Seuls contre le mondeAvec Petit Océan ♥

Jour 32. Maman n’était toujours pas revenue. Elle était morte, je le savais, mais quelque part dans mon petit coeur de chaton, j’avais gardé un espoir que ce n’était qu’un cauchemar, ou qu’ils s’étaient trompés, et qu’elle n’était pas vraiment morte. Mais là, ça faisait trop longtemps. Et Petite Pierre m’avait dit de ne pas pleurer les morts. Même si je ne comprenais pas vraiment. Elle me manquait, Maman. Elle me manquait beaucoup, et c’était dur, sans elle. Même Papa était très triste, et il nous aidait pas vraiment du coup. Enfin, on devait un peu se débrouiller tout seul. Il avait déjà assez à faire avec sa propre tristesse, je crois.

Je me tournai sur mon lit de mousse, cherchant une place plus confortable pour trouver le sommeil. Même si je savais pertinemment qu’il ne viendrait pas. Ce n’était pas simple de dormir avec une tornade de pensées dans le cerveau, une tempête qui tourne et mélange tout. Je pensais tout le temps, à plein de choses, même à d’autres choses que la mort de Maman, mais c’était pas des choses plus joyeuses. Ça tournait en boucle dans ma tête, en un tourbillon incessant, un tourbillon épuisant. Pourtant, ça me gardait éveillé. C’était très ironique. Mais la vie n’est que ça, une immense ironie qui se fout de ta gueule.

Je sentis Petit Océan se serrer contre moi. Il ne dormait pas non plus, apparemment. Je me serrai contre lui, moi aussi, un peu plus fort. Oui, on était ensemble, au moins. J’avais toujours Petit Océan avec moi, et c’était le plus important, non ? Il y avait aussi Petite Pierre et Petite Chèvre, et tous les autres, nos frères et soeurs de lait. Mais c’était pas pareil. Petit Océan serait toujours le plus important, parce que c’était mon vrai frère. Et il était le seul qui pouvait vraiment comprendre, parce qu’il vivait la même chose. On avait le même sang.

« Petit Soleil, on va s’en sortir, hein ? »

Une larme coula sur mon pelage, mais ce n’était pas la mienne. Je me blottis plus fort encore contre Petit Océan, et lui léchai le haut du crâne pour le rassurer. J’étais l’aîné, après tout. De quelques minutes seulement, mais j’étais l’aîné, et c’était à moi de le rassurer et de le protéger. Comme tout grand frère qui se respecte.

« Tant qu’on sera ensemble, on s’en sortira toujours. Je te le promets. »

J’essayai de sourire, mais j’avais plus envie de pleurer, moi aussi. Pourtant je retenais les larmes au fond de la gorge, pour ne pas que Petit Océan les voie et s’inquiète encore plus. Je devais être fort. Pour lui, et un peu pour Papa aussi. Je ne devais pas montrer que j’avais aussi peur et aussi mal que lui. Parce que j’étais Petit Soleil, je me devais d’être la lumière dans cette immense cauchemar.