Somehow I found a way to get lost in you. [ft. Symphonie des Coeurs]

i found a way

to get lost in you

Plus ça allait, plus Étoile Courageuse l’énervait. Plus ça allait, plus elle devenait plus insupportable, allant presque jusqu’à prendre la place d’Etoile des Songes dans la catégorie des meneurs les plus exacerbants. C’était clair, elle n’en pouvait plus d’elle.

Elle n’avait toujours pas réalisé qu’Etoile Courageuse l’avait PUNIE pour avoir eu un tout petit désaccord de rien du tout avec Rapace des Cieux, PUNIE A DEVOIR RÉCURER LES LITIÈRES DES ANCIENS ! Comme si elle était encore qu’une apprentie, comme si elle était qu’une bonne à rien et pas une guerrière accomplie ! De toute façon, tout était de la faute de Rapace des Cieux; ce guerrier si incroyablement…. insupportablement…. magnifiquement… RAH ! Il l’énervait tellement, avec ce petit air je sais tout, ce ton condescendant qu’il prenait avec elle, cette patience qu’il avait lorsqu’elle s’énervait, le fait qu’il était venu l’aider pour sa punition alors que c’était de SA faute d’abord, le fait que son stupide arrière-grand-père qu’elle adorait mais qui était insupportable n’avait cessé de lui faire des commentaires à elle et “au beau jeune chat” qui était avec elle. Au secours !

Ils l’énervaient tous, elle voulait son papounet adoré, elle voulait passer une journée entière à bronzer au soleil sans avoir à faire tous ces devoirs de guerrière qui l’ennuyait plus qu’autre chose. Elle était née pour être une princesse et passer sa journée à ne rien faire, pas à marcher dans la boue pour chasser des souris fades et caoutchouteuses !

C’était dans cet état d’esprit plein de frustration que Symphonie des Coeurs rentrait au camp en traînant des pattes, déterminée à ne croiser personne qu’elle connaissait ou voulait impressionner dans un tel état, déterminée à s’enfouir tout au fond de sa litière et bouder pour le reste de la journée face à l’injustice du monde et d’à quel point elle méritait mieux que ce clan de gueux.

Malheureusement, rien n’allait selon son plan. A peine était-elle rentrée dans le camp qu’elle entendait une voix stridente crier son nom. Elle s’était retournée pour voir d’où provenait le son, se retrouvant face à face avec un éclair blanc qui fonçait droit sur elle. La guerrière écaille-de-tortue écarquilla ses beaux yeux verts de surprise avant de voir Jolie Marguerite piler droit devant elle, un bouquet de marguerites flétri dans la gueule.

Elle n’en revenait pas de voir Jolie Marguerite s’arrêter devant elle. Son amie d’enfance, la première personne pour qui elle avait eu de l'intérêt autre qu’elle-même, la première personne qui avait éveillé sa curiosité, la première personne pour qui elle avait fait un cadeau.

La première personne pour qui elle avait éprouvé de l’attachement, si ce n’était pas de l’amour, malgré sa mère, malgré tous ces gens qui la trouvaient bizarre, malgré et contre tout, elle l’avait aimé.

Elles étaient vite devenues inséparables pendant leur enfance, faisant tout ensemble, partageant leurs expériences. Symphonie des Nuages avait appris à ouvrir un peu son esprit grâce à Nuage de Marguerite, Nuage de Marguerite devait avoir appris quelque chose de l’apprentie également. Elles dormaient presque ensemble, elles étaient vraiment comme deux griffes d’une même patte.

Avant que la mort soudaine de sa mère surgit peu après quelques lunes d’apprentissage, entraînement un isolement de Nuage de Marguerite et une brisure de leur amitié qui avait laissé une trace durable dans le coeur de Symphonie des Nuages. Son coeur avait saigné, elle avait même beaucoup pleuré des larmes de tristesse, puis d’incompréhension qui se muaient peu à peu en rage indicible.

Symphonie des Nuages ne voulait même pas essayer de comprendre Nuage de Marguerite et la peine qu’elle traversait, trop concentrée sur ses propres sentiments, son propre ressentiment, qu’elle était incapable d’être un soutien pour sa meilleure amie. Elle aussi était responsable de la fin de leur amitié, mais elle l’avait toujours nié, préférant être dans la place facile de ceux qui restaient, ceux pour qui on avait de la peine, ceux qu’on essayait de comprendre, alors que sa meilleure amie avait désespérément besoin de sa présence.

Elles n’avaient plus parlé depuis. Jolie Marguerite avait dû être envahie par un sentiment de culpabilité en se rappelant des lunes qu’elles avaient passé loin l’une de l’autre, et Symphonie des Coeurs n’avait jamais, elle non plus, osé franchir le pas, persuadée que Jolie Marguerite ne voulait plus rien à voir avec elle, se complaisant dans sa position qu’elle pensait avérée de victime.

Elle eut un hoquet de surprise lorsqu’elle vit le bouquet qui était aux pattes de Jolie Marguerite. Serait-ce… le bouquet qu’elle lui avait fait lorsqu’elle était chatonne ? Ainsi, Jolie Marguerite l’avait gardé durant tout ce temps ? Symphonie des Coeurs se surprit elle-même lorsqu’elle sentit son cœur chavirer, bien malgré elle, suivi d’un sourire triste. Une larme apparut sur son œil droit, avant de couler le long de sa joue, bouleversée. Elle ne l’avait jamais vraiment oubliée, elle avait attendu elle aussi, elle n’était pas la seule à penser encore à elle, elle n’était pas la seule.

Pourtant, elle avait mis des lunes à venir lui reparler. Elle n’avait jamais montré un seul signe de vie. Symphonie des Coeurs sentit une colère se répandre en elle, puissante et venimeuse. Elle se relevait avant de regarder la guerrière d’un oeil méprisant, parlant d’un ton glacial, sans équivoque :

❝Il est mort.❞

Elle l’annonçait comme une sentence irrévocable, comme le couperet d’une lame d’exécution, comme leur amitié qui était belle et bien terminée.

❝Comme notre amitié lorsque tu m’as laissé tomber sans jamais me donner d’explications ni revenir me parler.❞

Malgré tout ce qu’elle ressentait, Symphonie des Coeurs ne put ignorer le bruit de son coeur se brisant en mille morceaux en prononçant ces mots.

Feat Jolie Marguerite

(c) Biket