Tu t'es perdue ? FEAT ESPE

Nous ne voulons pas nous balader loin de notre maison. Elle nous tient à cœur, et nous ne voulons la quitter. Contrairement à elle. Jamais elle ne serait rester plus de quelques heures dans la maison. Elle profitait de la moindre occasion pour explorer, ce que nous ne supportons. Le fait d'explorer ne nous intéresse plus depuis bien longtemps. Nous connaissons tout ce qu'il y a à savoir, nous ne demandons pas plus. Le reste ne nous intéresse pas. Si c'était le cas, nous ferions comme elle faisait, mais il est trop tard. Nous ne sommes plus cette petite chatte inconsciente et naïve de tout ce qui l'entoure. Nous sommes devenues sages, intelligentes. Nous ne demandons en aucun cas la compagnie, le silence et les humains sont suffisants. Le reste n'est pas important, juste quelques détails dans les lignes d'un livre. Celles que nous pouvons survoler pour s'intéresser au plus important sans se disperser.

Nous laissons notre queue se balancer depuis le rebord de la fenêtre. Elle touche le mur à chaque balancement. C'est bien plus apaisant que de courir partout comme elle le faisait. Notre regard se porte sur l'extérieur. Les autres maisons se détachent de la route, créant un barrage que les humains ne peuvent traverser sans faire preuve d'agilité. C'est tellement plus simple pour les chats. Il y en a d'ailleurs un qui se balade tout près de la maison. Nous le connaissons pas. Peut-être s'est-il perdu ? Il n'est pas du quartier, c'est certain. Nous les connaissons tous à force de regarder à travers cette fenêtre de verre.

Notre patte avant bionique pendant dans le vide montre une certaine quiétude. Nous n'avons pas l'habitude de voir des étrangers dans le coin. Des chats de Clans de temps en temps, mais assez rarement. Ils n'ont plus le courage de venir ici, pensant que nous ne sommes que les esclaves de nos humains. Ils ne savent pas que les "bipèdes" comme ils les appellent, sont gentils. Un soupir m'échappe alors que je me laisse glisser vers le sol si proche de la fenêtre. Nous n'avons plus mal à nos pattes. Nous sommes si habituées à ce que les autres voient comme un malheur. Comme quelque chose de pas normal. Si seulement ils avaient un petit peu d'intelligence.

Nous frôlons chaque meuble tandis que nous nous rendons vers la sortie. Les humains de la maison ne sont pas très loin. Kate regarde la télé, tandis que l'autre humain est parti dans le jardin. Je ne vais pas le croiser. La femelle humaine sourie en me voyant. Elle s'approche de moi pour me caresser le dos alors que je lui miaule. Elle lève les yeux au ciel avant de se relever pour aller ouvrir la porte. Allons vers l'intrus.