Discussion(lorsque la Troupe embrumée marche vers le camps de la TI)(avec Orenji)

Nous avons déserté le Camp, suite à l’attaque surprise des Escogriffes. Une grande partie des membres de la Troupe Embrumée sont dévastée à cause de ce départ forcé et je peux comprendre la tristesse qui ronge leurs coeurs : ils quittent la terre de leur enfance, c’est ici que leurs pattes ont touché le sol pour la première fois. J’ai ressenti cela aussi lorsque j’ai refusé la vie de domestique et que je me suis séparé de Tessa… La seule différence entre eux et moi est que, comparés aux chasseurs, je suis volontairement parti. Evidemment, je suis attristé de devoir me séparer de cette terre, à laquelle je commençais tout juste à me familiariser mais je le suis bien moins que les autres. C’est d’ailleurs moi qui ai demandé aux restes des membres de fuir. Je sais que si je n’avais pas donné le début du mouvement, personne n’aurait osé le faire. Ça va être mal vu de la part de mes camarades mais ça m’est bien égal, personne n’est mort à cause de cette bataille et j’en suis bien heureux.

Nous partons en direction de la Troupe Inondée, chose qui m’enchante peu étant donné que je hais cette tribu. Je n’arrête pas de me remémorer ma rencontre avec cette foutue chasseuse, je redoute le moment où je vais devoir lui faire face… Il va me falloir beaucoup de “self-control”, si je ne veux pas lui sauter à la gorge. Un chasseur se place à mes côtés sans que je ne m’en rende vraiment compte, trop plongé dans mes pensées. Je remarque sa présence, seulement après avoir la désagréable sensation qu’une personne m’observe, ce qui me force à tourner la tête et c'est alors que mon regard rentre en contact avec le sien. Il ne me parle pas mais je comprends directement que quelque chose ne va pas. Ses yeux sont remplis de colère, je dirais même de haine très profonde, assez confus aussi et… de reconnaissance ? Intrigué, je regarde rapidement autour de moi, comme pour vérifier qu’il ne regarde pas quelqu’un d’autre. Non, c’est bien moi qu’il observe… Étrange. Je prends la parole, tout en continuant de marcher et je lui fais un petit signe de patte, comme pour le ramener à la terre. On dirait qu’il a comme… bugué.

- Tu te sens bien ? Si tu es blessé, tu ferais mieux d’aller La, moi, je ne pourrais pas t’aider.

C’est la seule explication qui me semble logique, même si la situation que je vis actuellement est loin d’être banale. C’est vrai qu’avoir un guerrier qui se poste à mes côtés et qui se met à me fixer sans raison, ça ne m’arrive pas tous les jours. J’essaye de savoir qui est le chasseur, afin de pouvoir mettre un nom sur son visage. Il me semble qu’il se nomme Kynalion mais je ne suis pas vraiment sûr… Je tourne le regard et me remets à fixer le sol. Mes pensées se dirigent vers des souvenirs douloureux et c’est évidemment le visage de Kaori qui fait surface. Elle me manque. J’ai quitté ma demeure pour moins souffrir de son absence et c’est le cas, avec toutes mes nouvelles responsabilités, je ne sais plus où donner de la tête… Mais dès que je me retrouve seul et à ne rien faire, c’est à elle que je pense. J’aurais aimé qu’elle soit là, peut-être qu’on aurait pu rejoindre cette troupe ensemble ? Ca aurait été amusant… Je suis sûr que cette vie lui aurait plu, peut-être plus que la vie de domestique. Elle qui aime tant l’action, c’est clair et net qu’elle aurait été servie !

Kynalion réagit enfin à mes paroles, suite à une dizaine de secondes passées dans le silence. Il secoue la tête, pour répondre à ma question sans avoir besoin d’user de sa voix. Je fais l’inverse de son mouvement, je balance mon visage de haut en bas, pour lui faire comprendre que je l’ai entendu et compris. A vrai dire, je ne sais pas trop quoi répondre d’autre. Je réfléchis à la réputation du mâle au sein de la Troupe Embrumée, pour peut-être expliquer sa réaction est vraiment inhabituelle. Voyons voir, qu’est-ce que je sais sur lui ? Pas grand chose mais suffisamment pour savoir s’il est fou ou non. Il partage sa vie avec un mâle du nom de Griff, je crois et ensemble, ils ont adoptés un petit chaton. Je sais que l’entourage de quelqu’un ne veut rien dire sur sa situation mentale mais tout de même, je vois mal un chat qui accepte totalement sa sexualité et qui a adopté une adorable femelle, être taré dans sa tête. C’est peut-être cliché mais je n’arrive pas à l’imaginer, tout simplement. La voix du chasseur me tire de mes pensées, je parviens avec beaucoup de difficultés à comprendre ses paroles, tant il chuchote bas et lorsque je comprends le sens de ses mots, je me fige sur place.

- C'est toi qui a donné le départ… Tu as renoncé au combat… Tu as fuis… Tu es lâche…

Si je m'attendais à ça. Je ne réponds pas tout de suite, afin de réfléchir à ce que je pourrais lui dire pour me justifier. La peur d'être blâmé par le reste de la Troupe à cause de la décision que j'ai prise pour les sauver se replace dans son esprit et une boule d'anxiété se crée dans le creux de son ventre. Je comprends le point de vue de Kynalion et en même temps, je le trouve absurde. J'ai fait ça pour le bien de la Troupe, pour qu'on ne perde pas plus de membre encore ! Je n'étais pas présent lorsque le Mal Rouge a anéanti une grande partie de la Troupe mais j'ai vu ce qu'il en restait. C'est-à-dire : rien.

- Mais… Merci… Merci car tu as empêché un bain de sang aujourd'hui… Fuir le combat est inacceptable mais c'était la seule chose à faire, grâce à toi, nos compagnons sont encore en vie, alors… Merci pour ça.

Je hoche doucement la tête, pour qu'il voit que j'accepte ses excuses. J'aimerais lui dire que je n'étais pas seul dans cette prise de décision, que La ainsi que Trïco ont beaucoup aidé et que c'est sans eux, qu'on serait toujours là-bas, baignant dans le sang de nos frères. En soit, moi, je n'y suis pour rien, je pense sérieusement que personne ne m'aurait suivi si mes deux amis n'étaient pas venus à ma rescousse. Mais je me tais, parce que ce n'est pas simple d'affirmer que l'on a tort et Kynalion l'a fait malgré tout. Nous continuons de marcher côte à côte, dans un léger silence mais qui est loin d'être dérangeant. Je décide de reprendre la parole, afin de me faire, peut-être, un nouvel ami au sein de ma Troupe.

- Et donc, toi, tu es Kynalion, c'est ça ? Le chemin n'est pas trop long pour ta fille ?

Je n'aime pas particulièrement les enfants, c'est pour cela que je n'en veux pas d'ailleurs. De toute façon, même si mon avis changeait au cours de ma vie, je ne pourrais tout de même pas en avoir étant donné que je suis castré. Cependant, je sens que le mâle à côté de moi, lui, les aime et surtout le sien, ce qui est logique. Tous les parents préfèrent leur petit à ceux des autres. Je ne me souviens pas de son nom par contre, je suppose que son papa va me le donner très vite.