Je voulais que mon apprentie me montre ce dont elle était capable, un simple entraînement ne me montrait pas ses véritables capacités, celles qu’elle développera uniquement lors des batailles contre les autres Clans. Je voulais développer cette partie d’elle, qui restait cachée, tapie, attendant seulement de pouvoir sortir. C’était ça qui aiderait le Clan du Vent à vaincre les autres, et rien d’autre. Ce n’était pas la gentillesse, ou je ne sais quelle autre foutaise. La gentillesse, c’était pour la famille, pas pour les ennemis, et c’était en le montrant à Nuage du Lac que nous vaincrons, que nous garderons notre territoire. Je n’allais pas me montrer clément avec elle, j’allais me battre sérieusement, et arrêter seulement lorsqu’elle se déclarait vaincue. Pas avant, parce qu’elle n'apprendra jamais si elle retenait ses coups, si elle ne voulait pas faire mal. Comme cela serait, lors d’une vraie bataille ? Se pliera-t-elle devant l’ennemi, pour ne pas le blesser ? Non, il ne fallait pas. Je le regardais, les traits durs, comme si aucune expression n’apparaissait sur mon visage, mais je ne voulais rien laisser transparaître dans mes yeux, parce que les yeux en disaient beaucoup, et les siens laissaient voir un désir de vaincre intense, au-delà de cette couleur de la forêt, lueur brillant la nuit, comme si elle était prête à un entraînement aussi dur, sévère, et ce, malgré son jeune âge. J’avais confiance en elle, en ses compétences, je n’allais pas blesser inutilement. Cet entraînement servira, je savais qu’elle le savait. J’étais tout de même un guerrier assez expérimenté, j’avais appris de la manière forte, j’allais léguer mes apprentissages à la féline crème, qui deviendrait à son tour, une fière guerrière, je le voyais déjà en elle. C’était profond, indescriptible, ce que je réussissais à lire en elle, comme si cela cachait autre chose d’encore plus profond, encore plus loin dans son coeur que je n’avais pas pu déchiffrer.

Alors je la laissai débutai, je devais d’abord l’évaluer, voir ce dont elle était capable, car elle apparaissait à moi, pour l’instant, comme une parfaite inconnue mystérieuse. Puis, elle s’avança, et me griffa violemment le museau avant de reculer, fière. Une lueur brillait dans ses yeux, et les miens aussi. Mon apprentie était déjà forte, et bien que je ne le montrais pas, j’étais fier. Fier d’elle, fier de l’avoir comme apprentie, fier de pouvoir lui montrer ce que je savais. Ce ne serait pas un entraînement, ni même une formation. Ce serait un réel combat, une évaluation. Ce ne sera pas doux, ce ne sera pas beau. Mais, à la fin, il y aura tout de même deux vainqueurs. Elle et moi, et à nous deux, nous montrerons ce que c’était d’être véritablement fort. Je la toisai d’une façon menaçante, en montrant les crocs. Bien entendu que je ne la laisserais pas gagner si facilement. Il fallait qu’elle le mérite, je ne ferai pas de traitement de faveur, quand bien même elle était jeune, quand bien même elle était jolie. Je m’élançai vers elle en grognant et la plaquai au sol, mon poids la retenant facilement au sol. Je n’étais pas de ces guerriers élancés qui se battaient avec grâce. Je plaquais et retenais au sol avec force, vu mon poids, lourd pour un chat du Clan du Vent. Elle devra s’y faire, trouver un moyen de contrer son désavantage, c’est seulement ainsi qu’elle deviendra plus forte et qu’elle apprendra. Car faire le mou ne l’aiderait pas à avancer, je l’avais compris, au fil des lunes qui passaient. Non, cela ne l’aiderait pas. Elle était toujours sous moi, et je ne la lâcherai pas tant qu’elle ne trouvera pas un moyen de se dégager.

“Alors ? On est pris ?”

L’arrogance l’aiderait à se dégager, car cela ferait naître une fureur en elle, une fureur qui était capable de déplacer des montagnes. Cette même fureur, elle devait la développer, apprendre à l’utiliser à son avantage. Quand cela sera fait, elle pourra utiliser celle des autres contre eux-même lors des guerres.