La tristesse de ce monde s'en va plus le temps passe. Des amis me rejoignent, apprennent a me connaitre, à m'apprécier. Pourtant, il y a toujours ce vide avec lequel j'apprends à vivre. Il y a de nombreuses choses que je regrette. Comme par exemple le fait que j'étais une loque. Une larve qui se prélassait dans la solitude d'un lieu connu. Mes parents m'auraient très certainement jugée, m'auraient abandonnée. Non, ma mère l'aurait fait. Mon père s'en fout de moi, tout ce qu'il veut, c'est finir le travail qu'il a commencé. Enfin, de ce qu'a pu dire Onyx. Onyx a dit de nombreuses choses sur mon père. De sorte à m'éloigner, à me faire peur. Il a eu de nombreuses histoires sur lui, et je n'ai jamais pris le temps de savoir si c'était vrai ou faux. De toutes façons, à quoi cela peut-il servir maintenant ? Il doit être surement mort à l'heure qu'il est. Ou alors, dans les tréfonds des territoires libres a essayé de survivre. Je n'ai plus a me concentrer sur lui. Je dois aller de l'avant, c'est ce que voudrais Mistral Lointain, Lune Ambrée, Embrasement de l'Onyx.... et ma mère. Je dois aller de l'avant, me réintégrer dans le Clan. Je dois me montrer présente, me faire remarquer dans le bon sens du terme. Je ne peux plus rester là sans rien faire. Cela serait faire du tord à mon frère. A celui qui m'a protégée. Il ne peut pas l'avoir fait pour rien, ce serait lui faire du mal. Que doit-il penser de moi.? Je suis certaine qu'il est là-haut, à m'observer. A essayer de comprendre. Il doit surement que crier dessus en voyant la loque que j'ai continué d'être. En voyant que j'avais abandonné. Parce que oui, c'est ce que j'avais fait. J'avais abandonné, et il ne pouvait plus rien faire. Je sais ce que c'est de se sentir démuni. S'il savait combien je m'en voulais.

Mes yeux s'arrêtent sur les arbres au loin. Ceux des autres Clans. Ceux de la forêt de l'Ombre. Ceux du Clan du Tonnerre. J'ai peur de nombreuses choses. Mais je dois y faire face. De nombreuses feuilles continuent de pousser au loin. Elles deviennent de plus en plus vertes, colorées. Le paysage se met à devenir magnifique, laissant présager le prochain retour de la chaleur de la saison chaude. Il fait encore frais. Les nuits sont glaciales, mais cela s'améliore. La chaleur se fait présente. Elle est là, tout autour de nous. La chaleur doit être plus présente. Elle doit réchauffer les coeurs meurtris par les froideurs de la saison des neiges. Elle a été fatale pour quelques chats, et j'en suis désolée.

Je sens les chats qui passent derrière moi. Qui parcourent le camp pour chercher de la nourriture, sortir, ou encore voir leurs amis. Je sens une des présence se rapprocher de moi. Mon dos se tend, je ne sais pas a quoi m'attendre. Certes cela fait depuis quelques temps que je n'ai pas eu de soucis. Que les chats ne m'ont pas agressés comme le faisaient les ombres. Cela fait un bon moment que je n'ai pas vu une seule ombre. Je ne pense pas que la présence derrière fois veut me faire du mal. Peut être que je suis juste sur son chemin, qui sait ?

Chalut Délicateche d'Opaline ! Chu vas nien ? Chu viens mancher un nout avec moa ?

Cette voix.... C'est celle de Miel Givré ! Je me retourne vers elle avec joie. Cela fait un moment que je ne l'avais pas vue en face à face. Je m'empresse de la suivre, après m'être secouée deux secondes pour enlever les brins d'herbe accrochés à mon pelage. Je la rejoins au petit trot avant d'aller à sa vitesse. Manger.... En plus, il est vrai que la faim se fait ressentir en moi. Je m'installe a ses cotés, je mange, puis l'imite quand elle s'allonge. Je l'observe tandis qu'elle fait de même.

Alors ! J'ai dis que je voulais savoir ta version, alors raconte moi. Tu peux partir du moment que tu veux, aussi bien des choses positives que négatives, des souvenirs, tout ce que tu veux ! Et si tu veux que moi aussi je te raconte des trucs je comprendrais, c'est un peu bizarre de se présenter à sens unique nan ?

Commencer où je veux ? Je pense que je devrais commencer par le début. Ou alors le milieu. Et avoir des éléments en échange ? Non, cela ne m'intéresse pas. Je ne vais pas parler, juste parce que j'ai besoin de quelque chose en échange. Elle est devenue une amie, je ne vais pas lui forcer à parler d'elle. A la place, je choisis de me mettre assise. Je me sens plus à même de parler de cette façon.

Mon père était un monstre. Un monstre qui a essayé de me tuer alors que je devais avoir quoi.... Deux lunes ? Quatre lunes ? Mon frère a réussi a me sauver, à me tirer de ses griffes, mais cela a laissé une trace. Un traumatisme. Les ombres que je vois en sont le résultat. Seuls ceux en qui j'avais confiance étaient normaux, ou alors... plus définis. Les autres ? Tout ce que je savais, c'est que je devais les éviter. Les fuir. Mais... Eux ils ne pensaient qu'a me mettre la faute dessus. A me faire du mal, n'aidant pas à mon rétablissement. Ce n'est que la mort de mon frère qui l'a permis.