i still remember every day - spectre de lumière

Quelque chose en elle s’était brisé. Elle n’aurait pas pu mettre la patte sur ce que c’était, mais elle pouvait l’affirmer. Quelque chose s’était déchiré dans son coeur, dans son âme et plus rien n’était comme avant. Le monde ne tournait plus comme avant. Le Clan n’était plus le même, sans doute ne le serait-il plus jamais et la Forêt avait perdu sa couleur d’antan. Nuage de Panda Roux était mort et elle le pleurait encore tout en assurant sa présence auprès de son fils restant : Coeur de Grizzli. Il était devenu guerrier et elle était fière de lui. Sentiments éclipsés par cette perte qui lui restait en travers de la gorge. Elle avait encore son fils adoptif, son tout premier fils, celui qu’elle avait pris sous son aile, le guérisseur du Clan aujourd’hui et même si celui-ci avait emprunté un chemin sinueux et sombre, elle était fière de lui, et elle espérait qu’il retrouve la lumière, retrouve la vie. Elle tenait à lui. Elle l’aimait.

Mais plus rien n’était pareil et tout semblait pareil à la fois. Elle se levait à chaque matin lorsque les rayons du soleil coloraient de milles couleurs les nuages présents avec cette boule dans le ventre et cette certitude qu’elle n’avait plus sa place dans ce Clan. Mais elle prenait sur elle, elle restait. Elle ployait les épaules, elle baissait la tête, mais elle restait. Elle faisait comme si elle suivait le même bateau que les autres, comme si jamais rien n’avait été changé. Comme si. Elle se levait, elle ouvrait les yeux, elle mangeait, participait aux patrouilles. Elle continuait de mener une existence de guerrière parfaitement normale, essayait d’aider ceux dans le besoin autour d’elle, essayait de rendre le sourire sur le visage des autres, parce qu’elle aimait les voir heureux, c’était presque un but en soi.

Mais rien n’était plus pareil et elle se levait chaque matin avec ce poids sur ses épaules qu’elle traînait toute la journée et s’endormait avec lui. Bourrasque Majestueuse dormait à ses côtés, se levait à ses côtés, était toujours bien présent pour la féline si petite qui apparaissait encore comme une jeune novice. Et pourtant, elle se sentait si loin. Loin d’eux. Loin de tout. Comme si elle avait tout perdu ce qui la rattachait à ce Clan. Qu’elle n’avait plus la même importance, qu’elle n’était plus la même pour eux et que sa présence n’était plus aussi importante qu’auparavant. Qu’elle pourrait potentiellement disparaître sans que la terre ne cesse de tourner pour quiconque, elle serait vite oubliée. Pas vrai ?

Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Qu’est-ce qui avait du sens aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’elle représentait pour les autres à ce jour ? Est-ce qu’elle blesserait quique ce soit en partant outre son compagnon ? Bien sûr, il était si important à ses yeux et elle le remerciait silencieusement tous les jours de toujours être près d’elle parce que sans lui, sans doute qu’elle aurait déjà fui ce camp, ce Clan et les souvenirs. Mais à part lui, a-t-elle seulement encore une véritable importance pour qui que ce soit ? Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas été se poser auprès d’une proie pour parler avec qui que ce soit, longtemps qu’on n’était pas venu s’enquérir de ses nouvelles seulement pour la voir elle. Longtemps que sa vie se résumait à patrouiller, chasser et dormir, longtemps qu’on avait cessé de réellement la regarder.

Elle finit par rentrer de cette partie de chasse solitaire qu’elle avait entreprit, une proie dans la gueule, la posant sur la pile de gibier et prenant une autre pour aller voir Spectre de Lumière. Il comptait beaucoup. Il avait toujours compté et comptait toujours. Mais il semblait si loin maintenant, inatteignable. Et elle n’avait peut-être plus sa place dans sa vie, c’était ainsi qu’elle le sentait. Il venait la voir, il y a des lunes de cela, pour parler de tout, de rien, de sa vie et ses problèmes. Mais plus maintenant. Et c’était dur. Elle se posa à l’entrée de la tanière du guérisseur, respira profondément et y entra. Son regard scruta ce gîte aux odeurs particulières et elle posa la proie sur le sol.

« Je t’ai ramené à manger. »

Elle restait là, attendant qu’il se montre. Il lui manquait vraiment.

|| Rp déplacé dans les inachevés. ||