Can't say that I love you, but... [ft. Naimya]

ft. Biket

Je ne veux pas qu’il meurt. Il ne peut pas mourir. C’est vrai, quoi, c’est Zarroc, c’est mon frère, après tout. Il peut pas mourir comme ça. Il a pas le droit. C’est un battant, mon frère, il va pas abandonner parce qu’une maladie de merde ruine actuellement ses journées. Il va passer au-dessus, c’est juste une mauvaise passe. C’est ce que je veux croire. C’est ce que je me force à croire depuis un moment déjà. Je n’abandonnerai pas. Je l'abandonnerai pas, il peut en être certain. Il a pas intérêt à mourir. Je ferais quoi, moi, sans lui, hein ? J’aurai l’air de quoi, toute seule ? Non, il a pas intérêt, sinon je lui arrache les oreilles. Il peut pas me laisser, de toute façon. Il sait à quel point il est important pour moi. Il sait à quel point j’ai besoin de lui. Et ça me fait mal de le dire, mais Llum aussi, elle a besoin de lui. Et Phily. Il peut pas nous abandonner, un point c’est tout.

J’ai pas pu sortir, aujourd’hui. J’aurais dû, mais j’ai eu trop peur. J’ai ces remords qui sont apparus, qui ont fini par émerger alors qu’ils s’étaient tus jusqu’ici. Ils m’ont empêchée de sortir du camp, ils m’ont empêchée d’aller m’entraîner ou chasser ou encore… Ou encore voir Hélios. Essayer de le voir, du moins. Bref, quoiqu’il en est, je ne suis pas sortie. J’étais sur le point de le faire lorsque mes pattes ont automatiquement fait demi-tour et m’ont amenée jusqu’ici, dans la Tanière des Guérisseurs. Enfin, de la Guérisseuse, depuis que Lyn est morte. Je n’aime pas cet endroit. Elle inspire la mort. Comment Naimya parvient-elle à rester cloîtrée ici toute la journée ? Je ne sais pas comment elle y arrive. Elle m’impressionne de jour en jour. Je l’apprécie, au fond. Même si elle est bien trop gentille pour vivre longtemps, je l’apprécie. Beaucoup, même.

Peut-être même autant que Zarroc. Enfin, je ne sais pas trop. Mais je sais qu’elle lui plaît, à Naimya, à mon frère. Elle lui plaît énormément. Je ne suis même pas jalouse, je comprends qu’il l’aime autant. Et puis, elle fait tout son possible pour lui, et pour les autres, pour lutter contre la maladie. Elle fait tout ce qu’elle peut et c’est admirable.

Oui, décidément, je l’aime bien.

Quoiqu’il en est, c’est Zarroc que je suis venue voir. Je suis là depuis un moment, assise en face de mon frère qui a fini par s’endormir, malgré les filets de sang qu’il crache en toussant de temps en temps. Je n’ose pas trop l’approcher. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas malade. Enfin, si, en fait, maintenant que j’y pense… Je suis jamais avec les autres. Ça a des avantages, d'être solitaire. En cas d’épidémie, en tout cas.

J’entends des pas. On arrive. Naimya. Qui ça pouvait être d’autre, de toute façon ? Je la suis du regard et hésite à sourire. Je ne sais pas trop comment me comporter. Je sais que la dernière fois je n’ai pas été très agréable - comme d’hab - mais aujourd’hui, c’est différent. Aujourd’hui, elle soigne mon frère comme elle le peut et je me sens redevable. “Merci pour… pour tout ce que tu fais, pour Zarroc.” Pourquoi j’ai dit ça ? Pourquoi j’ai parlé, même ? Elle le fait pour tout le monde, ça, c’est son devoir en tant que guérisseuse, idiote.