One day, someone told me that love is the worst betrayal when he was actually in love with me. I understand now what he meant. Can't you feel the pain in my heart, the sickness of what you all did to me ? - ft. Rose Noire

Un fil. Tout ne tenait qu’à un seul fil : ma famille, mon Clan, mon univers ne tenait qu’à ça. Et on me l’a retiré. Comme ça, d’un coup, sans même jamais réfléchir à est-ce que c’est légitime ? Me voyant comme rien d’autre qu’une pestiférée, une coupable, une meurtrière, ne se disant pas que peut-être ce n’était pas moi, que je n’ai jamais manifesté la moindre trace d’hostilité, de vengeance, de haine. Non, c’était trop facile. J’étais la coupable parfaite désignée, il fallait un bouc émissaire. J’ai pris. Tout ne tenait qu’à un fil : ma famille, mon Clan. Mon univers ne tournait plus qu’autour de ça. Il ne me restait plus que ça… il ne me reste plus rien. Tout est parti en fumée. Tout s’est effondré. Émietté. Et je suis reléguée comme la seule responsable de l’état misérable de ma vie, comme si c’était moi ! Comme si y’avait assez de rage en moi pour tuer ! Tuer le meneur qui ne m’avait jamais vraiment fait quelque chose sinon s’être peut-être un peu montré déplacé ! Sérieusement ? Aile Orangée. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Elle est devenue cheffe et ça y est, elle perd toute confiance en ses anciens amis et elle les accuse de choses qu’ils n’auraient jamais pu faire ? Vraiment ? C’est ça l’amitié ? Trahir aussitôt qu’on a besoin d’un coupable de merde pour un crime ? Cherchez-le le coupable ! Allez-y ! Investiguez réellement et réalisez que vous avez fait une erreur. Essayez de trouver l’intrus dans ce Clan, dans ce camp, qui a retiré la vie à un chef que vous pensiez si fort, si immortel. De toute façon, vous ne pourriez même pas mettre la patte dessus. Je m’explique : il est mort. Ouais, c’est marrant hein ? Il est mort, décédé, quelque part son corps gît, ou alors il n’y a peut-être plus que des os. Je sais pas, on l’a jamais retrouvé son corps je crois.

Je vadrouille. Je sais même pas ce que je fais, je dors, je mange, parfois je mange pas, les journées se perdent dans une routine étrange qui n’en est pas une, entre haine et culpabilité, entre regrets et dépression. Et au final, Mirage Lunaire n’est même pas là pour m’aider, me soutenir. Devrais-je dire Déchéance de la Lune ? C’est comme ça qu’il se fait appeler maintenant. Dans la Forêt Sombre. Parce qu’il ne me cache rien, il me dit tout. Mais il n’est pas tout le temps là et c’est la cause de mon bannissement, c’est le meurtrier. Malgré tout, ma colère n’est pas capable de concevoir d’en faire l’objet de ses reproches. C’est mon amour, mon compagnon. Mais également le meurtrier pour lequel j'écope de la sentence. Est-ce ça l'amour fou, l'amour inconditionnel, celui qu'une mère éprouve pour son enfant ? Un amour ne s'éteignant pas après un tel drame.

Et je me demande. Je me demande ce que j'ai bien pu dire ou faire pour que la vie me récompense ainsi ! D'accord. C'était pas très intelligent de tomber amoureuse de l'ennemi. Mais je n'ai pas choisi. On ne choisit pas qui on aime. Et de toute façon, on s'est chargé de me retirer l'amour de mon coeur, de ma vie. L'amour aux pulsions de rage, parce que Mirage Lunaire porte si bien son nom. Il est un mirage. Un mirage. Il y a le mot rage dans ce nom et je peux affirmer que la jalousie brûlant dans le coeur de mon compagnon est enragée. Il ne laissera jamais quiconque m'approcher. On l'a bien vu. Mais dois-je vraiment payé pour un geste qui n'est pas mien ? C'est injuste.

Et Petit Typhon ! Venez pas me dire qu'il mérite la perte de sa mère merde. Mon enfant, mon coeur, une partie de mon être. Mon enfant, et on me l’a enlevé. Pouf. Disparu. Prit sous mes yeux par une sale garce que je ne devrais jamais revoir parce que là, je vous assure, je la tuerais. Je la déchiqueterais. Je lui ferais sentir toute la haine, tout le désespoir d'une mère à qui la vie lui retire son fils. Mon tendre enfant… je ne sais même pas où il se retrouve en cet instant, ce qu'il devient. J'espère seulement qu'il s'en sort mieux que sa mère.

Et je suis là. C'est où là ? Je ne sais pas. Je me perds. Je ne suis plus rien d'autre qu'un corps perdu quelque part dans le vaste endroit qu'est la forêt. Et je me meurs. La douleur écrase mon coeur, ma poitrine. L'amertume brûlé mes veines. Moi qui faisais confiance à ce Clan, moi qui leur aurais tout donné parce qu'ils étaient ma famille. Belle famille. Je ne savais pas que c'était ainsi qu'on traite un membre de la famille, une précieuse amie. N'est pas Aile Orangée ? Ou Étoile. Ça change quoi ? C'est elle qui a terriblement changé en devenant meneuse, devant trouver un coupable pour le meurtre sordide et n’ayant pas pris un seul instant pour réfléchir.

Je suis seule. Je suis morte. Y'a plus rien. Dans mon coeur, ça sert plus à rien. Je ne sais même pas pourquoi j'avance, je poursuis. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore là, encore en vie, avec ce coeur. Non, je ne sais pas. Le manque me ronge, me gruge. Mes enfants.. j'aurais dû être là. Toujours. Jusqu'à mon dernier souffle. Les voir grandir encore, se faire une place sérieuse dans le Clan. Même si Lac aux Murmures a déjà clairement fait ses preuves. J'ai même entendu dire une fois que celle étant maintenant meneuse la craignait. C'est facile de la craindre. Mais c'est ma fille. Éclair Jaune, mon fils, mon enfant. Un peu effacé, avec assez d'énergie. Reflet de Cobalt, assez étrange. Et alors ? Il demeure mon enfant et je l'aime tellement. De même pour Silence du Mirage. Enfant, elle agaçait toujours sa soeur. Et.. Ombre Filante. Mon frère. Est-ce qu'il croit les mensonges ? Les faux dire ? J'espère que jamais il ne fera cet affront de croire que je puisse me transformer en une meurtrière. Et mes parents ? La douleur étreint tout mon être.

Et me voici. De nouveau dans les landes. Je ne devrais pas être là. Non. Mais c'était mon foyer, ma maison. La colère se mêle à la souffrance. La tristesse se mélange à la nostalgie mélancolique. J’ai besoin de mes enfants. De ma famille. De mon amour. Je tombe en pièce avec la rancune et la haine. Les larmes coulent et je n'essaie même pas de les retenir. Elles coulent. Et je m'assèche. Le froid me prend de toute part et je ne le ressens presque pas.

… laissez-moi.
Je me perds.