Les contraires s'attirent ft Equi

Ce matin, quand je me réveillai, je fus très surprise de constater le nombre très faible de choses à faire. Contrairement aux autres journées, où j’étais débordée et où je n’arrêtais pas de bouger, aujourd’hui était une journée passablement calme. Je fis donc un peu de rangement dans la réserve. Abandon des Étoiles m’avait appris à tenir cet endroit toujours propre et bien rangé à son maximum. Pas nécessairement par soucis pratique, mais seulement parce que cela faisait parti de la routine qu’elle m’avait apprise et que j’y étais habituée. Et il n’était pas forcément facile de changer ses habitudes, de plus je n’avais pas envie. Bref, une fois cela fait, je sortis sans me presser. Le camp semblait un peu être au ralenti. Sans trop savoir pourquoi, j’eus envie de chasser. Mais je ne savais pas vraiment. J’avais observé Anguille Marine, quelque fois, mais ce n’était pas assez pour dire que je maîtrisais l’art de chasser au point d’attraper une proie seule. J’avais donc besoin que quelqu’un m’accompagne. Je regardai autour de moi. Tous les chats étaient occupés, soit à manger, soit à faire leur toilette ensemble. Au loin, je vis que Nuage Mélodieux était seule, mais j’hésitais à aller la voir. Elle m’avait semblé froide, la dernière fois que j’avais tenté de lui parler. Bon, allez. Au pire, elle me dira non, et j’attendrai que quelqu’un se libère.

Je me rendis donc vers elle, je pris un oiseau, et je voulu m’asseoir près d’elle pour l’aborder, mais elle se décala au dernier moment. J’abandonnai l’idée de faire la conversation, j’allais aller droit au but. Je lui dis que j’avais envie de chasser, mais que personne n’était disponible, sauf elle. Contrairement à ce que je pensais, bien qu’avec quelques hésitations, ce fut une réponse positive qui sortit de sa gueule. Elle me demandait où on allait. Je n’y avais pas vraiment réfléchis, à vrai dire. Je sortis donc la première chose qui me vint à l’esprit : l’arbre aux chouettes. Sans attendre quelconque réponse de sa part, je partis en avant. Je connaissais le chemin, après tout, je n’avais pas besoin qu’elle me guide là-dessus. Une guérisseuse se devait de connaître les plantes, y compris les endroits où chacune poussaient. Cela impliquait de connaître également par coeur son territoire, jusqu’à ses moindres recoins. Je m’arrêtai un moment de courir pour observer ma camarade de chasse.

« Je te laisse l’honneur d’attraper une proie la première. »

C’était ma façon de dire que je ne savais pas chasser, et donc que j’avais besoin qu’elle me montre, qu’elle me sert de guide. Je me reculai légèrement, lui laissant toute la place. Je pris garde à me pas faire de bruit, pour ne pas effrayer les proies.

HRP:

HRP:

Nuage Mélodieux ne semblait pas vouloir discuter avec moi. Je soupirai. J’étais si insupportable, qu'on ne voulait même pas m’adresser la parole ? Mais je rêve, ou non ? La façon dont elle agissait me mettait en colère. Elle pourrait au moins témoigner un peu plus de respect, non ? Je ne lui avais rien fait. Si elle n’avait pas voulu m'accompagner, qu'elle le dise ! Je ne l'aurais pas mal pris. Enfin. J'aurais compris. On pouvait vouloir être tranquille, parfois. Je le comprenais. Mais le fait qu'elle me le cache, et qu'elle agisse dans mon dos, c'était hypocrite de sa part. Elle n'avait pas à l'être. Je n'étais pas différente d'elle. Une simple apprentie. Elle était également apprentie. J'étais guérisseuse, certes, mais apprentie, et je désirais apprendre ce que les autres voulaient m'apprendre. Ici, en l’occurrence, je voulais savoir chasser. Elle avait un entraînement de combattant. Alors elle pouvait m'apprendre. Techniquement. Mais si elle ne voulait pas, j'aurais demandé à un autre, point final.

Pour moi, c'était un manque de respect évident dont elle faisait preuve. Quand on respecte assez quelqu'un, et bien logiquement, on le respecte assez pour dire la vérité. Mais peut-être ne désirait-elle pas me blesser ? Je n'avais pas pensé à ce point. Me laissant guider par la colère, je n’avais pas réfléchi à ce fait. Mais peut-être. Aussitôt, je me sentis mal. Mal d'avoir réagi ainsi. Je baissai la tête, et je continuai de la suivre. Je la regardai, alors qu'elle se positionna. On voyait très bien qu'elle le faisait contre son gré. Qu'elle s'en sentait obligée. Mais elle le faisait tout de même. On sentait seulement son inconfort avec la situation. Et son inconfort me rendait inconfortable.

Il y avait un rongeur. Je la vis tourner son regard vers lui. Pour ma part, je regardais le ciel, tout en la regardant. J'étais un peu dans la lune. Mon regard à moi était vague. J'étais attentive, et en même temps je ne l'étais pas. Puis, j'entendis un craquement. La scène qui suivit était à mourir de rire. Elle sursauta, ce qui la fit bouger légèrement, et elle se mit en équilibre sur ses pattes arrières. Et la confrontation des regards entre Nuage Mélodieux et le rongeur était encore plus drôle. Il se tourna, et courut pour fuir, mais  l’apprentie le rattrapa à temps, et lui cassa la nuque. Alors qu'elle se retourna vers moi, je tentai de ne pas éclater de rire, je gloussais dans mes moustaches, pour ne pas l’insulter. Mais ce n'était pas assez, elle vit très bien que je me retenais.

- Par.. Pardon.. Mais tu ferais une très bonne équilibriste, tu sais !

Voilà, trop tard. J'étais morte de rire.