Il faut que je te dise... Cœur de Pierre ft Griffe Rouge

Il faut que je te dise...

Cœur de Pierre avait pris un peu de répit dans cette chaude journée ; le soleil qui lui avait tapé sur le dos toute la matinée ne l'avait pas empêché d'enchaîner les patrouilles, chasse, frontière... Elle avait même sauté le petit-déjeuner ! Maintenant elle se retrouvait au camp, allongée sur l'herbe, à faire une toilette complète après avoir dégusté un campagnol, dont le sang encore tiède lui avait redonné des forces.

Ses poils, presque bleus sous la lumière de l'astre d'or, luisaient d'un éclat métallique. Peut-être aurait-elle dû se mettre à l'ombre d'un arbre, car elle sentait la chaleur la pénétrer son son pelage suffisamment épais. Mais les place ombragées étaient chères, et entre les anciens, les chatons et les guerriers, toute l'ombre disponible était occupée. De toute façon, les muscles de la guerrière étaient courbaturés, suite à ses courses dans les sous-bois, et la flegme de bouger était plus présente que le désir d'un peu de fraîcheur.

Les yeux fermés, la jolie chatte bleue ne remarqua pas la prochaine patrouille qui partit, ni le matou qui passa près d'elle. Seulement un frôlement discret d'un pelage noir et blanc. Elle ouvrit les yeux, doucement, pour se réhabituer à la luminosité des rayons ardents qui lui brûlèrent un instant les pupilles, puis elle chercha de son regard bleu celui qui l'avait dérangé dans sa pause. Griffe Rouge... Ce chat loyal et courageux l'intriguait. Ils ne s'étaient pas souvent parlés, mais avaient passé une partie de leur apprentissage ensemble, et pourtant il semblait à Cœur de Pierre qu'ils ne se connaissaient pas...

La chatte aux poils bleus soupira. Combien y avait-il de chance que lui l'ait remarquée ? Quasi aucune... Et si elle allait lui proposer d'aller chasser ? Un prétexte, comme un autre, pour l'emmener loin des regards indiscrets, et pouvoir discuter un peu... C'est non sans appréhension que Cœur de Pierre se leva pour l'accoster :

— Salut, Griffe Rouge... Je voulais savoir... Tu veux venir chasser avec moi ?

La honte lui brûlait les oreilles, et elle aurait aimé se cacher sous terre pour disparaître. Les yeux rivés au sol, elle était certaine que le mâle bicolore allait entendre son cœur qui battait la chamade.


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Il faut que je te dise...

— Salut, Coeur de Pierre, chasser avec toi ... euh... d'accord je veux bien.

Le soulagement l'envahit, comme une douce chaleur se propageant à l'intérieur d'elle-même. Cette sensation étrange qu'elle n'éprouvait qu'avec lui... Ce pouvait-il que ce soit de l'amour ? Sans doute, mais Cœur de Pierre n'avait jamais ressenti l'amour auparavant... Troublée, elle ne remarqua pas la gêne de son camarade, qui s'empressa de la cacher en ajoutant :

— On y va ?

Les deux guerriers se dirigèrent d'un même pas en direction de la sortie. Cœur de Pierre n'avait pas dit un mot, elle qui n'était pas douée pour les conversations en général ne l'était pas plus avec les mâles.

La chatte au pelage gris-bleu réfléchissait toujours à la façon dont elle pourrait engager la conversation, et plus particulièrement sur comment lui avouer ses sentiments pour lui. Et si ce n'était pas réciproque ? Alors elle se ferait ridiculiser... Mais il fallait pourtant qu'elle lui annonce.
La gorge serrée et le cœur qui tapait fort, Cœur de Pierre et Griffe Rouge se dirigeaient vers la Prairie. Aucun des deux chats ne parlaient, ils avançaient simplement à pas feutrés sur le sol sec de la forêt. Cœur de Pierre se dit qu'elle devait se lancer, et puis tant pis. Ce qu'elle fit, quelques instants après que la Prairie Fleurie soit en vu :

— Il faut que je te dise...

Elle s'arrêta, fébrile, sentant le poids du regard du guerrier sur elle, ses pattes tremblaient, mais elle s'obligea à poursuivre ; après tout, elle l'avait fait venir pour ça...

—Je... Je crois que...

Pourquoi était-ce si compliqué d'avouer ses sentiments ?


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Il faut que je te dise...

— Tu crois... que ... tu crois quelque chose ? et tu veux me le dire ... qu'est .. ce que c'est ?

Cœur de Pierre inspira un bon coup, c'était le moment. Elle redressa la tête, le regarda dans les yeux, ses yeux d'un vert si pur... Et se lança :

— Je crois que j'éprouve des sentiments pour toi.

Voilà, c'était fait. Cœur de Pierre se sentit libérée de ce poids qui lui pesait sur le cœur, mais elle redoutait la réaction de son camarade. Ils ne s'étaient jamais côtoyés, les seuls fois étant lors de patrouilles de chasse ou de combat. Et même alors qu'il étaient apprentis, c'était à peine si elle savait que Griffe Rouge était là.

La chatte aux poils bleus fixait à nouveau le sol, sortant et rentrant ses griffes tour à tour, les plongeant dans l'humus, afin de se décontracter. Il lui semblait que des vagues de sentiments émanaient d'elle, et soudain elle se surprit à penser à son avenir si le mâle bicolore éprouvait la même chose à son égard : des parties de chasse tous les deux, et pourquoi pas, un jour, une portée d'adorables chatons ? Mais voilà qu'elle s'illusionnait... Rêver, c'était bien, mais la réalité peut être un rêve éveillé, non ?

Lui qui était d'ordinaire si confiant, pourquoi avec elle semblait-il timide ? La jeune guerrière frémit, son attention se reporta sur Griffe Rouge. Il avait ouvert la bouche, il allait répondre. Le cœur de la femelle gris-bleu s'emballa, elle ne tarderait pas à connaître les intentions du beau mâle...


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