une nouvelle aube se lèvera, Nous chat du clan du Vent chasseront pour le bien de notre bien aimé clan.

Ce matin-ci, Eclat d'Argent était debout de bonne heure. Tirée de son léger sommeil par un matou au poil bicolore, elle fut toutefois l'une de premières à être sur ses quatre pattes et à déambuler à l'extérieur de sa tanière.
Pelage lissé et totalement éveillée, elle se dirigea vers la sortie du camp pour attendre ses compagnons, qui , outre Blizzard Sauvage, peinaient à émerger. La guerrière s'assit dignement près de celle en charge de la patrouille, la queue sagement enroulée autour de ses pattes tigrées.
Ses yeux verts détaillaient les quatre coins du camp tandis qu'elle commençait à sentir sa patience s'égrainer. Agacée par ce retard -à moins que ce ne fut elle qui soit trop en avance ?- la chatte se lécha rigoureusement le flanc, lissant à nouveau son pelage gris chaud.
Lorsqu'enfin un de ses cinq coéquipiers sortit de sa tanière et fut appelé à son tour à la rejoindre, Eclat d'Argent sentit une vague d'apaisement lui parcourir les membres. Membres qui étaient gelés par la neige et le froid mordant en cette saison.
Il fallait se dépêcher de partir chasser ; les proies n'attendraient pas sagement leur arrivée pour se laisser attraper. Il n'était même pas dit qu'ils réussissent à en trouver une : elles devaient être bien au chaud dans leur terrier et ne comptaient pointer le bout de leur museau que lorsque la faim se ferait ressentir.
La guerrière vit finalement un chat aux traits tirés se diriger vers elle. Eclat d'Argent l'accueilli d'un simple hochement de tête. Elle n'était pas d'humeur très bavarde et son museau strict en témoignait.
Au bout de ce qui lui parut une éternité, le groupe fut au complet et pu envisager de prendre le chemin de la sortie, Blizzard Sauvage se plaçant fièrement en tête. Sans garder une place précise au milieu ou à la fin de la patrouille, la guerrière au poil gris chaud suivit celle qui semblait un peu trop excitée à son goût, sans rien dire toutefois.  C'est donc sans aucun mot de sa part que le trajet se fit jusqu'à ce qu'on appelait la "forêt d'arbustes". D'aucuns auraient songé que ce nom était fort mal approprié pour un tel endroit : la véritable forêt se trouvait sur le territoire du Clan du Tonnerre, pas celui-ci. Pourtant, en se trouvant sur une terre vide de tout arbre comme la lande, cet espace paraissait être une forêt.
Le regard vert de la guerrière stérile s'abandonna quelques instants sur les branches dénudés des arbustes. Il allait être fort difficile de trouver quelconque proie ici, sauf si un terrier de lapins la patrouille réussissait à trouver afin d'en faire sortir les occupants.
Eclat d'Argent, toujours silencieuse, fut sortie de ses songes par des voix. Les autres chats se questionnaient pour savoir où chasser en premier. Et avec un tel vacarme dans un tel silence, les misérables potentielles petites prises risquaient de détaler sans plus tarder.

-Nous n'avons qu'à nous séparer, décréta la guerrière tigrée, se souciant peu d'interrompre celle qui parlait alors.

Sitôt dit, sitôt fait, la féline choisit au pur hasard une direction pour se faufiler entre les branches sèches, à la recherche de quelque chose de comestible. Même une gerbille venant tout juste de naître ferait l'affaire en cette saison, pour tout dire. L'essentiel était de ne pas revenir totalement bredouille ; ce serait honteux.
Veillant à faire craquer la neige le moins possible sous ses coussinets, Eclat d'Argent continuait d'avancer sous les buissons nus.
Tout en cherchant du regard quelque chose d'intéressant dans toute ce blanc et ce marron triste, la guerrière ressassait les récents évènements. L'alliance du Clan du Vent et du Tonnerre la laissait toujours dubitative. Le Code du Guerrier ne semblait pas mentionner d'interdiction quant à cela mais il n'empêchait pas non plus de faire douter la chatte. Qu'avait donc prévu son meneur ? Elle ignorait absolument tout de ses éventuels plans. Peut-être se faisait-elle des idées et rien n'était en danger. Oui, c'était surement cela : il n'y avait rien à signaler sauf sa paranoïa passagère.
Soudain, Eclat d'Argent se figea. La queue parallèle au sol, les pattes fléchies, les oreilles rabattues contre son crâne et les pupilles soudainement dilatées, la guerrière s'approchait doucement de ce qui semblait être une proie. Un petit oiseau, un minuscule petit oiseau, auquel elle ne réussit qu'à entailler l'aile du bout de ses griffes pointues. Le vil volatile avait décelé deux yeux verts dans toute cette nature monotone et avait sentit le danger approcher. À présent posté sur une branche, il dévisageait d'un air détestablement niais celle qui avait tenté de lui ôter la vie.
La queue battant l'air, la guerrière siffla son mécontentement et s'en retourna chercher quelque chose d'autre qui ne lui filerait pas entre les pattes cette fois-ci.

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