What are you ? A friend, or an enemy ?

Feat. KochJ’étais simplement parti chasser, afin de trouver de quoi nous restaurer, moi et mon fils. Cela faisait un bout de temps que j’étais parti, tout de même, mais je reconnaissais toujours aussi bien ces bois. Je les avais parcourus des centaines de fois, au moins. D’abord avec Nex, puis seul, puis avec Malawi, puis seul encore. Aujourd’hui, Nex était mort et de toute manière, il appartenait toujours à la Troupe. Quant à Malawi… Je ne savais même pas ce qu’elle était devenue. J’espérais qu’elle allait bien, qu’elle était heureuse, avec Mars et Proserpine. J’espérais qu’ils étaient tous heureux et en bonne santé. J’étais parti, certes, mais je les avais tous aimés, et je leur souhaitais le meilleur.

Même si Mars et Proserpine ne suivaient pas mes traces, ce n’était pas grave. J’en était un peu triste, un peu déçu, certes. Mais je leur avais appris à se forger sa propre opinion, à penser par eux-mêmes, et à faire ce qui leur ressemblait. Au fond, j’étais fier qu’ils aient suivi cet enseignement et soient devenus quelqu’un de très différent des deux autres. Au moins, Vulcain me ressemblait, lui. Un sur trois, c’était déjà pas si mal.

Parfois, ils me manquaient, c’est vrai. Ce petit bonheur futile, cette facilité, il m’arrivait d’y penser avec envie. Mais je sais que je n’aurais pas pu vivre comme ça toute ma vie. C’était bien pour ça que j’étais parti. J’étais un révolutionnaire, moi, un anarchiste, et un homme d’action. J’avais besoin de me battre pour ce en quoi je croyais, besoin de bouger, de changer les choses, ou au moins, d’essayer. C’était viscéral. Je ne pouvais pas juste rester là, et attendre que ça passe, ou même faire semblant qu’il n’y a rien qui cloche. Il fallait que j’agisse. Il fallait que je sorte Sanza de là, et que je leur montre, à tous, à quel point cette Troupe est pourrie, jusqu’à la moelle.

Je finis par tomber sur un rongeur. Il était là, entre les racines d’un arbre, son petit cœur minuscule émettant de rapides pulsations. Je m’aplatis, faisant passer tout mon poids sur mes pattes arrières, pour m’avancer à pas feutrés. D’un bond, je fus sur l’animal, et d’un coup de pattes bien placé, il valsa une longueur de queue plus loin, assommé. Un coup de croc plus tard, son minuscule cœur ne battait plus, et je l’enterrai au pied de l’arbre en question, afin de pouvoir chercher une deuxième proie en toute tranquillité. Après tout, Vulcain avait grandi, il avait plus d’appétit, désormais. Et cela faisait un bout de temps qu’on avait pas mangé quelque chose d’aussi goûteux que de la souris.

Je me remis en route, la tête toujours emplie de pensées et souvenirs, mais aussi sur mes gardes. Je savais qu’ici, n’importe qui pouvait apparaître, et si c’était un ennemi, il pourrait avoir l’envie de me tailler en pièces. Ce qui n’était pas vraiment mon but. J’avais encore des choses à accomplir, avant de mourir. Et puis, Vulcain se retrouverait tout seul, alors qu’il était encore jeune, mine de rien. Il avait grandi, mais dans une Troupe, il n’aurait encore été qu’un Novice. Il avait encore beaucoup à apprendre.

Au détour d’un bosquet, une odeur féline, fraîche, assaillit mon museau. Je m’arrêtai, les muscles raidis, prêt à me battre s’il le fallait. Mes oreilles s’orientaient dans tous les sens, pour trouver d’où il viendrait, et je me tournai légèrement vers la gauche. Il apparut alors, et je restai légèrement crispé, bien que je ne dégageât aucune odeur de peur. Je le fixai, attendant de savoir.

« Ami, ou ennemi ? »