Invité

Mar 26 Avr 2016 - 0:43

Je regarde l'arbre qui me fait face. Un noyer d'une taille assez impressionnante. Depuis que je l'ai aperçu dans un jardin au centre de la ville il y a quelques jours, je rêve de l'escalader. Je regarde mes griffes rapidement, il faut que je les aiguise pour préparer mon ascension. Je ne suis pas un bon grimpeur alors je ne dois négliger aucun détail. Je lèche doucement mes pattes avant. Un goût de terre envahi ma bouche, j'ai du faire un détour dans la boue à cause du chien du voisin. Qu'est-ce qu'il est ennuyeux celui-là à toujours aboyer. Je lui aurais bien rabattu le clapet mais je ne vais pas me rabaisser à attaquer un chien. Enfin, je pense que le fait qu'il fasse deux fois ma taille me calme aussi un peu.

Je sors les griffes et me lève sur mes pattes arrière pour préparer mes griffes. Elles tranchent légèrement le bois, et quelques copeaux d'écorce tombent au sol. Après plusieurs coup de pattes, j'estime que je suis prêt. Je respire un bon côté et regarde le haut de l'arbre, déterminé à réussir. C'est parti ! Je pousse sur mes pattes arrières et envoie mes pattes avant le plus haut possible. Elles s'agrippent à seulement quelques centimètres du sol. Pas très impressionnant tout ça. Mais ce n'est pas le moment d'abandonner ! Je lève mes pattes une à une. L'écorce de l'arbre m'offre de belles prises, simplifiant mon ascension.

Je ne suis plus très loin du sommet. Enfin, le sommet, pas vraiment mais là où le tronc prend fin. Je ne fatigue pas, le tronc n'est pas bien haut. Ça me demande peu d'effort. Enfin, je tire une dernière fois sur mes pattes avant et me voilà arrivé à destination. La vue n'est pas du tout impressionnante, les feuilles gâchent tout le paysage. Je lâche un grognement et essaie de me faufiler au bout d'une des branches. Elle n'a pas l'air très solide mais j'ai confiance. Je plante mes griffes dans le bois et passe sous les grandes feuilles du noyer.

Lorsque je redresse la tête, je suis satisfait. Certes, l'arbre n'est pas très haut, mais il offre tout de même un très bon perchoir pour observer les environs. Je remue doucement mes moustaches, quelle sensation agréable, j'ai l'impression d'être le chef de toute la ville. Je me sens tellement mieux ici que dans mon ancienne maison. Je n'avais même pas de jardin. Je suis heureux que mes maîtres m'aient choisi plutôt que mes frères. Je ne veux pas passer pour un égoïste mais je suis tellement bien dans mon nouveau foyer. Je pense un instant à ma famille. Je les ai si vite oubliés. J'ai du mal à me rappeler du visage de ma mère. Pourtant je ne suis ici que depuis quelques lunes. J'ai déjà rencontré plein de chats, tout différents. Si bien que mon ancienne vie est déjà un lointain souvenir.

La vision d'une fourrure argentée un peu plus bas me fait sortir de ma rêverie. Je la reconnais immédiatement. Turquoise, je crois que c'est son nom. Elle est très belle. Le genre de minette qui me rend encore plus heureux d'être ici. Je dois la rejoindre, au moins pour la saluer. Je me lève rapidement mais la branche elle ne semble pas apprécier la pression de mes pattes. Si bien que je l'entend craquer. Je m’apprête à quitter mon perchoir mais malheureusement, je n'ai pas le temps. La branche se brise et je tombe violemment de l'arbre.

Heureusement que je suis un chat. Je retombe lourdement sur mes pattes, je m'en suis plutôt bien sorti. C'est ce que je pense jusqu'à ce que je me prenne une autre branche sur la tête. Je manque terriblement de chance. Je me met à pousser quelques injures. La chute puis la branche, à la limite, ça aurait pu passer si personne ne m'avait vu mais là... Il y a une spectatrice. J'espère au moins qu'elle a trouvé ça drôle. Je la rejoins en la regardant d'un air gêné, je n'ai sûrement pas fait bonne impression.

« Salut Turquoise ! Tu vas bien ma belle ? »

Je ne sais pas si employer un surnom comme celui-ci est une bonne idée mais j'ai tellement l'habitude de l'utiliser qu'il est sorti de ma bouche comme ça. Pas question de corriger ma phrase, maintenant que je l'ai dit, on ne peut rien y faire. Elle est vraiment belle. Je me perds quelques instants dans ses yeux bleus. On peut dire qu'elle a vraiment été gâtée par la nature ! J’entreprends de faire ma toilette. Ma chute de tout à l'heure a sali mon pelage. Je passe donc de grands coups de langue sur mon poitrail le temps qu'elle me réponde.

Invité

Mar 26 Avr 2016 - 13:25

Et toi, sais-tu pourquoi je sais...?

Lève toi. Le soleil est déjà haut dans le ciel et toi, tu es toujours là, dans le grenier. Tes maîtres te laissent dormir là haut. Ils te connaissent bien maintenant. La squatteuse. Tu n’es pas vraiment leur chat, mais maintenant, ils hésitent à prendre un chaton, pour que vous soyez deux. Quelle idée. Nous avons toujours fait ensemble. Juste toi, et moi. Les autres importent peu. Les autres ne savent pas. Ils ne te connaissent pas. Il n’y a que moi qui te connais suffisamment. Tu te lèves enfin. Tu as le pelage ébouriffé, à cause de ta nuit passée. Ce n’est rien, un simple coup de langue et tu es à nouveau propre. D’ailleurs tu fais ta toilette, machinalement.

Le coin de la fenêtre laisse entrer l’air. Elle est brisée, c’est pour ça que tu peux entrer chaque soir. Et c’est parce que tu rentres chaque soir que les humains ne font pas réparer ça. Mais toi tu t’en fiches pas mal, tu dors où tu peux, pas toujours dans ce nid. Tu as peur des autres humains, tu as peur des chiens, des chats, de la mort. Tu as peur dans le noir, lorsqu’il y a de l’orage, tu as peur de te perdre. Pourtant, tu étais courageuse. Tout s’est envolé à présent. Il ne reste plus qu’un corps, sans âme. Un corps manipulé par moi. C’est ton corps que je veux. Tu me sens approcher. Je suis si près de toi. Tu m’obéis. Tu ne sais pas pourquoi tu le fais, mais tu le fais.

Tu bondis, sur le rebord de la fenêtre, puis sur la branche. Tu n’aimes pas trop lorsque les feuilles repoussent. Tu as peur de tomber. C’est vrai que c’est glissant, et ce serait dommage de te salir en tombant dans la boue. Il a plu il y a peu, mais maintenant c’est fini. Tu n’aimes pas la pluie non plus. Tu hais l’eau au possible. C’est le bruit des torrents qui te rappellent… Tu ne sais même pas quoi. Toi, tu as tout oublié. Tu cherches ta famille alors qu’elle est morte. Tu cherches ton frère, mort devant toi. Et toi tu as oublié. Comment peut-on oublier son propre frère ? C’est pour ne pas souffrir, dirons nous. Comme un mécanisme de défense contre une attaque mentale trop puissante.

Tu glisses le long du tronc, puis tu es dans le jardin. Il y a des jonquilles. Elles ont enfin éclos. Tu trouves ça beau, les fleurs. Ce ne sont que quelques pétales pourtant. Tu ne sais pas encore ce que tu vas manger. Parfois, tu squattes avec les autres félins chez l’autre vieille. Elle est gentille cette femme. Elle donne des gamelles de pâtée, vous caresse parfois, et puis c’est tout. Elle parle aussi. Inutile de préciser que personne ne comprend son charabia. Mais il y a des mâles qui te regardent là bas. Tu aimes bien lorsqu’ils te fixent. Lorsqu’ils ne voient plus que toi. Parfois, ils deviennent un peu entreprenants. À cette époque de l’année. Et ça, ça te dérange. Enfin, tu en es flattée au fond.

Aujourd’hui, tu vas chasser. C’est décidé. Tu ne comprends toujours pas comment tu arrives à attraper des proies avec cette facilité, ni comment tu arrives à te battre aussi bien, c’est comme si c’était inscrit en toi. Ton pelage tigré de noir est semblable à celui de ta mère. Tu n’as pas connu ta mère. Tu es si belle, personne ne peut résister à ce charme naturel. Tes prunelles bleues, lorsqu’elles brillent ainsi, et puis ta longue queue qui s’enroule autour de tes pattes. C’en est à couper le souffle. Tu t’assois, parce que tu vois quelqu’un. Tu le connais, un peu. Il se nomme Ricky et c’est un chat de ville. Un autre domestique. Il tente de grimper à un arbre. Ça aussi tu sais faire.

Et boum. Il tombe. Ne trouves-tu pas cela amusant ? Tes moustaches remuent, tu espères qu’il ne s’est pas blessé tout de même. Tu n’es pas une meurtrière, si ? Si ?

— Salut Turquoise ! Tu vas bien ma belle ?

Tu t’approches de lui. Pour une fois que tu n’es pas folle. Ton pelage se colle presque à celui du mâle tigré.

— Bien, et toi, chéri ?

La chasse prendra un peu de retard. Tu as toute la vie pour chasser. Du moins, ce qu’il reste de ta vie misérable. Tu observes l'horizon. Tu as envie de chasser. Et lui, que sait-il faire ? Pas grimper aux arbres déjà.

Invité

Mar 26 Avr 2016 - 22:47

Lorsqu'elle s'approche de moi, je suis rassurée. Elle ne semble pas avoir été dérangée par ma familiarité. Elle se colle presque à moi, je retiens une mine surprise, j'ai l'habitude des minettes mais elles sont d'habitude plus timides. Je ne vais pas me plaindre, c'est sympathique d'avoir un peu de compagnie. En quelques lunes, j'ai vraiment réussi à me faire de bons amis dans le coin. Je ne connais pas vraiment Turquoise, les seules fois où les s'est croisés, nos discussions étaient brèves. Mais cette fois j'ai tout mon temps, et j'aimerais vraiment faire sa connaissance.

« Bien, et toi, chéri ? »

Oh ! Chéri ? Je secoue doucement mes moustaches, j’apprécie ce surnom qu'elle me donne. Elle est un peu comme moi finalement, une séductrice. Enfin, je suppose, que nous sommes quand même très différents. Avec son joli minois, elle ne doit avoir aucun mal à obtenir ce qu'elle veut. Pour moi, c'est plus compliqué, j'ai un physique des plus banals. Je stoppe quelques instants ma toilette pour lui répondre.

« Je ne me suis jamais senti aussi bien ! Surtout en compagnie d'une si jolie minette comme toi ! »

Je n’exagère pas. Elle est vraiment très belle. Aucun chat ne pourrait le nier. Une silhouette élégante, un pelage brillant mais surtout de magnifiques yeux bleus. Je me demande si j'ai mes chances avec elle. J'ai plusieurs amis qui s’intéressent à elle. Sincèrement, je ne sais pas trop si l'un d'eux arrivera un jour à la séduire. Elle semble au dessus de nous tous.

Je ne sais rien d'elle. Je me demande qui elle est vraiment. Tout ce que je vois c'est une jolie jeune chatte qui semble aller bien. Elle n'a pas l'air de vivre difficilement. Remarque, n'importe quel humain lui donnerait des croquettes et même peut-être de la pâtée avec le regard qu'elle a. Je jalouse quelques instants. Mes maîtres se contentent de me donner des croquettes sans goût. Heureusement que je n'ai pas besoin de beaucoup manger. Je dois être l'un des chats les moins gras du quartier.

Je me sens détendue ici. Quel bonheur de vivre dans un tel endroit ! Je peux entendre le chant des oiseaux. C'est agréable. J’aperçois un moineau qui se pose sur la barrière du jardin. Il ne nous a sans doute pas remarqué. J'aurais adoré pouvoir l'attraper mais il s'avère que je ne sais pas chasser. Comment devrais-je m'y prendre ? Mon instinct me crie de me baisser et de m'approcher de lui le plus discrètement de lui pour ensuite bondir et le tuer. Mais, dois-je toujours suivre mon instinct ?

Ce serait un bon moyen d’impressionner Turquoise. Alors je fais exactement ce que mon instinct me dicte. Je me baisse et avance pas à pas sans lâcher des yeux l'oiseau. Lorsque je suis à quelques centimètres de celui-ci, je m'apprête à l'attraper mais je suis trop lent si bien que mes pattes se referment sur du vide. Décidément, je dois être bien ridicule. Entre ma chute et mon échec à la chasse, qu'est-ce qu'elle doit bien penser de moi. Enfin, ça m'importe peu, je n'ai sûrement aucune chance avec elle à las base, alors quoique je fasse, ça ne changera rien. Je me retourne vers elle et lui lance un regard amusé.

« Faut croire qu'il était plus malin que moi ! Tu sais chasser toi ? Je suppose que tu as plein de talents cachés derrière ton joli minois. »

Je suis curieux de savoir d'avantage de choses sur elle. Qui se cache donc derrière cette si jolie chatte ?

Invité

Mer 27 Avr 2016 - 13:18

Et toi, sais-tu pourquoi je sais...?

Il te chauffe. Faut faire attention, avec ces mâles qui veulent t’avoir. Juste une nuit, bien sûr. Ça va pas durer longtemps, et encore moins si jamais ils se rendent compte de tes sautes d’humeur, de ton amnésie, et de tout. Il n’y a que ton beau physique. C’est pour ça que tu es encore seule à trente cinq lunes. Il n’y aura jamais que toi et moi, mais tu t’y es fait. Après tout, tu ne te rappelle même plus de la veille parfois, alors quelle importance ? Tu pourrais rester avec un mâle. Mais pas un dragueur, pas quelqu’un qui t’aimeras pour ta beauté. Il faut quelqu’un qui te comprenne, qui soit là pour toi. Et ça, il n’y a que moi qui puisse le faire.

— Je ne me suis jamais senti aussi bien ! Surtout en compagnie d'une si jolie minette comme toi !

Tu te méfies toujours. Tu dois te méfier. Trop souvent, des chats se fond trahir, blesser et tu ne dois pas en faire partie. Pas de cette façon. Tu as déjà suffisamment souffert, inconsciemment, puisque tu ne te souviens pas. Rien que l’amnésie, c’est ton mécanisme de défense. Ne pas se rappeler qu’on souffre. Pas mal. Mais toi aussi, tu es chaude lors de la saison des amours. La saison où on fait les chatons. Oh pitié, ne te retrouve pas avec une portée de trucs braillards, encombrants et inutiles. Ce qu’il te faut, c’est des amis. Mais je suis là pour surveiller. Pour t’empêcher de me remplacer. J’aime t’empoisonner.

Je le trouve mignon ce jeune félin. Il essaye de t’impressionner mais toi, tu es bien plus douée que ça. Tu ne sais pas trop d’où tu tiens ça. Tu te demandes si tu n’as pas été une chasseuse dans une ancienne vie. C’est un peu ça, mais trop peu sont là à savoir la vérité. Je préfère garder le silence et continuer à mentir. Donc, le petit chat là. Il se met à ramper bizarrement vers un oiseau qui aurait pu te faire ton repas. Sauf que non. Il s’approche, il est tout près. Tu as envie de lui dire de sauter, maintenant, mais c’est trop tard. L’oiseau s’envole. C’est con, t’aurais pu bouffer, mais non, fallait que quelqu’un fasse son beau.

Ceci dit c’est assez amusant. C’est un vrai chat domestique, aucune chance de le confondre avec un guerrier de Clan. Toi en revanche… C’est normal. Tu en faisais partie. Mais tu es de l’autre côté de ton Clan maintenant, et je dois tout faire pour qu’on ne se souvienne pas de toi. On t’oublie. On t’a déjà oublié. Si tu veux une preuve de l’importance que tu as, en voilà une. Aucune. Moi je me rappellerai toujours de toi. Même ton frère, Érable, t’a complètement oubliée. Si c’est pas triste. Enfin, tu peux t’amuser un peu avec ce jeune chat. Il revient vers toi, un peu dépité, mais bon. C’est assez amusant, comme situation.

— Faut croire qu'il était plus malin que moi ! Tu sais chasser toi ? Je suppose que tu as plein de talents cachés derrière ton joli minois.

Ça c’est rien de le dire. Il ne t’a pas vue en action, lorsque tu dois te défendre contre un chien ou bien que tu décides de chasser, comme aujourd’hui. Et puis tu as d’autres trucs de cachés. Mais ça, c’est pas forcément des talents, loin de là. Et si on lui disait que tu as quelques problèmes dans ton rapport à la nourriture ? Ou bien que souvent, tu ne te souviens pas de la veille. Seulement des petits morceaux. Des passages de ta vie se sont envolés. Il ne reste presque plus rien. Tout est dans le désordre. Enfin pour répondre à sa question, tu peux lui dire que toi, tu sais chasser.

— Moi je sais chasser. J’ai appris.. il y a longtemps.

Tu ne peux même pas dire qui t’a appris. Alors parfois, dans ta tête, tu inventes des histoires. Tu dis que c’est ta mère qui t’a appris. Ou que ta mère est morte, et que tu as appris avec d’autres solitaires avant de trouver une maison où on t’a accueillie. Mais tu ne sais plus. Tu voudrais bien lui montrer. Alors tu fixes un rouge-gorge dans le jardin d’à côté. Et tu y vas. Et ce qu’il y a de bien, c’est que toi tu l’attrapes. C’est ça, les gènes d’un guerrier de Clan. Même si ça, tu ne le sauras jamais. Tu ramènes ta proie et la déposes.

Je ne sais pas grimper aux arbres, alors je discute avec toi. [Feat Turquoise]