Fire Ghost [participation du clan du Vent pour Halloween]

J’avais froid. Autour de moi, c’était à la fois beau et terrifiant. Je ne savais pas où j’étais. Et je ne savais pas non plus comment rentrer au camp du clan du Vent. On pouvait le dire : j’étais perdu, mais ce n’est pas pour autant que j’avais envie de rentrer maintenant. Je préférais de loin continuer mon exploration. Maman disait toujours qu’un chaton ne devait pas sortir du camp avant qu’il ne soit nommé apprenti car sinon les fantômes de la forêt allaient l’attraper et plus jamais on ne le retrouverai. Mais je savais qu’elle disait ça uniquement pour m’effrayer, je n’avais pas peur ! D’ailleurs, je serais le guerrier le plus courageux de tout Cerfblanc ! Bon, du coup j’étais sorti hein. Le forêt était… bizarre en fait. D’un côté c’était plutôt joli, avec toutes les feuilles mortes qui tourbillonnaient dans le vent. Mais l’ambiance était étrange, il n’y avait aucun bruit, rien, le silence total, comme si toute forme de vie avait quitté cette terre et ça faisait froid dans le dos.
Je marchais tranquillement soudain, un chat que je ne connaissais pas est passé devant moi. Silencieux, il ne m’a même pas regardé, avançant sans bruit sur les feuilles mortes, comme s’il ne faisait qu’effleurer le sol. Il a disparu derrière les fourrés. Ca n’a duré qu’un instant mais c’était suffisant pour me clouer sur place. Et alors, d’autre chats sont passés, exactement comme le précédent, des adultes, des aînés, des chatons, une dizaine de félins au total. Aucun ne m’a prêté attention. Jusqu’au moment où le dernier chat passa. Comme les autres, il avançait lentement et silencieusement. Et soudain, il s’arrêta et tourna lentement la tête vers moi, plantant ses yeux vitreux dans les mien. J’étais tétanisé, qui étaient ces chats ? Quelque chose chez eux était dérangeant, et je n’arrivais pas à savoir quoi. Il me regarda un court instant pendant lequel nous demeurâmes immobiles. J'espérais presque qu’il allait continuer sa route avec les autres. Mais soudain son regard changea et il s’approcha rapidement de moi. Je me rendis alors compte que c’était une femelle. Et dès qu’elle commença à venir vers moi, je vis derrière elle les autres qui revenaient, nous regardant avec étonnement. En quelques instant seulement, ils avaient tous l’air différents, à présent, on aurait simplement dit des chats tout ce qu’il y a de plus normal. La femelle me regardait et je pouvais presque déceler de l’inquiétude dans son regard.

“ - Que fais-tu là petit ? Ce n’est pas un endroit pour un chaton. Comment t’appelles-tu ?

-Euh… Petite Jaspe.
-Bien, il est temps pour toi de revenir au camp, une chance qu’on t’ai trouvé, ta mère doit être morte d’inquiétude !”

Comment connaissait-elle notre camp ? Je ne savais pas quoi dire, quoi faire. J’avais la sensation qu’il valait mieux suivre ces chats étranges plutôt que m’enfuir. Alors j’ai suivi la femelle. Elle avait l’air plutôt gentille, mais il y avait vraiment quelque chose d’étrange et je n’arrivais pas à mettre la patte dessus. Nous avons marché en silence, outre le fait que personne ne parlait, le fait qu’ils semblaient connaître l’emplacement du camp était vraiment flippant. Et alors qu’on avançait, je réfléchissais, qu’est ce qui clochait chez eux ?
Ce n’est qu’en arrivant devant mon camp que j’ai réalisé : leur odeur, c’est ça qui n’allait pas. Il n’y avait pas la moindre odeur montrant leur appartenance à l’un des clans, mais ils sentaient légèrement le brûlé, comme s'ils avaient été trop près d’un feu il y a peu de temps.

J'avais eu un moment d'hésitation avant d'entrer dans le camp. Est-ce qu'on allait me blâmer parce que j'avais amené des inconnus au camp ? Je n'avais pas eu le temps de réfléchir plus que ça puisque l'on me poussa jusqu'à l'intérieur. Je n'avais pas vu ma mère tout de suite, la première chose que j'avais remarqué, c'étaient les regards étonnés de mes camarades. Puis ceux choqués d'autres. Ils semblaient les reconnaître. Des larmes dans les yeux de certains, des embrassades. Je ne comprenais rien, mais, ma mère emportée par l'euphorie générale ne me tua pas, alors je prenais part à la fête. Nous vous croyions morts.

Le meneur leur avait permis de rester dormir. On m'avait tout expliqué, et je comprenais maintenant ; il y avait eu un incendie longtemps auparavant, et tous ces chats que j'ai trouvés dans la forêt étaient portés disparus après. J'étais très fier de moi, j'avais trouvé les disparus.
Avant de m’endormir cette nuit là, une question me trottait dans la tête. L’incendie était il y a 3 ans, où étaient tous ces chats pendant tout ce temps ?

Ce matin, je fus réveillé par un cri. Strident, déchirant l’air. Ma mère sortit aussitôt en me disant de rester ici, mais je ne l’écoutais pas. Je n’avais pas peur !
Jusqu’à ce que je vois.
Dehors, dans la clairière principale, gisaient les corps de notre chef et de notre lieutenant, baignants dans leur sang.

- Ce sont eux ! Arrêtez les ! cria un guerrier, fou de rage.

Il regardait les nouveaux arrivants. Ceux ci s’étaient contentés d’adopter un air étonné lors de cette découverte macabre. Mais c’était évident qu’ils avaient commis ces crimes. Qui d’autres ? Mais comment avaient-ils bien pu faire ça sous notre nez, sans que personne ne s’en rende compte ? Aussitôt, tous les guerriers du clan du vent se mirent en position de combat. Le premier guerrier ayant lancé l’accusation sauta alors sur un des anciens membres du clan mais celui ci… disparut. Tout simplement, il semblait s’être envolé. Je sentis mes poils se hérisser sur mon dos alors que le félin refaisait son apparition quelques mètre plus loin. Soudain, ses étranges félins reprirent leur aspect presque surnaturel, comme la première fois que je les avais vu dans la forêt. Leurs yeux semblèrent se vider de toute vie, et ils se mirent à avancer dangereusement vers nous, rapides, silencieux et terrifiants.

Cours Petit Jaspe, enfuis toi, vite !

C’était mon père. Je le regardais avec horreur, ne voulant pas le laisser ici, mais il me poussa vers la sortie sans ménagement. La peur me prit au ventre et je détalais dans la forêt sans me retourner, courant aussi vite que je le pouvais.
Et soudain, tout s'embrasa autour de moi. La forêt prit feu, les arbres, les feuilles, tout. Je sentis mon corps brûler, devant moi, un mur de feu infranchissable. Je fus obligé de m’arrêter, je regardai autour de moi, cherchant un échappatoire inexistant. Je sursautai quand mon regard croisa celui de la femelle qui m’avait parlé la première. Un sourire carnassier sur son visage, elle s’avança vers moi. Le feu sembla s’écarter sur son passage, elle se pencha alors vers moi, flippante au possible. Dans ses yeux, j’eus le temps d’apercevoir toute la douleur, toute la peur qu’elle avait ressenti quand elle était morte dans cet incendie il y a 3 ans. Et soudain, tout est flou, j’ai mal, je brûle. Et puis plus rien.