I will follow you way down, wherever you may go. I'll follow you way down, to your deepest low. I'll always be around, wherever life takes you, you know I'll follow you. [ft. Topazu]

Il n'aurait été nulle part.
Nulle part sans elle à ses côtés, nulle part sans son pelage dans lequel se blottir la nuit, nulle part sans sa voix pour le guider - nulle part sans sa force pour l'aider à se diriger, à savoir où aller, sans son regard brillant - et aucunement identique à celui qu'il n'avait jamais connu
(qu'il n'aurait jamais voulu connaître; ne voulait pas connaître)
qu'il reste enterré là où il était, six pieds sous terre. C'était la situation qui leur convenait.

Il n'aurait été nulle part sans elle parce qu'il n'avait jamais appris à vivre sans sa soeur, sans ses paroles pour l'aider - sans ses paroles pour faire étinceler quelques nuances de certitude, d'estime, dans son regard.
Il n'aurait été nulle part parce qu'il n'avait qu'elle.
test
i'm always on your team, i've got your back alright

Peu importe si la terre explosait, peu importe si leur propre monde implosait - peu importe les lunes qui se succédaient, s'écoulaient, s'étiraient; toujours il serait à ses côtés et la soutiendrait, et il ferait briller dans son regard le plus brillant et ardent des soleils parce qu'elle ne mérite que le bonheur à l'état pur.
Il l'aimait. Il l'avait toujours aimé, depuis qu'il était né, depuis qu'elle prenait sa défense, contre les remarques et moqueries, contre les reproches et cette pression qui l'avait toujours fait ployer. La raison de son départ.

Il l'avait toujours admiré;
Et aujourd'hui, c'était lui qu'on pouvait admirer.

Il n'était parti de rien.
Il n'était rien, au départ.

Un être paumé qui ne savait pas trop où il s'en allait, un être paumé qui essayait de trouver son chemin, qui essayait de comprendre qui il se trouvait à être tout en se dissimulant dans l'ombre d'une soeur qui avait toujours été plus forte que lui. Il avait essayé de se prouver à lui-même et aux autres qu'il n'avait rien du père qu'il avait - rien de l'assassin auquel il ressemblait. Que le sang n'avait aucune présomption sur les désirs et actions et que son coeur était pur.
Aujourd'hui, il dirigeait. Qui aurait pu le deviner ? Lui-même n'avait rien vu venir.

Construire les patrouilles et les entraînements... le fonctionnement était si différent et l'étincelle de doute flamboyait toujours dans ses prunelles fatiguées. Mais quelque part : il avait réussi. Il était flambeau d'un troupe qui les avait pris sous son aile, quand tout avait décidé de se dégrader dans leur univers. Il aidait. Il dirigeait, il formait. Il était quelqu'un et il n'était pas son père.
Il avait réussi.

Mais il avait toujours peur de mal faire, d'échouer - de finir comme celui dont le sang coulait dans ses veines, parce qu'on avait toujours attendu ça de sa part (et même loin d'eux, cette pression et ces doutes demeuraient).
Soupirant légèrement, quand toutes les patrouilles étaient organisées et que les novices étaient tous occupés avec un mentor-du-jour ; Topazu s'étira longuement avant de se diriger vers la pile de gibier.

Il ne put manquer la silhouette de sa soeur qui s'approchait et toutes les tensions semblèrent s'évaporer en une seule seconde. De sa présence, elle allégeait tout. De sa présence, elle émerveillait tout.
Elle était parfaite. Parfaite dans son univers. Il la suivrait au bout du monde pour ne pas la perdre. Et aujourd'hui encore, ils étaient ensembles.

i wanna take you into the sunlight

C'est complexe se souvenir de toutes les nuances.. c'est différent des Clans. Je pense que je ne m'habituerais jamais et de ton côté, ma chère soeur ? Tout se passe bien avec le botaniste et le guérisseur ? Tu as appris beaucoup ? Il ne pouvait pas empêcher le négativisme de s'inviter dans le souffle de sa voix, de teinter les mots qui s'échappaient - il ne pouvait s'empêcher de se questionner, de se demander; d'appréhender. Je le sais oui. Tu as toujours été fière de moi, toi. Et tu sais que je suis fier de toi aussi ? On a tellement... changé depuis. Depuis notre naissance. Et notre meilleure décision a été de quitté le Clan.

Il l'avait admiré; elle l'avait protégé.
Ensemble, ils avaient grandi en bravant le froid et les reproches, en bravant les flammes des attentes et des regards accusateurs. En bravant tout ce qui cherchait à les empêcher d'évoluer et de grandir correctement. En bravant les attentes viles qui ne les laissaient pas faire abstraction du sang qui coulait dans leurs veines et sa soeur l'avait éternellement protégé, sortant les griffes pour un chaton qui n'avait pas su se protéger.
Il avait la violence en horreur - ne voyait dans celle-ci que le père qui leur avait laissé le cadeau empoisonné de son titre et de ses actions comme unique cadeau de naissance.

Il l'avait admiré tellement;
Aujourd'hui encore, les brillantes étoiles dans son regard existaient encore quand il la regardait, la dévisageait et regardait comment ils avaient avancé. Elle s'était relevée. De la perte d'Eliwan, elle s'était relevée et lui voyait encore la nuit comme ennemie - même si lui aussi avait appris à affronter les peurs qui l'étouffaient.

Ils étaient parvenus à évoluer; mais on ne quittait pas ainsi le passé. Et les cauchemars venaient toujours pointer leur bout de leur nez, et les doutes restaient, et parfois, il se disait que le rôle qu'il avait obtenu ne devait pas lui être décerné - qu'il n'avait pas les capacités pour aider à diriger une Troupe. Et parfois, il doutait.
De tout ce qu'ils étaient; de tout ce qu'ils étaient parvenus à faire et obtenir.

you can take me as i come

Tu vas y arriver ! Tu as toujours su y parvenir. Et elle souriait - et elle avait tout perdu; tout comme lui, leur vie avait été déchirée, arrachée avant qu'ils n'aient le loisir de la vivre et ils avaient dû tout construire à partir d'un rien. Des regards enflammés qui ne voyaient en eux que le futur traître du Clan, ils avaient dû fuir pour respirer. Solitaires. Ce n'était qu'en quittant le Clan de la Rivière que leur vie avait commencé véritablement.

Et Eliwan était morte. Il l'avait trouvé, l'avait découvert, avait tout fait pour que sa soeur voit le strict minimum de l'état du corps de sa bien-aimée; mais lui, l'image restait, obstinée, sous ses paupières closes.
Et il protégeait sa soeur - il faisait en sorte qu'elle ne soit jamais seule parce qu'il ne supporterait pas que ce soit son tour, de la retrouver ainsi. Ils avaient fui, s'étaient reconstruits, mais les fissures étaient toujours là. Pourtant, la lumière passait au travers des fentes.

Oui... Elle nous aimait. Elle me manque, parfois. J'aurais voulu qu'elle vienne avec nous.

Le passé les hantait, les bousculait, les poursuivait. Mais ils ne pouvaient pas s'en échapper, les griffes étaient acérées.
Il se rapprocha d'elle en ronronnant doucement. Au moins, il avait sa soeur. Et c'était tout ce qui comptait pour lui.

Topazu n'avait pas connu l'amour; il ne savait pas ce que sa soeur avait ressenti pour Eliwan, il ne savait pas ce que c'était d'aimer quelqu'un ainsi. Il ne savait pas ce que c'était d'avoir une autre personne dans sa vie, une personne qui représentait son monde, à qui son esprit allait toujours penser; une autre personne que sa soeur pour qui son coeur se déciderait de battre.. non, mais il aimait sa soeur. Il aimait sa soeur plus que tout et ça lui avait toujours suffit.

Tu veux qu'on aille faire un tour et que tu essaies de reconnaître les plantes ?

Il avait vécu dans son ombre;
Il avait évolué derrière elle sans jamais prendre de place, sans être bruyant, toujours dans la discrétion. Il avait vécu dans son ombre en se disant qu'il ne pourrait jamais briller - et ça lui avait toujours convenu comme situation. Il n'avait jamais aspiré à plus, à plus de bruit, d'attention; l'ombre de sa soeur était douce, elle était avenante et accueillante et il y avait sa soeur pour faire attention à lui, pour prendre soin de lui. Il n'avait jamais vu pourquoi ça devrait être autrement; pourquoi il aurait dû vouloir une autre situation. Pourquoi il aurait dû trouver quelqu'un à aimer, quelqu'un pour le faire, pour ... pour quoi ? Sa soeur lui avait toujours suffit. Elle avait brillé pour lui, elle avait été forte pour lui. Elle avait été magnifique et éclatante à sa place.

Mais aujourd'hui; c'était lui qui était flambeau. Elle était apprentie-guérisseuse. C'était aussi un rang prestigieux, à vrai dire. Sa soeur avait toujours brillé, mais aujourd'hui, il ne pouvait plus évoluer dans son ombre parce qu'il y avait un meneur qui comptait sur lui pour que la Troupe se porte bien. C'était un étrange sentiment de devoir apprendre à grandir sans avoir une ombre dans laquelle se cacher.

Il ronronnait doucement - lui aussi comprenait que sa mère était sans doute bien mieux encore au Clan de la Rivière, là où sa vie entière résidait. Contraitement à eux, tout la retenait là-bas et les souvenirs de beaux moments restaient pour bercer les nuits de solitude. Mais il se disait que ce devait être dur de ne plus avoir ses enfants et parfois, il se sentait même presque coupable de l'avoir abandonné là-bas.
Mais eux, ils n'avaient aucun avenir au sein du Clan de la Rivière. Alors ils avaient dû prendre un choix pour leur bien-être. Ils avaient dû se montrer égoïste et ne pas penser à elle. Mais sa mère lui manquait. Un parent, ça lui manquait.

Il ne regrettait pas de ne pas lui avoir demandé de venir avec eux.
Ça aurait été un dilemme où elle n'aurait jamais pu être réellement heureuse; ils avaient dû prendre la décision pour elle. Et c'était ce qu'ils avaient fait de mieux.

Faisons ça comme ça !  

Il avait hâte de voir comment sa soeur se débrouillait avec les plantes. Il savait qu'elle aidait beaucoup pour cette étrange féline qui restait dans la tanière des aînées, mais qui était que de dix lunes plus vieille qu'eux. Il ne la connaissait pas vraiment, il n'avait qu'entendu les rumeurs des chatons à son égard.
Debout, au soleil, son pelage s'enflammait. Il était une torche - un soleil vivant. Et ... sa soeur avait dû faire un commentaire. Forcément qu'il fallait qu'elle en fasse un, pas vrai ?
Et maintenant; il voulait s'enfoncer sous terre.

Mais non !
Il n'avait pas de temps pour l'amour. Il se devait de protéger sa soeur et d'assumer son rôle de flambeau. Il n'avait pas le temps pour l'amour. Pourquoi elle disait ça ? Il prenait soin de son pelage tout seul ! Comme un grand.  Je prends soin de mon pelage seul ! Et puis, un éclair dans son cerveau.
Si elle voulait le taquiner, lui aussi pouvait le faire.  Toi par contre... tu passes beaucoup de temps avec cette féline.. comment elle s'appelle encore ?

Il lui fit signe de le suivre parce qu'ils n'allaient quand même pas rester ici toute la journée, elle devait quand même s'entraîner même s'ils avaient décidé de s'embêter mutuellement. Ils étaient frère et soeur après tout, c'était tout à fait normal.

C'était amusant.
Clairement, c'était amusant de la voir chercher comment répliquer - quoi dire pour lui renvoyer la balle, mais ne rien trouver. De l'entendre formuler ce miaulement étouffé, étranglé, parce qu'il avait pointé quelque chose qui avait mérite à être observé, mais qu'elle ne voulait peut-être pas admettre sur le moment. C'était à elle de ne pas commencer hein ! (Ils étaient parfois encore des chatons)
Ils pouvaient encore s'amuser, ils pouvaient encore rire. Le monde n'était pas parfait, bien au contraire, les troupes avaient été contraintes de s'unir - eux avaient dû fuir leur Clan natal pour trouver une place dans cet univers, parce que ce Clan n'aurait jamais été celui où ils pouvaient être. Mais ils étaient ensembles. Et même s'ils avaient dû traverser un deuil; même si sa soeur avait perdu celle qu'elle aimait, leur vie doucement cherchait à se reconstruire.. et ils pouvaient encore s'amuser.

Ils pouvaient rire, ils pouvaient être ensemble et c'était si important pour eux deux de pouvoir encore se côtoyer. Il n'irait nulle part si elle n'était pas de la partie. Ils avaient grandi ensemble, avaient contré le monde ensemble, avaient tout traversé côte à côte. Forcément qu'ils avaient développé une complicité qui ne s'expliquait pas.
Qu'ils ne pouvaient qu'apprécier.

Alors qu'il s'apprêtait à sortir du camp, il sent un poids sur son dos qui le fait s'écrouler immédiatement et ça lui prit quelques secondes - quelques secondes à comprendre que c'était simplement sa soeur. Pas un escogriffe sorti de nulle part, pas une attaque quelconque... Juste sa soeur. Et le soulagement qui envahit tout son corps le fit éclater de rire alors qu'elle soufflait avoir gagner..
Mais il l'avait observé alors qu'elle se relevait. Puis, sans prévenir, c'était à son tour de bondir et de les faire rouler dans la poussière, jusqu'à ce qu'il soit au-dessus d'elle et l'empêcher de bouger. Ils ne diront rien parce que ce n'est pas vrai !

Elle avait passé six lunes, chaton, à lui demander de jouer à la guerre - et il avait toujours refusé. Aujourd'hui, se dépenser ainsi lui faisait du bien. Déchargeait la panique qui restait et les cauchemars qui le perturbaient,
le corps qui restait,
quand ses yeux se fermaient.

Tu peux mieux faire Corail ! Je sais que tu peux mieux faire ! Lui non plus ne la laisserait pas gagner. Mais c'était amusant de la taquiner.

Il avait eu peur de la perdre. Aujourd’hui encore, cette crainte se retrouvait dans son esprit. C’était sa sœur et tout ce qu’il avait – quand Eliwan avait vu sa vie se faire prendre des griffes d’un groupe d’escogriffe, il avait eu peur de la perdre elle aussi. Cette peur s’était infusée en lui sans qu’il ne puisse y faire grand-chose – et elle hantait désormais même ses rêves, les transformant en cauchemar, arrachant de ses griffes le sommeil tant souhaité et tant agréable.
Mais là, maintenant, tout près de sa sœur, alors qu’ils jouaient, qu’ils se redécouvraient, cette frayeur se tassait dans un coin de son esprit et il pouvait quelque peu respirer. C’était si agréable de passer du temps avec Corail de nouveau – jamais il ne s’habituerait à la nommer autrement. Ils n’avaient pas vraiment pu profiter de la présence de l’un et de l’autre dernièrement. Lui était devenu flambeau et elle, apprentie-guérisseuse. Leur rôle respectif prenait beaucoup de temps. Alors maintenant, c’était apaisant, agréable et il était bien heureux de l’entendre rire.

Elle se débattit jusqu’à réussir à se libérer de l’emprise du flambeau qui roula légèrement sur le sol, complètement amusé. Elle clama qu’elle ne se laisserait pas faire – et il ne put que rire. Parce qu’elle n’avait pas du tout changé et pourtant, elle avait évolué. Et que c’était, bien entendu, toujours la sœur qu’il aimait. Il allait toujours l’aimer. Ça ne changerait pas.

Le soleil descendait doucement. Lentement, certes, mais bientôt, il serait quand même descendu et être dehors pendant la nuit était dangereux. Oh, oui, ça lui était déjà arrivé, mais il n’accepterait pas de l’être alors que sa sœur l’accompagnait. Parce que ça voudrait dire la mettre en danger et risquer qu’ils soient attaqués. Mais il ne voulait pas prendre cette chance, ou plutôt – ce risque. Sa sœur était beaucoup trop importante pour lui. Clairement. Il voulait la protéger, s’assurer que jamais rien ne lui arrive. Alors, quand elle lui demanda s’ils faisaient cet entraînement, il hocha la tête et entreprit de sortir du camp… puis se retourna vers sa sœur. … Par contre, je sais pas où on trouve les plantes tout court alors, euh… on les trouve dans quelle partie du territoire ? À ce rythme, il allait lui pointer de l’herbe tout simplement. Et l’herbe, ça ne servait pas vraiment pour les guérir.