Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ~ Avec Mini-Caillou
Le personnage
Sexe du perso: Mâle
Âge du perso: 35 lunes
Mentor / apprenti : /
Un seul être vous manque et tout est dépeupléAvec Mini Caillou ♥
« Petite Pierre ? »
Assis sur le sol de la Pouponnière, le dos dressé, la tête haute, je me tenais devant la chatonne grise. Je m’étais approché tandis qu’elle avait le dos tourné, et assis là, avant de l’interpeller. Ma voix était douce, basse, surtout. Seul un filet de voix s’était échappé de ma gueule, et mon regard brillait d’humidité. J’essayai de faire disparaître tout ça avant que Petite Pierre ne se tourne vers moi, mais je crois que j’échouais.
« Petite Pierre, comment tu fais ? Comment tu fais, pour oublier ? »
Pour oublier que Maman est morte ? Comment tu faisais, toi, comment tu vivais, avec ça, avec cette boule dans le ventre, dans la gorge, tout le temps ? Comment tu faisais pour ne plus la voir chaque fois que tu fermais les yeux, pour ne pas rêver sa voix, pour ne pas l’imaginer partout ? Comment tu faisais, pour garder la tête haute, pour empêcher les larmes de couler, et le coeur de saigner ? Oui Petite Pierre, il fallait que tu me répondes, que tu me dises comment tu faisais, toi. Comment t’arrivais à vivre.
J’avais l’impression d’être devenu aveugle. Ou manchot. Enfin, qu’il me manquait quelque chose. J’avais l’impression de ne plus être entier, comme s’il manquait une part de moi. Ni ta mère ni la mienne n’auraient dû mourir si jeune. Elles devraient être là, avec nous pour de vrai, et pas au Clan des Étoiles, comme nos papas disaient. On avait toujours besoin d’elles, pas vrai ? Alors comment tu faisais, toi ? Comment tu faisais, toute seule ?
J’avais envie de me blottir contre Petite Pierre, et de pleurer dans ses poils. J’avais envie de sentir sa chaleur tout près de moi, mais j’osais pas avancer. J’attendais qu’elle me parle, elle, ou qu’elle vienne contre moi d’elle-même. Oui, j’avais échoué, et les larmes coulaient sur mes joues, mouillant les poils crème, s’écrasant sur le sol de la Pouponnière. Je voulais que Maman revienne. Qu’elle soit encore là, avec moi, avec Petit Océan, et tout le monde, parce qu’elle avait été un peu la maman de tout le monde. Je voulais me rendormir et me réveiller avec maman à mes côtés. Je voulais tellement, que ce soit juste un cauchemar. J’avais besoin de Maman, moi.
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 34
Mentor / apprenti :
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé
Avec Petit Soleil
J’entends une voix et ça me tire de mes pensées. On m’appelle, on me parle. Il serait malpoli de ne pas répondre et de faire comme si ça n’existait pas, pas vrai ? Comme si tous les autres n’étaient qu’un mirage, une illusion créée par mon esprit pour me faire croire que je ne suis pas seule. Peut-être que c’est vrai et que je ne suis pas seule, mais quelle importance ? On va tous crever et au final y aura plus rien derrière, et on sera oublié parce que c’est comme ça, on ne se rappelle pas des morts. Ils sont morts alors ils n’ont aucune importance. Non, ceux qui sont importants, ce sont les vivants. Dont la misérable existence se résume à chasser et se battre, et peut-être avoir des chatons, et puis chasser et crever misérablement. Et on les oublie parce qu’au final, si on se souvenait d’eux, c’est uniquement parce qu’on les croisait.
Ils n’avaient pas plus d’importance que maintenant qu’ils sont morts. Personne n’est important et peut-être que nous n’aurions jamais dû être là, parce qu’il faut qu’on fasse comme les autres si on veut survivre, alors tout le monde fait comme les autres, et on avance à reculons.
Mais on m’appelle, alors peut-être qu’on tient quand même à moi, même si je ne comprends pas pourquoi. Les autres sont différents, je ne sais pas pourquoi non plus mais au final je ne sais pas grand chose. Les autres non plus, et pourtant ils n’essaient pas d’en savoir plus, ils vivent sans cesse dans cette ignorance et ça m’énerve parce qu’ils disent que je me pose trop de questions. Ils répondent toujours “parce que c’est comme ça”, avec ce ton qui veut dire que je les agace, et je ne comprends toujours pas parce que je ne trouve pas de réponse.
Et personne ne peut me les apporter. C’est comme si j’étais la seule à me poser ces questions. C’est peut-être pour ça que je suis différente. Même si tout le monde est différent, ils ont tous des points communs que je ne trouve pas chez moi.
À moins que ce ne soit parce que je ne veux pas les voir. Peut-être bien qu’au final je suis comme tout le monde.
« Petite Pierre, comment tu fais ? Comment tu fais, pour oublier ? »
Pour oublier quoi ? Je n’oublie rien, moi. Sauf les noms des guerriers mais c’est parce que je m’en fiche. Je n’oublie aucune douleur mais aussi aucun moment de joie, mais je ne sais pas de quoi Petit Soleil me parle. J’imagine bien que ce n’est pas de moments de joie. Il veut oublier les moments difficiles et je ne sais pas. Je n’oublie pas.
« Oublier quoi ? Je n’oublie pas. »
La question serait plutôt de savoir comment je vis avec tout ça, mais je ne fais que survivre. Je continue de me nourrir et d’avancer, sans vraiment savoir pourquoi. Je continue parce que c’est ce qu’ils veulent et que je ne peux pas mourir. Je n’aurais pas le courage de mettre fin à ma vie de toute façon, même si elle ne vaut rien. Elle ne vaut pas moins que la vie de quelqu’un d’autre. Ils ne s’en rendent seulement pas compte.
Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi cette fois. Non, écrase-toi au sol, incline-toi et oublie tes propres problèmes. Le monde est égoïste et parler de soi n’amène jamais rien de bon. Ils se fichent tous de ce qu’on peut ressentir, alors je souris, je m’approche, je pose ma queue sur l’épaule de celui que je considère comme un frère.
J’aimerais qu’il soit plus heureux mais lui aussi il a perdu sa mère, et si moi je n’ai pas connu la mienne, ça fait quand même un trou dans le cœur. Ce qui fait le plus mal c’est la solitude, mais je ne fais rien pour en sortir. Parfois je vais vers les autres et ce qu’ils disent me révoltent, je ne comprends pas et ils me trouvent bizarres alors ils préfèrent que je ne reste pas avec eux.
« Je ne pleure pas les morts parce qu’ils sont morts, ils n’ont pas besoin de ces larmes. Ils s’en fichent pas mal, eux. Je pleure pour les vivants parce qu’ils ne comprennent pas, je pleure sur mon sort parce que je suis égoïste et que je suis le centre de mon propre monde, je pleure sur ce monde parce qu’il ne me laisse aucune place. »
Mais je ne pleure pas les morts. Et au final je parle encore de moi, toujours. Je ne voulais pas. Je reprends pour Petit Soleil, parce que c’est plus important au final.
« Pourquoi pleures-tu les morts ? »
Parce que j’aimerais comprendre. Moi je ne comprends pas ceux qui se lamentent mais c’est sans doute juste l’absence, donc au final ça revient à pleurer sur soi-même. Parce que la douleur de l’absence c’est nous qui la ressentons, pas les morts, alors au final c’est peut-être quand même pour lui qu’il pleure. Peut-être ne suis-je pas aussi égoïste que je ne le pense.
« Pourquoi tu n’essaies pas de vivre toi ? »
Parce que moi non plus je n’essaie pas mais j’ai mes raisons, et peut-être que lui aussi et je voudrai les comprendre.
Le personnage
Sexe du perso:
Âge du perso:
Mentor / apprenti :