C'est quoi ton truc à toi ?

ft. Soleil Noir

La poudreuse recouvrait le sol tandis que les flocons blancs tombaient encore du ciel lorsque la féline beige émergea de la tanière des guerriers. Ses longues pattes s’enfonçaient largement dans le manteau neigeux, lui arrachant un frisson lorsque ses coussinets touchèrent la matière froide et humide. La femelle recula d'un bond léger, mieux valait s'étirer à l'entrée de la tanière, là où le sol était bien sec. Son corps s'étendit donc, lui permettant de réveiller un peu mieux, avant que le devoir ne l'appelle. La patrouille de l'aube s’apprêtait à partir et elle en était, même si tous auraient préféré rester au chaud, surtout l'apprenti qui avait été extirpé de son nid par son mentor.

La patrouille quitta rapidement le camp, plus vite ils faisaient le tour du territoire, plus vite ils rentraient au camp. Les quatre chats avançaient à la fois d'un pas vif et incertain, la glace s'étant formée sur une grande partie de la forêt, camouflée par les chutes de neiges incessantes. La patrouille fut calme, malgré le temps froid et difficile, et sans compter sur le vent. Aucun problème n'était à signaler aux frontières, pas de prédateur non plus, tout était bien calme pour une saison des neiges. Enfin, si on oubliait le fait que la moitié du Clan était malade. La jeune guerrière beige n'avait pas été touché par ce mal, certainement parce qu'elle était la plupart du temps à l'écart des autres chats ? En tout cas, cela avait au moins l'avantage de lui avoir évité des symptômes bien dérangeants.

Le reste de la matinée se déroula sans embûche et les matous prirent le chemin du retour. Aussitôt au camp, le jeune apprenti se dirigea vers sa tanière et s'y engouffra, tout comme les guerriers qui avaient formé la patrouille. Seule la jeune Fleur de Lilas resta au milieu du camp, malgré le froid qui sondait son corps à chaque bourrasque de vent. La saison était mauvaise, la neige était très présente, mais cela n'empêchait pas le jeune guerrière d'avoir de l'énergie à revendre. En s'approchant d'un pas léger vers la réserve de proie, elle en constata qu'il était bien vide, trop vide pour un Clan avec des chats malades et des guerriers en moins. Un sourire simple s'afficha sur son visage tandis que la bonne humeur s'infiltrait en elle. Son départ fut imminent et rapidement, son corps fin et agile s'extirpa de la clairière par le tunnel d'ajonc.

Maintenant que la belle était devenue guerrière, beaucoup moins de chats parlaient sur son dos, les rumeurs s'étaient amoindries tandis qu'elle avait repris du poil de la bête. Bon, en dehors du fait qu'elle était un peu plus maigre qu'à l'accoutumée dû à la mauvaise saison, la féline avait repris un peu de poids. Ses yeux avaient retrouvé leurs couleurs violacée et son pelage était redevenu lisse et doux, sa tête s'était affinée, ses hanches et ses épaules s'étaient agrandies pour lui donner le corps d'une guerrière. Elle pouvait à présent se tenir fièrement, la tête haute. Son corps avait changé, elle n'était plus la petite apprentie en boule dans un coin mais une belle guerrière, fine et élancée. Mais son esprit avait lui aussi mûrit. Bien sûr, elle était toujours très réservée et discrète, mais elle avait moins peur de s'exprimer lorsque c'était nécessaire.

La forêt était bien calme, la neige qui tombait du ciel ne faisait pas même un petit bruit. Seul le vent qui bruissait dans les feuilles attiraient les oreilles de la guerrière dans sa direction. Peu d'animaux pointaient le bout de leurs museaux ou de leurs becs par ce temps, la chasse était donc difficile, encore plus dès lors qu'il y avait moins de guerriers aptes à chasser. Ses pattes la menèrent jusqu'au champ fleurit, cet endroit magnifique à la bonne saison, et qui lui rappelait tant le lieu où elle était née. Une odeur féline lui vint au museau, la guerrière beige n'était pas seule. Fleur de Lilas s'accroupit et continua son avancée discrètement, en douceur. Une fourrure lui vint enfin aux yeux, il s'agissait d'un guerrier de son Clan, qui semblait fixé sur une proie. Mais lorsque des battements d'ailes se firent entendre, la beige comprit que cette proie, cet oiseau, venait de lui glisser entre les pattes.

« Crotte d'aigle à trois yeux ! »

Le grand mâle pestait de colère alors qu'il avait atterrit lourdement dans la neige, un léger gloussement monta dans la gorge de la beige alors qu'elle sortait de sa cachette pour aller à sa rencontre. Elle avança en douceur, prudente, tandis que son regard violet irisé croisait les yeux vairons du guerrier. Une fois face à lui, elle lui adressa un signe de tête léger afin de le saluer et s'adressa à lui d'une voix douce.

« Tu n'es pas très doué pour la chasse, je me trompes ? » , la féline fit une pause et lui adressa un sourire avant d'ajouter, « Je suis Fleur de Lilas, je peux savoir ton nom ? »