Put me in a grave please. w/Faucon Pourpre

Les étoiles disparaissaient du ciel lorsque Faucon Pourpre se leva, il était tôt, vraiment tôt, et le guerrier détestait ça, il détestait le fait de se réveiller avant le lever du soleil, après avoir passé une mauvaise nuit. Son corps essayait-il de lui faire passer une message ? Si oui, lequel ? Bon, il était aussi très vrai que ces derniers temps il faisait beaucoup d'exercices, c'était sans doutes cela, décidément la chasse intensive ne lui réussissait pas vraiment.
En songeant à cela, le guerrier s'étira longuement, prenant soin de détendre chacun de ses muscles avant d'aller chasser, une fois encore. Car c'était son rituel, il s'ennuyait : c'était le bon moment pour chasser, il se réveillait avant les autres et avec des courbatures : franchement quoi de mieux que de chasser à ce moment là.

Lorsqu'il revint au camp, celui ci était beaucoup plus agité qu'à son départ, les chatons chahutaient avec certains guerriers couchés au sol. Faucon soupira, toute cette bonne humeur le rendait nerveux et vaguement nauséeux aussi. Il déposa délicatement son mulot sur le tas de gibier et tourna les talons en direction de la lande. Faucon n'avait pas franchement prévu de programme pour la suite de sa matinée, il aurait pu chasser et par la même " suivre les instructions du code du guerrier " et blablabla, en somme des choses qui l'ennuyait franchement. En fait ce n'était pas obéir au code du guerrier qui le lassait, il était un guerrier loyal et droit donc il obéissait aux ordres. Par contre il détestait les normes, il abhorrait chasser pour quelqu'un d'autre que pour lui même, le pire c'est que longtemps il avait essayer de changer mais au final il s'était enfermé dans une spirale d'hypocrisie qui avait fini par l'étouffer à petit feux.
Depuis qu'il avait décidé d'assumer sa vraie nature, le vrai lui avait éloigné les autres chats de son clan, il se sentait seul, et c'était complètement stupide de se morfondre par rapport à une situation qu'il avait lui même déclenché.
Pendant que son esprit vagabondait, ses pattes l'avaient menées d'elles mêmes aux champs, endroit qu'il n'appréciait pas particulièrement au vue de la chaleur qui y régnait. Faucon aurait cependant pu y chasser car les proies étaient abondantes à cet endroit, mais il manquait clairement de motivation. Décision fut prise d'aller lézarder au soleil, de plus le guerrier connaissait un coin aux abord des champs où il aurait pu se reposer sans être dérangé.
Seulement voilà, lorsqu'il arriva, il y'avait déjà quelqu'un. Un membre de son clan, cela allait de soit, une guerrière qui plus est.
Elle semblait n'avoir guère envie de lui faire la conversation car elle n'avait même pas ouvert les yeux à son approche.
Une part du guerrier se sentait un peu vexé qu'elle l'ai ignoré de la sorte, il s'assit à ses côtés et se lissa la fourrure à grands coups de langues pour dissimuler le malaise qui s'installait en lui.
Faucon connaissait bien cette guerrière, enfin bien c'est un grand mot, mais bon il ne savait pas vraiment à quel moment on passait de " de vue " à " bien ", donc dans le doute…
Il savait que les autres guerriers ne l'approchaient pas vraiment parce qu'ils la trouvaient froide et rude, Faucon ne la trouvait pas spécialement froide mais plutôt renfermée, mais bon, qui était-il pour juger les autres ?
Il se dit qu'elle n'aimait probablement pas la compagnie des autres, c'était sûrement pour cette raison qu'ils la trouvait froide. D'ailleurs, le guerrier ne connaissait pas son nom, preuve qu'elle était comme invisible peut-être ou qu'il était trop égocentré pour la remarquer elle et les autres.
Du tac au tac et sans préavis il déclara :
- Au fait tu t'appelles comment ?

(c) Biket

[middle] [/middle]
- Au fait, tu t’appelles comment ?

Aigle Gris sursauta, ouvrit les yeux et poussa un grognement mécontent. Elle était tellement bien installée qu’elle en avait oubliée la présence de l’autre chat et allait s’endormir tranquillement si celui-ci ne lui aurait pas adressé la parole. Elle soupira et s’assit. Pour se donner un minimum de contenance, elle se lissa rapidement le poil puis leva les yeux vers son interlocuteur.

- Désolée d’avoir sursauté hum, elle hésita un instant. Moi c’est Aigle Gris.

Elle détailla le chat du regard. En fait il était bien plus jeune qu’elle, et elle se souvint qu’il n’était devenu Guerrier que quelques lunes avant. Comment s’appelait-il déjà ? Ah, oui.

- Toi c’est Faucon Pourpre, c’est ça ?

Il avait l’air d’un bon chasseur, petit mais musclé, avec de longues oreilles prêtes à capter chaque bruit. Son pelage était touffu, brun constellé de tâches foncées et ses yeux étaient d’une belle couleur ambre. Bref, tout le contraire d’Aigle Gris, avec son poil ras gris clair et ses yeux bleus. Il commençait à faire très chaud dans les Champs, et elle pensa un instant à ses proies qui devaient être en train de griller dans leur trou. Mais surtout, elle pensa au chat qui se tenait devant elle. Il lui avait adressé la parole, alors que la plupart des Guerriers de son Clan seraient simplement passés devant elle en s’en foutant royalement. Elle ne savait pas vraiment comment réagir, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas réellement parlé à quelqu’un. Depuis la mort de ses parents en fait. Les liens sociaux lui semblaient, depuis, une perte de temps phénoménale. On meurt de toute façon. Pourquoi s’attacher à des gens si c’est pour les voir disparaître un à un avant qu’ils vous voient disparaître à votre tour ? C’est un cercle vicieux. On souffre et on fait souffrir pour que les autres souffrent et fassent souffrir. Aigle Gris en avait marre de souffrir.

Les moustaches du jeune guerrier frémirent quand la femelle sursauta, elle semblait surprise qu'il lui adresse la parole et se lissa le poil. Le guerrier la regardait faire sans broncher, après tout lui aussi faisait de même précédemment. Le guerrier eu l'impression que le temps s'écoulait soudain beaucoup plus lentement, peut-être était-ce parce qu'il trouvait le silence entre eux très pesant ? Ou bien encore parce qu'il avait l'impression que son cerveau était vide et qu'il n'avait rien à dire de plus ?
Cependant la guerrière embraya.
- Désolée d'avoir sursauté hum. Moi c'est Aigle Gris.  

Aigle Gris ? Oh mais oui il se rappelait maintenant, le baptême de la guerrière s'était déroulé quelques lunes avant le sien. Il se souvint que ce jour là il était très excité. Non pas le baptême en lui même soit particulièrement marquant, simplement, ce jour là, Faucon savait que son tour arriverait les lunes suivantes. Il ne se souvenait d'ailleurs pas d'avoir été un jour plus heureux que le jour de son baptême de guerrier, c'était une journée mémorable (et probablement la seule) dans sa vie.
- Toi c'est Faucon Pourpre, c'est ça ?

Elle le fixait posément et avec une sorte de curiosité dans les prunelles. Il semblât au guerrier qu'elle attendait quelque chose de lui. Faucon l'avait souvent vu dans le camp, seule, lorsqu'il la remarquait, il ne pouvait s'empêcher de compatir, ensuite il vaquait à ses occupations et l'oubliait pendant des journées entières, jusqu'à ce qu'il ne a revoie, seule, et fasse la réflexion que c'était drôlement triste d'être rejeté. Enfin rejeté, il ne savait pas vraiment puisqu'il ne la connaissait pas trop au final, mais il imaginait qu'elle devait vraiment se sentir seule.
Faucon, lui aussi se sentait seul ces derniers temps, d'un côté il ne supportait pas la cohue générale qui régnait au camp, mais de l'autre, il voulait vraiment discuter avec quelqu'un.
- Et alors tu viens souvent ici… ?

Il avait lancé cette phrase avec le maximum de conviction dont il était capable, le jeune guerrier était vraiment nul lorsqu'il s'agissait de lancer une discussion.
- Je dis ça parce que je ne t'avais jamais croisé ici avant, enfin en même temps tu pourrais y être quand je n'y suis pas aussi…

- Non mais qu'est ce que je raconte moi, elle va finir par me prendre pour un idiot si je continu à débiter des évidences du genre.
Son regard se reporta sur les prunelles bleues (très jolies au passage) de la guerrière.

(c) Biket