Aètos avait eu l’autorisation par sa mère d’aller se promener dans le camp, mais il devait rester dans la clairière principale. Il n’avait en aucun cas le droit d’aller voir les guérisseurs travailler. Bon, c’était toujours ça de gagner. Au moins aujourd’hui, il ne serait pas contraint de passer la journée dans la pouponnière. Bon, il y restait rarement, mais ça, sa mère ne le savait pas ou du moins elle faisait comme-ci de rien n’était. Il partit donc en trompe, s’assurant ainsi que sa mère n’allait pas changer d’avis. Il y avait beaucoup de mouvement et d’ambiance. Les chasseurs commençaient légèrement à se mélanger et apprendre à se connaitre l’un l’autre. Le petit vit même un chat de la Troupe Embrumée demander à quelqu’un de la Troupe Inondée de venir lui montrer le territoire. C’était une bonne nouvelle non? Peut-être, mais surement pas aux yeux d’Aètos. Pour lui tous les chats de la Troupe Embrumée étaient des lâches et des intrus qui plus ait. Ils faisaient tous comme s’il était chez eux, mais non ils n’avaient plus de chez eux. Ils l’avaient lâchement laissé aux mains des Escogriffes. Il fit bien attention à ne pas déranger aucun des chasseurs. Il n’avait pas non plus envie de se faire écrabouiller par une de leur énorme patte par inadvertance. Lorsqu’il fut près de la pile de gibier, il ralentit pour se chercher une proie. Ce n’était pas parce qu’il était encore un chaton qu’il n’avait pas faim. Son choix s’arrêta sur un magnifique poisson, qui semblait être très appétissant. Lorsqu’il allait la prendre dans sa gueule, il se fit ramasser par un chat. À l’odeur ça devait être un chat de la Troupe adverse. Celui lui lança avec colère :

« Regardes où tu vas cervelle de poisson ! »

Mais c’était quoi ce bordel, c’était lui qui venait de lui rentrer dedans. Aètos se retourna vers l’intrus et lui cracha à la figure :

- C’est quoi ton bordel de problème, le lâche? C’est toi qui viens de me rentrer dedans et non pas le contraire.

Aètos avait la rage au cœur. Comment un imbécile dans son genre pouvait ne pas prendre ses responsabilités en face. Alors là ça n’avait pas de sens. Le chaton savait que ce n’était pas tout le monde qui acceptait l’idée que les deux troupes soient réunies pour n’en former qu’une seule, mais quand même. Comment les membres de l’autre troupe pouvaient décider de s’en prendre à un pauvre chaton qui n’avait rien fait. Puis d’un air menaçant, le pelage ébouriffer, le chat écaille vint se poster devant lui. Aètos connaissait ce petit impertinent, c’était Rahû, le nouvel apprenti. Puis il se mit à crier :

« Lâche ? LÂCHE ?! Mais dis-moi boule de poils mouillés, qu’est-ce que tu as fait de courageux depuis la chaleur de la tanière des familles ? Quelle action fait de toi un chat si valeureux que tu peux te permettre de traiter les autres de lâche ? Vas-y ? Dis-moi ? J’ai hâte de savoir ce qu’un Inondé qui n’a été confronté à aucune menace peut bien avoir fait de brave !

Puis l’apprenti fouetta l’air de sa queue et contracta ses muscles tout en continuant son monologue. Aètos n’avait pas peur de lui. Ce que cet imbécile ne savait pas c’était qu’Aètos pouvait décider de ne par la soigner lorsqu’il serrait apprentie. Le laisser mourir, jusqu’à ce qu’il le supplie de l’aider. Le chaton eut un joli sourire en coin tout en continuant de l’écouter parler tout seul. Il ne l’écoutait pas vraiment, non il le regardait tout simplement parce que ce qu’il disait entrait dans une oreille et ressortait par l’autre.

– Moi au moins, je compte bien aller bouter les Escogriffes de mon territoire dès que j’aurais appris à me battre ! Seul s’il le faut. Mais comme je sais déjà ce que c’est, de se retrouver face à un Escogriffe, je peux affirmer que je n’aurais pas peur. Tu peux en dire autant ? Tu peux certifier que, face au danger, tes pattes ne te lâcheraient pas ? Que tu ne prendrais pas la fuite ?

Ah oui c’est vrai, l’apprenti était revenu dans le clan à moitié mort parce que ce soi-disant héros avait eu la merveilleuse idée d’aller combattre les escogriffes seul. IMBÉCILE. Aètos avait déjà été face à un escogriffe, bon il n’avait pas compris qui il était, mais tout de même. Il n’était pas presque mort lors de cette attaque et en plus, il avait ramené des plantes. Puis il continua sur un ton méprisant :

- Tu ne connais rien du monde en dehors du giron de ta mère ! Tu reviendras me parler de courage quand tu auras plus de cicatrices de guerre ! »

- C’est bon, t’as fini. C’est sûr que t’as eu une merveilleuse idée quand t’es allé t’en prendre aux Escogriffes. T’as pas oublié, j’espère que t’es rentrée au camp presque mort et que tu n’as pas été utile pendant bien longtemps. (Aètos lui lança un clin d’œil) Ensuite, imagine-toi donc que j’ai déjà été en face d’un Esco et contrairement à toi, je n’ai pas failli mourir, moi. Ensuite, il y a plusieurs façons d’être utile à la troupe. Je ne veux pas me battre, je veux soigner les imbéciles comme toi qui ne savent pas faire fonctionner leurs cervelles. Au moins, si tu en avais une, tu pourrais t’en servir.
Aètos lui lança un second clin d’œil et ajouta avant de se retourner :

- Si tu avais été un t’en sois peu intelligent, peut-être que ta mère ne t’aurai pas abandonné. Trop écœurer de tes sottises, elle est partie.