme un stupide rhume qui décide de devenir peut-être un peu trop fort ou encore quand je cours trop dans mes moments d'hyperactivité. Je comprends pas trop ce qui se passe, je n’ai pas trop l’habitude d’être dans un état comme ça, moi. J’ai juste l’habitude des moments où rien ne va, où j’ai envie de crever et que je ne vois pas l’intérêt de continuer de tenter de me battre dans ce monde où la fin du monde n’est qu’une fatalité même si on fait tout pour y survivre. Personne ne nous écoute, personne ne nous croit. Alors oui, parfois, je ne vois pas l’intérêt et je reste dans mon arbre et je ne mange pas pendant quelques jours, parfois des semaines, je deviens très faible, je manque de tomber et je finis par manger parce que je ne veux pas mourir non plus, parce que y’a Vlinder et Zamas. Parce que je veux continuer de leur parler, à mon frère et ma soeur, je les aime c’est normal. C’est ma famille et je peux me compter chanceux de les avoir, mais je dois admettre que je ne suis pas le meilleur frère non plus. Enfin’, j’imagine que je fais déjà pas mal de mon mieux et que je ne peux que me contenter de ça. J’ai juste peur de ce qui sommeille en moi. La Colère et le Danger sont toujours autour de moi, à me tourner tout autour de la tête et parfois ils deviennent tellement intenses que je ne contrôle plus rien et j’ai peur de ces moments.

Donc oui, même si je ne parle pas beaucoup à Zamas et Vlinder, même si on ne se voit pas et qu’on se perd de vue et que ça me rend vraiment triste, ils représentent la raison qui vrille mon crâne quand mon esprit est tombé bien trop bas pour qu’on puisse le raisonner. Et ça me fait manger. Et ça me fait bouger et c’est reparti pour l’hyperactivité. Le cerveau qui fonctionne trop, les idées qui se bousculent. Je suis comme ça, je suis un cycle. Je suis habitué à vivre avec mes démons. Ce n’est pas si important que ça. J’en étais où ? Je parlais de quoi déjà ? Ah oui, de mes poumons qui suffoquent et qui font que je ne peux pas bouger autant que je le voudrais et je sais que ce n’est que le début, je ne peux pas trop expliquer pourquoi j’ai cette certitude. En ce moment, je réussis à survivre et à respirer correctement, mais ça va se précipiter, j’en ai la certitude. Mais je n’en parlerais pas, ça ne sert à rien d’inquiéter. Ça ne sert strictement à rien d’inquiéter. De toute façon, qui pourrais-je bien inquiéter ? Je compte pour qui, sincèrement ? À part Vlinder et Zamas ? Et ma mère, Willow ? Mais je ne sais même pas ce qu’elle devient ma mère. Quel fils indigne je fais. Je ne sais même pas si elle est vivante, ma mère, je l’ai perdu de vue de façon bien plus drastique que Vlinder et Zamas. Je pense que je m’en veux. Je pense que ce serrement au coeur, c’est de la culpabilité parce que je sais que c’est en grande partie ma faute le fait que je ne les vois plus, que je ne leur parle plus vraiment. Je me suis isolé parce que j’ai peur de ce que je peux devenir.

Et puis il y a elle. Juweel. Je ne sais pas ce qu’elle pense, ce qu’elle souhaite, ce qu’elle aimerait. Je ne connais pas ses parents, si elle a de la famille, si elle aime le soleil ou encore le chant des oiseaux. Je ne sais pas qui elle est vraiment au fond, mais ce n’est pas si grave parce que quand je suis près d’elle, je me pose, je me calme, son silence m’englobe et j’aime penser que ma présence peut lui être ne serait-ce qu’un peu bénéfique. Nous sommes deux contraires. Ne dit-on pas que les contraires s’attirent ? Non, ce n’est qu’une amie. Enfin, à mes yeux. Parce que je suis peut-être le type lourd et si peu utile, tellement peu important, aux siens. Je ne sais pas. Elle ne parle pas. Oh, ne prenez pas ça comme un reproche hein ! Je ne lui reproche pas son silence, je sais bien que c’est comme ça qu’elle est et je serais stupide de lui reprocher. Je ne lui en veux pas non plus. C’est juste logique que je ne puisse pas savoir ce qu’elle ressent puisqu’elle ne dit rien, mais moi je sais que j’aime quand même bien être auprès d’elle et que c’est ce qui compte. Oh, c’est sûr que ce serait bien que je sache si elle aime que je sois là, sinon bah je me casserais parce que j’ai pas envie de l’énerver non plus. Je pense que ce qu’elle pense est important pour moi. C’est une amie, c’est normal. J’aimerais l’aider à parler, mais peut-être qu’elle ne le veut juste pas. Ce n’est pas grave. Et elle secoue la tête alors elle n’a pas mangé. Ce n’est pas bien, il faut manger. Elle a besoin de se nourrir. Je suis tellement mal placé pour parler, mais elle a besoin de manger et je pourrais aller chasser pour elle, parce que je ne veux pas qu’elle crève de faim. Je pensais aller chasser, mais elle a coupé net mon élan. En fait, je n’avais toujours pas bougé, j’étais toujours là à trop penser. Je suis contradictoire, faut se le dire, je pense trop en permanence et parfois je fige, mais je suis sans doute la personne la plus impulsive que je connais à faire les choses sur un coup de tête. Enfin.. je m’égare encore. Je disais ! Elle m’a coupé dans cet élan inexistant en s’installant à côté de moi et coller son épaule.. J’ai envie de rester comme ça pour l’éternité.

Je me sens bien avec elle. Je pourrais parler pendant des heures sans m’arrêter parce que j’ai le sentiment profond que malgré tout, elle m’écoute et que je ne la dérange pas. Et puis, je suis comme ça, je parle tout le temps. Et je pose ma tête contre son épaule. Je ne suis pas celui qui est le plus tactile, je n’ai personne qui s’approche de moi en même temps alors autant dire que c’est sans doute normal. Mais là, elle est là, et je sens la chaleur de son corps et ça m’apaise. Je pourrais rester ainsi pendant des heures sans rien dire. Je ferme les yeux. Je respire. Même si mes poumons étouffent, je respire. Parce que je pense que ça me manquait, le contact physique. Parce que je pense qu’avec elle, c’est différent. J’ouvre mes yeux - bien que je ne vois que d’un - et je souris doucement.. « tu dois manger.. » ce n’est qu’un murmure empli d’inquiétude.