first training — (nuage de tendresse)

Le soleil venait tout juste de pointer le bout de son museau que Mistral Lointain avait quitté la tanière des guerriers, déjà prêt pour le premier entraînement de Nuage de Tendresse. La jeune apprentie venait d’être baptisé par Cauchemar de Minuit. Il lui avait laissé le temps de s’installer dans sa nouvelle tanière et de s’habituer à ses nouveaux camarades avant de l’emmener directement en vadrouille, préférant lui faire faire le tour du territoire aujourd’hui. Il l’avait prévenu : il fallait absolument qu’elle dorme autant que le pouvait car la journée s’annonçait longue.
En effet, le guerrier noir avait prévu de lui faire faire le tour du territoire, ce qui était déjà un bien long chemin. Cela pourrait ainsi lui permettre d’évaluer les capacités qu’elle possédait avant de commencer un quelconque entraînement. Il allait donc devoir analyser sa vitesse, son endurance s’il le pouvait, sa capacité à suivre une odeur et à reconnaître celle de l’ennemi et peut-être bien son sens de l’orientation. Il verrait ensuite ce qu’il allait faire avec elle.

Après une courte toilette, il se rendit assez rapidement dans l’antre des novices. Il n’y avait, en effet, pas de temps à perdre. Le tour pourrait bien leur prendre la matinée, puis il faudrait qu’ils mangent et ils pourraient enfin attaquer une bonne leçon de chasse. Il entra donc avec précaution et déposa une patte sur les flancs de la demoiselle. « — Debout, Nuage de Tendresse. Je t’attends à l’entrée. »
Lorsqu’elle débarqua, il fut évidemment à l’entrée du camp, prêt à lui donner ses premières instructions. « — Bien. Nous allons nous rendre à la frontière avec le Clan de la Rivière, près des chutes. Je pars devant. Attends 10 secondes et essaye de suivre ma trace. Bonne chance. » dit-il avant de s’élancer aussitôt hors du camp. Au lieu de courir directement aux chutes, Mistral Lointain décida de faire une halte à quelques longueurs d’arbre du lieu et se cachant dans un buisson, dans l’espoir secret que sa petite prodigue le retrouve, elle et son talent caché pour retrouver des traces. Peut-être serait-elle la future meilleure pisteuse du Clan du Vent, qui sait ? Ou alors deviendrait-elle aussi rapide que son mentor. Elle dépasserait peut-être son maître. Il n’en avait encore aucune idée.

Si Mistral Lointain ne voulait ni l’avouer, ni le montrer, il était en réalité très heureux d’avoir encore la possibilité de prendre sous son aile un apprenti. Surtout qu’il ne s’agissait pas de n’importe quelle apprentie, il s’agissait de Nuage de Tendresse, petite demoiselle avec laquelle il s’était amusé il y a quelques lunes de cela, alors qu’elle tentait de le traquer et qu’elle lui roulait sur le dos. Au premier coup d’oeil, il avait remarqué la joie et l’excitation de sa nouvelle novice mais il était resté impassible dans le camp, préférant contenir ses émotions face aux autres. Pourtant, il rêvait de pouvoir exploser de joie. Il était rare pour lui de savourer le bonheur et malgré la maladie et les soucis singuliers de sa vie, il avait envie d’être heureux ce matin. Mais pas heureux avec tout le monde. Heureux avec lui-même. Heureux avec Nuage de Tendresse.
C’est donc le sourire aux babines qu’il se cacha dans un buisson, tapi, guettant l’arrivée de sa petite prodigue. Il savait qu’elle y parviendra. Elle avait sûrement retenu aussi les leçons qu’il lui avait enseigné, plus tôt. Il espérait qu’elle s’en servirait quand viendrait le moment de chasser.

Il la sentit fouiller quelques temps avant de s’écrier joyeusement qu’elle l’avait trouvé. Il sortit de sa cachette, toujours un sourire collé aux lèvres. « — Félicitations, tu t’es bien débrouillée. Et tu as été rapide, qui plus est. C’est un excellent atout pour un chasseur, d’être aussi un bon pisteur. Je suis sûr qu’un jour, tu deviendras meilleure que moi. » Il en était même certain. « — Nous voici donc aux chutes, comme promis. » dit-il en s’approchant de plus en plus du bruit fracassant des vagues. « — Qu’on soit bien clair, je veux pas te voir approcher de ces chutes. On tombe, on meurt, y’a pas d’alternatives, pigé ? » lui expliqua-t-il, ayant perdu son sourire, le regard perçant. Elle ne devait surtout pas tomber. Pas elle. Pas par sa faute, simplement parce qu’il ne l’aurait pas prévenu. On sait jamais.

Le guerrier noir avança un petit moment vers la frontière avec le Clan du Tonnerre. Arrivé à la lisière de la forêt, il huma l’air pour vérifier s’il n’y avait pas de patrouille dans le coin. Il ne sentit alors que le marquage récent de ces bouffeurs d’écureuils. « — Allez. Dis-moi sur quelle frontière on est. »