Escapade ! | Pv Petite Rousse

Un courant d'air. Un air froid, rapide. Qui arrive et qui s'évanouit. J'ouvre les yeux. Le nuit a jeté son dévolu sur le ciel. Quelques étoiles brillent par-ci par-là. Mes ancêtres.... Nos ancêtres. Les guerriers du clan des Etoiles, les chats du clan des Etoiles, qui veillent sur nous depuis leur toison. Une toison qui paraît soit bleue, soit noire, soit bleue foncé, soit orange, jaune, couleur feu. C'est étrange, n'est-ce pas ? Les mystères de la vie. Mystères souvent contés par les anciens. Hihi, ces vieux grognons... Ils sont gentils en fait... Mais grincheux. Je soupire. La saison des feuilles mortes est déjà entamée. Ce que les grands appellent la saison des neiges va arriver. Du coup, je pourrais moins sortir ! Mais ce sera bientôt l'heure de mon baptême. Encore deux lunes à tenir. Deux lunes, ça passera vite ! Après tout, ça passe vite. Ensuite, ça sera encore six lunes - à peu près, ça peut être plus ou moins - d'apprentissage. Après... une vie de guerrier, de membre à part entière. Cool. Puis, dans plusieurs lunes, qui sait, je serai peut-être reconnu comme un grand guerrier ! Mais en cet instant même, je suis dans la pouponnière, au chaud avec mes deux frères et ma mère. Un vrai paradis.

Toute cette réflexion m'a donner envie de sortir. Trop de réflexion tu la réflexion. Je me dandine pour me libérer de l'emprise de ma famille. Un petit groupe familial, à laquelle il ne manque que le père. Enfin, si on voyait un mâle séjourner dans la pouponnière... Lentement, je me dirige vers la sortie. A mi-chemin, je m'assieds. Un coup de langue sur une patte et je passe la patte sur l'oreille, pareil avec l'autre patte. C'est complexe, quand même ! Je lisse les poils de mon poitrail, ceux de mes flancs. D'un regard pétillant, je balaye la tanière. Tout le monde dors. Parfait... je vais pouvoir sortir en douce ! Cheminant d'un pas vif et souple, je m'arrête dans un petit coin à l'entrée. Avant de sortir, réviser quelques techniques de mon invention... Pas forcément en fait. Je donne un coup de patte avant droite, de patte avant gauche, pour je roule et agite mes pattes de derrière, mes crocs. C'est ça, mais avec les griffes. Paré pour une balade nocturne ! Sans attendre, je me précipite dehors.

L'air frais de la nuit me fait frissonner. Mon duvet n'est pas très épais. Enfin, pas épaissis au maximum pour cette saison rude, qu'on nomme la saison des neiges. d'ailleurs, je me demande ce qu'est la neige. Les anciens nous disent que c'est blanc, froid et que ça colle aux pattes, puis, ça tombe du ciel. Personnellement, je pense que ce sont des petites êtres qui dorment et qui tombent de leur litière. D'après les plus grand, certains apprentis, c'est drôle. Comme les marécages, mais en mieux ! Enfin, bon. Pour l'instant, il n'y a que des feuilles. Je bondis et dérape sur les feuilles glissantes. Du coup, je glisse et me retrouve face à la sorte de muraille qui entoure le camp. Enfin, pas très grave car ça me rapproche d'une faille. Je me relève et me faufile dans le trou. Sans attendre, je trottine jusqu'à la fin du camp. A partir de là, je me tapis et avance à pas feutrés près des buissons. Il y a sûrement des guerriers qui surveillent le camp et une patrouille de nuit. Il faut faire très attention. Tel une ombre, j'explore la forêt, prêt à fuir ou à me battre. Quoi qu'il en soit, mon allure est assez rapide, alors, si ça se trouve, je serai vite hors de portée. En attendant, les buissons me cachent. Les arbres perdent leur feuilles, dévoilant des branches nues. Ce spectacle n'est pas si moche, mais pas joli non plus. La nature qui se meurt... c'est horrible. Il y a une sorte de mauvaise odeur ici, alors je me met à courir à découvert. Pendant plusieurs minutes, je galope à travers la forêt.

J'arrive enfin dans un grand espace. Il y a plein d'odeurs atténuées, mélangées ! C'est bau. Avec un rocher qui se dresse. ce ne serait pas le lieu des assemblées ? Enfin, je n'ai pas le temps de réfléchir, quelqu'un arrive, je sors les griffes.

L'air est froid. Il me force à hérisser mes poils; Par peur, mais aussi, pour me protéger du froid. Il y a un autre chat présent, ici. Pas question de me défiler et de partir en courant. Je lève la tête. Une ombre, là-haut, sur le rocher.

"Que fais tu là chaton du Clan du Tonnerre ?!"

Une voix grave. Employée par les chefs, souvent. Une brise m'apporte une odeur. Des herbes. Une nourriture bizarre aussi. Mais aussi, du lait, comme dans une pouponnière. Le regard pétillant, je recule et observe la forme perchée du le Promontoire. Un chaton. Assez jeune, un peu plus petit que moi. Je souris et m'étire, prenant mon temps. Toutefois, je garde mes griffes sorties, prêt à me battre.

"Toi, de même, petit du... Clan du Vent ? Oh et, tu te crois déjà chef pour te percher là haut ? D'après les anciens, seuls les chefs y montent... Sinon, c'est un peu comme enfreindre une règle."

Je plisse les yeux et ronronne. Ce chaton m'amuse. Enfin, cette chatonne plutôt. Son odeur semble masquée. Par les plantes. Mais on sent que c'est une chatonne. Que fait-elle là ? Quelques questions se bousculent dans ma tête. Du genre, quel est son âge, son nom, est-ce qu'elle est déjà sortie du camp ? Mon ronron se tait. Si ça se trouve, elle est accompagnée d'un guerrier... Qu'ils vont attaquer mon clan ! Je grogne et me met à marcher, la gueule entre-ouverte, pour sentir une autre odeur du clan du Vent. Rien. Ouf. Mais je reste ainsi, la gueule entre-ouverte, les griffes sorties et les yeux plissés, les sens en alerte. Après tout, ça peut être une embuscade. J'arpente le rocher, me frotte contre les arbres, les buissons. Ainsi, je laisse une marque. Qui prouve que je suis venu là. Comme ces autre chats. Puis, ça me réconforte. A pas de loup, je me dirige vers l'odeur de mon clan. Des odeurs familières. Sans attendre, je m'assieds parmi les odeurs des Tonnerreux, le poil hérissé.

"Quel est ton nom ?"

La question est sorti de ma bouche comme ça, d'un trait. Immédiatement, je ferme ma bouche, pour éviter de laisser échapper d'autre mots. Je frémis. L'air est froid. Lors d'assemblées, ça doit  être agréable, entre félins, à se réchauffer. La chatonne n'a pas bouger du rocher. Pas maline, elle va laisser son odeur... comme moi. Enfin, je suis sûr que plein d'autre ont fait pareil.

Je fixe la chatonne. En fait, elle doit presque avoir mon âge. Trois lunes, peut-être. Elle fixe la toison argentée. Curieux, je suis son regard. Juste des étoiles à perte de vue. Avec nos ancêtres dedans. Si ça se trouve, c'est là, leur terrain de chasse. Qu'ils me surveillent et vont retarder mon baptême ! Zut... Mais qu'importe, on apprend toujours de ses erreurs. Je fixe la petite. Son poil est court, roux et blanc. De jolis yeux avec un éclat malicieux. Mais au fond, un peu de tristesse. Gracieuse, en tout cas. Elle s'assied en fasse de moi. Sans attendre, je me tiens droit, assis la queue enroulée autour de mes pattes. Je me force à paraître plus grand qu'elle, plus sage. L'air froid souffle de plus un plus. Sans attendre, je gonfle mon poil, frissonnant avec une grosse bourrasque de vent. La chatonne ne semble pas réagir. En même temps, le vent, elle le connait bien !

"Je suis Petite Rousse fille de la défunte Fleur d'Oranger du clan du Vent. Et toi ? Te prénomme tu Petit Écureuil ?"

A cette blague de mauvais goût, un grondement monte de ma gorge. Je la fixe, les yeux plissés. Soutenant son regard, je dois quand même levé les yeux au ciel au bout d'un moment. Donc, sa mère est là-haut ? Elle doit se sentir seule ! Enfin, pas tout à fait, elle doit avoir une mère adoptive, des amis. Mais tout le monde doit la prendre en pitié parce qu'elle a perdu sa mère. Je repose mon regard sur Petite Rousse. Quel drôle de nom, quand même ! Nommer son chaton d'une couleur... Enfin, ça c'est déjà vu.

"Ha, ha, ha. je rigole d'un ton forcé pour montrer mon mécontentement, avant de repartir d'un ton sec. Je suis Patte de la Nuit, du clan du Tonnerre. dans deux lunes, je serai apprenti. Au fait, j'ai pitié de toi, comme certains, sûrement. C'est pas pour autant qu'en combat, je ne t'attaquerai pas avec ardeur."

Autant se montrer sec et le plus dur possible. Impossible de la pas rire. Je commence à pouffer, puis je rigole tout bas. Pour me calmer, j'essaie de lisser les poils en bataille de mon poitrail. Mon pelage noir est tout doux ! C'est bizarre, avec ce temps ! Mais bon... Lentement, je pose mon regard sur chaque chêne qui entoure l'endroit. Ils sont hauts, majestueux, un tronc noueux, des branches épaisses. Je pose mon regard sur le grand rocher. A ma première assemblée, peut-être que le chef dira que je suis apprenti ! Comme il fait avec les guerriers, d'après les anciens.