La beauté de la mer interrompu par un combat // AILY

Un futur combat

Ma tête est levée vers le ciel quand je contemple le haut des falaises. Elles sont belles. Immenses. Imposantes. Elles appelent une puissance qu'elles seules ont. Personne ne peut les vaincre. Personne ne peut survivre en y plongeant. Au loin, bien plus bas que ma position, je vois des vagues. Des vagues d'un bleu pur qui viennent s'écraser sur les rochers, les inondants d'écume alors que l'eau se retire précipitamment. L'écume est le seul vestige avant que l'eau revienne, et ainsi de suite. Ce spectacle m'envoute. Si bien que c'est la deuxième fois que je viens en ces lieux pour observer ce cycle étrange. Irréel. Puissant. Fantastique. Surprenant pour les chats n'étant pas dans les Clans. Les Clans ont de nombreux privilèges que tu n'auras jamais. Eux, peuvent se balader en ces territoires sans criante. Ils sont libres, certes, mais eux ne sont pas seuls. Or, c'est exactement ce que je suis. Seul. Je suis vulnérable comparé aux vagues sur les falaises. Aux vagues qui rongent puisque rien ne les arrêtent. Elles sont encore plus puissantes que les morts, puisqu'elles ont un impact dans la réalité et non dans les croyances.

L'herbe se frotte contre mes pattes, mes griffes s'enfoncent dans la terre meuble. Mes oreilles bougent en fonction du bruit qui m'entoure. Mon poil suit le court du vent. Tout change. Pourtant je reste immobile, n'ayant pas l'envie de bouger. Là, je veux juste suivre le court du temps, puisqu'il est aussi intéressant que le reste. Peut être qu'une présence fera que je bougerai, mais pas maintenant.

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Aujourd’hui tu as chassé, tu t’es diverti. Cela t’as fait un bien fou. Tu as profité, jouait. Tu t’es bien amusé. Puis tu l’as fini, tué. Tu ne lui as pas accordé pitié. De toute façon tu n’en donnes pas, jamais. C’est tué ou être tué. La pitié n’a pas la place dans ce monde. Maintenant, le cadavre de ta proie gît sur le sol, sans vie. Son âme l’a à présent quitté. Il n’est plus, comme s’il n’avait jamais existé et piétiné ce monde. C’est comme si il faisait maintenant parti du décor. Il n’est qu’un élément parmi tant d’autres sur cette terre. Une poussière parmi d’autres poussières. Il n’est plus rien. Alors l’ombre essuie ses griffes ensanglantées sur le cadavre. On peut dire que celui-là c’était bien défendu.

Le bougre avait réussi à la toucher par moment. Il s’est bien battu. Ainsi donc dans ces communautés de chats, ils apprennent à se battre, c’est bon à savoir. La connaissant de la féline à propos de ces communautés était assez restreinte. En même temps elle ne les laissait pas suffisamment en vie pour leur poser des questions là-dessus. Peut-être qu’un jour elle se posera un peu pour demander. Ah mais non, elle n’est pas comme cela. L’ombre est toujours affamée, elle attend à chaque instant sa prochaine proie. Elle n’est que haine. L’ombre est vorace. Dur pour elle de s’arrêter.

Tu ne prends pas le temps de bouger le corps ou de l’enterrer. De toute façon ce n’est pas ton problème. Peut-être qu’un de ces congénères va le trouver et le ramener avec lui. Peut-être que s’il fait ça il n’aura pas le temps de rejoindre les siens et que l’ombre pourra à nouveau se divertir. Qui sait ce que le futur nous réserve ?

Mais pour le moment, la féline va se dégourdir un peu les pattes et se détendre. Alors elle avance doucement, mais elle, elle sait être prudente, donc elle garde les oreilles bien dressée et attentive au moindre bruit.

Ses pattes la menèrent sur le bord des falaises, alors, elle suivit cette ligne infranchissable. Soudain, un peu plus loin elle remarqua une silhouette. Un félin ? Plus elle se rapprochait et plus sa pensée se confirma. Alors l’ombre se présenta à sa future proie.

- T’es-tu perdu ?

Un sourire explosa sur son visage tandis que l’excitation illuminée ses yeux. Cela en devenait encore plus effrayant avec son sourire de l’ange sur chaque coin de ces lèvres. Ce qui faisait s’allonger ce sourire si malsain. Encore du divertissement rien que pour elle. C’est une bonne journée qui se présentait.

Non

L'odeur de la mer est forte. Une sorte d'écume. Peut être que c'est l'écume que je sens, quand elle vient s'échouer contre les rochers en contre bas. Je ne saurais dire d'où vient l'odeur, après tout, on n'a pas pu me l'apprendre. Peut être que Pegy l'aurait fait qui elle avait été toujours en vie. Peut être qu'elle nous aurait appris de nombreuses choses. Mais elle n'a pas pu. Nous ne savons rien du monde qui nous entoure, parce que nous n'avons pas pu avoir une éducation assez complète. Je ne dirai pas que le départ de Pegy est la cause de tout, mais elle en est l'une. Il y a aussi mon père. Qui a disparu, qui est mort. Mais il y a aussi cette femelle qui aurait pu nous amener vers une famille qui se serait occupée de nous. Mais elle n'a rien fait de plus que nous nourrir. Elle nous a permis de survire sans rien apporter de plus. Elle a fait le stricte minimum, et je sais que nous ne pouvons pas le lui en vouloir. Elle a peut être fait que ce qu'elle pouvait. Peut être qu'elle était incapable de faire quoi que c soit de plus. Personnellement, je ne lui en veux pas. Je la remercie de ce qu'elle a pu nous apporter. Peut être que la mer l'a rappelée. Peut être qu'il y a de la vie là dessus,  en plus des poissons que je peux voir sauter de temps en temps, comme ceux qui sont dans le lac.

-T’es-tu perdu ?

Je n'ai pas envie de me retourner, et je ne le ferai pas. Peut être que la chatte derrière moi, à en juger par la voix, est là pour faire comme moi, et se ressourcer avec la mer. Peut être qu'elle est là pour autre chose. Mais je ne vois pas pourquoi je m'en inquièterai. A la place, je reste statique, et le seul élément qui bouge est ma gueule pour lui dire un simple non.

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