[EVENT] Survivre [Ft Moony]

Tordre les plantes. Extraire le jus. Appliquer sur d’autres plantes. Mélanger le tout pour que le jus s’imprègne. Évaluer le tout du regard. Recommencer. Encore et encore. Je suis un robot, un automate qui jamais ne s’arrête. Je n’ai pas le temps pour ça, je ne peux pas me permettre de m’arrêter alors que j’entends tous les malades tousser dans l’antre qui est celle des guérisseurs et des botanistes. Nous avons du travail. Trop de travail. Olosis est malade. Mais elle continue de se démener pour les malades en faisant son possible pour se rétablir elle-même. Lyn et Montagne ne sont pas malades, elles. Mais à ce rythme, ce n’est plus qu’une question de temps avant que toute la Troupe ne tombe malade. Denaï est mort. Asuna est devenue notre meneuse. J’ai échoué à guérir Denaï, on a tous échoué à le maintenir en vie. Il s’est battu jusqu’à la fin mais nous n’avons rien pu faire et Liwa n’a pas le remède. Alors la vie continue, teintée par l’ombre menaçante de la mort. Je relève la tête de mon oeuvre en entendant quelqu’un tousser. Je reconnais tout de suite à qui appartient cette toux et me dirige vers cette personne avec le remède qui sert de tampon pour ne pas aggraver la maladie entre les dents, veillant à ne pas le toucher avec la langue. Je n’ai pas envie de recommencer. Zarroc ne peut pas attendre.
Je le laisse s’exécuter en restant à ses côtés, à observer s’il fait bien ce que je lui dis de faire. Il doit se rétablir alors il doit prendre ce début de remède. Je ne sais même pas si cela l’aidera vraiment. Cette combinaison de plantes aident ceux qui en sont aux premiers stades de la maladie mais lui… Je le vois se décrépir chaque jour un peu plus et le tout, sous mes yeux. J’ai envie de pleurer, sincèrement. Je ne supporte pas de le voir mourir à petit feu sans que je ne puisse rien faire. Je crois bien que je ne me suis jamais sentie aussi impuissante de ma vie. Je déteste ce sentiment, j’aimerais qu’il disparaisse à tout jamais, je ne veux pas le connaître. C’est étrange parce que je suis habituée à voir des malades et j’ai appris à ne pas trop m’en faire pour eux, à avoir confiance en la médecine, la logique et le rationalisme qui va avec ce que je fais pour qu’ils se sentent mieux. Si je choisis les bonnes plantes et que je fais les bons cataplasmes alors ils iront mieux et je n’ai pas besoin de m’inquiéter. Mais avec Zarroc c’est différent parce que je ne sais pas s’il ira mieux un jour, je ne sais pas si un jour je ne vais pas tout simplement lui apporter son traitement pour au final ne trouver que son cadavre. À cette simple pensée, je sens les larmes me monter aux yeux.  
.

(c) Biket