The Garden of the Dreamer

Just on my Head

By Moussy

Utopie
Un champs de fleurs. Elles sont dorées. Flamboyantes de rayons striés. Des rayons plus foncés. Plus claires. Plus claires encore. Les fleurs s'étendent au loin. Si loin que je ne peux suivre leur étendue. Je ne peux voir ce qu'il y a au bout du champs. Mais je peux voir son extrémité. Une fine forêt de pinèdes. On y reviendra après. J'étend donc la forêt. Et la forêt recule. Recule. Recule. Et recule encore jusqu'à ce qu'elle soit totalement hors de ma vue. Le champs doré est dorénavant infini. C'est un rêve. Un rêve caché. Sans fin. Sans laideur. Un rêve de pureté et de légèreté.

En robe blanche. Je tourbillonne au milieu des fleurs comme un papillon. Je regarde le ciel. Les pétales qui volent. Un éclat doré. Sur fond bleu luisant d'harmonie. Une harmonie totale. Maculé de traces nuageuses. Pas des avions. Pas de fusée. Pas de bruit. Juste le silence. Ma prairie. Et mon ciel nuageux de printemps. Ce sont les lacs, les océans, qui montrent à l'astre solaire leur douce et fine vapeur d'eau. Hydrogène, deux oxygènes. H2O. Qui s'élève vers le ciel. Pur et sans faille. Sans limite.

Le globe d'énergie nucléaire, enfant de Râ ? Peu importe. Dans mon Utopie, toute les religions existent. Tout les Dieux. Tout les animaux. Tout existe comme si rien ne les avait éteints. Ils vivent en harmonie. Dans les milliards de facettes différentes de mon Utopie. L'astre du jour va bientôt prendre une autre teinture. La nuit approche. La belle lune, protectrice invétérée à la face cachée marquée de sinistres balafres va bientôt montrer sa face clémente. Du haut de sa présente éternité.

Je me laisse tomber en arrière. Les fleurs sont aussi douces et moelleuses que des nuages. Je modèle ce par terre laineux à mon désire. Je m'y enfonce un peu plus. Dans mon paradis à moi. La belle lune, probablement élevée quelque part par les puissantes ailes de Lugia, semble me regarder. Sa face est rayonnante. Cachant les profondes balafres de la formation de notre Terre. Je la remodèle. D'une main clémente et douce.

Dans mon Utopie. Même la lune a le droit à être parfaite. Elle abrite son écosystème à elle. Sa face balafrée n'est qu'une histoire parmis les autres. Des histoires telle que celle des Hommes. Tragique évolution de l'homo-habilis. Ou encore celle de l'origine du cratère de Chicxulub et de ses dinosaures. Des histoires qui ne se comptent plus dans le temps. Mais qui s'oublient. Pour ne laisser que ma paix et ma liberté. Mon Utopie.

La nuit est belle. Les fleurs autour de mon corps sont colorées d'une légère teinte bleutées grisonnante. Une harmonie parfaite de couleurs avec les rayons clairsement de la lune. Des rayons que je peux toucher du bout des doigts en tendant la main. Des rayons argentés. Avec une simple manipulation, je peux leur donner de la densité. Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. J'applique cette règle à mon Utopie. C'est un autre univers qui va entrer ne ballet elle même, comme dans une symphonie silencieuse, à l'intérieur de ce simple rayon de lune. Je peux le toucher. Il ne s'effrite pas à mon contacte. Il s'enroule doucement autour de ma main tel un serpent nuageux. Une harmonie parfaite.



Contrôle
Entre mes doigts, la vapeur lunaire perd sa densité. L'univers revient à sa place. Dans mon Utopie. Mon jardin d'Eden s'effiloche tendrement autour de moi. Je me laisse tomber. Sous la banquise de fleurs, l'eau est cristalline. Lumineuse. Elle n'est pas froide. Elle renferme une multitude d'espèces marines. Ils viennent vers moi. Des milliers de milliers de poissons colorés s'agglutinent autour de mes bras dans un tourbillon frémissant de couleurs et de vie.

Dans un contrôle parfait, je me laisse couler vers le fond. Les molécules d'eau se désagrègent autour de moi. L'hydrogène remonte à la surface, tandis que les deux atomes d'oxygène ne s'attachent pas. Ils partent vers mes poumons. Me modèle à ma guise les lois de la physique. Mais ce paradis est mien. J'en suis maîtresse et pour aussi longtemps que faire se peut.

Le magmas aqueux me dépose tranquillement sur un sol autrement plus spectaculaire. Au plus proche du danger. Au plus proche de l'inconnu. Au plus proche de l'avenir. Au plus proche du passé. Le volcan crache ses nuages de fumée épais et toxiques. Je balaie leur toxicité. Ils sont sombres. Avec des ombres plus foncées, aussi noires que du charbon, ou tantôt claires, grises perlées. J'aide le panache à remonter vers le ciel. Un ciel bleu d'azur, plus foncé que celui de la prairie fleurie. De mes mains écartées, je disloque le nuage cendreux, ses forces s'amenuisent, mais pas les miennes. Je le pousse loin vers les contrées de mon univers mental. Du moins cette dimension là. Le nuage se désagrège. Mais je n'ai pas fini. Je veux que le spectacle soit terrifiant.

Je peux être dans mon utopie reine de création, comme de destruction. Sans conséquences.  Je peux me faire vivre absolument n'importe quoi. Les choses les plus grandioses. Les blessures les plus ardues. Les peurs les plus extravagantes. Mais ce que je préfère de loin, c'est les catastrophes naturelles. Je dresse mes mains. L'une paume ouverte au cœur du volcan. L'autre juste au dessous, les doigts tournés vers le sol. Je veux avoir peur. Je veux créer un spectacle plus puissant que la nature elle même. La seule règle, c'est qu'il n'y a pas de règle.

Je me retourne. D'un regard, la faune est doucement engloutie vivante par le sol rocheux tapissé d'herbes folles. Elle s'envole dans un torrent de tendresse vers un autre univers. Pour échapper à la catastrophe. C'est comme un échappatoire divin. Sauf que mon Utopie est mienne. Et seulement mienne.

Ma main la plus haute se ferme en un poing serré. Le volcan gronde. L'autre main se retourne lentement et forme un panache renversé sous ma main empoignée. D'un geste spirituel, le modèle les airs pour forcer leur trajectoire. Je m'élève au dessus des terres. Je veux voir la tragédie s'abattre brutalement sur l'un de mes univers entier. Je le consumerais. Je me demande si je vais avoir mal. J'inspire. Prête à actionner le mécanisme destructeur.



Apocalypse
Mon contrôle est total. Total, grandiose et indestructible. Ma main basse fend l'air. Elle frappe celle en poing qui s'envole elle aussi vers le ciel. Au même moment, l'effusion de cendres toxiques sort des tréfonds des enfers pour vomir ses ondes de choc gigantesques contre mon trône aérien. Je sens mon corps s'exalter de peur. Le nuage monte, monte, monte. Je tend mes bras comme s'ils pouvaient se rompre à tout moment. Muscles contractés. Puissance vertigineuse. Le volcan a entamé sa danse mortuaire, les funérailles de Pompéi raisonnent partout dans cet esprit avide de sensations. La ville de pierres derrière moi va bientôt sombrer sous les flots meurtriers d'un volcan explorateur avec explosivité. Explorateur et exploseur de ruines.

La ville est vide. Mais les flots de cendres s'abattent sur elle dans des nuées de roches ardentes tombant tout droit de son cœur que la montagne en colère envoie délibérément vers le ciel. Le volcan veut se montrer. Il veut faire peur, être le plus grand le plus menaçant, le plus grand. Toujours plus enflammé, toujours plus menaçant, toujours plus explosif, toujours plus meurtrier, toujours plus éclatant de puissance.  C'est ce pourquoi il vit. Et c'est ce pourquoi je vis aussi.

La pluie de roche en fusion ravage les roches. Elles s'effritent. Semblent hurler. La ville entière semble hurler. Tandis que mon corps entier est transit déchiqueté à quelques centimètres de ce nuage ravageur. Je le gonfle encore. Je le fais grimper plus haut encore dans le ciel devenu sombre. Il s'abreuve d'éclaires tel Thor Odinson et Zeus réunis. Sa colère fera un massacre. Un massacre enflammé et foudroyant, dont je suis l'actrice et la victime principale.

La ville se consume. Les éclaires frappent avidement le sol environnant du volcan qui commence à s'affaisser sur lui même. Il est consumé vivant par sa propre fournaise. La roche de sa robe brune morose s'amenuise et se dilate. Elle cède. Elle coule. Dans une symphonie du silence toujours aussi délicieuse. Elle me passe sur le corps. Je sens sa puissance. Sa température extravagante. Son courroux pour avoir osé le provoquer. Il m'emporte avec lui vers un Pompéi en ruines.

Mon crâne heure le sol. La puissance du puissant explosif me retient au sol. Mais je contrôle. J'ai ce que j'ai provoqué. Mes os se désintègrent sous le mélange dévastateur de pression et de chaleur. Je garde conscience, contrairement à ce que ferait toute créature vivante. Je me sens broyée. Lessivée. Eradiquée de ce plan de l'existence. Je sens la peur m'envahir. La douleur me subjuguer tel une ombre satanique. J'ai ce que je désirais.

Mais ce n'était pas encore assez. Être consumée vivante d'une boulée de boue, disloquée par un cyclone digne de ceux de Jupiter, ou déchirée par les vents de Neptune, ce  n'était toujours pas assez.



Réveil
Déchirée par la douleur. J'ouvre les yeux. Je suis sortie de mon Utopie. Je regarde mes mains. Je n'ai rien. Je n'ai déjà plus mal, le temps de me rendre compte que j'étais sortie de ma chère et tendre Utopie.

Mais mon éveil n'est que le bouton pause. J'y retournerais dans quelques minutes. Retourner dans mon silence éternel où j'ai la toute puissance à moi seule.

La journée passe, s'écoule telle un les perles sablonneuses dans un sablier. Du son se déverse dans ma tête. Les sons de la ville. Ils sont partout. Je les perçois mais ne les comprend pas. Je vois les panneaux rouges. Je vois les plaques chauffantes. Mais je ne les comprend pas. Je ne comprend pas leur danger. Je ne comprend pas la peur d'avoir mal, de mourir. Je suis analgésique congénitale. Je ne sens pas la douleur.

Je pense. Pense à mon Utopie. Le soleil trône dans le ciel. Profitant du temps de métro, je plonge dans mon paradis à moi. Je suis sur celui-ci. Sur sa surface irradiante. Dans le silence. 5 778 °c. Mais je ne les sens pas.

Puis le métro s'arrête. Je sors. Cours. Prendre notes. Déjeuner. Vérifier dents. Cours. Prendre notes. Métro. Maison. J'arrive chez moi. Je regarde mon corps. Ecchymose sur les bras et dans le creux d'un genoux. Je regarde mes dents. R.A.S. Je regarde mes mains. Elles ont pelé. Je regarde mes lèvres. Elles sont crétacées, légèrement cyanosées. Je m'occupe de ça. Je me couche. Vite. Les perles du sablier arrivent à leur terme. Je m'endors. Je rêve de souffrance. Bonjour. Mon Utopie.

Je retourne à mon soleil. D'une main gracieuse, je le laisse se condenser sur lui même. Brûlant la totalité de son hydrogène. L'étoile brille. Brille. Brille. Elle consume à présent son hélium. Elle est d'une incandescence fulgurante. Elle grossit. Son noyau développe du fer. Je ne sens rien. Puis, l'étoile s'effondre sur elle même. "Par la mort, d'une étoile !" comme dirait Mû du Bélier. Le soleil a désormais deux choix. Sois il est massif, et il explose. Sois il ne l'est pas, et il s'évapore en silence. Cette étoile est notre soleil. Il n'est pas assez massif. Il devient une Naine Noire. Mais je n'ai rien senti. Alors je remonte ce que j'ai fais. Et je densifie cette étoile. Notre soleil devint aussi grosse qu'Antarès. Cette fois ci, il explose dans une fulgurante Supernova. Une explosion me vomi à la figure ses radiations aux températures affolantes. Le noyau fini par tourner à une vitesse sidérante. Une étoile à neutron est née. Je vois que mon corps a été réduit instantanément en poussières. Mais je ne sens toujours rien.

ASHLING DE LIBRE GRAPH'