Histoire

En fait j'aime pas non plus raconter mon histoire. C'est surtout que je ne l'aime pas. C'est pas que j'ai vécu des choses horribles comme certains, c'est juste que j'aime pas penser aux souvenirs, au passé. Je préfère rester ancrée dans le présent. Ouais j'suis philosophe vous avez vu. Mais bon, puisque vous voulez tout savoir, je vais essayer de vous raconter. Suivez bien parce que je ne vais pas m'attarder sur tout, c'est déjà assez pénible comme ça...

Je suis née d'un couple amoureux, une mère énergique et sévère mais très protectrice et souvent embêtante et un père nonchalent, d'une lenteur inimaginable, parfois c'en était pesant. Je crois qu'il avait des origines domestiques, je n'ai jamais vraiment compris. Il connaissait des légendes, avec des dieux et des déesses, de l'Oli... quelque chose. Bref, malgré nos noms normaux -ceux de clans si vous préférez-, il nous a renommé chacun avec un nom de ces fameux... dieux. Ah oui, parce que j'ai un frère et une sœur. Ainsi, ma sœur était Athéna, la déesse de la sagesse et aussi de la guerre, mon frère Hermès, le dieu messager et finalement moi, Artémis, déesse de la chasse de et la lune. Putain, je sais pas comment il a fait mais c'est exactement ce qui me correspond. Et je crois qu'il en va de même pour ma fratrie.
Nous trois, nous étions vraiment proches et nous entendions super bien. Avec eux, je me sentais merveilleusement bien, j'avais l'impression qu'on avait le monde à nos pattes. Je détestais -et déteste toujours- mon Clan, le Clan du Vent. Pff. Je déteste tous les clans, leurs coutumes et tout ce qui va avec, comment des chats peuvent accepter... Mais bref, je... m'égare. Laissez-moi raconter comme je le veux, merde, c'est déjà assez pénible comme ça ! Toujours est-il que le couple si soudé qui avait accueilli notre naissance à pattes ouvertes finit par se dissoudre. De toute façon, ça n'aurait pas pû durer, le caractère de mon père et de ma mère était diamétralement opposé ; je ne comprenais -et ne comprends toujours pas- comment ils ont pu tomber amoureux. Mais bon, le cœur a ses raisons que la raison ignore... Okay, je sais plus d'où vient ce proverbe pourri, je l'ai entendu de la bouche d'un de ses imbéciles. Bref. Et comme ça ne pouvait pas être normal, mon père partit. Ouais, vous avez bien vu, il est parti du jour au lendemain, sans qu'on s'y attende. Sans raisons. Enfin, sans raisons, je soupçonne ma mère d'y être pour quelque chose. Peut-être qu'elle le harcelait, elle pouvait se montrer insupportable quand elle le voulait. Elle nous souhaitait parfaits, tous les trois, et était devenue irritable, trouvant n'importe quel prétexte pour nous hurler dessus. Enfin, surtout Hermès. Athéna et moi nous en sortions plutôt bien, nous avions compris comment maman marchait et faisions ce qu'elle voulait.
Et puis un jour, notre équilibre fragile a basculé. Un jour, lorsque nous nous sommes réveillées, Hermès n'était plus là. Et maman affichait un sourire glaçant qui voulait tout dire. Je me rappelle plus des détails, j'ai essayé d'effacer tout de mon esprit... Des cris. Je déteste les cris. Athéna, sans doute plus courageuse que moi s'est approchée de maman et les griffes sorties, lui asséna un coup que je n'aurait jamais pu mettre et que je n'ai pas vu venir. J'étais recroquevillée sur le sol, je me rappelle que je pleurais. Beaucoup, je n'ai jamais autant pleuré je crois. Et mes larmes se joignaient au sang qui se trouvait par terre. J'ai horreur du sang. Maman a feulé, un feulement dont je me rappelerai toute ma vie et qui encore parvient à mes oreilles. Et puis elle aussi elle est partie. Nous laissant seules, Théna et moi.
Et la vie reprit son cours. On était devenues apprenties, je ne me rappelle même plus de mon mentor. Une femelle douce insupportable que j'avais envie de baffer à chaque parole. Je n'ai pas reparlé à Théna de cette journée fatidique, elle m'a véritablement impressionné, je ne la pensais pas capable de ça. Je l'idolatrais et à la fois j'avais un peu peur d'elle. J'avais beau m'emporter facilement et chercher la bagarre, jamais je n'aurais osé, jamais je n'aurais eu cette audace. Hermès me manquait. Enfin, Héphaïstos comme l'avait renommé maman, le rejeton de la reine de dieux, abandonné car moche. Et puis je n'en pouvais plus de ce Clan, de ces règles insoutenables, je détestais ma vie au sein de ce dernier, je pourrissais de l'intérieur, devenait de plus en plus détestable. C'était insoutenable. Alors un matin, j'ai décidé de partir, comme l'avait fait papa, comme l'avait fait maman, pour chercher Hermès, et puis pour m'échapper de cet enfer. Là encore, tout est flou. Je me rappelle avoir eu envie de pleurer. Je pensais que Théna me suivrais, qu'elle était pareille que moi, mais non, elle est restée là-bas. Mais je sais que ce n'est qu'une question de temps, qu'elle me rejoindra bientôt. Elle doute très guerrière maintenant. Pff...

Je n'ai toujours pas retrouvé Hermès, mais je ne désespère pas, il ne peut pas être mort parce que malgré tout ce que disait maman, il était débrouillard et intelligent. Ça fait déjà quelques temps que je suis à sa recherche, plusieurs lunes que j'erre dans des terres inconnues. Le monde est si vaste... Mais je le retrouverai. Et j'irai chercher ma sœur aussi. Putain, ils me manquent tellement tous les deux...