C'est un beau jour pour mourir [Ft Mamie]

Un pressentiment. Quelque chose d'étrange. Une petite voix qui me soufflait depuis ce matin que cette journée ne serait pas comme une autre. Que je ne verrais plus jamais le soleil se lever et nimber d'or et de feu le ciel noir de la nuit. Dés mon réveil, j'avais senti cette chose qui me disais que j'allais mourir aujourd'hui. Alors pourquoi n'avais-je pas réagi ? C'est une bonne question. Peut être que cela ne me dérangeait pas, de trépasser. Peut être que j'avais envie de mourir, de rejoindre le Clan des Étoiles, peut être que la vie me fatiguait trop pour que je ressente encore l'envie de survivre. C'était trop dur. Trop dur... Je ne voulais plus rester sur terre. C'était tout. Mes pattes me guidaient vers le Chemin du Tonnerre. L'endroit le plus dangereux du territoire, la frontière avec le Clan du Tonnerre, mais surtout le passage des terribles monstres des Bipèdes. Monstres. Je haïssais ce nom. Pourquoi traiter ces choses de monstre ? Ces animaux étranges étaient gros, avaient des pattes rondes, passaient sur l'asphalte dans un terrifiant grondement de tonnerre en transportant les Bipèdes dans leur ventre. Soit. Et ils avaient provoqué la mort de plusieurs chats, percuté par cette effrayante masse sombre. Mais ces "montres" avaient-ils le choix d'agir ? Les Bipèdes les commandaient, les soumettaient à leur volonté. Ils ne choisissaient pas de faire toutes ces choses. Peut être voulaient-ils vivre autrement, dans le calme, et cesser de servir de véhicule à leurs maîtres...

La douceur de la température, moins froide que d'habitude tranchait avec la sale odeur du Clan adverse, et pire encore, celle des Bipèdes et de leurs monstres. Le soleil scintillait doucement dans un ciel bleu sans nuage, sans pourtant apporter beaucoup de chaleur aux félins, comme si sa lumière était devenue froide. Cependant, ses rayons faisaient briller la neige immaculée et agressaient les yeux cuivrés de Paix de l'Aube, qui avait rétrécit sa pupille au maximum. Le guerrier couleur cendre chassa les pensées étranges qui l'agitaient. Sans doute était-ce ce sentiment bizarre qui remuait dans son cœur qui le mettait dans un tel état. Le froid devait lui taper sur le système, et une nouvelle fois, il regretta ses poils trop courts et plus adaptés à un temps ensoleillé, ainsi que ses pattes courtes qui l'obligeaient à passer le bas de son ventre dans la poudreuse. Occupé à ne pas tomber dans une congère, le matou ne repéra pas tout de suite l'odeur étrangère qui le suivait. Et quand il la sentit enfin, il tourna vivement la tête vers l'autre côté du Chemin du Tonnerre.

La chatte était étrange. Son fumet ne lui était pas familier. Ce n'était pas exactement celui d'une solitaire, mais agrémenté de quelque chose... d'autres. Comme si son environnement habituel était bien différent de la forêt de Cerfblanc. Cependant, dés le premier coup d'œil, Paix de l'Aube sentit qu'elle était bien différente des autres. Une façon de marcher, sans doute. Ses griffes étaient sorties, et c'est à ce moment qu'il comprit : elles brillaient, tout autant que le pelage des monstres. Ce qui était sûre, c'était que cette femelle ne faisait pas partie du Clan du Tonnerre. Pourtant, elle se trouvait sur leur territoire.

Un montre passa dans un rugissement assourdissant. Quand il fut partie, elle n'était plus là. N'était-ce donc qu'une apparition ? Mais on odeur était restée, semant le doute dans l'esprit du mâle. Soudain, le guerrier fit volte-face.

La mystérieuse chatte était là. Elle avait profité du passage du monstre pour traverser le chemin, et se trouvait maintenant juste devant lui. Malgré son dégoût pour la bataille, Paix de l'Aube sortit ses griffes à son tour. En priant pour qu'elle ne l'attaque pas.

Paix de l'Aube croisa le regard de l'étrangère. Pendant ce court instant, il songea qu'elle était plutôt belle, avec sa robe grise, mais qu'elle semblait... fatiguée. Une lueur étrange dans ses yeux, quelque chose qui indiquait qu'elle en avait beaucoup vu. Leurs yeux ne se virent qu'une seconde, ou deux peut être. Puis la femelle attaqua.

Il aurait pu se défendre. Ses griffes étaient sorties. UC