Doit-il y avoir une raison pour justifier mes actes ? L'amour qui croît peu à peu pour toi ne suffit-il pas ?

Petit Fantôme retrouve enfin Pelage Pluvieux

C’était un de ces jours maussades où tout est gris. Pas dans le ciel, bien sûr, car le soleil dardait Cerf-Blanc de ses rayons ardents, révélant les couleurs des choses. Pas dans l’air non plus, car le vent était de retour, et jouait avec les branches de chaque arbre, avec les brins de chaque étendue d’herbe, avec le pelage de chaque habitant. Mais dans les yeux et dans le coeur de Petit Fantôme, rien n’avait de saveur. Comme s’il avait perdu toutes ses facultés olfactives, il était incapable de déceler la moindre odeur, le moindre goût. Son petit coeur était lourd, gros, chargé de sentiments plus amers les uns que les autres.

Il avait bien grandi, le petiot. Son corps était devenu plus robuste, ses petits membres s’étaient allongés et il n’avait jamais eu autant d’assurance lorsqu’il se portait dessus et qu’il devait marcher avec. Ils ne tremblaient plus, le conduisaient dans la bonne direction, et en ligne droite, ce qui constituait en soi un progrès considérable. Sa petite bouille juvénile avait perdu en fluffiness et commençait à ressembler à celle d’un chaton, plutôt qu’à celle d’une boule de poils sans formes. Et à l’intérieur, bien des choses avaient également changé. Il avait commencé à comprendre des choses qu’il ignorait. Il avait commencé à perdre une part de son innocence.

Les autres chatons l’avaient rejeté, une fois de plus. Tout ça parce que lorsqu’ils avaient croisé une magnifique épeire diadème, il avait osé raconter aux autres que les araignées annonçaient la pluie, et que si elle avait fait sa toile à cet endroit précis, c’était qu’un gros orage se préparait à éclater. Ils avaient levé le museau vers le ciel bleu, dénué de nuages, puis lui avaient ri au nez, avant de le houspiller et de l’envoyer paître, lui et ses prédictions stupides. Il était retourné dans la pouponnière et s’était mis en boule. Ces derniers temps, les chatons n’étaient pas les seuls à lui rentrer dedans. Il s’était fait gronder par Coeur de Sapin, un guerrier pourtant plutôt pacifique et doux, et d’autres guerriers avaient commencé à l’éviter et à l’ignorer. Petit Fantôme commençait à se demander si sa façon de voir la vie ne relevait pas plutôt de la malédiction que d’autre chose...

Et puis il y avait Pelage Pluvieux. Le guerrier gris perle que le chaton avait rencontré lors de la toute première lune de sa vie, et avec qui il avait immédiatement contracté un lien puissant. Je crois même qu’on peut parler d’amour... Quelque chose de très fort et d’indéfectible, convenu entre eux au premier regard, comme s’ils étaient destinés à se trouver, et à rester ensemble aussi longtemps que le clan des Etoiles le leur permettrait. Mais où était-il à présent ? Cela faisait bien une lune ou deux que Petit Fantôme ne l’avait pas vu. Pensait-il encore à lui, quelques fois ? Avait-il oublié sa promesse de veiller sur lui ? Etait-il lui aussi fâché après lui ? Le méprisait-il comme tous les autres ? Ne reviendrait-il jamais ?

Lové dans un coin sombre de la pouponnière, dissimulé par des ténèbres si profondes qu’elles masquaient la blancheur éclatante de son pelage, Petit Fantôme ne voulait plus penser à quoi que ce soit. Toutes les choses auxquelles il pensait lui faisaient mal, et il aurait préféré que sa petite tête s’arrête de fonctionner. Au moins pour un temps. Le museau, les yeux et même les oreilles enfouis sous ses petites pattes, on aurait dit qu’il voulait disparaître. Pour de bon. Lorsque soudain, une voix familière se fit entendre à l’entrée de la pouponnière.

- Petit Fantôme ? Tu es là ? C'est moi, Pelage Pluvieux !

Cette voix... Ce nom ! Quand bien même le chaton aurait été blessé par la longue absence, quand bien même il en aurait voulu au guerrier gris, tout aurait changé à cette seconde précise. Il redressa la tête, les yeux écarquillés, les oreilles dressées, puis se leva et fonça jusqu’à l’entrée de la construction. Quand je dis “fonça” c’est littéralement, à la vitesse éclair à laquelle peuvent courir les chatons de son âge.

- PELAGE PLUVIEUX !! Tu m’as tellement manqué !!

Il alla se coller contre lui sans freiner, lui donnant maladroitement un petit coup sur la patte au passage, et se frotta contrelui en ronronnant, passant entre ses pattes à vitesse grand V. Puis il se mit à rire, et claironna, tout excité :

- Je suis tellement content de te voir ! J’ai cru que tu m’avais complètement oublié...

| HRP :: Désolé, c'est pas terrible... Mais j'ai retrouvé mon ordi, je devrais donc pouvoir répondre plus souvent. |