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Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumLa douleur infinie de celui qui reste | Whale ft. Lune de Cristal (Clem)
Jeune recrue
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Le personnage
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Baleine à Bosses
Lun 5 Aoû 2019 - 22:35
Bon, eh bien ce jour-ci serait un jour sans.
Elle s'était levée avec rien d'autre comme sensation qu'une espère de spirale dans le ventre. Une spirale, ensorcelante, infinie, lourde, sombre. Un trou, rongé à l'acide, profond, noir, vertigineux. Elle fixait le sol d'un air épouvanté, désespéré, comme si elle pouvait lire, entre la poussière et les feuilles, quelque message du Clan des Étoiles qui la rassurerait. Elle avait l'impression qu'une boule de feu s'était logée au coin de ses côtes, entre son poitrail et son ventre, pile au milieu, et que cette boule brûlait, petit à petit, de plus en plus fort, telle une crampe, telle une épine, comme si un chien lui arrachait les flancs, lambeaux par lambeaux, en prenant tout son temps, en se délectant du spectacle, suffisamment lentement pour qu'elle reste en vie, mais souffre un maximum.
Oh, mon coeur. Oh, mon coeur.
Déjà, se lever. Acte mécanique, si facile d'habitude, mais ce jour-ci, l'effectuer pesait sur ses épaules telle une chape de plomb. Elle banda ses pattes avant, les tendit, lentement, en tremblant, puis ses pattes arrières suivirent. Là, elle était debout. Elle tourna la tête à gauche, à droite, pour dénouer les muscles de sa nuque. Puis, ah oui, s'étirer. Elle avança ses hanches vers le sol pour étirer son dos, ses lombaires, ses cuisses, ses pattes arrières. Puis, l'arrière-train presque posé sur sa queue, elle étira ses pattes avant. Les mouvements habituels de la matinée, en somme. Mais ce jour-ci, elle eut du mal à les accomplir sans penser à autre chose. Elle observait ses pattes grises en voyant une autre couleur de fourrure à la place.
Pitié, mon cœur. Laisse-moi tranquille. S’il-te-plaît.
Elle resta de longues minutes le regard dans le vide, cherchant dans son crâne résonnant quelque chose à faire, un acte à accomplir, un but, une tâche à effectuer pour occuper son esprit et éviter ainsi la douleur qui l’étreignait. Elle espérait que Poil de Renard lui rendrait bientôt visite. Il savait toujours comment la faire sourire lorsqu'elle allait mal. Un sourire lui monta au lèvres en pensant à son pelage roux et ses pattes blanches, sa fourrure à la fois douce et fraîche, son odeur de menthe étonnante, et ses oreilles noires. Elle fouilla le camp du regard, cherchant sa silhouette agile et son éclat solaire, lorsque ça lui revint. Il ne viendrait pas. Il ne le pouvait pas. Il était mort.
Oh, pourrais-tu, pourrais-tu me laisser seule ?
Alors elle se décida à bouger. Avancer ses pattes, les unes après les autres, le regard droit devant elle, vide mais hanté. Avancer, centimètre par centimètre, d’un pas lent, pour ne pas réveiller son dos abîmé. Presque rompu lors de son dernier accouchement. Elle frissonna en repensant à ce souvenir, et l’espace d’un instant, la douleur disparut presque.
« Et j’halète, j’halète, les chatons sont trop gros, mon dos se tord. Un éclair le traverse, une décharge électrique, et je me rends compte que ce n’est pas normal. Je mord le bâton que l’on m’a apporté, de toutes mes forces, rien ne marche. Je gémis, plus violemment que d’habitude, plus violemment que précédemment. Je ne sens plus mes pattes arrières. Je me tord, je m’arc-boute. Une lueur étrange paraît dans les yeux de la guérisseuse. Elle attrape mon dos, le force à rester immobile, dans l’axe de ma nuque. Une contraction, une autre. La douleur se fait encore pire. Mais pas dans mon ventre. Dans mon dos. J’appelle Poil de Renard. Je veux le voir.
Poil de Renard. »
Elle secoua la tête, soupira, essayant par une inspiration de détendre ce noeud dans son ventre, et atteint enfin la pile de gibier. Il y avait de tout. Des écureuils, des souris et mulots, un lapin, et même un moineau au sommet. C’était sa proie préférée. Ou ça l’est encore. Elle n’en sait rien. Elle ne sait plus.
Je sais que tu es avec moi. Tu me vois, d’en haut. Mais moi, je ne te vois pas. J’ai besoin de te voir. J’ai besoin de toi.
Elle ne mangea pas. Elle n’avait pas non plus envie de retourner dans le coin des anciens. Elle voulait juste.. mourir. Le retrouver. Ne plus être seule.
Et tout s’enchaîne. Et puis elle souffre. Et puis ça continue. Et c’est un cauchemar. Et où est la putain de sortie ?
“Elle regardait autour d'elle, elle ne voyait que du noir. Une étendue d'obscurité impossible à percer. Pas moyen de passer outre. Elle voyait flou, elle voyait noir, elle ne voyait absolument rien. Parfois une flamme, pas très loin. Comme celle d'une bougie. Vacillante, fragile, relativement rassurante. Elle n'arrivait pas à l'attraper. C'était juste impossible. Tout était gris et noir, tout dépendait de ce qu'elle pouvait atteindre, de cette flamme qu'elle cherchait à attraper, à capter par tous les moyens possibles. Mais elle ne pouvait pas.
Elle n'était pas attachée, non, elle était juste écrasée, par tous ses membres, d'un poids si lourd que bouger un doigt, remuer une paupière devenait un effort épuisant. Mais au début, elle voyait un peu plus de gris que de noir. Au début, elle appréhendait l'obscurité de trente manières différentes, elle en cherchait les bons côtés, elle louait le calme, elle louait la paix, elle louait ce silence. Au début, la bougie brûlait et flambait haut, c'était presque une lanterne. Au début, elle acceptait. Elle avait mal, mais elle acceptait.”
Maintenant, elle refusait.
Elle refusait, elle haïssait cet état, elle haïssait ce mal, elle haïssait cette maladie qui lui avait arraché tout ce qu’elle aimait. Elle avait aimé tant de chats. Et tant étaient partis. Petite Lionne, Petite Lionne devenue Nuage de Lionne, de sa première portée, morte si jeune. Et sa mère, ensuite. Et son père. Et sa sœur, partie. Et les lunes de paix.
Et ses enfants, et son frère, et lui.
Et quoi qu'il m'arrive, quoi que je me fasse
Ça ne me fera jamais aussi mal qu'à l'intérieur
Ça se tord, ça se serre, ça se noue
Ça me brûle, ça se glace, ça bout
Une barre de métal chauffée à blanc se déformant
Quoi qu'il m'arrive, quoi que je me fasse
Ça ne me fera jamais aussi mal qu'à l'intérieur
Et au fur et à mesure que les aiguilles se déplacent
C'est presque comme si on me déchirait le cœur.
Le soleil continua sa course dans le ciel, les guerriers continuèrent de chasser, son cœur continua de se déliter.
« Eh, Blue. C’est quoi, cette tête ?
C’est la tête d’une Baleine qui déprime. Pourquoi ?
Pourquoi quoi ? Pourquoi je te pose cette question ? Parce que j’avais envie d’attirer ton attention. Pourquoi je m’en inquiète ? Parce que je tiens à toi.
Non, pourquoi t’es plus là. Pourquoi je me reconnais plus lorsque ton absence se fait sentir. Pourquoi ta mort a éteint quelque chose en moi, plus que celles de tous ceux auxquels j’ai tenu. Pourquoi tes prunelles me manquent, pourquoi mon corps se sent mort depuis que je ne peux plus sentir ton contact, pourquoi je me sens poids mort depuis que tes mots ne peuvent plus m’alléger.
Ça ?
Oui.
C’est parce que tu m’aimais. »
Les Rochers du Soleil sont hauts, pas assez. Elle ne peut plus grimper à un arbre pour s’élever, pour se rapprocher du ciel et suivre la course du soleil. Il a beau se lever tous les matins, la terre finit toujours par l’avaler et la nuit s’installe.
Et tu étais mon soleil, et il semble que la nuit est trop sombre depuis ta mort.~ /\ ~
Il fait nuit. Dans le ciel et dans son cœur aussi. Elle sort du camp, elle ne veut pas y retourner. Elle voudrait ne jamais y retourner, mais elle y sera dès le lendemain, parce qu’elle le doit, parce que tu le lui as demandé.
Tu m’as condamnée à rester pour mes derniers grammes de bonheur, mais j’ai tellement besoin de retrouver toutes ces tonnes de joie qui tu as emportées avec toi.
Elle courut à travers la forêt, oubliant son dos, humant les airs. Les odeurs étaient incroyables. Persil, genévriers, baies, feuilles de chêne, les oiseaux, les souris, les mulots, l’humidité dans l’air, le parfum sombre de la nuit, les senteurs boisées des buissons, les fumets des trèfles des fleurs et de l’herbe, du humus et de la mousse, des racines et de la menthe.
Le parfum de la menthe.
Elle finit par arriver aux Quatre Chênes. Elle grimpa sur le grand rocher, depuis lequel les quatre chefs siégeaient pour annoncer les nouvelles des Clans, et leva son museau vers le ciel. La lune brillait et éclairait le terrain comme en plein jour. Des traînées d’étoiles, comme des gouttes de lait et de nacre sur une toile teinte bleu marine, s’étalaient sur la voûte sans qu’une seule ombre ne vienne gâcher le tableau. Tout était dégagé, calme, paisible. Ces lueurs brillaient si fortement qu’elle s’en retrouvait aveuglée. À moins que ce ne soient ses larmes qui lui brouillaient la vue. Aucun souffle n’agitait les branches, il faisait bon. Une nuit magnifique.
Magnifique, mais pas incroyable. Parce qu’il était absent.
Elle s’assit et garda le museau vers le ciel, essayant de repérer parmi les étoiles celle qui constituait son compagnon décédé.
« “Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi.
“Réfléchi, Blue ? Ça ne te ressemble pas, pourtant.
“C’est ça, moque-toi. Non, vraiment réfléchi.
“Eh bien, donne moi donc le fruit de tes réflexions. Je t’écoute. Tout va bien, au moins ?
“… Je n’en sais rien.
“Je suis là, si tu as besoin, tu sais.
“Je sais. C’est pour ça que je t’en parle.
“Allez, dis-moi ce qui te tracasse.”
Et il plongea ses prunelles inquiètes dans celles de la guerrière, attentif. Elle aurait voulu parler calmement, d’un ton ferme, sûre d’elle. Elle n’y arriva pas.
“J-je, eh bien. Je, enfin, je m’en suis rendue compte il y a peu, et, enfin, je sais que tu t’en fiches m-mais, enfin, comment dire..” Et il la dévisageait, intrigué, surpris par ses hésitations. Il ne l’interrompit pas, ne voulant pas aggraver son trouble.
“Oh, bordel, quelle cervelle de souris je fais. Je, je, je, rha. Il y a un chat qui… qui… enfin..
“Qui te plaît ?
“Non..
“Que tu aimes ?
“J-je crois ..?
“C’est plutôt quelque chose d’heureux, non ?
“Non, je ne pense pas. Il m’a déjà fait comprendre, il y a longtemps, qu’il n’était pas intéressé.
“C’est moi ?”
Elle sursauta, voulu démentir, n’en fut pas capable. Il soupira, mais elle vit qu’il souriait. Il souriait comme si des millions d’étoiles brillaient brusquement dans ses iris.
“Tu disais que tu étais une cervelle de souris ? Tu avais parfaitement raison. Évidemment, que je t’aime, Baleine Bleue.” »
« SI TU M’AIMAIS, TU ME VOUDRAIS AVEC TOI ! OÙ ES-TU, DANS CETTE VIE ? » Et elle se retint de s’effondrer en sanglots. Elle avait de nouveau son énergie d’antan, se fichait de son dos mort, de son cœur disloqué. Elle haïssait ces lueurs, elle haïssait Poil de Renard, pour lequel elle vivait parce qu’il l’avait voulu, parce qu’il le lui avait demandé. Tu sais, on a vécu de belles lunes, tous les deux. Et même avant. Lorsque tu étais à peine guerrière, et que je te trouvais déjà magnifique, et tu le sais. Lorsque tu étais parmi les premiers au front, en pleine bataille. Toutes tes lunes de jeunesse, tes jeux avec ton frère, tes jeux avec ta sœur. Et quand on est devenus amis, nous deux. J'aurais tout fait pour que tu retrouves le sourire. Je crois que j'ai réussi, n'est-ce pas ? Nos premiers chatons. Regarde comment ils sont aujourd'hui. Ces parfaits chasseurs. Regarde toutes les fois où l'on a chassé ensemble. Pour ces moments, ça vaut la peine de se lever, le matin. Alors, s'il te plaît, n'oublie rien. N'oublie pas toutes ces fois où tu bavardes avec des chatons en leur donnant des idées de bêtises. N'oublie pas la joie que tu éprouveras lorsque l'un de tes petits-enfants deviendra guerrier. N'oublie pas à quel point tu adores rejoindre les autres anciens pour râler. N'oublie pas comment tu fais semblant de ne rien comprendre si l'un de ces guerriers pompeux t'adressa la parole. N'oublie pas tout ce que tu aimes. Parce que sinon, tu vas vouloir me rejoindre. Et ça, je ne le veux pas.
« ET CE QUE J’AURAIS VOULU, MOI ? JE NE VEUX PAS VIVRE SANS TOI. JE T’EN PRIE, DIS-MOI QUE TU ES LÀ. »
Et tout se mélangeait dans son crâne.
“Évidemment, que je t’aime, Baleine Bleue. “Bah alors, la Blue devient Brune ? Tu es toute sale. “Tu t’es bien battue. “Tu n’aurais rien pu faire pour ta sœur. Arrête de t’en vouloir. “Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Parfois, j’ai l’impression que je ne te le dirais jamais assez. “J’aurais jamais cru voir un jour une baleine avoir eu peur de finir noyée. “Eh bah, heureusement qu’il s’est enfui. Je t’ai rarement vue te battre aussi bien, bravo. “Des chatons ? Tu es sûre ? “Tu vas bien ? Repose-toi, je t’ai apporté un écureuil. Essaie de mettre plus de deux minutes à le manger, aujourd'hui. “Regarde, celle-ci est parfaite. Elle est tellement belle. C’est ton portrait caché. “Eh, Patte Céleste, j’ai bien vu que tu ferais une aussi bonne chasseuse que ta mère, mais c’est ma queue, que tu viens d’attraper. “Regarde les, tellement heureux d’être apprentis. Je suis content que tu reviennes dormir avec moi, en tout cas. “... “... “N'oublie pas tout ce que tu aimes. Parce que sinon, tu vas vouloir me rejoindre. Et ça, je ne le veux pas.
« Reviens, je t’en prie. Ou parle-moi. Tu me manques. Tu me manques tellement … »
/ La douleur infinie de celui qui reste,
Comme un pâle reflet de l’infini voyage
Qui attend celui qui part. \
Et elle pleurait.
Guerrier expérimenté
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Lune de Cristal
Mer 7 Aoû 2019 - 17:01
la douleur infinie de celui qui reste
Clém x Gone
Le calme absolu. Le silence. La tranquillité. L'apaisement.
Une étendue d'herbe, vaste plaine au toucher moelleux, balayée par une brise fraîche, apportant une douce senteur, mélange agréable du parfum sucré des fleurs et de la senteur des prairies. Il faisait nuit, une nuit profonde, appuyée par un ciel presque noir, auquel s'accrochait des centaines de points lumineux, formant de vagues et dansantes silhouettes. La voûte céleste abritait aussi une lune pleine, ronde, lumineuse, qui donnait à cette nuit pourtant si sombre un aspect de jour de saison des feuilles vertes. Lune de Cristal était assise, contemplant du haut d'une colline l'herbe ondulant au gré du vent dans ce paysage surréaliste. Le temps était figé dans cette atmosphère apaisante, et pour rien au monde la féline au pelage de neige qui semblait brillait n'aurai voulu qu'il reprenne son cours. Ici elle était bien, loin de tout, loin du monde, loin des occupations du camp. Seule face à cet océan fébrile. Seule face au silence de la plaine. Seule. Seule et apaisée.
Puis, vint une lumière perçante, insupportable aux yeux. Une lumière puissante et jaune, qui ne cessait d'enfler, écrasant de sa force la noirceur de la nuit, la lune, les étoiles, la plaine, l'herbe, la colline. Faisant disparaître cet idylle de calme et de silence. Le remplaçant par une bourdonnement sourd et aigu. Et par la désagréable sensation d'être malmené.
Un des guerriers du Clan du Vent secouait de la patte l'épaule de la jeune chatte endormie, trop violemment à son goût. Lune de Cristal maugréa., maudissant celui qui mettait fin à son sommeil. Et par la même occasion faisait disparaître ce rêve si agréable. Elle distingua à peine les paroles de son camarades, l'esprit se raccrochant encore au bribes de sommeil qui s’évanouissait.
- Debout, le soleil est déjà haut, il est temps de se réveiller.
Le chat qui l'avait réveillé reparti, non sans lui donner un dernier coup de patte sur le bout du museau, la laissant émerger tranquillement. Il fallut quelques minutes à la guerrière pour se remettre de son rêve. Tout était si calme, si paisible, j'y étais si bien. Lune de Cristal se leva et s'étira longuement, réveillant chaque muscle de son corps. La journée allait être rude, malgré sa longue nuit de sommeil la guerrière se sentait courbaturée, fourbue, fatiguée en somme. Elle avait faim. Très faim, son dernier repas remontait à hier, dans l'après midi, et son ventre criait famine, envoyant des signaux impossibles à ignorer par son esprit déphasé. La guerrière rejoint la tas de gibier, choisit un petit rongeur, certainement ramené par un apprenti, en cette saison ils étaient beaucoup plus simples à trouver sur le territoire.
Après avoir terminé son repas en quelques bouchées Lune de Cristal se lécha les babines et entreprit un brin de toilette avant de quitter le camp. Elle était seule, mais cela lui allait. Elle avait la tête comme embrumée et n'aurait pas été de très bonne compagnie. Enfin, pas autant que d’habitude, elle n'avait pas l'envie de discuter, de rire. De plus, sa fatigue la quittait à peine, et elle aurait sûrement était plus un poids qu'autre chose dans une patrouille ou une expédition de chasse. Non, cette journée n'était décidément pas la meilleure. Et visiblement cela n'allait pas aller en s'arrangeant.
Mais ça continue encore et encore
C'est que le début d'accord, d'accord
Et ça continue encore et encore
C'est que le début d'accord, d'accord
Et cela continua en effet. Le temps passa lentement pour Lune de Cristal. Cet après-midi lui sembla interminable. Elle chassa tant bien que mal un lapin et un petit campagnol, faisant des efforts démesurés pour se concentrer sur ses proies, en laissant échapper plusieurs, faisant gonfler une colère sourde en elle, vite effacée par la lourdeur de ses membres fatigués.Elle rapporta ses maigres proies au camp, épuisée. La chaleur accablante du jour n'aidait pas la guerrière au pelage épais, et chaque pas était plus pénible que le précédent.Elle trainait sa queue touffue au sol, ramassant poussières et brindilles. Elle n'était décidément pas dans son état normal. Mais étrangement, et en dépit de son épuisement, elle ne voulait pas rester au camp. Elle y étouffait, elle avait une désagréable sensation qui s'installait en elle, au creux de son ventre et au fond de sa gorge. Tristesse ? Non. Mélancolie ? Pourquoi ? Elle n'avait rien à regretter. Fatigue, juste une immense fatigue.
Petit à petit le soleil déclina, le crépuscule s'installait, perdant la lumière puissante de l'astre et assombrissant le ciel. Lune de Cristal avait de nouveau quitté le camp. Mais sa fatigue, elle, était restée. Marcher était épuisant, mais elle continuait à déambuler sur le territoire sans but précis, appréciant enfin le retour de la fraîcheur, cherchant un endroit où arrêter ses pas.
Cette nuit qui approchait ressemblait presque à son rêve. Calme et silencieuse, loin de tout. La jeune chatte sentait que sa fatigue la faisait peu à peu dériver, amenant à son esprit des pensées peu cohérentes, portées par la seule envie, le seul besoin, de sombrer dans un sommeil profondément réparateur. Elle se sentait presque bien, perdant peu à peu le contact avec le monde. Alors, elle répondit au désir de son corps, elle marcha jusqu'à trouver un petit bosquet de bruyère, le renifla, tourna en rond et s'allongea au sol, roulée sur elle même, le museau perdu derrière les poils immaculés de sa queue touffue. Lune de Cristal permit enfin à son esprit et ses pattes lourdes de se reposer. Elle sombra rapidement dans un sommeil profond, comme cotonneux, comme enveloppée dans une ouate épaisse et rassurante. Un soulagement.
Le pelage balayé par le vent, Lune de Cristal se sentait enfin mieux. Elle se réveilla dans la nuit noire et fraîche. Elle contempla longuement le ciel, constellé d'étoiles, et pensa à tous ces aïeuls, ces chats courageux, loyaux, forts, méritants, qui reposaient en paix et contemplaient la forêt depuis le ciel. Elle apercevait cette traînée lumineuse et envoutante qui donnait toute sa poésie à ce tableau. Son esprit était beaucoup plus clair. La fatigue atténuée. Cette journée à été difficile, et je suis bien contente qu'elle se termine.
En se retournant elle aperçu l'imposante silhouette des Quatre Chênes, au bord de son territoire. La jeune chatte dégourdi ses pattes, étira son dos et profita d'être si proche de ce lieu bénit par le Clan des Étoiles pour s'y rendre. Peut être y trouverait-elle l'apaisement et le calme qu'elle recherchait après cette journée éreintante.
Lune de Cristal se mit en route, elle se sentait revigorée, et elle ne mit pas longtemps à arriver à la frontière du territoire de son Clan. La guerrière la traversa sereinement, entrant sur un territoire libre de rivalité clanique. Pourtant, elle ne se senti pas plus apaisée. Le vent qui balayait les terres qu'elle venait de quitter soufflait dans sa direction, elle avait sans mal reconnu une odeur distinctive. Un autre chat. Méfiante, bien que dans son droit, elle se rapprocha le plus discrètement possible, humant l'air et fut enfin apte à nommer cette odeur clanique. Le Clan du Tonnerre.
Alors elle se détendit un peu, il n'y avait à priori aucune raison que ce chat soit mal intentionné, le Clan du Tonnerre et le sien était en bons termes, ou du moins aucune rivalité publique n'était à l'ordre du jour. Lune de Cristal réfléchit à laisser ce chat seul. Si il était venu jusqu'ici en pleine nuit il ne voulait peut être pas être dérangé par une inconnue, et les motivations de sa venue ne la regardait guère. Peut être ferait-elle mieux de rentrer au camp, après tout on s'inquiétait peut être de ne pas l'avoir vue rentrer depuis le coucher du soleil.
La jeune femelle s'apprêtait à faire demi tour quand ses oreilles remuèrent.Lune de Cristal perçut un miaulement. Il était évident que celui ci venait des Quatre Chênes, elle était assez proche pour être persuadée de la provenance du son. Et puis, à ce moment il ne devait pas y avoir beaucoup de chats qui gambadaient sur le territoire. Elle aurait pu ne pas s'en soucier, mais quelque chose dans ce miaulement la dérangeait, retenait son attention. Il était douloureux, triste, en colère, frustré. Quelque chose clochait. Le chat qui était là bas n'allait pas bien. Et il exprimait son mal être.
Lune de Cristal ne prit pas vraiment le temps de réfléchir à l'entente d'un deuxième miaulement. Ce chat n'était pas de son Clan mais après tout elle n'était pas sur son territoire, elle avait tout à fait le droit d'aller voir qui il était. Et pourquoi il semblait si malheureux cette nuit. La féline s'élança rapidement et n'eut besoin que de quelques foulées pour atteindre les immenses et majestueux troncs.
De là où elle était, dissimulée derrière l'un des chênes, tapie au col, elle perçue une silhouette sur le Grand Rocher. Une silhouette âgée et courbée.Tremblante de rage ou de sanglots, elle ne savait pas. Elle tendit l'oreille quand le chat du Clan du Tonnerre ouvrit la gueule, et elle perçut les paroles déchirantes de cette âme en peine.
« Reviens, je t’en prie. Ou parle-moi. Tu me manques. Tu me manques tellement … »
Le chat qui était là haut pleurait. Des larmes douloureuses. Et Lune de Cristal sentit son cœur se serrer. Entendre cette voix tremblante lui retournait le ventre. Quiconque était assis sur ce Grand Rocher exultait une peine profonde et enfouie. Avait-elle le droit d'être là, d'assister à ce moment ? Ne ferait-elle pas mieux de partir ? Tout d'un coup elle fut envahi de doutes. Mais il était trop tard pour renoncer. La guerrière s'en voudrait trop de partir maintenant, de laisser ici et seul un chat vraisemblablement en train de lâcher prise.
Petit à petit elle sorti de l'ombre, espérant ne pas effrayer le chat qui était perché. Il ne semblait pas lui prêter attention, ou tout simplement il semblait ne pas la voir. Elle fit attention à ne pas faire de bruit en marchant et s'approcha au bord du rocher. Le chat sembla la remarquer car il releva la tête et eu un mouvement de recul. Lune de Cristal priait pour qu'il ne s'enfuit pas en la voyant. Elle prit le temps de détailler ce chat inconnu. Et à bien y regarder c'était une femelle. Oui une chatte âgée, ou qui en avait l'air, avec le museau blanchi. Mais c'était une chatte à la carrure imposante, aux poils bleus-gris sûrement soyeux et au regard magistral. Même voilés par la tristesse Lune de Cristal percevait leur éclat bleu saisissant.
La jeune chatte prit conscience du temps qu'elle venait de prendre sans se présenter et se racla la gorge pur se donner une consistance.
- Je...Bonsoir, je m'excuse, j'avais entendu miauler pendant que je me balader dans les aprages et hum... Elle réfléchit à toute à l'allure. Présente toi cervelle de souris ! Oh ! Et je m'appelle Lune de Cristal, du Clan du Vent.
Lune de Cristal se dandina sur ses pattes, un peu mal à l'aise de son initiative mais au fond d'elle résonnait une voix qui était persuadée que c'était la bonne chose à faire. Faire demi-tour et partir aurait fiat surgir une immense culpabilité chez la jeune féline.Laisser cette chatte seule à son désespoir était inconcevable. Surtout quand elle voyait ces yeux, embués de larmes, des larmes qui charriait une tristesse si puissante qu'elle touchait la jeune guerrière, qui ne connaissait pourtant rien de l'histoire de cette chatte du Clan du Tonnerre, à l'allure si imposante.
ASHLING DE LIBRE GRAPH'
HRP : faut pas s'inquiéter pour Cristou, c'est une simple déshydratation
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Baleine à Bosses
Sam 10 Aoû 2019 - 16:19
Et tout se mélangeait, se brouillait, tourbillonnait, brûlait.
''« Blue, à ta droite ! » « Comment ? » Poil de Renard bondit sur le guerrier qui avait faillit déchirer les oreilles de sa compagne en feulant. Baleine Bleue se secoua, un peu désorientée. Le chasseur roux griffa le dos de l’ennemi, qui s'ébroua pour le chasser et disparut entre les fourrés pour se jeter plus loin dans la bataille. « Arrête de bâiller aux corneilles et secoue-toi ! », lui râla-t-il dessus. Elle retrouva ses esprits et le suivit dans la mêlée.''
Il avait le don de me remettre à ma juste place, de me faire revenir sur terre. Je t'en prie. Dis quelque chose.
Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois ?
Qu'est ce que tu dirais toi si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m’envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais toi si t'étais là ?
Les larmes coulaient sur son museau, troublaient sa vue, en des milliers de teintes de couleurs sombres indécises. Elle cherchait du roux et du vert. Elle n'en voyait nulle part. Elle l'imaginait, avec sa fourrure ébouriffée, constellée de poussière d'étoile, la fixant avec tristesse depuis les cieux, mais ne venant pas la voir, ne faisant pas un seul mouvement, un seul geste. Si seulement elle était chef. Non pas pour le pouvoir. Mais pour avoir le droit de se rendre à la Pierre de Lune voir son compagnon.
Puis elle distingua une silhouette embrouillée à travers ses sanglots, écarquilla les yeux, remarqua deux billes vertes. Et un formidable espoir naquit dans son cœur, qui s'évanouit aussi sec lorsqu'elle put voir que la fourrure du nouvel arrivant était d'un blanc crème, et non pas rousse ; il s'agissait de plus d'une femelle.
« Je...Bonsoir, je m'excuse, j'avais entendu miauler pendant que je me balader dans les parages et hum... Oh ! Et je m'appelle Lune de Cristal, du Clan du Vent. »
Elle peinait à comprendre les mots que lui adressait la jeune guerrière. Elle finit par comprendre qu'elle s'était présentée, et qu'elle-même le devrait peut-être. « Je suis Baleine à Bosses, du Clan du Tonnerre », dit-elle en se forçant pour s'ancrer à la réalité et prononcer ces mots.
La guerrière avait l'air si jeune. En un éclair, la Whale vit passer devant ses yeux des bribes de sa vie. Elle, jeune guerrière, à charmer chaque mâle de son Clan. Elle, jeune, avec ses premières portées. La mort de sa mère, la colère de sa sœur. La mort de son père, l'exil de sa sœur. La mort de sa fille, Nuage de Lionne. Tout se mélangeait, pas forcément dans le bon ordre. Poil de Renard qui la repousse, jeune. Plus tard, ce même Poil de Renard qui la traite de cervelle de souris en lui confiant que c'est réciproque. D'autres chatons, d'autres morts. Le mal rouge. Fluidité du Dauphin. Puis, Poil de Renard. Et maintenant. Survivre, vivre. Le verbe dépendait des jours.
Ce jour-ci, il s'agissait d'une survie. Elle leva son regard vers les étoiles, inspirant profondément.
« Tu penses qu'ils nous observent ? »
Guerrier expérimenté
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Lune de Cristal
Lun 19 Aoû 2019 - 13:28
la douleur infinie de celui qui reste
Clém x Gone
La vieille féline grise lui répondit d'une voix qui semblait incertaine.
« Je suis Baleine à Bosses, du Clan du Tonnerre »
Baleine à Bosse. Ce nom ne lui disait rien, pourtant la femelle en face d'elle devait avoir combattu beaucoup de batailles, et vécu beaucoup des évènements marquant des dernières saisons de la forêt. Quand elle même n'était qu'un chaton, voir avant qu'elle ne naisse. Était-elle venue se recueillir cette nuit ? Pensait-elle à ses lunes passées ? Peut être. Mais alors qu'est ce qui provoquait une telle tristesse, cette profonde mélancolie ?
Baleine à Bosses leva le museau vers les étoiles, instinctivement Lune de Cristal fit de même scrutant la voûte céleste.
« Tu penses qu'ils nous observent ? »
La féline blanche fut d'abord surprise d'entendre à nouveau la voix de l'ancienne du Clan du Tonnerre. Elle se demandait si cette question lui était bien adressée. De toute évidence oui, elles étaient seules. Est-ce qu'ils nous observent ? Le Clan des Étoiles. Celui que les guerriers rejoignait quand leur vie dans la forêt s'arrêtait. Ils partaient chasser avec les aïeuls. Ce Clan devait veiller sur ceux de la forêt, ses membres envoient des signes aux chefs et aux guérisseurs pour protéger la forêt. Alors oui, ils devaient les observer. Même à cet instant précis. Deux chattes que tout sépare réunies aux Quatre Chênes cette nuit.
Lune de Cristal répondit doucement.
"Oui, ils doivent nous observer. Ils veillent sur nous, même si on ne s'en rend pas toujours compte."
Elle dévia son regard sur l'ancienne, l'observant à nouveau. Si elles étaient là ce soir, peut être était-ce une volonté du Clan des Étoiles. Ne sois pas ridicule Lune de Cristal... La guerrière du Clan du Vent reprit la parole.
" Ce qui est sûr c'est que la haut, parmi le Clan des Étoiles, il y a forcément un chat qui est désolé de voir que Baleine à Bosses pleure ce soir."
Lune Cristal attendit la réponse de la chatte grise. Elle savait que cela ne la regardait pas vraiment, mais c'était une certitude, là haut il y avait forcément un chat qui tenait à elle, un chat qui l'avait aimé de se vie dans la forêt et qui l'aimait toujours, que ce soit un parent, un ami, un compagnon. Cette nuit, dans le Clan des Étoiles, quelqu'un devait être déchiré pour elle, quelqu'un devait pleurer pour Baleine à Bosses.
ASHLING DE LIBRE GRAPH'
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