we were a promise meant to be broken - étoile fragmentée
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 34 lunes
Mentor / apprenti :
but please promise me we are something to built again over time and we can hope to be togheter once again, so i can hope and dream at night, so i can wish again upon a star
we were a promise meant to be broken
Elle l’avait aimé. Toute sa vie, de tout son être; de chaque fibre de son coeur - elle l’avait aimé sans jamais penser à un autre, sans jamais laisser quiconque s’investir dans son coeur, y faire un nid, y faire une place. Endroit hermétiquement fermé à quiconque n’était pas lui; même dans la mort, même dans le ciel; même quand leurs chances semblaient inexistantes - jamais, jamais elle n’avait cessé de l’aimer.Elle n’avait toujours vu que lui et quand elle avait cru ne jamais plus pouvoir être à ses côtés, elle s’était faite à l’idée de l’écouter, de l’observer, de là-haut veiller sur lui pour s’assurer de son souffle toujours présent, de son coeur toujours battant. Elle n’avait toujours vu que lui, mais lui ? Lui, son lit avait été partagé par d’autres - sa vie avait été envahie par d'autres et sa famille s’était étendue, il avait partagé son temps, son lit - son sang, ses gènes, à d’autres.
Comment pouvait-il se souvenir d’elle ? De toute sa discrétion, de toute son existence, des qualités inexistantes, de ce qu’elle n’avait jamais été - de sa lacheté et de tout ce qui faisait elle qui elle était, comment pouvait-elle seulement marquer l’esprit de cet être qui représentait pour elle davantage que son propre monde ?
Leur promesse, brisée, envolée, enfuie - plus rien n’existait pour laisser trace de ce qu’ils avaient été, de ce qu’ils avaient pu être.
Mais parce qu’elle l’aimait, elle ne pouvait pas abandonner.
Un nouveau soleil qui se lève à l’horizon et une nouvelle nuit achevée sans trop de sommeil; parce qu’elle ne rêvait plus. L’Azurite avait vu son sommeil fragmenté, fissuré, les rêves effacés, profondément enfouis - depuis que ses pattes pouvaient de nouveau frôler le sol, et que le vent déplaçait son pelage à nouveau. Autrefois, elle ne rêvait pas parce que le sommeil n’existait plus - que la vie qu’elle menait était à elle-même un songe sans fin. Parfois, elle l’invitait. Elle l’invitait dans ce sommeil, pour l’entendre, pour le voir - pour lui rappeler qu’elle existait. Et maintenant ? Depuis qu’elle était de retour, depuis plus de six lunes, se sentait-il abandonné ? Se sentait-il aussi seul qu’elle ? Ressentait-il le même froid cruel quand dans ses rêves, rien ne venait le rejoindre ? Son nid était froid - et aucun apprenti ne l’intéressait. À vrai dire, jamais elle n’avait regardé quiconque d’autre que lui.
Quand elle avait été nommé pour être son apprentie, son coeur avait manqué tellement de battements qu’elle avait cru mourir une deuxième fois - mais de bonheur. De joie et d’appréhension. Parce qu’elle n’avait jamais osé l’approcher, jamais elle n’avait osé vraiment lui parler - et encore moins, encore moins lui dire. Lui parler de leurs souvenirs - de leurs promesses, de cette Promesse.
Aujourd’hui, quand le soleil entamait sa course dans le ciel, elle s’était approchée du tas de gibier et en avait pris sa proie préférée. Elle se demandait si ça avait changé ou si elle le connaissait toujours aussi bien, si leurs souvenirs étaient toujours d’actualité - s’il l’avait oublié. Elle, son coeur était froid, glacé, loin de lui et de jours en jours, ça ne s’arrangeait pas. Parce qu’il n’était pas là, tu ne pouvais pas te blottir tout contre lui; il restait dans la tanière qui lui était dédié.
« Étoile… Fragmentée ? »
Sa voix qui avait faibli alors qu’elle avait prononcé la particule qui avait fait partie de son nom en tant que guerrier -
Sa voix qui avait faibli alors que le soleil en haut se levait, effaçait les effluves d’une longue nuit qui n’avait plus de sens - une nuit qui rappelait qu’il n’y a pas si longtemps, elle avait enfermée dans un terrain de lapin - ou de renard, elle ne savait plus trop. Mais elle avait respiré, quand ses yeux s’étaient ouverts, elle avait respiré et elle avait porté toute la confiance qu’elle possédait au Clan des Étoiles. Il ne pouvait pas lui offrir une nouvelle chance pour la leur retirer ensuite - non, il n’en avait pas le droit.
Prendre une grande respiration et se recentrer, se ressaisir. De tout ce que vous avez vécu et ce que vous allez encore vivre - tu devais t’accrocher aux souvenirs et à l’avenir.
« J’ai apporté votre proie préférée pour… pour avant l’entraînement. »
Attendre devant la tanière en silence, la queue autour de ses pattes, de sa silhouette sombre qui changeait d’avant - et de son regard toujours identique à celui qu’elle avait autrefois possédé. D’un vert si pâle, d’un vert perturbant et une seule tâche bleue, vibrante, contrastante. Elle avait attendu une réponse alors que la nuit s’effaçait autour d’eux.
Parce qu’elle l’aimait.
Elle ne dirait toujours rien. Elle avait trop peur que les moments se perdent, et que la rancune prenne place, que la solitude se prolonge et qu’il lui en veuille beaucoup trop. Elle avait trop peur qu’il ait fini par véritablement la remplacer, trop peur que celles qui avaient partagé son lit après elle aient pris toute la place et qu’elle n’existe plus. Alors, elle allait se contenter des quelques moments passés en sa compagnie, des tourments qu’elle lui connaissait et des goûts que seule elle savait.
Parce qu’elle l’aimait et qu’elle n’avait rien oublié de leurs moments passés ensembles, de ce qu’elle avait appris de lui au fil des lunes, de ce qu’elle connaissait, de ce qu’elle savait et que jamais, jamais elle ne voulait oublier.
Le personnage
Sexe du perso: Masculin
Âge du perso: 89 lunes
Mentor / apprenti :
we were a promise meant to be broken
- ft. Lys -
Notre Promesse a été tenue. Elle est là, si proche de moi. Elle a de sa mère cette distance qui demeure. Cette facilité à être là, à sembler atteignable, et qui pourtant se volatilise dès qu’on essaye de l’approcher. Elle a cette distance indispensable, nécessaire à son existence. Cette distance qui la maintient en vie, cette distance qui fait battre son coeur, cette distance qui lui permet d’exister parmi tous les autres. Cette distance qui fait partie d’elle, qui est elle. Cette distance qui fait qu’elle est notre fille et que je sais où elle se trouve quand elle n’est pas là, quand elle n’est pas à côté de moi, quand je ne la vois pas, et même quand je ne la cherche pas. Cette distance qui a fait et qui fait encore que tout est comme il est aujourd’hui. Promesse de Vie, Nuage du Jade, moi. Cette distance qui nous a construits et tués, tous les trois.
Notre Promesse est là et elle n’est pas là en même temps. Elle a cette distance, ce fossé qui nous sépare, qui fait que malgré mes essais, elle ne s'amoindrit pas. Je continue d’être le poids dans la balance qui fait qu’elle s’effondre sur son côté et que l’autre n’est jamais atteignable. Et plus j’essaye, plus je m’enfonce, plus notre Promesse s’élève vers le ciel, s’éloigne. Plus j’essaye et plus elle s’éloigne. Cette idée me rend malade. J’ai l’impression qu’il n’existe aucune issue tant que j’existe dans l’équation. Tant que je m’en préoccupe, tant que j’essaye d’être là pour elle. Et notre Promesse tient tellement de nous, d’elle, de Nuage du Jade, que j’ai peur que si je tente quoi que ce soit, elle me glisse entre les mains. J’ai peur de la perdre comme j’ai perdu Nuage du Jade jadis.
Elle est là et elle n’est pas là en même temps. Elle est proche de moi, puis elle s’évapore, disparaît, parfois pendant quelques jours, et j’ai peur. Mon cœur se serre, ma poitrine suffoque. J’essaye de m’y habituer, mais tout semble insurmontable. J’ai l’impression que je n’en sortirai jamais. J’ai promis, maintes fois. J’ai promis de faire doucement, de la laisser. J’ai promis de lui laisser cet espace dont elle a si besoin. De laisser à notre Promesse la distance qui lui permet de vivre, qui lui permet d’être, qui lui permet de ressentir, qui lui permet d’être elle.
Et tout me tue. L’amour que j’ai pour notre Promesse est si intense, si dense, qu’il se déverse continuellement dans mes pensées, dans mon corps, dans mon cœur. Il empoisonne mes nuits, il empoisonne mon esprit, mes sentiments, mes émotions, mes rêves. Je ne vois plus qu’elle dans mes rêves. Nuage du Jade n’a pas fait d’apparition depuis que notre Promesse a créé sa propre distance. Cette distance qui la caractérise, elle. Elle a tant d’elle. Notre Promesse me rappelle tous les jours, toutes les heures, toutes les secondes pourquoi je l’aime. Pourquoi je l’aime, pourquoi je l’ai aimée, pourquoi je l’aimerais.
Mes rêves ne sont qu’un dégradé de noirs. Elle les a déserté. Elle ne veut pas y revenir. Chaque nouvelle nuit est une autre angoisse. Je souffre de son absence comme je l’ai toujours fait. Je souffre de son absence comme j’ai souffert de sa présence, et toujours, de cette distance. Elle ne vient plus me voir. Elle ne me rend plus visite. Est-ce que c’est cette Promesse qui l’étouffe ? Est-ce que c’est notre Promesse qui la fait suffoquer ? Est-ce qu’elle cause son asphyxie, est-ce qu’elle l’oppresse, est-ce qu’elle la muselle ? Mes rêves n’existent plus depuis qu’elle ne vient plus. Mes rêves n’ont ni horizon, ni lumière pour se coucher dessus, ni aube, ni crépuscule. Depuis que je l’aime, ma solitude commence à deux pas d’elle. Depuis que je t’aime, ma solitude commence à deux pas de toi.
Les fragments sont éparpillés. Ils orbitent, sans but, dans l’espace infini qui nous sépare. Dans la distance sans horizon qui m’entoure. Nous sommes deux aimants qui se repoussent, jamais orientés du bon côté au bon moment ; les boussoles paniquées et les pôles mal magnétisés, les coeurs mal vascularisés. Ils sont éparpillés dans les ténèbres, ne reflètent même pas assez de lumière pour indiquer la voie, tenter de se retrouver. Ils sont aveugles. Je suis aveugle. Fragmenté et aveugle. Je tente d’avancer dans cet océan sombre dont les remous ne me permettent jamais de me rapprocher de la côte.
Aveuglé par la lumière du soleil, j’ai failli ne pas la voir. Elle qui est si timide, si effacée. Je ne l’ai pas vue en sortant de la tanière. Un rayon vient baigner sa fourrure noire d’une chaleur douce, simple, rassurante. “Étoile… Fragmentée ? J’ai apporté votre proie préférée pour… pour avant l’entraînement” miaule Nuage de l’Azurite, de sa petite voix. Sa voix qui s’accorde avec son corps fluet, sa fourrure qui se glisse partout, s’efface sans bruit, disparaît. Je m’excuse rapidement ; j’ai failli la cogner. Je suis confus. Le réveil n’a pas été facile – il ne l’est plus depuis quelques lunes – à nouveau.
“Désolé, je ne t’avais pas vue.” J’ai toujours cette facilité à l’oublier, à ne pas la remarquer. Toujours cette facilité à espérer qu’elle n’aura pas besoin de moi. Je balbutie un rapide merci. Ma proie préférée ? Je baisse les yeux. C’est une grenouille, il est vrai. J’esquisse un sourire sous mes yeux fatigués, remercie à nouveau Nuage de l’Azurite d’un sourire en coin, commence à manger rapidement. Quelques bouchées qui permettent à la lumière de dissiper mes pensées encore embrumées par la nuit. Quelques bouchées qui me permettent de scruter la clairière du camp du regard. Un regard qui passe au-dessus du corps de l’apprentie, atterit directement sur Promesse de Vie. Passera-t-elle la prochaine nuit au camp ?
Je finis mon repas, passe quelques coups de langue sur mon poitrail et me retourne vers Nuage de l’Azurite : “Tu n’arriveras donc jamais à me tutoyer, c’est cela ?” Je lui réponds, amusé. Notre entraînement a commencé depuis quelques lunes et il avance bien – quand je ne l’oublie pas, tant elle est discrète. Nuage de l’Azurite n’est pas une apprentie compliquée. Elle est intelligente, réactive et parfois pourtant si peu sûre d’elle. Nombreux sont les moments où elle n’ose pas. Elle n’ose pas me déranger, elle n’ose pas répondre, elle n’ose pas partir sans moi. Elle apprendrait tellement plus et différemment si elle osait. Si elle osait se séparer de moi, voir d’elle-même, apprendre d’elle-même. Si elle osait me dire, tout me dire. Me dire ce que je fais mal, ce qu’elle ne comprend pas, ce qu’elle voudrait faire. “Ose” j’ajoute.
“J’espère que tu ne m’as pas attendu trop longtemps.” Je lui adresse, plongeant mon regard dans ses yeux verts. Je me lève, lui fais signe de la queue de me suivre. Il reste une partie du territoire que nous n’avons pas encore vu ensemble. Celle à l’Est, vers les plaines, derrière la ville. Je l’évite souvent car elle ne me rappelle jamais de bons souvenirs. Je ne suis même pas sûr de lui apprendre quelque chose de nouveau.
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 34 lunes
Mentor / apprenti :
Mais leur Promesse, elle lui avait démontré à quel point elle se trompait. À quel point les pensées obscures, parfois, prenaient le dessus, mais ne détenaient pas la vérité absolue. Il était si près, elle pouvait le toucher, mais il était encore plus loin que les étoiles de la voûte céleste. Elle aussi. ((Mais il était dans ses pensées, dans son coeur)) dans ses songes. Partout. Comme à l'époque, Azurite Fragmentée ne vivait que pour l'entendre, le voir, l'observer. Même si jamais il n'avait effleuré son regard avant qu'elle ne déblatère l'amour qu'elle lui portait, dans les ombres où elle trouvait sa place.
Les erreurs d'antan, elle les reproduisait inévitablement. Pardon, qu'elle aimerait lui dire, de ne pas être à la hauteur de ce qu'il mérite. Elle s'installa devant le meneur sans se retourner ; sans suivre où son regard à lui glissait parce qu'elle ne le savait que trop bien. Parce que son odeur parvenait à l'Azurite sans clémence pour ses tourments, pour le tumulte de ses émotions constant, mais préservé sous la surface. ((Promesse de Vie)) Elle vivait, leur Promesse. Elle était là, leur Promesse. D'eux trois, l'Azurite fut la seule à l'avoir brisé et elle n'oserait jamais réclamer le pardon ; elle n'en était pas méritante. Elle ne tournerait pas la tête, elle ne regarderait pas ; parce qu'elle ne saurait supporter de croiser son regard, ne parviendrait pas à le soutenir. Elle les avait abandonnés. Elle les avait délaissés, laissés en arrière, trahis. Comment pouvait-elle les regarder et ne pas ployer sous le poids des reproches jamais formulés ? Probablement jamais même pensés, de sa part à lui.
Loin, elle était encore plus seule qu'elle ne le fut autrefois. Quand la violence rythmait son quotidien sans que quiconque n'en ait conscience. Parce qu'elle ne parlait pas, ne dénonçait pas. Langue liée. Révélations scellées. Tombeau préservant les secrets et les aveux pour l'éternité.
Ose ; et le trouble qui s'invita en elle, incertaine de saisir tous les retranchements d'une telle requête. Oser le tutoyer, seulement ? Ou tellement d'autres significations qui n'étaient pas prononcées encore ? Ose ((comme elle avait osé, autrefois, en lui avouant son amour))
Malgré toute l'assurance dont elle souhaitait faire preuve, il y avait dans ses intonations une faiblesse cruelle, un tremblement presque larmoyant. Des souvenirs étouffés, des émotions enfouies. Des vérités maintenues loin de la lumière. Elle avait attendu une éternité. Et l'éternité se poursuivait à cet instant même. Se relevant, elle le suivit sans attendre. Elle le suivrait partout, à l'autre bout de la terre. ((Ne pas la regarder, quand ils passèrent près d'elle)) pour ne pas défaillir encore plus.
Le personnage
Sexe du perso: Masculin
Âge du perso: 89 lunes
Mentor / apprenti :
we were a promise meant to be broken
- ft. Lys -
Je crois qu’avant aujourd’hui, je n’avais pas vraiment pris le temps de l’observer de près. Ses yeux m’ont fait tressaillir ; c’est peut-être leur couleur qui me perturbe tant. Ou alors ce qui en émane. Son regard si doux, la forme de ses yeux, le contour de ses globes oculaires ? Peut-être un ensemble, peut-être rien de tout cela. Peut-être que c’est encore une fantaisie de mon imagination. Il me rappelle quelque chose, cependant, ce regard. Il me fait penser à ma fille. Ce doit être le vert qui en luit.
“On ne me remarque jamais, ce n'est pas grave.” Je me sens un peu coupable. C’est mon apprentie, et il m’arrive de l’oublier. J’en ai marre de me cacher derrière les responsabilités de chef, marre de mentir à moi-même. Il faut que j’arrête tout cela. Peut-être est-il enfin temps pour moi de passer le flambeau, de me concentrer sur ma famille, mes proches plutôt que le reste. J’en viens toujours à faire des choix manichéens alors que je pourrais y trouver une alternative. Observer mieux, écouter plus, réagir dans l’immédiat plutôt que de laisser couler trop longtemps. C’est une nouvelle promesse ?
Mes promesses à moi ont un goût amer. Elles ne valent pas ce qu’elles sont censées valoir. Elles ont perdu de la valeur, malgré moi. Alors parfois quand je promets, j’ai cette amertume dans la gueule, dans ma gorge, le long de ma trachée, dans mon estomac. Cette amertume qui me rappelle les échecs que j’ai essuyés et les erreurs que je n’ai pas su rattraper. Ceux et celles qui parsèment encore le chemin que j’ai parcouru et qui restent visibles à des lieues à la ronde. Je la regarde, encore un sourire. Il a envie de s’excuser, ce sourire, pour le trop peu d’attention que je prête à Nuage d’Azurite. Mon corps trahit chacune de mes pensées. Mais elle me devance, s’excuse avant que je ne puisse dire quelque chose, à nouveau : “Pardon. Si vou-tu préfères être tutoyé, je m'habituerais !” Je ne veux pas la forcer, après tout.
“Pas trop non…” J’ai la forte impression qu’elle me ment. Je m’en veux encore un peu plus. Elle ne veut sûrement pas me causer de tort, elle n’a probablement pas envie que nous en discutions trop longtemps. Elle doit déjà en avoir marre de m’attendre, alors nous nous mettons en route. “Où allons-nous, aujourd'hui ?” est-ce que ça veut dire qu’elle me pardonne mon retard, cette question ? Est-ce que ça veut dire que je suis excusé ? Je ne sais pas trop… Je ne suis pas sûre de comprendre, de la comprendre. J’ai l’impression de ne pas savoir qui elle est alors qu’elle est mon apprentie depuis quelques lunes déjà. Je ne réponds que par un sourire qui semble cacher quelque chose.
Nous avançons, sortons du camp, marchons un moment, dépassons le charnier et arrivant sur les plaines. “C’est la fin du territoire du Clan de l’Ombre, ici. On surveille un peu moins la frontière car elle n’est pas partagée avec les autres et il n’y a plus de clans après nous, là-bas” Je désigne les étendues du menton, avant de me tourner vers elle. “Je ne pense pas que tu auras l’occasion de venir souvent ici, mais c’est toujours bien de connaître l’endroit.” Je repense à ses yeux, quelques instants plus tôt, au camp.
Et la lumière semblait tout de même venir d’elle, quand je suis sorti de la tanière. Ironique pour une apprentie à la fourrure si noire, si sombre. D’elle émanait une lueur rassurante, chaude, qui chasse les dernières fraîcheurs de la saison des neiges. Elle inspire le renouveau, la fin des glaces. Je me perds légèrement dans mes pensées. “Tes yeux me rappellent quelqu’un. Tu connais Promesse de Vie, dis-moi ?” Pas sûre qu’elle la connaisse, vu le peu de temps que Promesse de Vie passe avec les autres membres du Clan. “Vous vous ressemblez beaucoup.” Un sourire triste s'échappe. Elles sont, chacune à sa manière, insaisissables.