You can die. ~ Ft Jaggër

You can die

Je m’étire doucement. Le jour va se coucher et moi, j’ai dormi presque tout l’après-midi. Mais ça m’a fait du bien, une petite sieste. Comme il y avait du soleil, je me suis allongé sur les pierres, et j’ai dormi. Maintenant, c’est le soir. Il fait un peu plus frais, et c’est ça, qui a dû me réveiller. Il y a un peu de vent. Je regarde souvent Gaara, en ce moment. Et je me contemple dans une flaque d’eau dès que je le peux. Comment c’est possible ? Je ressemble trop à lui. Parfois, j’aime imaginer que je suis son fils caché, qu’il a eu avec une autre femelle. Et que du coup, Malawi est ma demi-soeur. Mais bon, c’est surtout la fille de Gaara et mon amie. Et elle me ressemble pas.

Pourtant, combien y a-t-il de chats des sables, comme on nous appelle, dans le coin ? Il y a Gaara, l’Escogriffe puissant, père de Malawi. Akito, le félin que personne n’approche, et qui ne parle à personne. Lui, je l’ai pas vu beaucoup. Et il y a une dernière. La chatte que j’ai à peine eu le temps de voir. Celle de Clan, qui se battait durant la grande bataille. Qui est-elle ? Je dois la croiser, la retrouver. Mais en attendant, je reste, dans le noir, tranquillement. Il vaut mieux, rester dans le noir. Je ne suis plus visible, c’est mieux. Je ne suis qu’un traître, un chat errant, sans famille. Un orphelin, un assassin. Mes griffes sont pleines de sang.

Ce n’est que le sang de la chauve-souris que j’ai attrapée. Je l’ai lacérée. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. C’est un acte cruel, inutile. Mais bon, je mange un morceau de la chauve-souris. Comme ça, elle m’aura nourri un peu. Je laisse le cadavre en plan. Les nuages passent, voilent la lune, et s’en vont comme ça. Je plante mes griffes dans la terre. Oh, j’ai tellement envie de faire payer à tout le monde. Pourquoi ce monde est aussi pourri ? Pourquoi je suis là, moi ? Et puis, pourquoi je pense ? Je soupire. Qu’est-ce que je fais ? On dirait presque que je fais une déprime. Je suis encore jeune, je suis même un chaton. Je devrais vivre avec ma mère et jouer avec des frères.

Bon, je dois me bouger de trouver je sais pas quoi. Ah si, je dois aller explorer. Je connais pas tout de ce territoire, encore nouveau pour moi. Je suis né en bas, près du lac. Vers les Clans et les Troupes, pendant le Grand Exil comme on dit ici. Ensuite, après la dernière bataille, on est retourné d’où ils venaient. On est rentré vers les plaines, tout ça. Et moi… J’explore à nouveau ! Je pensais pas que tout était si grand, si impressionnant. Je suis vers la Plaine des Aigles. On dit qu’il y a des rapaces immenses qui volent, ici, le jour. Du coup, j’ai un peu peur, quand même. Ils peuvent manger les chats, les attraper avec leurs serres. Et quand je serai grand, j’en attraperai un !

C’est mieux que des chauve-souris. Quoique, y en a des grandes. Enfin bon. Moi je me mets à marcher dans les bois, et la lune brille, les nuages sont tous partis, dissipés par le vent. Soudain, je vois un félin. Mes griffes sont déjà sorties, et je sens mes poils se hérisser sur mon dos. Tous mes muscles se bandent et je m’approche doucement. C’est un mâle un peu étrange vu de l’extérieur, mais je ne saurais dire pourquoi. Ce n’est qu’un jugement non construit, donc je m’approche simplement, sans rien dire au début, puis lorsque je suis sûr qu’il m’a vu :

— Tu devrais pas rester par ici si t’es pas un Escogriffe.

Parce que c’est dangereux, parce qu’il peut mourir. Ce n’est qu’un avertissement, et si je vois qu’il est très faible, c’est peut-être moi qui le tuerai. Je ne suis pas compatissant, et je deviendrai le meilleur. Et s’il faut que je m’entraîne pour ça, quitte à tuer ceux que je croise, alors soit. Je le ferai. Je me plante devant lui, le jaugeant du regard. Peut-être qu’il vaut mieux que les solitaires miteux, après tout. Peut-être…

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