the day i met her — (rayon de soleil)

Des pensées. Des sépen qui tournaient en rond dans sa tête, qui n’avaient ni queue ni teté — raah, c’est le cas de le dire. Mais bon, pas de quoi en faire tout un plat, pas vrai ? Son frère était mort. Qu’est-ce que ça pouvait bien foutre, ce gosse — de son âge certes, mais il était un grand gamin — s’était mis en travers de son chemin. Ah, il l’avait supporté de sa vie, pas même depuis son premier souffle. Le voir doucement mourir sous ses pattes, qu’est-ce que ça lui avait fait du bien. Un sentiment indescriptible, de la joie, du bonheur, une pointe de satisfaction, de confiance, de fierté, de courage ? Raah, jamais il ne parviendrait à mettre la place sur ce qu’il avait ressenti, là, dans son coeur. Une chose était sûre, il est bien content que cet idiot soit loin de lui, loin de son chemin. Qui se place en travers, meurs. C’était son père qui lui avait appris cela et jusqu’à présent, il n’avait jamais été capable d’aller jusqu’au bout. Les menaces. La peur. Il avait tout essayé. Il avait blessé. Mais jamais tué. Mais c’était enfin arrivé. Il avait accompli quelque chose. Une soif s’était emprise de lui. Une soif de sang ou bien une soif de pouvoir ? Grimper là-haut, sur le Promontoire, la seule chose à laquelle il aspirait depuis qu’il avait lâché son premier hurlement dans ce monde de merde.
Raah, qu’il essayait, vraiment, qu’il essayait de vivre en compagnie de ces pauvres débiles croyant à des esprits au dessus de leur tête. Un bon terrain de chasse en mourant, une immortalité tant qu’on y est, des femelles à tout va qui veulent toutes de lui sans que son frère ne viennent lui en prendre ne serait-ce qu’une — pas mal, mais on passera. parce que ça existe pas. Juste dans la tête. Rien de tout ça n’est réel. Mais ils ne comprennent pas. Ils ne comprendront jamais, pas vrai ? Mais Spectre du Corbeau comprend le réel, il voit le réel. Il est là, devant ces yeux. Enfin, elle est là. Rayon de Soleil, hein. Et les plus romantiques qui diront qu’elle est le rayon de soleil de sa vie, qu’ils aillent se faire foutre. L’amour, c’est pas pour lui. Non, ce qu’il veut, c’est elle, c’est son coeur, pour qu’elle le choisisse lui et personne d’autre pour la succéder — parce que oui, Étoile Machiavélique n’est pas immortelle, elle va finir par crever, comme tous les autres, et il serait prêt à parier que ce sera dans pas longtemps. Raison ? Tort ? Peu importe, il avait jeté son dévolu sur elle. Il l’aurait. Faut juste savoir jouer les gentils. Être quelqu’un d’autre, peut-être. Ressembler à Souffle de Braise ? Difficile d’être comme lui, si ennuyant. Mais bon, s’il fallait faire ça pour l’avoir, alors let’s do it.
Après avoir coulé un bronze, le matou était grimpé en haut de son petit perchoir, une pierre dans l’ombre d’un arbre du camp où il avait pour habitude de se poser. Il finit par en descendre avec nonchalance sans quitter ses yeux d’elle.

« Rayon de Soleil ! » lui lâche-t-il en s’approchant d’elle.
« Raah, je te cherche depuis un bout de temps,
comment s’est passée ta néejour, gentilment ?
Wow, t’es magnifique, une toilette faite minuitieusement,
tu te fais belle pour qui, moi, le beau gosse du camp ?
Eh, tu veux partager un morceau avec le seul qui est avec toi maintenant ? » lui lance-t-il en déposant une proie à ses pattes. De son unique oeil, il la regarde intensément, avec intérêt. Ce ne serait pas chose facile, mais il finirait par y arriver, non ? Au moins coucher avec elle, ça serait largement suffisant pour une femelle comme elle.