Le calme olympien - Hanaé

Le soleil se levait timidement sur les terres de la Troupe, pendant que les oiseaux chantaient tranquillement. Ils se sentaient à leur place. Comme si ces terres étaient un petit paradis pour eux, comme s'ils pouvaient vivre pleinement sans se poser une seule question. Bien sûr, ils pouvaient avoir des prédateurs. Bien sûr, ils pouvaient se faire chasser comme tout animal. Bien sûr, ils savaient qu'ils pouvaient mourir d'une seconde à l'autre. Mais ils avaient tout de même cette impression où ils étaient en sécurité, où la vie paraissait plus longue dans un tel endroit. Peut-être était-ce réellement le cas ? Peut-être pouvaient-ils réellement vivre tranquillement ? Personne ne le savait. Mais ce que la plupart savaient était l'image extérieure que cet endroit pouvait montrer. En effet, en étant extérieurs à la Troupe, on pouvait voir à quel point les lapins, les oiseaux ou toute autre proie pouvaient vivre tranquillement. Ce petit paradis pouvait réellement exister, en réalité. Mais ne dit-on pas que l'habit ne fait pas le moine ? Que les apparences sont parfois trompeuses ? Sans doute, mais pour voir la réalité, il faudrait entrer dans ce territoire, tout simplement.

Deux orbes bleues s'ouvrirent au monde, tandis que deux petites oreilles se redressèrent calmement. Un petit museau rose se trémoussa. Délicatement, la chatte blanche se redressa de son promontoire. En effet, la Botaniste était partie se coucher sur une branche d'un magnifique chêne. Elle aimait dormir en hauteur. Elle a toujours aimé cela. Plein de chats ne comprenaient pas cette envie de se mettre en hauteur, de se mettre à l'écart des autres alors qu'elle était importante à la Troupe. Mais pour elle, c'est une évidence. Pour elle, c'est son seul moyen d'exutoire. Son seul moyen d'échapper à une vie qu'elle imaginait beaucoup trop mouvementée à son goût. Elle aimait être sur une branche, elle aimait se cacher. Pour une simple et bonne raison : les autres la terrifient. Ils lui font peur. Non pas parce qu'ils étaient particulièrement méchants avec elle, mais tout simplement car leurs avis la faisaient paniquer. Car leurs regards l'anéantissaient petit à petit. Elle a toujours eu l'impression de ne jamais être à la hauteur, de les décevoir dès qu'elle faisait quelque chose et de ne jamais être assez parfaite pour eux. Mais ce dont elle ne se doutait pas, c'est qu'elle avait totalement tort.

Finalement, la petite Botaniste observa autour d'elle. Personne. Il n'y a absolument personne autour d'elle, mais surtout personne qui ne venait quémander son aide. Alors, doucement, elle se redressa, s'étira un coup et descendit de sa branche. Là, elle sauta et atterrit sur le sol, les quatre pattes en avant. En vérité, une seule question se posait : comment se faisait-il qu'une chatte ayant autant peur de son ombre que des autres puisse-t-elle devenir une telle botaniste ? Il y avait deux raisons à cela : Topazu et sa mère avaient aidé à ce baptême, mais il y a aussi le fait qu'elle aimait les plantes et qu'elle aimait les utiliser. Bien sûr, elle avait été légèrement favoriser, mais elle ne le voyait pas comme ça. Elle le voyait surtout comme une chance de prouver à Topazu et sa mère qu'elle était capable. Malgré qu'elle en doute très souvent. Millie se mit calmement en route, observant tout de même derrière elle. Elle aimait sa Famille, c'est une évidence, mais leur approbation comptait beaucoup pour elle.

Après plusieurs minutes de marche, la petite chatte se retrouva devant la magnifique source d'eau. Un petit sourire naquit sur ses babines. Elle aimait cet endroit, elle avait toujours aimé ce dernier. Pour plusieurs raisons tellement simples : il était calme et l'apaisait, l'eau était transparente donc ne lui mentait pas sur son apparence, l'ambiance était si pure que les chats n'avaient aucun conflit. Un endroit qui correspondait parfaitement à son état d'esprit. Alors, subtilement, elle se pencha vers l'eau et se mit à boire. Elle ne remarqua pas la présence derrière, ou alors elle s'en moquait, tant elle appréciait cet endroit.

Un bruit sur sa gauche la fit sursauter. Elle releva immédiatement la tête et tenta de chercher d'où pouvait provenir le bruit. Elle mit quelques secondes, pour enfin poser son regard bleu océan sur un mouvement dans le lac. Un petit sourire se posa sur ses babines lorsqu'elle remarqua une silhouette rousse dans l'eau. Elle reconnut immédiatement le chat présent dans l'eau : Hanaé. Petite chatte d'une gentillesse sans limite. Elle aimait bien cette petite chatte, elle l'avait toujours bien aimé. En réalité, elle a toujours aimé les chats de la Troupe. Elle les aime comme s'il faisait partis de sa famille, comme s'ils étaient une partie de son coeur et surtout, comme si elle ne pouvait rien faire d'autre. Et elle était heureuse de le faire. Mais dans un sens, elle était frustrée. Frustrée de ne pas pouvoir leur dire, frustrée de ne pas pouvoir leur faire comprendre, mais surtout frustrée qu'ils ne la comprennent pas. Car elle n'est pas bête. Elle sait parfaitement qu'ils la trouvent bizarre, qu'ils l'évitent car elle était différente d'eux mais surtout, ils la regardaient parfois avec méfiance car elle ne peut dire ce qu'elle ressent réellement. Elle est entière, mais cela personne ne peut le savoir.

En fait, si je dois vraiment être franche. Millie est une chatte connue de tous par sa gentillesse, sa douceur mais surtout son coeur sur la main. Cependant, elle a une faiblesse, un défaut unique : sa peur. Peur d'absolument tout, peur de l'inconnu, peur du regard des autres, et encore plus peur des situations qu'elle ne contrôle pas. Ce qui la rend méfiante, qui lui gâche sa confiance en elle mais surtout, qui anéantit toutes ses chances de socialiser avec les autres. C'est sans doute pour cette raison que les autres chats la regardent avec méfiance. Car l'incompréhension rend les apparences trompeuses. Elle aimerait tellement leur dire. Elle aimerait tellement leur avouer pour qu'ils la comprennent un minima. Mais elle ne pouvait pas, alors tout ce qu'elle se contentait de faire était de réaliser son rôle aussi bien qu'elle le puisse. Mais pas assez. Elle voulait tellement être parfaite à leurs yeux. Peut-être l'était-elle, mais elle ne s'en rendait pas compte tant elle n'avait pas confiance en elle. Elle n'aurait sans doute jamais confiance en elle.

Finalement, la petite chatte blanche secoua la tête pour récupérer ses esprits. En effet, elle était partie se perdre dans ses pensées, sans véritablement s'en rendre compte. Son regard se reporta de nouveau sur la chasseuse près d'elle et elle marcha jusqu'à elle. Là, sans se poser plus de questions que cela, elle s'assit sur la rive, en face de sa comparse. Son regard suivit chaque mouvement de la chatte rousse. Elle ne semblait pas souffrir, ni avoir eu mal, mais Millie était convaincue que son estime de soi fut touchée. C'est pour cette raison qu'elle ne tenta pas une seconde de sourire avec moquerie, ou quoique ce soit. Non, elle ne fit que s'asseoir et poser un regard plein de tendresse à la petite.