Le monde devrait être silencieux // CAMELEON

Aujourd’hui, n’est pas un bon jour pour la femelle. La malheureuse jeune guerrière venait encore de se faire ensevelir sous une multitude de moqueries. Cela en devenait éreintant à force. Pourquoi se donner tant de peine à se moquer d’un autre félin, de leur clan en plus ? La féline ne comprenait pas leurs agissements. Mais cela pesait sur ses frêles épaules. Certains disait qu’elle n’arriverait à rien, que n’importe qui saurait tout ce qu’elle tenterait de faire avant même qu’elle agisse. Et cela serait la pire chose au combat. Alors on lui rétorque qu’elle est inutile au combat, qu’elle perdrait toujours. Son adversaire saurait ses moindres mouvements à l’avance mais également son état. Si elle est blessée, si elle est triste, qu’elle a mal, qu’elle souffre, qu’elle est affaiblie ou je ne sais quoi encore. Tous sauraient.

Mais cela, la féline en avait marre, marre qu’on la considère de ce fait comme de la merde, une cervelle de souris. Bien que les paroles de sa mère ne revenaient sans cesse dans son esprit, elle n’arrivait pas à s’en consoler pour autant. Jamais, elle n’allait arriver à surmonter cela. C’est juste un fardeau, et de taille. Si encombrant, si pesant, sur ses épaules. Si voyant, que les autres s’en moquaient ouvertement devant elle, sans s’en cacher. Rigolant, narquoisement face à la féline alors blessée, renfermée, fuyant.
Alors, comme d’habitude, les mots atteignent son cœur, le fissurant, profondément, l’émiettant. Ce cœur meurtri, luisant dans ses yeux. Les autres voyant cela, éclatèrent de rire, victorieux de leur vice. Mais ils ne comprennent pas que la pauvre femelle, reçoit ces blessures bien qu’émotionnelle comme on peut en recevoir physiquement. Sauf que celles-ci peuvent guérir bien plus lentement.

Mais la rousse ne pipa mot, à quoi bon ? De toute façon ils voient bien sa douleur à travers ses yeux et ils s’en moquent. C’est le bon mot… Alors qu’importe ce qu’elle dira, ça ne les rendra que plus heureux. Alors la femelle tourna les talons, faisant demi-tour pour ne plus regarder leur visage si narquois et malveillant à son égard.

Son regard tomba sur le pelage de sa sœur installée plus loin. Instinctivement, ses pas la menèrent à ses côtés. Elle a toujours été là pour elle, et elle le sera certainement toujours. Sa présence est si réconfortante. Ombre du Caméléon s’allongea doucement à ses côtés, leurs corps collés. Sa sœur avait les yeux fermés, peut être voulait-elle être seule ? Alors, le caméléon se fit discrète comme elle sait le faire, se fondant dans le décor. Elle ne dit rien, posant juste sa tête sur ses pattes puis ferma également les yeux. Elle ne souhaitait qu’une chose, profiter de ce moment silencieux avec sa sœur. Et que personne ne vienne les déranger.

Cet instant était silencieux, aucun félin ne venait les embêter est casser leur moment de calme et de répit. Les deux félines étaient collés l’une à l’autre, ne formant plus qu’une silhouette. Ce qui pourrait être le cas tellement elles sont semblables.

Après tout elles ne sont pas sœur pour rien. Soudain, elle sent un faible poids au niveau de ses épaules. Surement sa sœur qui pose sa tête sur elle. Se sentir proche était quelque chose que les deux félines aimaient ressentir. Alors se mettre dans ce genre de position, collée l’une à l’autre était devenu quelque chose de toute à fait ordinaire.
Soudain le caméléon décida de rompre ce silence reposant.

- Comment fais-tu pour te faire respecter ?

Elle avait conscience que c’était là une bien grande question. Mais elle avait besoin de savoir. Savoir comment arrêter ses moqueries à son égard, tous ses railleries incessants et épuisants qu’elle devait tous les jours encaisser. Peut-être que bientôt, elle ne tiendrait plus, que cela allait la rendre folle. Mais elle ne voulait pas devenir folle. Elle ne voulait pas se mettre à parler dans le vide ou attaquer n’importe qui, qui passerait devant elle.

Elle ne souhaitait pas devenir comme cela. Elle veut rester elle, le gentil caméléon. Mais peut être qu’un jour elle finira par imploser et faire du mal aux autres, voir même à sa sœur. Oh non, elle ne veut pas faire de mal à sa chère sœur. Elle ne saurait pas ce qu’elle ferait sans elle. Et puis jamais plus elle ne pourrait se regarder en face après cela. Et puis elle que penserait-elle d’elle. Que penserait sa sœur ? Serait-elle terriblement déçue et dégoûtée d’elle ? Oh non… Ces pensées se bouscule dans son crâne et lui font tellement de mal.

La présence de sa soeur lui avait toujours fait du bien. De plus elle savait que celle-ci la protègerait par n'importe quel moyen. Pour cela elle lui en était très reconnaissante. Mais pourtant, elle n'aimait pas trop se reposer sur elle. Elle avait alors l'impression d'être une faible qui ne sait pas se défendre. Mais peut être est-ce cela ? Peut être est-elle une faible que ne sait pas assurer sa propre défense et qui ne sait compter que sur sa soeur au lieu de compter sur elle même. Elle n'a pas confiance en soie. Et cela nui à son épanouissement.

Alors comment une personne si faible pouvait imposer le respect auprès des siens ? Cela était impossible. Voila peut être pourquoi tout ses idiots se moquaient d'elle. Personne ne l'a prenait au sérieux. Parce que jamais le Caméléon s'énerve. Elle ne fait que craquer, dans son coin. Elle est fragile, et cette fragilité n'est pas sa force. Un jour peut être devra-t-elle se reprendre en patte. Un jour, elle se secouera et se fera plus forte, elle ne se fera plus marcher sur les pattes. Elle fera de sa plus grande faiblesse sa plus grande force. Mais pour le moment le Caméléon en est incapable.

- Il est vrai que tu es une extraordinaire combattante. J'aimerais être forte moi aussi Ren ...

Le regarde de la rousse se baisse, n'assumant clairement pas être la petite chose si fragile qu'elle est. Ses oreilles se plaquent en arrière, accablaient de honte. Elle n'est pas comme sas soeur. Mais elle espère un jour être libérée de toute ses moqueries et de se montrer si forte.