Lune vs Rivity (Solo)

Qu'est ce que je suis contente de reprendre la vie, de redevenir enfin guerrière, enfin à moitié. Désormais, les chatons mangent de la viande et nécessite moins de surveillance. Bien sur, je dois rester les surveiller mais je suis bien contente de retrouver l'air pur et frais des collines. D'ailleurs comme la saison est à la fraicheur, je viens de ressentir un petit frisson le long de mon échine. Je m'ébroue. Pour me réchauffer, je me mets à courir. Je suis comme avant, mon ventre n'est plus énorme, mes muscles sont de nouveaux souples et tendus, mon odeur lactée a disparu, mais yeux ont également retrouvés leur éclat d'antan.

Seul chose qui a changé, l'amour maternel se lit en moi, sur mon visage. Je me suis peut être un peu adoucie, mais je n'en suis pas si sure, je la sens cette fougue cette énergie. Elle sera et restera toujours en moi, car c'est toute ma vie. Ma vie n'est pas celle d'une reine qui accueille et élève tous les chatons du coin. Non, mon sang est celui d'une guerrière, il réclame le besoin de courir, de sentir le feu du combat et le plaisir de la chasse.

Je ne désire pas cette odeur de lait qui t'emplie de ce tas de douceur insupportable. Je n'aime pas le calme et le silence, la tempête de mes sentiments a toujours été mon équilibre à moi. Je n'ai jamais connu ennui, j'ai découvert ce mot en devenant reine. Mais je le rejette mes désirs de liberté me reviennent régulièrement à l'esprit et tout comme aujourd'hui m'incite à sortir et courir un bon coup.

Je suis toute proche de la frontière avec le clan du Tonnerre, leur forêt est teintée de jolies feuilles rousses, brunes, écarlates, ambrés voir dorées conséquence direct de la saison des feuilles mortes. Ce paysage est magnifique et époustouflant, je serais bien rester des heures, assise là à regarder les arbres si une odeur étrangère n'était pas venue me chatouiller les narines.

Je me détourne et observe une chatte haute sur pattes, d'une teinte gris bleu comme l'ardoise. Elle est borgne, une profonde cicatrice lui balafre son profil gauche. Cette marque indélébile loin de la défigurer raffermit ses traits durs et froids. Une force profonde semble émanée d'elle et de son bel oeil glacé et glacial. Elle a un charme majestueux et imposant.

Mais comme je suis une tête brûlée et que je ne connais pas le mot prudence. Je lui engage la conversation sans aucune gène.

" Salut ! Je m'appelle Lune d'Argent du clan du Vent. Et toi ? "

Elle me toise de toute sa hauteur. Son oeil bleu transmet le froid qui règne en elle. Je frissonne, un frisson qui commence par ma nuque et qui descend tout le long de ma colonne vertébrale, il finit sa course jusqu'au bout de ma queue. Je me sens toute drôle, cette chatte semble différente.

Il est là tout près, embusquée derrière cet arbuste il ne me verra jamais. Il fait quelques petits bonds légers et remue sa petite queue touffue ronde. Désormais, je l'aperçois de plus près, ses longues oreilles brunes sont tranquillement reposées sur son crâne et son dos, sa fourrure est brune et épaisse. Sa peau semble tendre et savoureuse. Je me lèche les babines, je n'ai jamais pu approcher un lapin aussi gros d'aussi près lors de son vivant.

Il est à deux longueurs de moi, et je suis parfaitement embusquée, le vent et le terrain jouent en ma faveur. Tous les signes se liguent contre ce pauvre petit rongeur inconscient du danger. Je me ramasse et saute d'un bond haut, gracieux et calculé pour ré atterrir toutes pattes en avant sur la nuque de ma proie qui a à peine eu le temps de détourner la tète avant que mes griffes ne s'enfoncent dans sa chaire, encore toute chaude, et le tue. J'enterre ma proie de notre côté de la frontière au cas où un de ces stupides chats du clan du Vent ne vienne fourrer son nez ailleurs. D'ailleurs en voilà une qui arrive !

Elle est jeune et semble avoir deux saisons de moins que moi. Elle est brune claire tigrée de brun plus foncé. Sur l'extérieur des pattes, une bonne partie de la queue, également sur le dos, les flancs et le haut du crâne. Ses yeux sont d'un vert émeraude assez écœurants. Cette petite chatte déborde de joie, de vivacité et d'amour, trois choses que je ne peux supporter lorsque cela vient des autres. Les autres doivent tous souffrir, être tristes et larmoyants, ils doivent me haïr, me haïr aussi forts que moi je les hais. Et dans leur haine, je les tuerais. J'obtiendrais ma revanche.

Je cherche rapidement un point sensible sur cette chatte et je trouve immédiatement, son ventre est arrondi et sa patte arrière gauche est raide et légèrement boiteuse même. J'en déduis très rapidement qu'elle a porté des chatons dernièrement et que son corps ne s'en ai pas entièrement remis. Alors je pourrais la tuer comme ça là, très facilement et simplement. Mais elle ne souffrirait pas et ce serait tellement simple. Je veux qu'elle en chie, je veux effacer toute trace de joie sur son visage. Je veux qu'elle soit à l'agonie.

" Salut ! Je m'appelle Lune d'Argent du clan du Vent. Et toi ? "

Je la fixe, d'où elle me parle comme ça ? Je la hais, je ne peux pas la supporter. Je vais lui rabattre son caquet à celle là. Comme si son identité et sa vie pouvaient m'intéresser. Mais je n'en ai rien à faire, seule compte la douleur que je lui infligerais et qu'elle ressentira.

" Devines. Tonnerre "

Oui je parle mot par mot, ça dérange, ça vous gêne ? Et bien c'est parfait c'est exactement l'effet voulu ! J'ai l'impression que ça marche, je crois lire en ma victime un léger regard de mépris. Non, j'en suis même quasi sure. Elle semble agacée, désapprobatrice. C'est ça fiche toi de moi, tu n'auras plus un seul instant pour le faire ensuite. Car ensuite, ce sera mon tour.

" Devines. Tonnerre "

Sa réponse m'a refroidi. Son air était tellement autoritaire et hautain, voire même carrément provocateur. Et le timbre de sa voix tellement neutre et détaché, comme si j'étais aussi intéressante qu'un tas de poussière. Je suis vraiment surprise et un malaise me tord de l'intérieur. J'aurais fait quelque chose de mal ? Je réfléchis un moment et je ne vois pas du tout, en plus c'est la première fois que je vois cette chatte. Oh et puis, on s'en fiche non ? Si ça se trouve, c''est sa façon de parler, et j'en ai déja vu des pires. Murmures du Lac, Épine de Cactus, enfin bref, c'est pas cette chatte du Tonnerre qui va m'intimider aussi !

" Oh je sais ! Tu t'appelles Aile Grise ! "

Ouai, c'est vrai qu'Aile Grise ça lui irait bien. C'est qu'elle est tellement belle, tellement gracieuse. Ses mouvements sont fluides et silencieux, comme le vol des oiseaux. Et sa fourrure grise est si belle, si soignée, contrairement à la mienne qui est ébouriffée et irrégulière, que l'on en dirait presque un plumage. Mais, le problème est ses yeux. Des yeux glacés, d'un éclat perçant, un regard froid qui nous éloigne, nous sépare. Ses yeux sont troublants par leur froideur, un second frisson me prit, plus brutal et voyant que le précédent.