Il faut sauver le chaton, j'en fais ma mission. Feat. Cassiel et Ally

Ennui.

Il arrivait toujours un moment dans la journée où Petite Braise commençait fâcheusement à s’ennuyer. Ses deux sœurs aimaient faire la sieste, et cet état de somnolence permanente avait le don de lui taper sur le système. Du haut de ses quatre petites pattes rousses, elle désirait découvrir le monde. La pouponnière n’avait plus de secret pour elle, elle avait déjà fait le tour de tous les nouveaux nés et toutes les reines qui peuplaient la petite caverne. Le monde d’ici était trop petit, trop étroit, trop étouffant, alors que dehors l’attendais un vrai monde, grand et inconnu. Eh bien voilà, elle avait beau n’être qu’une gamine, eh bien la gamine s’ennuyait ferme. Comme montée sur ressort, elle sautillait près de ma maman pour qu’elle lui raconte une histoire. Mais celle-ci semblait fatiguée aussi, et puis ça devait être  pas loin de la 5628ème histoire que la chatonne au poil roux lui demandait, aujourd’hui.
Alors voilà. Rien ne venait troubler le petit train-train de la pouponnière. Rien. Et tout cela  était d’un ennui mortel.

La petite rousse attendit que maman tourne la tête vers ses deux autres petits chéris pour glisser près de la sortie. Maman lui avait pourtant bien interdit de sortir et elle en ressentit un petit pincement au cœur. Elle n’aimait pas désobéir à Maman. Pourtant, il le fallait. Si elle continuait comme cela, à se tourner les pouces, elle allait dépérir ! Elle avait besoin du vent sur son visage et des têtes sévères des guerriers pour se sentir vivante, elle. La sieste ne l’intéressait définitivement pas. Un petit bond, elle se retrouva hors de la pouponnière. La liberté au bout des griffes. Elle commença à gambader joyeusement dans la clairière. Un léger soleil embrasait le camp et l’air était tiède. Elle fit quelques pas, vers la sortie du camp puis ferma les yeux, se laissant bercer par l’agréable température de l’après midi.

Mais lorsqu’elle les rouvrit, ils s’arrondirent de surprise. Quelque chose lui fonçait dessus à toute vitesse et cogna de plein fouet sa petite tête de chatonne.

Pour comprendre le pourquoi du comment cet objet volant non identifié lui était arrivé dans la figure, il fallait regarder du coté de la tanière des apprentis. Deux jeunes chats –qui devaient s’ennuyer au moins autant que Petite Braise – avaient eu l’excellente idée de jouer à celui qui lançait leur repas le plus loin. Le repas en question était un lapin. Celui qui arrivait à le lancer le plus loin gagnait la plus belle part de l’animal. D’une finesse à toute épreuve et dénotant d’un intellect hors du commun, les deux chats balançaient le pauvre cadavre à travers la clairière, sous le regard ahuri et sévère de leurs ainés. Mais voilà… la catastrophe qui devait arriver arriva. L’un des deux avait eu la bonne idée de tourner sur lui-même avec sa victime dans la gueule. Mais tout chat bien élevé sait bien que lorsque l’on tourne vite sur soi-même, on finit par avoir le mal de terre. Et que le mal de terre engendre le déséquilibre. Et que le déséquilibre mène fatalement aux catastrophes. Heureusement, la catastrophe n’était pas grande. La catastrophe était minuscule, rousse aux yeux bleus. Perdant l’équilibre, le chat fit plusieurs pas en arrière et le lapin fut balancé tout droit vers Braisouille. Une explosion sur son crane, la douleur fusa immédiatement. Elle tituba sous le choc, abasourdie et effrayée. Ses oreilles s’étaient mises à bourdonner. Ça ne lui était encore jamais arrivé, et l’état dans lequel elle se trouvait lui fit peur aussi. Ses pattes tremblaient, sa tête tournait. Le choc lui faisait perdre l’esprit. Pour la première fois de sa courte existence, Petite Braise sentit qu’elle perdait connaissance.