You better know where you're going | Chèvre & Whale
Le personnage
Sexe du perso: F
Âge du perso: 35 lunes
Mentor / apprenti : /
Every color bleeds into the same
Alors que l’astre du jour descendait enfin dans le ciel, Chèvre des Montagnes pouvait souffler un peu. Tôt ce matin, la guerrière avait été de patrouille avec deux autres compagnons guerriers, arpentant les frontières du territoire du Clan du Tonnerre pour s’assurer que personne ne les avait franchies ni ne comptait le faire impunément dans un futur plus ou moins proche. Une fois rentrée, elle avait enfin pu se poser pour manger un bout avant de repartir seule, décidée à chasser pour le Clan.
Techniquement, elle n’avait pas été désignée comme de corvée pour une partie de chasse quelconque, une autre patrouille ayant dû partir dans la matinée pendant qu’elle était encore en train de marquer le territoire avec ses congénères, mais Chèvre des Montagnes ne voulait pas risquer de trouver le temps long ce matin, pas alors qu’il y avait tant de choses à faire pour que tout le monde puisse manger à sa faim et se sentir en sécurité. Elle ne savait pas ce qu’il lui prenait, ces derniers temps. Elle ressentait ce besoin comme viscéral d’être active, de se rendre utile, de servir à quelque chose pour autrui, comme si c’était dans ces petits actes du quotidien qu’elle retrouvait sa valeur.
Mauvaise habitude prise durant son apprentissage, ou peut-être son enfance, elle ne savait plus très bien.
Toujours était-il qu’elle était partie chasser jusqu’à ce que le soleil ne se fixe à son zénith, signe pour la guerrière qu’il était temps de rentrer avec ses quelques proies. Avait-elle décroché ne serait-ce qu’un seul mot aujourd’hui ? Elle en doutait. C’était une de ces journées où le silence l’enveloppait sans que cela ne la dérange de trop, une de ces journées où elle ne ressentait pas plus que ça le besoin de socialiser, d’aller voir ses camarades et de parler de tout et de rien, de la pluie ou du beau temps.
Cela lui arrivait de temps à autre, de se sentir ainsi, d’avoir besoin d’une pause sociale et de prendre quelques heures rien que pour elle, passées à faire ce qu’elle aimait ou ce qu’elle devait, mais seule. Parfois cela durait plus longtemps, plusieurs jours, et c’en devenait alors embêtant, mais ce n’était plus trop arrivé ces derniers temps donc Chèvre des Montagnes s’estimait heureuse que ce petit épisode ne semble pas durer aujourd’hui non plus.
A présent qu’elle avait tout l’après-midi devant elle, la guerrière aveugle ne savait trop que faire. Beauté de la Lionne était de sortie, peut-être en patrouille ou simplement de sortie, sa sœur n’en savait trop rien et, à vrai dire, ça ne la regardait pas. Elle vivait sa vie, Beauté de la Lionne, et n’avait aucun compte à lui rendre. Elles fonctionnaient ainsi, ne se retrouvaient que de temps en temps pour discuter, faire un point sur leur vie, perpétuer cette complicité qu’elles avaient toujours partagé depuis l’enfance et, Chèvre des Montagnes, cela lui allait très bien.
Oh, peut-être que Silence des Étoiles apprécierait une petite visite impromptue d’ailleurs ? Elle pouvait bien faire ça, plutôt que d’attendre leur prochaine réunion dans un coin éloigné du territoire où elle devrait convaincre l’ancien têtu de revenir au camp sans rechigner plus que nécessaire. Enfin, elle râlait, mais la guerrière s’amusait de ces moments privilégiés un peu insolites qu’elle avait l’occasion de passer avec son grand-père. Mais aujourd’hui, elle ne le laisserait pas l’entraîner au fin fond de la forêt à sa recherche, non, elle viendrait lui passer le bonjour là où il devrait toujours se retrouver, à savoir dans la tanière des anciens.
Animée par une détermination nouvelle, la guerrière aveugle s’avança jusqu’au tas de gibier où elle prit une musaraigne avant de se diriger vers la tanière où résidait son grand-père - s’il ne souhaitait pas la voir pour quelque raison que ce soit, au moins il serait peut-être heureux d’avoir à manger. Néanmoins, l’endroit semblait fourmiller d’activité car alors qu’elle s’approchait, Chèvre des Montagnes dut éviter un chat qui en sortait trop vite pour qu’elle puisse identifier son fumet autrement que par “sûrement un apprenti” et en bouscula un autre qui était posté près de l’entrée.
Cette odeur-là, la guerrière n’eut pas de mal à la reconnaître : il s’agissait de Baleine à Bosses.
« Désolée ! Tu vas bien, je ne t’ai pas fait mal ? » s’exclama-t-elle à l’intention de l’ancienne, inquiète de l’avoir bousculée un peu trop fort pour ses vieux os. Brutaliser une ancienne ça n’allait pas lui donner de bons points auprès de ses camarades ça…