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Staffien à la retraite
Puf/Surnom : Ally
Messages : 1573Hraun
Sam 31 Déc 2016 - 15:03
Un craquement de branche à l’entrée de la grotte fit comprendre à la guérisseuse qu’elle n’était plus seule. Une grande ombre noire se glissa à l’intérieur. Il y faisait tiède et rassurant. L’odeur d’herbes médicinales envahit ses narines et il sentit le bout de ses oreilles frémir. Cela faisait de longues lunes qu’il n’était pas venu ici. Il avait même refusé de venir soigner ses blessures le jour où Etoile de la Mélopée…le jour où c’ était arrivé.
D’un pas souple il s’approcha du cœur de la caverne, là où Rêve d’Ebène s’affairait. Œil de Violette était absente, et c’était tant mieux. Le matou noir avait envie de se retrouver seul avec la femelle au pelage de nuit. Comme ces rares fois où il était venu se confier à la chatte brune, il sentait son souffle court, sa bouche pâteuse et son cœur qui battait à tout rompre. Il gardait fière allure, ce grand guerrier. Ses muscles n’avaient jamais été aussi développés et son pelage noir n’avait jamais été aussi resplendissant. Et pourtant, au fond de ses yeux d’ambre, il sentait la flamme trembler et vaciller.
Il balaya la pièce du regard, comme à son habitude, pour vérifier qu'aucun malade ou chat décrépit était là pour tendre l'oreille. La faible chaleur de la pièce réchauffait son corps meurtri par le froid glacial de la matinée. En effet, il rentrait de la chasse, il avait passé de longues heures à chercher les quelques animaux restants de la forêt pour nourrir son clan. Le givre lui collait encore aux pattes et ses moustaches glacées lui donnaient une folle envie de frissonner. Mais il n'en avait que faire.
La guérisseuse devait être bien surprise de le voir ainsi débarquer dans son antre, après temps de silences. Mais il s’appliqua à éviter le regard interrogateur de l’hôte de ces lieux.
- Rêve d’Ebène, fit-il le souffle court, je…j’ai à te parler…
Ce bégaiement ne lui était pas familier, et ses amères pupilles glaciales voulurent se figer dans celles de la chatte noire, afin de se redonner contenance. Son regard, par le passé, n’avait jamais paru aussi acéré qu’en cet instant. Et pourtant, derrière la grandeur que lui accordait son statut de chef et la force de son corps dans le meilleur âge de la vie…
Il était fatigué.
D’un pas souple il s’approcha du cœur de la caverne, là où Rêve d’Ebène s’affairait. Œil de Violette était absente, et c’était tant mieux. Le matou noir avait envie de se retrouver seul avec la femelle au pelage de nuit. Comme ces rares fois où il était venu se confier à la chatte brune, il sentait son souffle court, sa bouche pâteuse et son cœur qui battait à tout rompre. Il gardait fière allure, ce grand guerrier. Ses muscles n’avaient jamais été aussi développés et son pelage noir n’avait jamais été aussi resplendissant. Et pourtant, au fond de ses yeux d’ambre, il sentait la flamme trembler et vaciller.
Il balaya la pièce du regard, comme à son habitude, pour vérifier qu'aucun malade ou chat décrépit était là pour tendre l'oreille. La faible chaleur de la pièce réchauffait son corps meurtri par le froid glacial de la matinée. En effet, il rentrait de la chasse, il avait passé de longues heures à chercher les quelques animaux restants de la forêt pour nourrir son clan. Le givre lui collait encore aux pattes et ses moustaches glacées lui donnaient une folle envie de frissonner. Mais il n'en avait que faire.
La guérisseuse devait être bien surprise de le voir ainsi débarquer dans son antre, après temps de silences. Mais il s’appliqua à éviter le regard interrogateur de l’hôte de ces lieux.
- Rêve d’Ebène, fit-il le souffle court, je…j’ai à te parler…
Ce bégaiement ne lui était pas familier, et ses amères pupilles glaciales voulurent se figer dans celles de la chatte noire, afin de se redonner contenance. Son regard, par le passé, n’avait jamais paru aussi acéré qu’en cet instant. Et pourtant, derrière la grandeur que lui accordait son statut de chef et la force de son corps dans le meilleur âge de la vie…
Il était fatigué.
Guerrier expérimenté
Puf/Surnom : Rayn Messages : 224Rêve d'Ebène
Mar 7 Fév 2017 - 22:37
Repenti
Ses yeux jaunes passèrent d'une plante à l'autre, s'attardant un instant sur le pétale d'une fleur, la tige d'une herbe, la feuille d'une autre.
Coincée dans le recoin où elle conservait ses remèdes, elle regardait tous ceux qu'elle avait alignés devant elle, tous ceux capables de soigner de près ou de loin des problèmes liés à la respiration et elle devait se rendre à l'évidence en les regardant :
ses capacités de guérisseuse ne pouvaient rien pour soigner sa maladie.
Elle avait déjà entendu parler de ça dans les récits des guérisseurs, de ces chats malades et qui, malgré toutes les herbes utilisées sur eux, ne guérissaient jamais. Cependant, elle n'aurait jamais cru le vivre un jour en vrai, encore moins être un de ces chats.
Cela faisait plusieurs lunes qu'elle n'était plus capable de faire le voyage jusqu'à la pierre de lune, ses pattes devenant trop lourdes, son souffle trop rapide et son cœur frappant beaucoup trop fort dans sa poitrine pour qu'elle arrive encore à poser une patte après l'autre. Et encore, si ça n'avait été que pour aller jusqu'aux Hautes Pierres...
Rapidement, elle ne pouvait plus aller aussi loin qu'elle le devait et marcher aussi longtemps que son rôle de guérisseuse et donc de dénicheuse de remèdes le lui demandait. Elle ne pouvait plus courir aussi vite et aux quatre coins du Clan.
Son cœur était malade.
Il battait trop vite dans son poitrail, alors qu'il avait été silencieux pendant des lunes et des lunes et qu'il ait été brisé dans sa jeunesse laissait une partie de son oxygène s'échapper par cette ancienne fissure, la laissant épuisée et essoufflée comme si elle avait vingt lunes de plus que son âge. Et, elle devait se rendre à l'évidence, toutes les herbes qu'elle avait pu avaler pour essayer de soigner son problème et qui se trouvaient toutes çà ses pattes avaient été inutiles... et il n'en existait aucune autre.
Elle devait se rendre à l'évidence, même si cela lui serrait le cœur et la fit soupirer tristement.
Un bruit à l'entrée de la grotte la secoua dans ses réflexions et elle se dépêcha de tout remettre à sa place, Œil de Violette ne connaissant pas encore son petit secret et, lorsqu'elle passa la tête en dehors de la réserve, elle cru vraiment que c'était son ancienne apprentie qui était de retour de la collecte des herbes qu'elle lui avait réclamées mais, en sortant, elle se rendit compte que le chat noir qu'elle avait devant les yeux ne tenait aucune feuille dans sa gueule et qu'il était bien plus large et musclé que la jeune chatte aux yeux violets.
Ce chat-là avait des yeux ambrés qu'il posa sur elle d'un air très sérieux et les poils sur la nuque de la guérisseuse se dressèrent en retour. Ce chat avait beau être son meneur, son chef, il faisait surtout partit de la liste des guerriers arrogants qu'elle haïssait presque viscéralement pour et par leur nature.
-Rêve d'Ebène, je... j'ai à te parler...
Il y avait une hésitation qu'elle n'avait plus l'habitude d'entendre dans le ton de sa voix et, d'une certaine façon, cela calma la colère et la rage antique qu'elle ressentait pour lui et sa nature. Elle se radoucit quelque peu car il se présentait à elle comme il était réellement : plus fragile, plus atteignable que ce chat arrogant et au-dessus de tout et de tout le monde qu'il était quotidiennement.
Cela ne l'empêcha pas pour autant de se montrer quelque peu sèche dans sa réponse.
- Que puis-je pour toi Etoile de Lave ?
Coincée dans le recoin où elle conservait ses remèdes, elle regardait tous ceux qu'elle avait alignés devant elle, tous ceux capables de soigner de près ou de loin des problèmes liés à la respiration et elle devait se rendre à l'évidence en les regardant :
ses capacités de guérisseuse ne pouvaient rien pour soigner sa maladie.
Elle avait déjà entendu parler de ça dans les récits des guérisseurs, de ces chats malades et qui, malgré toutes les herbes utilisées sur eux, ne guérissaient jamais. Cependant, elle n'aurait jamais cru le vivre un jour en vrai, encore moins être un de ces chats.
Cela faisait plusieurs lunes qu'elle n'était plus capable de faire le voyage jusqu'à la pierre de lune, ses pattes devenant trop lourdes, son souffle trop rapide et son cœur frappant beaucoup trop fort dans sa poitrine pour qu'elle arrive encore à poser une patte après l'autre. Et encore, si ça n'avait été que pour aller jusqu'aux Hautes Pierres...
Rapidement, elle ne pouvait plus aller aussi loin qu'elle le devait et marcher aussi longtemps que son rôle de guérisseuse et donc de dénicheuse de remèdes le lui demandait. Elle ne pouvait plus courir aussi vite et aux quatre coins du Clan.
Son cœur était malade.
Il battait trop vite dans son poitrail, alors qu'il avait été silencieux pendant des lunes et des lunes et qu'il ait été brisé dans sa jeunesse laissait une partie de son oxygène s'échapper par cette ancienne fissure, la laissant épuisée et essoufflée comme si elle avait vingt lunes de plus que son âge. Et, elle devait se rendre à l'évidence, toutes les herbes qu'elle avait pu avaler pour essayer de soigner son problème et qui se trouvaient toutes çà ses pattes avaient été inutiles... et il n'en existait aucune autre.
Elle devait se rendre à l'évidence, même si cela lui serrait le cœur et la fit soupirer tristement.
Un bruit à l'entrée de la grotte la secoua dans ses réflexions et elle se dépêcha de tout remettre à sa place, Œil de Violette ne connaissant pas encore son petit secret et, lorsqu'elle passa la tête en dehors de la réserve, elle cru vraiment que c'était son ancienne apprentie qui était de retour de la collecte des herbes qu'elle lui avait réclamées mais, en sortant, elle se rendit compte que le chat noir qu'elle avait devant les yeux ne tenait aucune feuille dans sa gueule et qu'il était bien plus large et musclé que la jeune chatte aux yeux violets.
Ce chat-là avait des yeux ambrés qu'il posa sur elle d'un air très sérieux et les poils sur la nuque de la guérisseuse se dressèrent en retour. Ce chat avait beau être son meneur, son chef, il faisait surtout partit de la liste des guerriers arrogants qu'elle haïssait presque viscéralement pour et par leur nature.
-Rêve d'Ebène, je... j'ai à te parler...
Il y avait une hésitation qu'elle n'avait plus l'habitude d'entendre dans le ton de sa voix et, d'une certaine façon, cela calma la colère et la rage antique qu'elle ressentait pour lui et sa nature. Elle se radoucit quelque peu car il se présentait à elle comme il était réellement : plus fragile, plus atteignable que ce chat arrogant et au-dessus de tout et de tout le monde qu'il était quotidiennement.
Cela ne l'empêcha pas pour autant de se montrer quelque peu sèche dans sa réponse.
- Que puis-je pour toi Etoile de Lave ?
© Codage by Ella'
Staffien à la retraite
Puf/Surnom : Ally Messages : 1573Hraun
Ven 7 Avr 2017 - 11:01
Ce fut une voix sèche qui lui répondit :
- Que puis-je pour toi Etoile de Lave ?
De tous les chats de ce clan, il n’y avait que la guérisseuse à qui il avait envie de parler. Elle seule écouterait ce qu’il avait à dire. Enfin… s’il ne se trompait pas à son sujet, elle l’écouterait. Elle ne lui pardonnerait pas. Mais elle l’écouterait. Les mots martelaient son poitrail et tordaient son estomac. Il fallait qu’ils sortent, il fallait vider ce sac qui devenait trop lourd à porter. Il savait que s’il se taisait, s’il faisait comme il l’avait toujours fait, il allait devenir fou. Le meneur ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en sortit. Les mots restaient désespérément coincés au fond de son gosier. Comment dirait-il tout cela ? Comment pouvait-il avouer à Rêve d’Ebène toutes les horreurs qu’il avait commises ? Qu’attendait-il d’elle, au fond ? Il secoua la tête et s’assit, ramenant sa longue queue noire autour de ses pattes. Ses yeux qui fixaient toujours l’ancienne guérisseuse se fermèrent, tandis qu’il essayait de faire taire le vacarme assourdissant de ses pensées.
- Je ne peux pas…
Murmura-t-il tout haut, autant pour lui-même que pour la terre entière. Qu’entendait-il, en venant ici ? En voulant se livrer ? Voulait-il la mort, l’exil, la haine des autres ? Qu’est-ce que tout cela lui apporterait ? Rêve d’Ebène n’était pas son amie, ni sa confidente, elle n’aurait aucune pitié pour lui. Elle lui cracherait au visage et révèlerait ses confidences à la forêt entière. Mais… à qui pouvait-il se confier ? Si ce n’était le tapis d’herbes séchées qui lui servait de litière dans la tanière du Chef. Il n’avait pas d’ami, il n’avait pas de confident, il n’avait que lui, son arrogance, sa mauvaise humeur et sa rage sourde et lancinante pour seule compagnie.
Il devait paraitre bien étrange, assis là au milieu de la grotte de la guérisseuse, bloquée par une force invisible qui l’empêchait de parler. Où était son orgueil, sa dignité, tous ces atouts qui faisaient de lui un matou resplendissant ? Il se sentait chaton et perdu, entouré par la peur, la folie et le remords.
Le ridicule de cette situation l’atteignit, et il sentit un rire moqueur s’échapper de sa propre gueule.
- Je dois te sembler bien bête, de venir te déranger alors que je ne sais pas ce que je voudrais dire…
Il rouvrit des yeux brillants, de fièvre, de peur, ou de folie. La guérisseuse n’avait pas bougé d’un pouce et l’observait, l’expression fermée.
- Je…
Un frisson lui parcourut l’échine. Il pensa à Aube de la Mort qui devait chercher un moyen de se débarrasser de lui pour prendre sa place sur le trône. Il pensa à Ange Brisé, qu’il aurait bien aimé ouvrir en deux dans le sens de la longueur pour y remettre ses enfants morts en guise de vendetta. Il pensa à tous ces chats de Clan, tous aussi bêtes les uns que les autres, qui le craignaient, le haïssaient ou l’admirait.
- …suis…
Il pensa enfin au lieutenant du clan du tonnerre, et à sa sœur, qu’il avait violemment rayé de la surface de la forêt, ainsi que le plaisir qu’il avait éprouvé en taillant dans leur chair les empreintes de la douleur et de la mort.
- …haïssable.
Il n’avait pas besoin de beaucoup de force pour dire ces mots. Il n’avait que faire de ce que les autres pensaient de lui à ce sujet. C’était des mots durs, froids et tranchants, comme des silex, comme des couteaux. Il les utilisait pour trancher dans son orgueil comme dans un sac d’épices, pour pouvoir y déverser le contenu avec plus de facilité. Son regard d’ambre vacilla et il sentit un bourdonnement noir monter ses oreilles.
- J’ai besoin d’aide, Rêve d’Ebène. Je ne sais pas à qui parler. J’espère que tu accepteras de m’écouter, ou je vais perdre la raison. Je n’ose plus dormir la nuit et les aliments ont un goût de cendre dans ma bouche. J’ai besoin de ton écoute, non de tes injures. Peux-tu faire cela, ou dois-je retourner d’où je viens sans dire un mot ?
Il avait parlé rapidement, à court de souffle. Comme s’il n’avait pas pu attendre de respirer, de peur de ravaler ses paroles. Il détourna les yeux, fâché contre lui-même. Il n’avait jamais ressenti sa faiblesse aussi profondément qu’en cet instant. Et il se sentait impuissant, grotesque et lâche. Il détestait cela.
*Quel intérêt d’être le maitre du monde, quand on ne peut être maitre de soi ? Dis-moi. Rien que de te regarder, j’imagine la manière dont je veux te tuer. Non pas que je souhaite ta mort, mais la violence au fond de moi est si intense qu’elle me demande de détruire sans distinguer le bon du mauvais. *
Ses pattes lui semblèrent être faites de coton. Il aurait aimé s’effondrer dans la poussière si sa dignité ne lui avait pas ordonné de garder la tête haute. Cependant, il était incapable d’esquisser un mouvement, sauf celui de ses yeux d’ambre qui revinrent au visage de la femelle brune.
- Que puis-je pour toi Etoile de Lave ?
De tous les chats de ce clan, il n’y avait que la guérisseuse à qui il avait envie de parler. Elle seule écouterait ce qu’il avait à dire. Enfin… s’il ne se trompait pas à son sujet, elle l’écouterait. Elle ne lui pardonnerait pas. Mais elle l’écouterait. Les mots martelaient son poitrail et tordaient son estomac. Il fallait qu’ils sortent, il fallait vider ce sac qui devenait trop lourd à porter. Il savait que s’il se taisait, s’il faisait comme il l’avait toujours fait, il allait devenir fou. Le meneur ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en sortit. Les mots restaient désespérément coincés au fond de son gosier. Comment dirait-il tout cela ? Comment pouvait-il avouer à Rêve d’Ebène toutes les horreurs qu’il avait commises ? Qu’attendait-il d’elle, au fond ? Il secoua la tête et s’assit, ramenant sa longue queue noire autour de ses pattes. Ses yeux qui fixaient toujours l’ancienne guérisseuse se fermèrent, tandis qu’il essayait de faire taire le vacarme assourdissant de ses pensées.
- Je ne peux pas…
Murmura-t-il tout haut, autant pour lui-même que pour la terre entière. Qu’entendait-il, en venant ici ? En voulant se livrer ? Voulait-il la mort, l’exil, la haine des autres ? Qu’est-ce que tout cela lui apporterait ? Rêve d’Ebène n’était pas son amie, ni sa confidente, elle n’aurait aucune pitié pour lui. Elle lui cracherait au visage et révèlerait ses confidences à la forêt entière. Mais… à qui pouvait-il se confier ? Si ce n’était le tapis d’herbes séchées qui lui servait de litière dans la tanière du Chef. Il n’avait pas d’ami, il n’avait pas de confident, il n’avait que lui, son arrogance, sa mauvaise humeur et sa rage sourde et lancinante pour seule compagnie.
Il devait paraitre bien étrange, assis là au milieu de la grotte de la guérisseuse, bloquée par une force invisible qui l’empêchait de parler. Où était son orgueil, sa dignité, tous ces atouts qui faisaient de lui un matou resplendissant ? Il se sentait chaton et perdu, entouré par la peur, la folie et le remords.
Le ridicule de cette situation l’atteignit, et il sentit un rire moqueur s’échapper de sa propre gueule.
- Je dois te sembler bien bête, de venir te déranger alors que je ne sais pas ce que je voudrais dire…
Il rouvrit des yeux brillants, de fièvre, de peur, ou de folie. La guérisseuse n’avait pas bougé d’un pouce et l’observait, l’expression fermée.
- Je…
Un frisson lui parcourut l’échine. Il pensa à Aube de la Mort qui devait chercher un moyen de se débarrasser de lui pour prendre sa place sur le trône. Il pensa à Ange Brisé, qu’il aurait bien aimé ouvrir en deux dans le sens de la longueur pour y remettre ses enfants morts en guise de vendetta. Il pensa à tous ces chats de Clan, tous aussi bêtes les uns que les autres, qui le craignaient, le haïssaient ou l’admirait.
- …suis…
Il pensa enfin au lieutenant du clan du tonnerre, et à sa sœur, qu’il avait violemment rayé de la surface de la forêt, ainsi que le plaisir qu’il avait éprouvé en taillant dans leur chair les empreintes de la douleur et de la mort.
- …haïssable.
Il n’avait pas besoin de beaucoup de force pour dire ces mots. Il n’avait que faire de ce que les autres pensaient de lui à ce sujet. C’était des mots durs, froids et tranchants, comme des silex, comme des couteaux. Il les utilisait pour trancher dans son orgueil comme dans un sac d’épices, pour pouvoir y déverser le contenu avec plus de facilité. Son regard d’ambre vacilla et il sentit un bourdonnement noir monter ses oreilles.
- J’ai besoin d’aide, Rêve d’Ebène. Je ne sais pas à qui parler. J’espère que tu accepteras de m’écouter, ou je vais perdre la raison. Je n’ose plus dormir la nuit et les aliments ont un goût de cendre dans ma bouche. J’ai besoin de ton écoute, non de tes injures. Peux-tu faire cela, ou dois-je retourner d’où je viens sans dire un mot ?
Il avait parlé rapidement, à court de souffle. Comme s’il n’avait pas pu attendre de respirer, de peur de ravaler ses paroles. Il détourna les yeux, fâché contre lui-même. Il n’avait jamais ressenti sa faiblesse aussi profondément qu’en cet instant. Et il se sentait impuissant, grotesque et lâche. Il détestait cela.
*Quel intérêt d’être le maitre du monde, quand on ne peut être maitre de soi ? Dis-moi. Rien que de te regarder, j’imagine la manière dont je veux te tuer. Non pas que je souhaite ta mort, mais la violence au fond de moi est si intense qu’elle me demande de détruire sans distinguer le bon du mauvais. *
Ses pattes lui semblèrent être faites de coton. Il aurait aimé s’effondrer dans la poussière si sa dignité ne lui avait pas ordonné de garder la tête haute. Cependant, il était incapable d’esquisser un mouvement, sauf celui de ses yeux d’ambre qui revinrent au visage de la femelle brune.
Guerrier expérimenté
Puf/Surnom : Rayn Messages : 224Rêve d'Ebène
Dim 9 Avr 2017 - 13:37
Repenti
Elle entendit sa voix résonner longtemps entre les murs de la grotte, la pierre répercutant les vibrations de son ton à la fois grave et sec pendant de longues secondes.
Etoile de Lave, qui était venu en disant vouloir lui parler, restait pourtant muet en face d'elle et, voyant son regard d'ambre se poser un peu partout sans trouver un point d'ancrage et sa queue s'agiter à droite et à gauche dans son dos, elle comprit qu'il hésitait et réfléchissait, comme il le faisait toujours lorsqu'il avait besoin de s’épancher auprès d'elle.
Elle s'assit donc pendant qu'il pesait le pour et le contre devant elle, lui adressant quelques paroles qui n'avait pas vraiment d'utilité, et son cœur émit un battement plus lourd et plus sourd que les précédents, comme lorsqu'elle tentait encore de courir subitement sur une petite distance. Un pressentiment forma comme un étau fer dans sa gorge et autour de son cœur et fit fourmiller chaque poil de sa fourrure noire à peine colorée de cette tâche blanche sur son poitrail avant de disparaître.
Chacune de leur rencontre avait été en quelque sorte décisive pour le meneur sachant que, la dernière fois qu'ils s'étaient croisés, près de la frontière du Clan du Tonnerre, il semblait encore plus perdu que la première fois qu'il était entré dans sa grotte, troublé par un rêve qui ne cessait de lui revenir et, alors qu'elle avait vu la noirceur s'échapper de son pelage sombre, il était devenu meneur quelques temps après.
Aujourd'hui, elle sentait que quelque chose d'important allait encore se jouer et elle se sentit soudain plus tendu en fixant à nouveau son meneur. Ses paroles pouvaient bien modifier l'avenir du Clan du tout entier.
- Je...suis...haïssable.
Un nouveau frisson parcourut le pelage de Rêve d'Ebène mais il était bien différent du premier qu'elle avait ressentit. Il y avait de la peine dans les mots d'Etoile de Lave, de la peine, une immense tristesse, une aussi grande solitude et un pointe de désespoir qui la déstabilisait, bien trop habituée à son air revêche et supérieur qu'il affichait toujours devant les autres.
Il y avait un moment qu'elle ne l'avait plus vu sous son vrai jour et il avait l'air encore plus mal et malheureux qu'à leur dernière rencontre. Pourtant, il avait eu ce qu'il voulait non ? Devenir meneur semblait faire parti de ses plus grandes volontés de chat arrogant, mais le mâle qu'elle avait en face d'elle n'avait rien d'arrogant.... C'était elle trompée ?
Elle vit l'ambre de son regard perdre sa lueur, comme si tout ce qui était lumineux à l'intérieur de lui avait subitement disparu et la guérisseuse ressentie une peur encore plus grande encore pour le chat noir.
- J’ai besoin d’aide, Rêve d’Ebène. Je ne sais pas à qui parler. J’espère que tu accepteras de m’écouter, ou je vais perdre la raison. Je n’ose plus dormir la nuit et les aliments ont un goût de cendre dans ma bouche. J’ai besoin de ton écoute, non de tes injures. Peux-tu faire cela, ou dois-je retourner d’où je viens sans dire un mot ?
C'était plus qu'une demande qu'il lui faisait, même si il ne s'en rendait pas forcément compte mais, aux oreilles de Rêve d'Ebène, c'était une supplique, un appel à l'aide et, en regardant Etoile de Lave droit dans les yeux, elle vit un instant le jeune Nuage Blanc, son regard émeraude brillant de ce même appel à l'aide auquel elle n'avait pu répondre à temps et elle eu une bouffée immense d'amour et de compassion pour son meneur en détresse.
Pour autant, elle ne répondit pas tout de suite. Elle sentait, par ce pressentiment qui l'avait prit au cœur, que cette discussion avait un sens bien plus important que celui que les deux chats pouvaient comprendre et, pour cette raison, elle garda le silence encore un long instant pour réfléchir à ses paroles avant de les prononcer :
- Je ne peux pas faire de miracles, Etoile de Lave. Je ne suis que le réceptacle du Clan des Etoiles et ne peux pas accomplir d'aussi grandes choses qu'eux par moi-même. Mais, même si je me montre si sèche et abrupte avec toi, je peux accomplir une partie de mon devoir de guérisseuse et ma volonté de camarade de Clan en t'écoutant sans jugements. Si tes soucis sont si grands qu'il y paraît, peut-être que nos ancêtres tendront eux-aussi l'oreille pour te venir en aide. En attendant, je peux faire de mon mieux à leur place pour te soulager de ta peine.
Elle marqua une pause. Elle pensait bien qu'Etoile de Lave devait se moquer de l'aide du Clan des Etoiles alors qu'il avait besoin de quelqu'un de tangible pour lui venir en aide et c'est pour ça qu'elle se permit de le toucher, un simple frôlement de sa queue sur la ligne de sa mâchoire avant qu'elle ne l'enroule à nouveau autour de ses pattes et qu'elle ne miaule, son regard toujours ancré au sien :
- Je t'écoute.
Etoile de Lave, qui était venu en disant vouloir lui parler, restait pourtant muet en face d'elle et, voyant son regard d'ambre se poser un peu partout sans trouver un point d'ancrage et sa queue s'agiter à droite et à gauche dans son dos, elle comprit qu'il hésitait et réfléchissait, comme il le faisait toujours lorsqu'il avait besoin de s’épancher auprès d'elle.
Elle s'assit donc pendant qu'il pesait le pour et le contre devant elle, lui adressant quelques paroles qui n'avait pas vraiment d'utilité, et son cœur émit un battement plus lourd et plus sourd que les précédents, comme lorsqu'elle tentait encore de courir subitement sur une petite distance. Un pressentiment forma comme un étau fer dans sa gorge et autour de son cœur et fit fourmiller chaque poil de sa fourrure noire à peine colorée de cette tâche blanche sur son poitrail avant de disparaître.
Chacune de leur rencontre avait été en quelque sorte décisive pour le meneur sachant que, la dernière fois qu'ils s'étaient croisés, près de la frontière du Clan du Tonnerre, il semblait encore plus perdu que la première fois qu'il était entré dans sa grotte, troublé par un rêve qui ne cessait de lui revenir et, alors qu'elle avait vu la noirceur s'échapper de son pelage sombre, il était devenu meneur quelques temps après.
Aujourd'hui, elle sentait que quelque chose d'important allait encore se jouer et elle se sentit soudain plus tendu en fixant à nouveau son meneur. Ses paroles pouvaient bien modifier l'avenir du Clan du tout entier.
- Je...suis...haïssable.
Un nouveau frisson parcourut le pelage de Rêve d'Ebène mais il était bien différent du premier qu'elle avait ressentit. Il y avait de la peine dans les mots d'Etoile de Lave, de la peine, une immense tristesse, une aussi grande solitude et un pointe de désespoir qui la déstabilisait, bien trop habituée à son air revêche et supérieur qu'il affichait toujours devant les autres.
Il y avait un moment qu'elle ne l'avait plus vu sous son vrai jour et il avait l'air encore plus mal et malheureux qu'à leur dernière rencontre. Pourtant, il avait eu ce qu'il voulait non ? Devenir meneur semblait faire parti de ses plus grandes volontés de chat arrogant, mais le mâle qu'elle avait en face d'elle n'avait rien d'arrogant.... C'était elle trompée ?
Elle vit l'ambre de son regard perdre sa lueur, comme si tout ce qui était lumineux à l'intérieur de lui avait subitement disparu et la guérisseuse ressentie une peur encore plus grande encore pour le chat noir.
- J’ai besoin d’aide, Rêve d’Ebène. Je ne sais pas à qui parler. J’espère que tu accepteras de m’écouter, ou je vais perdre la raison. Je n’ose plus dormir la nuit et les aliments ont un goût de cendre dans ma bouche. J’ai besoin de ton écoute, non de tes injures. Peux-tu faire cela, ou dois-je retourner d’où je viens sans dire un mot ?
C'était plus qu'une demande qu'il lui faisait, même si il ne s'en rendait pas forcément compte mais, aux oreilles de Rêve d'Ebène, c'était une supplique, un appel à l'aide et, en regardant Etoile de Lave droit dans les yeux, elle vit un instant le jeune Nuage Blanc, son regard émeraude brillant de ce même appel à l'aide auquel elle n'avait pu répondre à temps et elle eu une bouffée immense d'amour et de compassion pour son meneur en détresse.
Pour autant, elle ne répondit pas tout de suite. Elle sentait, par ce pressentiment qui l'avait prit au cœur, que cette discussion avait un sens bien plus important que celui que les deux chats pouvaient comprendre et, pour cette raison, elle garda le silence encore un long instant pour réfléchir à ses paroles avant de les prononcer :
- Je ne peux pas faire de miracles, Etoile de Lave. Je ne suis que le réceptacle du Clan des Etoiles et ne peux pas accomplir d'aussi grandes choses qu'eux par moi-même. Mais, même si je me montre si sèche et abrupte avec toi, je peux accomplir une partie de mon devoir de guérisseuse et ma volonté de camarade de Clan en t'écoutant sans jugements. Si tes soucis sont si grands qu'il y paraît, peut-être que nos ancêtres tendront eux-aussi l'oreille pour te venir en aide. En attendant, je peux faire de mon mieux à leur place pour te soulager de ta peine.
Elle marqua une pause. Elle pensait bien qu'Etoile de Lave devait se moquer de l'aide du Clan des Etoiles alors qu'il avait besoin de quelqu'un de tangible pour lui venir en aide et c'est pour ça qu'elle se permit de le toucher, un simple frôlement de sa queue sur la ligne de sa mâchoire avant qu'elle ne l'enroule à nouveau autour de ses pattes et qu'elle ne miaule, son regard toujours ancré au sien :
- Je t'écoute.
© Codage by Ella'
Staffien à la retraite
Puf/Surnom : Ally Messages : 1573Hraun
Dim 9 Avr 2017 - 16:09
- Je ne peux pas faire de miracles, Etoile de Lave. Je ne suis que le réceptacle du Clan des Etoiles et ne peux pas accomplir d'aussi grandes choses qu'eux par moi-même…
A ces mots, le meneur eu un nouveau sourire moqueur. Même le clan des Etoiles était incapable de faire quoi que ce soit de la situation dans laquelle il se trouvait. Le clan des Etoiles le haissait, comme eux tous. Le reste des paroles de Rêve d’Ebène se perdit dans le bourdonnement de ses oreilles. Les mots ne formaient qu’une masse informe dans laquelle il put cependant en tirer le sens global. La queue de Rêve d’Ebène le frôla. Ce contact ne lui était pas naturel mais il ne réagit pas, se contentant de dévisager la femelle, pensif.
- Je t'écoute.
Etait-elle sûre de pouvoir entendre tout ce qu’il avait à dire ? Encore une fois, il eut la furieuse envie de s’enfuir à toute patte après avoir lancé une remarque acerbe. Mais il se retint. Il n’avait plus l’énergie. Il avait besoin, pour un petit quart d’heure dans sa vie, de laisser tomber son masque d’arrogance et de laisser sortir tout le négatif qui se cachait dans son placard, qui l’empêchait de dormir le soir, et qui menaçait de lui sauter à la gueule s’il l’ignorait trop longtemps.
- J’ai fait de mauvaises choses, Rêve d’Ebène. Même le Clan des Etoiles ne peut rien faire pour moi…
Il allait tout briser. Tous les efforts qu’il avait accomplis pour en arriver là, tous les sacrifices, toutes les frustrations, tout cela allait partir en fumée car il était incapable de faire taire sa folie intérieure. Mais à quoi servait de réaliser ses rêves s’ils ne permettaient pas de le rendre heureux ? Si, pire encore, c’était ces mêmes rêves qui le détruisaient de l’intérieur.
- ... au contraire, ils me hantent la nuit pour me rendre barge.
Sa voix s’éteignit dans un feulement empli de violence. Il la sentait, sa violence, son monstre qui se débattait à l’intérieur de son ventre, lui hurlant de détruire l’univers trop étroit dans lequel il devait vivre. Cette forêt emplie de crétins et de faibles. Il les haïssaient… tous… tellement.
Les yeux de Rêve d’Ebène le ramenèrent à la réalité. Il ne devait pas se laisser submerger, il ne devait pas devenir fou, pas tout de suite. Il aimait son Clan, il était fier des chats du clans de l’Ombre. Il ne devait pas céder à cette voix dans sa tête. Car il ne voulait pas détruire son Clan, sa famille. Il avait eu tant de projet pour eux, il ne pouvait pas se laisser aller à sa violence naturelle qui ferait de son trône un amas de cendres et de ruines. Il ferma les yeux et se laissa envahir par les ténèbres.
- J’ai tué.
Souffla-t-il. Il repensa à ce solitaire perdu, au lieutenant du Clan du Tonnerre, au fils de Plume d’Ombre, à cette guerrière du Clan du Vent, à son prédécesseur, et à sa sœur. Il pensa à tous ces chats qu’il avait blessé et laissé agoniser dans la poussière.
- … Et cela me procure une satisfaction… intense…
Les yeux toujours clos, il chercha à se souvenir du regard suppliant de Chant de Vie lorsqu’il s’était jeté sur elle, à bout de nerfs, à deux doigts de l’achever. Elle était fière et grande guerrière, comme sa mère. Mais il aurait fini par la tuer. Il lui avait ordonner de partir du Clan, lui avançant qu’elle n’était qu’une traitre à ces yeux. Mais au fond, c’était qu’il ne pouvait plus supporter les souvenirs de sa mère et de son frère défunts. Chant de Vie avait tant de points communs avec eux. C’en était insupportable.
- Mais je sens qu’elle prend le contrôle. La violence. Je ne distingue plus le bien du mal. Il y a juste cette voix infatigable qui veut me rendre fou, qui est la du matin jusqu’au soir. Et lorsque qu’elle se tait enfin, la nuit, lorsque je sombre, ce sont les visages de tous ces chats que j’ai tués qui viennent me harceler. Comment pourrais-je guider un Clan vers la gloire, alors que je suis moi-même en train de me perdre…
Il inspira et ouvrit les yeux, braquant son regard d’ambre incandescent sur la guérisseuse.
- J’ai tué ma sœur de sang. Ma propre sœur. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Cette traitresse du Clan du Tonnerre qui me narguait à la frontière. Je n’ai pas pu me contrôler. Je l’ai dépecé comme un vulgaire lapin. Et tu sais ce que j’ai ressenti, Rêve d’Ebène ? De la tristesse ? Du dégout ? du remords ? Non, rien de tout cela. J’ai ressenti la puissance, l’enivrement, le goût du sang qui tachait mes babines, et j’en ai voulu encore plus. Comment protéger mon Clan alors qu’une part de moi n’aspire qu’à la destruction ? Je voulais un Clan fort, imbattable, glorieux, et respectueux du code du guerrier. Un Clan qui ferait trembler tous les félins de cette forêt. Puis je me vois en train de détruire de mes crocs mes frères et mes sœurs, sans pouvoir ni vouloir me réfréner. Je sombre, Rêve d’Ebène. Je me montre avec dignité et orgueil devant mes frères, mais je sombre…
A ces mots, le meneur eu un nouveau sourire moqueur. Même le clan des Etoiles était incapable de faire quoi que ce soit de la situation dans laquelle il se trouvait. Le clan des Etoiles le haissait, comme eux tous. Le reste des paroles de Rêve d’Ebène se perdit dans le bourdonnement de ses oreilles. Les mots ne formaient qu’une masse informe dans laquelle il put cependant en tirer le sens global. La queue de Rêve d’Ebène le frôla. Ce contact ne lui était pas naturel mais il ne réagit pas, se contentant de dévisager la femelle, pensif.
- Je t'écoute.
Etait-elle sûre de pouvoir entendre tout ce qu’il avait à dire ? Encore une fois, il eut la furieuse envie de s’enfuir à toute patte après avoir lancé une remarque acerbe. Mais il se retint. Il n’avait plus l’énergie. Il avait besoin, pour un petit quart d’heure dans sa vie, de laisser tomber son masque d’arrogance et de laisser sortir tout le négatif qui se cachait dans son placard, qui l’empêchait de dormir le soir, et qui menaçait de lui sauter à la gueule s’il l’ignorait trop longtemps.
- J’ai fait de mauvaises choses, Rêve d’Ebène. Même le Clan des Etoiles ne peut rien faire pour moi…
Il allait tout briser. Tous les efforts qu’il avait accomplis pour en arriver là, tous les sacrifices, toutes les frustrations, tout cela allait partir en fumée car il était incapable de faire taire sa folie intérieure. Mais à quoi servait de réaliser ses rêves s’ils ne permettaient pas de le rendre heureux ? Si, pire encore, c’était ces mêmes rêves qui le détruisaient de l’intérieur.
- ... au contraire, ils me hantent la nuit pour me rendre barge.
Sa voix s’éteignit dans un feulement empli de violence. Il la sentait, sa violence, son monstre qui se débattait à l’intérieur de son ventre, lui hurlant de détruire l’univers trop étroit dans lequel il devait vivre. Cette forêt emplie de crétins et de faibles. Il les haïssaient… tous… tellement.
Les yeux de Rêve d’Ebène le ramenèrent à la réalité. Il ne devait pas se laisser submerger, il ne devait pas devenir fou, pas tout de suite. Il aimait son Clan, il était fier des chats du clans de l’Ombre. Il ne devait pas céder à cette voix dans sa tête. Car il ne voulait pas détruire son Clan, sa famille. Il avait eu tant de projet pour eux, il ne pouvait pas se laisser aller à sa violence naturelle qui ferait de son trône un amas de cendres et de ruines. Il ferma les yeux et se laissa envahir par les ténèbres.
- J’ai tué.
Souffla-t-il. Il repensa à ce solitaire perdu, au lieutenant du Clan du Tonnerre, au fils de Plume d’Ombre, à cette guerrière du Clan du Vent, à son prédécesseur, et à sa sœur. Il pensa à tous ces chats qu’il avait blessé et laissé agoniser dans la poussière.
- … Et cela me procure une satisfaction… intense…
Les yeux toujours clos, il chercha à se souvenir du regard suppliant de Chant de Vie lorsqu’il s’était jeté sur elle, à bout de nerfs, à deux doigts de l’achever. Elle était fière et grande guerrière, comme sa mère. Mais il aurait fini par la tuer. Il lui avait ordonner de partir du Clan, lui avançant qu’elle n’était qu’une traitre à ces yeux. Mais au fond, c’était qu’il ne pouvait plus supporter les souvenirs de sa mère et de son frère défunts. Chant de Vie avait tant de points communs avec eux. C’en était insupportable.
- Mais je sens qu’elle prend le contrôle. La violence. Je ne distingue plus le bien du mal. Il y a juste cette voix infatigable qui veut me rendre fou, qui est la du matin jusqu’au soir. Et lorsque qu’elle se tait enfin, la nuit, lorsque je sombre, ce sont les visages de tous ces chats que j’ai tués qui viennent me harceler. Comment pourrais-je guider un Clan vers la gloire, alors que je suis moi-même en train de me perdre…
Il inspira et ouvrit les yeux, braquant son regard d’ambre incandescent sur la guérisseuse.
- J’ai tué ma sœur de sang. Ma propre sœur. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Cette traitresse du Clan du Tonnerre qui me narguait à la frontière. Je n’ai pas pu me contrôler. Je l’ai dépecé comme un vulgaire lapin. Et tu sais ce que j’ai ressenti, Rêve d’Ebène ? De la tristesse ? Du dégout ? du remords ? Non, rien de tout cela. J’ai ressenti la puissance, l’enivrement, le goût du sang qui tachait mes babines, et j’en ai voulu encore plus. Comment protéger mon Clan alors qu’une part de moi n’aspire qu’à la destruction ? Je voulais un Clan fort, imbattable, glorieux, et respectueux du code du guerrier. Un Clan qui ferait trembler tous les félins de cette forêt. Puis je me vois en train de détruire de mes crocs mes frères et mes sœurs, sans pouvoir ni vouloir me réfréner. Je sombre, Rêve d’Ebène. Je me montre avec dignité et orgueil devant mes frères, mais je sombre…
Vieille branche
Puf/Surnom : Sun, Sunny, Nakin, et tout le bazar Messages : 2410Étoile Rayonnante
Mer 17 Mai 2017 - 13:06
|| Up ♪
Invité
Invité
Jeu 15 Juin 2017 - 16:35
Rayn étant malheureusement partie, j'archive dans les inachevés ~
Contenu sponsorisé
- Enjoy the silence. [ft. Rayn]
- Collision de deux papillons [Rayn]
- Sieste dans un environnement apaisant [Rayn]
- Un simple nom peut conduire à bien de choses.. Ft Rayn ~
- « Parle-moi du passé, parle-moi de ce que j'ai manqué. Parle-moi de ce que je n'ai plus, parle-moi d'elle, de vous. S'il vous plaît, fais comme si j'étais encore l'ardent volcan de l'ombre. » || FT RAYN.
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