Encore des complications...feat: Loops et Ray

ft. Kyn & Loops

Je les plains. Je veux dire, les Embrumés. Je sais, c’est pas trop dans mes habitudes, mais au fond, je les plains. Les pauvres, ils ont rien demander, et c’est sur eux que ça tombe. Ça aurait très bien pu tomber sur nous, aussi. Mais bon, c’est le hasard. C’est eux qui ont pris pour nous. Tant mieux, après, on va pas s’en plaindre, hein. Bon, moi, la seule chose qui me dérange, c’est que les Embrumés, c’est pas ma tasse de thé. Enfin, si on met de côté Hélios – et encore, hein, c’est vraiment pas une crème – et bien, j’ai vachement du mal. De base, j’ai du mal avec tout le monde. Enfin, je veux dire, je vais pas aller faire copain-copain, taper la discut’ calmement comme si de rien n’était, comme si on avait toujours tous vécu ensemble, sans problèmes, sans heurts, sans combats. Ce serait idiot de penser comme ça. C’est aussi idiot de penser qu’ils seront toujours nos ennemis. Car bon, de ce que j’ai compris et ce que je peux prédire, on les a sur le dos encore un moment. J’ai rien contre eux, enfin, rien de personnel, je l’ai dit, mais j’aurai quand même du mal à m’y faire. Et puis, ils ont pas l’air tous commodes. Y’en a trois ou quatre à qui je sais que je pourrai jamais faire confiance.

Mais bon, Hidoï a décidé qu’on serait clément envers eux, alors je m’y efforce. Je suis les ordres, même si c’est légèrement à contre coeur. Enfin, le seul avantage que j’en tire, c’est Hélios. Sa présence, oui. Le fait qu’il soit là. Je crois que ça me fait plaisir, au fond. Mais c’est compliqué. C’est compliqué parce qu’il ne faut pas qu’on sache qu’on se connaît. Qu’on se connaissait déjà. Qu’on s’est déjà vu, et plusieurs fois. En fait, je me demande si vraiment ça dérangerait les autres. Qu’est-ce qu’ils en diraient, maintenant que nous sommes tous ici, ensemble ? Je sais pas. J’ai pas envie de savoir. C’est mieux comme ça, et pour tout le monde. Mais je sais pas. J’ai envie d’aller lui parler comme on le fait d’habitude quand on se voit. Sans personne. Sans craindre qu’on puisse nous voir. Je me sens différente, presque fausse, et je déteste ça. Mais je peux rien y faire.

Et je me surprends en train de chercher sa fourrure de flamme parmi celles présentes dans le camp. C’est ça, je le cherche. J’ai envie d’aller lui parler, de le taquiner, de le rembarrer sur son asthme ou de me moquer de lui. Je sais pas, je veux pas être méchante, je veux juste passer un peu de temps avec lui, je crois. Il faut dire que… Depuis les récents incidents, les choses sont pas redevenus ce qu’elles étaient, et ça me manque.

Je ne le vois pas. Il ne doit pas être là. Il doit être avec La, la guérisseuse embrumée. Puis de toute façon, pourquoi je me soucis de lui comme ça, moi ? J’en ai rien à faire, en vrai. Voilà, voilà. A la place d’Hélios, je tombe sur la petite silhouette d’Aètos, un Petit, qui se balade l’esprit paisible, en profitant pour emmerder les Chasseurs. Et par là, tous les Chasseurs, autant Inondés qu’Embrumés. Le Chasseur de la Troupe Embrumée qu’il a pris pour cible ne semble pas ravi à l’idée de bavarder avec lui. Je trouve ça ridicule. Comme s’il avait autre chose à faire. Et puis, en tant qu’invité, il pourrait au moins avoir le tact de bien se comporter avec un chaton. Il lance un regard noir à un autre Chasseur de la Troupe, avant de se reporter sur le chaton. Je ne sais pas de quoi ils peuvent bien parler, mais je n’aime pas son attitude. Je sais, je suis pas du genre à m’inquiéter pour ça, habituellement, mais là, j’ai envie de m’y intéresser.

Alors je m’avance, sagement, le regard sans expression, et une fois arrivée à leur hauteur, je me décide enfin à intervenir : “Je pense qu’en tant qu’invité dans notre Troupe, vous pourriez faire des efforts pour répondre à un chaton.” Le ton plein de reproches, mais toujours en le vouvoyant.