Imprévu. ¤ Scarabée Sacré/Aido.

Imprévu.

Il suffit d'un imprévu pour tout foutre en l'air. Ou tout sauver.

C'est le drame, c'est une tragédie, je dirais même que c'est la merde. Je ne suis pas prête à devenir maman une deuxième fois, pas en ce moment, en tout cas. J'ai peur, c'est débile mais j'ai peur. Tout le monde va me dire : “Mais tu n’as pas à avoir peur, ça va être comme la première fois et regarde comme tu as bien réussi ton travail ! Pourtant, tu étais jeune, et là, tu es bien plus vieille. Tu as appris de tes erreurs, tu vas tout bien faire avec celui-là.” Non ! Non, non, non ! Je ne peux même plus regarder mon compagnon dans les yeux sans penser à son frère, sans me demander : “Et si c’était lui, là, face à moi ?” et le pire, c’est que je n’arrive pas à m’enlever toutes ses paroles de ma tête. Je me rappelle sans cesse de ce que Folie des Nuits m’a dit, ce jour-là, ça me hante et c’est encore pire depuis que j’ai compris que j’étais pleine pour la deuxième fois. Mais surtout, je me souviens d’une discussion que j’avais eu avec Arabesque du Temps, au début de ma relation avec Scarabée Sacré. Elle voulait me tenir au courant, à propos de son frère et de certains traits de son caractère. Je n’ai rien voulu entendre, je me suis énervée et j’ai tout simplement dit qu’elle n’était qu’une pitoyable menteuse, qu’elle était jalouse. Têtue et débile que je suis… Et aujourd'hui, voilà où j’en suis. Enceinte, pour la deuxième de Scarabée Sacré. Ou de Folie des Nuits, je ne sais pas haha, c’est la petite surprise. C’est officiel, je déteste les surprises.

Assise près de la tanière des guérisseurs, j’observe du coin de l’oeil l’entrée du Clan. Scarabée Sacré est sorti, il y a peu et j’attends son retour, pour lui annoncer l’incroyable nouvelle. C’est ironique, évidemment. Je baisse les yeux vers mes pattes et tente, du mieux que je peux, d’observer mon ventre où est actuellement, logée ma deuxième portée. Je prends une grande bouffée d’inspiration, sans quitter l’habitat de mes chatons des yeux. Combien sont-ils, cette fois-ci ? Il y aura des femelles et des mâles dans le lot ? Peut-être que ce sera un mâle et plusieurs femelles ? Ou l’inverse ? J’aurais peut-être une portée entière de petits mâles… Ou une ribambelle de petites filles ! Ces pensées me font doucement sourire. Être maman, c’est quelque chose d’incroyable. J’avais oublié combien ce sentiment était… fou. Fou, c’est bien le mot, cela paraît tellement irréel. Pleine, pour la deuxième fois. Est-ce que c’est ce que je le voulais ou est-ce qu’ils sont un accident ? Je caresse, du bout de mon museau, mon poitrail puis mon ventre. Mon enfant, mes enfants… Je n’arrive pas à y croire.

Des éclats de voix se font entendre à l’entrée du Camp. Je relève la tête et aperçois mon compagnon, en compagnie d’une femelle. Je ne la connais pas personnellement mais ça a l’air d’être le cas de Scarabée Sacré, vu le sourire éclatant qu’il a actuellement. Je grogne et plante mes griffes dans le sol. Je crois que je suis énervée. Non, en fait, c’est une certitude : je suis en colère. Je suis déjà bouleversée par les derniers évènements mais en plus, monsieur se permet de traîner avec n’importe qui. Evidemment, il a le droit d’avoir des amies femelles mais il aurait pu me prévenir qu’il partait en chasse ou en patrouille, seulement avec elle. Pour que je sois au courant, que je sois prête psychologiquement à ne pas faire une gueule mécontente en le voyant. La communication, quoi. Le guerrier s’approche de moi, avec sa bonne humeur constante. Ca tombe bien, ce n’est pas mon cas. Et puis, avec les hormones qui joue, cela ne va pas aider, oh que non. Il va s’en prendre plein la gueule et le pire, c’est que je ne compte pas avoir de la peine pour lui.

- Tu t’amuses bien visiblement. Retournes-y, je ne voudrais certainement pas te déranger.

Mon ton est froid, presque méprisant. J’accentue certains termes de ma phrase pour bien lui montrer que ça me fait chier, que je suis jalouse, que j’en ai marre et que surtout, s’il y retourne : il est foutu. Mon regard ne quitte pas le sien, avant que soudainement, je tourne la tête en fermant les yeux, comme une diva. Tu comprends que je fais la gueule ou ce n’est pas assez clair, là ?

By Orenji