Le vent claque, l'écume saute (solo)

La lune, déjà haute dans le ciel, brillait d'un éclat argenté. Les étoiles semblaient distantes dans leur océan d'encre. J'avais besoin de me dégourdir les pattes. Le vent qui soufflait dehors m'attirait. J'avais envie de courir avec lui et de sentir sa bise fraiche soulever mon pelage gris.

Je m'extirpai doucement de ma litière. Le souffle des guerriers endormis me rassura. Je serai seul, libre. Je sortis de la tanière de roseaux. Des frissons parcoururent mon corps. C'était de l'excitation. Où pourrais-je aller? Je laissai mes pattes me guider. Le froid ne me faisait rien, ou plutôt ne m'atteignait  pas. Je me mis à courir. Vite. Tellement vite que mes foulées projetaient des gerbes de vase sur les tiges brunâtres des roseaux. La vitesse me grisa. Je ne faisais plus qu'un avec l'air, je me sentais libre.


Mes pas me guidèrent jusqu'aux Chutes. Deux parois rocheuses se dressaient, fières et droites. Elles semblaient vouloir toucher le ciel de leurs pics couronnés de vieux arbres. Elles dressaient leurs pointes, comme si elles adressaient une prière silencieuse au ciel. On entendait l'eau clapoter. Ou même rugir. Oui, elle rugissait dans toute sa puissance. Elle projetait de l'écume hors de son lit. Elle était forte, et le clamait tout haut. Je m'assit près d'elle. Moi aussi j'étais fort, et libre aussi. Je naviguai au gré de mes envies en suivant un code d'honneur. Ce code, c'était celui du guerrier. Celui qui me retenait à mon Clan et qui m'empêchait de partir.