Nous continuons la patrouille en silence, seuls les claquements des crocs de fer le brisent et retentissent dans la forêt, assez fort pour faire fuir le peu de gibier encore présent dans cette partie du territoire mais on n'a pas vraiment le choix, ces engins sont bien trop dangereux pour les laisser ainsi, en mesure de blesser l'un des nôtres ou même de nous voler nos proies... Je serre les crocs, les griffes sorties, j'ai envie de faire la peau à ses foutus bipèdes. Ils nous font perdre du temps en plus, on devrait s'occuper de renouveler le marquage et vérifier aucun signe d'intrusion et au lieu de cela on doit désamorcer ces trucs...
Je jette de temps en temps des coups d'œil vers Pelage d'Orage, à sa fourrure hérissée et ses soupirs j'en déduis qu'il n'apprécie pas non plus ce que font ces imbéciles de bipèdes et en même temps qui apprécierait ! En fait il est surtout inquiet et je le comprends, j'espère ne jamais voir un chat se prendre dans l'une de ces merdes, même à mes pires ennemis je ne le leur souhaite pas.

Alors que je termine de marquer un buisson je sens la patte du mâle tapotait mon flanc, je me tourne vers lui, avec une mine interrogatrice. Qu'est-ce qui lui arrive encore ? Il s'est arrêté et ne dit rien, il me fait signe d'écouter puis me signale un bruit non loin de la frontière. Je regarde dans la direction indiquée et dresse les oreilles, essayant de repérer le fameux bruit puis finit par reconnaître un son familier. Des frémissements de feuilles, écrasées. Comme quand un poisson sautille sur le sol pour essayer de retourner à la rivière mais ce n'est pas vraiment ça, le son est légèrement différent, j'entends comme des roulements sur le sol. Je fronce le museau et hume l'air, ça sent le Clan du Vent, sans attendre de me mettre en accord avec mon partenaire je fonce vers l'origine du bruit, prête à en découdre si l'un de ces mangeurs de lapins a passé la frontière.

J'atteins rapidement l'origine du son qui a alerté mon camarade et toute ma hargne disparait quand j'aperçois la source de ce raffut.
Un chaton.
Pris au piège visiblement, il semble attacher à quelque chose et se rouler au sol pour s'en défaire, en vain.
J'hume de nouveau l'air, il s'agit bien d'un chaton du Vent... Mais que fait-il ici si loin de son camp ? Et les siens ? Ont-il remarqué son absence ? J'examine le jeune et remarque qu'il s'est pris la patte dans une espèce de cordelette qui semble se resserrer davantage à chacun de ces gestes désespérés pour s'en libérer. Je ne sais dire si c'est pire que la morsure en métal mais il est clair que c'est une fois de plus l'œuvre de ces renards sans cœur que sont les bipèdes !
Pendant que je rumine ma colère et mon dégoût, j'entends Pelage d'Orage qui essaie de calmer le petit. Je secoue la tête pour me ressaisir, je dois me concentrer sur ce chaton, s'il continue ainsi il risque de se blesser sérieusement, pour le coup je me fiche qu'il soit du Vent, c'est un chaton avant tout, il est en danger et je dois le sauver. J'ajoute alors après les paroles de mon camarade.

- Fais ce qu'il dit petit, on veut t'aider mais pour ça tu dois arrêter de bouger sinon tu vas aggraver les choses.

J'examine la cordelette, elle est bien trop serrée autour de la patte pour pouvoir la retirer aussi simplement mais je finis par me rendre compte qu'elle est accrochée à un bout de bois planté dans le sol, ce doit être à cause de lui que la ficelle ne se détache pas malgré les gigotements du chaton. Je pose une patte sur la croupe du petit pour le maintenir en place et tente de couper la cordelette avec mes crocs et mes griffes pour qu'il puisse se libérer.