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Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumPersonne ne peut être fier de ce que tu es devenue. (Ft Petit Lac)
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Mer 25 Nov 2015 - 20:31
Personne ne peut être fier de ce que
tu es devenue.
tu es devenue.
Luny ft Kayl
Tu les as vus naître, ces chatons. Tu as même gardé l’un d’eux. Tu le nourris maintenant, mais pas avec du lait. Enfin, tu as des connaissances qui le gardent, une femelle domestique à qui on a enlevé ses chatons il y a peu. Tu comprends sa haine. Comme tu comprends la haine d’Éclair Filant, celle à qui tu as pris ce petit. Mais c’est ton neveu et ça, tu ne le sais pas encore. Tu ne sais pas d’où tu viens, mais tu avais un frère. Ta mère serait fière de toi si elle te voyait. Elle avait peur que tu deviennes trop faible. Tu es devenue la plus puissante. Tu n’as pas de coeur, tu peux tuer sans remords. Et tu le fais. Et tu tues les chatons trop faibles, mais tu préfères quand même te battre contre un chat qui se croit plus fort. Ils se font tuer par toi, qui sembles plus faible.
Et te voilà de retour vers la Prison. Cette caverne noyée dans la terreur et le sang. Et où pourtant, des chatons ont vu le jour. C’est un véritable miracle. Et le miracle, c’est que le petit que tu as volé a survécu. Mais bref, passons. Car tu te retrouves à nouveau confrontée à l’horreur du sang. Cette chose que tu aimes tant, la peur et la mort. Pour l’instant, ils ne sont pas encore morts. Bientôt. Tu le sens. Et personne ne vient les aider. Et les chatons, ils se feront leurs premiers souvenirs dans le chaos. Est-ce une bonne chose ? Pour toi, peut-être. Car ensuite, tu auras moins de mal à en faire des guerriers de l’ombre. Enfin, tu ne sais pas si tu vas encore en avoir besoin. Pour l’instant tu te sers d’une femelle faible qui a perdu ses chatons, pour qu’elle s’occupe du tien.
Tu amènes à manger. Tu ne sais pas pourquoi tu le fais. C’est pour ta renommée, ton honneur personnel. Les Escogriffes, ils se plient tous sur ton passage. Tu es violente et tu ne comptes pas changer. Certains restent fiers, certains te provoquent. Ils retournent bien vite en gémissant dans leur tanière. Toi, tu as toujours cette fierté dans ton regard. Cette lueur de méchanceté qui brille dans tes yeux noirs. Noirs comme ton coeur, comme ton âme. Mais tu éprouves des sentiments. Tu les caches simplement. Tu caches tout. Mais il vaut mieux que personne ne sache ce que tu ressens. Ça peut faire peur. Toute cette haine, ces envies de meurtres, cette folie… Il n’y a rien en toi qui prouve que tu es une chatte. Ni tes expressions, ni ton intonation, rien.
Alors, tu laisses les proies dans la caverne, pas trop loin. Tu préfères ne pas t’enfoncer dedans, là où la puanteur t’aurais pris à la gorge. Tu te demandes pourquoi personne ne les laisse sortir. Les Escogriffes n’en ont-ils pas marre de devoir les surveiller jours et nuits ? Ils ont des comportements étranges. Tu ne sais pas ce qu’ils essayent de revendiquer. Tu as la tête vide aujourd’hui, et tu t’en fiches pas mal. Ils vont mourir, pour toi, ils n’ont aucune chance de s’en sortir. Tu tournes les talons lorsque tu juges que c’en est assez. Tu es cruelle, mais… Au point de regarder des êtres aussi faibles mourir à petit feu ? Si ça ne tenait qu’à toi, ils seraient déjà morts de tes griffes. Oui, tu les aurais tués. Mais, est-ce pour leur éviter des souffrances, ou parce que tu aimes simplement tuer ?
… Mieux vaut croire à la première hypothèse. Peu importe après tout, puisque il y a trop d’Escogriffes pour que tu penses à les libérer ou à les tuer. Tu ressors alors tranquillement, comme s’il n’y avait eu aucun félin en train de mourir là-dedans. Comme si tout allait parfaitement bien et qu’aucune guerre ne se profilait à l’horizon. Sauf que tout cela est faux. Et toi tu le sais, mais tu n’es pas concernée. Ou plutôt, tout le monde est concerné, alors que tu t’en préoccupes ou non, cela ne changerait pas grand chose. Et soudain tu entends des pas derrière toi. Tes yeux noirs fixèrent la chose qui te suivait. Un des chatons nouveau-né. Ta nièce, la soeur de celui que tu avais volé. Tu te baissas et tu couchas tes oreilles en arrière pour lui souffler :
— Tu devrais rester vers ta mère. Y en a qui les dévore, les chatons comme toi. Enfin, tu vas mourir toi aussi, alors autant le faire comme tu veux.
Tu te redresses ; tes griffes sont sorties, comme à ton habitude. Tu détestes les Escogriffes, mais ils sont trop idiots pour se méfier de tes pouvoirs. Toi, tu les manipules sans mal. Tu t’amuses avec eux et leur stupidité. Le pelage clair de la petite est encore immaculé. Un pelage duveteux de chaton… Tu imagines déjà le sang sur ce pelage. Tu imagines tout ce que pourrait faire cette petite chatte qui osait sortir. Malgré les dangers. Toi non plus, tu n’avais pas peur du danger. Tu aimes le chercher. Et tu sais où cela te mènera, un jour. Mais tu t’en fiches bien. Tu veux juste vivre encore un peu pour tuer d’autres félins parfaitement innocents - quoique personne ne fût innocent. Les babines retroussées, tu te demandes encore tout ce que tu feras de toutes tes jeunes recrues. Trop de possibilités… Et pourtant une seule qui te vient à l’esprit...
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Jeu 26 Nov 2015 - 2:24
Le jour se levait. Sans même que les rayons du soleil ne puissent parvenir dans la grotte froide et glaciale qui contenait les kidnappés. C’étaient bien ce qu’ils étaient, ta mère te l’avait dit et de ce fait… tu étais une kidnappée. Tu te trouvais contre le pelage chaud d’Éclair Filant, sentant le jour se lever, et désespérant d’une couche plus agréable. Tu ne voulais pas te retrouver là, sans possibilité de mouvement agréables, tes pattes ne foulant pas la terre des forêts. Soupir. Soupir empli de désespoir. Oui toi, tu ressentais le désespoir. Pour une première fois, tu ressentais le désespoir. Alors qu’à présent, tes plans avaient fonctionné, tu réalisais que tout n’était pas comme tu l’avais imaginé, anticipé. Bien sûr qu’on t’avait prévenu que les choses ne seraient pas nécessairement comme tu t’y attendais, mais toi, tu faisais bien trop souvent à ta tête. Et tu ne regrettais pas. Tu ne savais tout compte fait pas regretter, ce qui te différenciait de beaucoup de chats. En fait.. tu connaissais l’honneur du respect des promesses que tu accordais et tu connaissais l’instinct de protection. Voilà ce que tu connaissais, rien de plus et aujourd’hui, tu apprenais tout doucement à connaître le désespoir, celui qui ronge le sang parce que tu n’obtiens pas ce que tu désires. Tu t’étiras longuement en t’éloignant de la femelle, la compagne de Déchéance de la Lune et aussi ta mère… tu eus un frisson quand le vent glacial s’engouffra dans l’endroit, traversant sans difficulté ton pelage de chaton et tes yeux verts, sombres et reflétant encore la forêt que tu connaissais, se posèrent sur ta mère. Éclair Filant. Ta mère et la compagne de Mirage Lunaire, autrement dit Déchéance de la Lune de son vivant et… ton fils.
Toi qui étais revenu d’entre les morts pour une deuxième chance d’accomplir tes desseins cruels et sanguinaires, toi qui avais gardé tes souvenirs, quoi que certains plus flous que d’autres, parfois. Rarement, mais parfois. Souvent, la majorité du temps, pour ne pas dire tout le temps, tes souvenirs étaient là avec une précision étonnante, frappante. Et pourtant, tu venais de naître, pour les autres, pour ta mère, pour tous. Tu restas un moment immobile, quand un mouvement te fit bouger, rapidement, vivement, tu gardais tes réflexes. Un chat était entré. Et tes yeux furent attirés par ses griffes qui n’étaient pas normales, non.. et alors tu la regardas dans les yeux. Elle ne te prêta pas attention, non, mais toi, à ses yeux, tu sus. Tu sus l’identité de ce chat. Une femelle. Une femelle que tu connaissais si bien pour être ta fille. Une fille à laquelle tu n’avais pas eu envie de donner de nom, sans aucun estime ou amour pour cette boule de poils née en même temps que ton fils pour lequel tu avais même donné ta vie. Tu n’avais jamais voulu de fille, dans ton autre vie… et tu en avais eu une. Tu l’avais rejeté. Et maintenant, elle te faisait face. Peut-être avait-elle un nom maintenant, cela ne t’était point important. Elle respirait le froid et la haine, tu savais reconnaître ça. Tu t’approchas à pas feutré de la nourriture qu’elle avait laissé sur le sol glacé de la grotte pour en prendre quelques bouchées, pour manger simplement, garder tes forces. Et tu la regardas. Elle finit par s’en aller, elle ne s’était pas attardée, et tu ne voulais pas la laisser partir comme ça, sans l’avoir vu, mais surtout… elle était ton unique chance de voir l’extérieur un peu, te situer un peu, savoir où vous vous trouviez, étiez-vous seulement à Cerfblanc ? L’extérieur te le dirait, tu l’avais si souvent vu.
Alors tu n’attendis pas, pas du tout, pour la suivre. Bien sûr, tu attendis d’avoir terminé de manger et de t’être rassasier, sans cela tu ne serais point en mesure de la suivre et puis par la suite, tu fis derrière elle. Un pas devant l’autre, doucement, tes coussinets se posant délicatement sur le sol qui les gelait. Tu t’approchas de la femelle qui n’était pas faible, pas du tout même. Tu savais qu’elle t’avait entendu et elle se retourna vers toi, elle te fixa de ses yeux froids. Sans émotions, sans sentiments. Tu n’avais pas peur, parce que tes yeux à toi n’exprimaient pas plus qu’elle. Ils étaient froids et tout ce que l’on voyait, c’était le vide sombre de la Forêt dans laquelle tu avais été auparavant. Et elle parla. Sans voix résonna, sans intonation, aussi vide et froid que son regard, mais tu n’avais pas peur. Tu ne tremblais pas. Tu lui faisais face. Même si elle avait parlé de mort, même si elle semblait te menacer, tu n’avais pas peur. De toute façon, savais-tu seulement ressentir la peur ? Sans doute pas. Et c’était quelque chose que tu n’apprendrais pas, que tu ne ressentirais jamais. Une émotion de faible, à tes yeux. Une émotion qui demeurerait toujours pour les faibles. Elle se baissa pour être à la hauteur de la petite chose que tu étais devenue. Petite chose qui était fragile dans son corps, mais pas dans son âme. Et elle coucha ses oreilles en arrière, mais tu ne ressentais rien que le dégoût pour cette fille que tu n’avais jamais aimé et que tu n’apprendrais jamais à aimer. Tu ne savais pas réellement aimer, n’est-ce pas ? C’était pas un ressentiment que tu pouvais connaître. Tu l’écoutas et tu eus un petit rictus, une fraction de seconde. Il s’effaça trop rapidement pour être perçu.
« Il y en a qui n’ont pas peur de la mort. »
Ta voix résonna. Froide. Glaciale. Avec certaines intonations, mais pas les bonnes, pas des intonations qui donnaient envie de parler. Ta voix était tendue, elle ne disait pas de parler, elle imposait le silence, simplement. Une voix qui n’était pas agréable. Ta voix était sèche et elle résonnait dans l’endroit, bien qu’elle n’ait été qu’un peu plus fort qu’un murmure. Il fallait le dire, ta voix se rapprochait beaucoup de celle de la chatte qui te faisait présentement face.
« Je sais qui tu es. »
Encore une fois, ta voix résonna. Elle avait des échos étranges, comme si elle en savait plus qu’elle ne le disait et au final, n’était-ce donc pas cela ? Tu en savais beaucoup plus que ce que tu disais, parce que tu ne disais absolument rien, presque, ou rien d’intéressant. Personne ne devait savoir qui tu étais réellement, personne de vivant tout du moins. Parce que les vivants devaient penser que tu étais des leurs. Surtout ceux du Clan du Vent. Tu avais fait le Clan de l’Ombre, le Clan de la Rivière et les solitaires, et tu avais eu un compagnon dans le Clan du Tonnerre, tu connaissais beaucoup de choses, alors ils ne devaient rien savoir. Tu étais… une rivale, un danger, un ennemi, ils ne devaient pas le savoir.
« Je sais qui tu es. Et toi, tu dois savoir que certaines vérités te concernant sont tues, mais un jour, elles seront cruciales. »
Tes yeux étaient encore sombres. Et reflétaient toujours autant cette éclairage glauque qui habitait la forêt que tes pattes avaient longuement foulées auparavant. Tu t’étiras longuement et baillas. Ils étincelaient.
« Enfin, passons. Je voulais sortir. »
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Jeu 26 Nov 2015 - 22:11
Personne ne peut être fier de ce que
tu es devenue.
tu es devenue.
Luny ft Kayl
Ton regard froid transperce la petite chatte. Mais elle, elle n’a pas peur. Tu te demandes pourquoi ce n’est pas elle que tu as pris plutôt que le mâle. Quoique le mâle aussi tu pourras en faire ce que tu veux. Tu en feras un bon petit soldat, un tueur né. C’est mieux ainsi. C’est ce que tu veux. Une bourrasque de vent ébouriffe ton pelage, mais rien ne peut pénétrer. Tu es impénétrable. Ton regard n’exprime rien, tu es trop… Je ne sais pas. Tu es étrange, mais tu n’es pas vraiment un chat. Peut-on dire que les Escogriffes sont des chats ? Sûrement, enfin eux ils ne sont pas en métal. Il ressentent la douleur. La peur. Toi non, et c’est mieux. Enfin, vu ce que tu es devenue, maintenant c’est mieux pour toi, d’être invulnérable à toute faiblesse.
Tu ne connais pas l’amour. C’est une faiblesse en moins. La pire des faiblesses qui puisse exister. Et puis tu ne ressens aucune douleur non plus. Finalement tu n’es pas faible, loin de là. Tu as plus de puissance que n’importe quel Escogriffe qui se prend pour le plus fort. Tu as la force physique, la force morale, tu as le pouvoir. Pourquoi ne t’en sers-tu pas ? Cela ne t’intéresse pas plus que ça. Tu ne veux pas contrôler, tu veux juste… T’amuser. C’est amusant, n’est-ce pas ? Tout ça. Jouer avec les chatons. En faire ce que tu veux. Te prouver à toi-même que tu peux les manipuler. Te battre pour le plaisir de gagner, parce que tu ne connais pas la défaite. Tu ne connaîtras jamais la défaite, car la seule fois où tu perdras, ce sera ta fin.
— Il y en a qui n’ont pas peur de la mort.
Tu hausses simplement les épaules. Si elle n’avait pas peur, c’était mieux pour elle. Mais elle se ferait tuer. Toi non plus tu n’avais pas peur, et tout le monde savait que tu te ferais tuer lorsque tu trouveras quelqu’un de plus fort que toi. Mais tu profitais d’être plus forte pour l’instant. Tu aurais pu tuer la réincarnation de ta mère une seconde fois. Tu aurais pu. Mais tu ne sais pas que c’est ta mère, et d’ailleurs tu te fiches bien d’avoir une mère ou non. Ce n’est pas une chose qui allait changer ta vie. Tu allais partir, tourner les talons à nouveau pour te barrer loin, et tu voudrais rentrer chez toi. C’est trop loin, chez toi. Ou alors tu vas rester un peu ici, participer à une guerre, juste comme ça, alors même que tu n’es pas concernée. Et là, elle parle à nouveau.
— Je sais qui tu es.
Toi aussi, tu sais qui tu es. Mais qui sont les autres, ça tu ne t’y intéresses pas. Tu souris intérieurement. Tout le monde sait qui tu es. Peu importe comment ils te voient, peu importe même s’ils te voient. Alors tu ne réponds même pas à la petite chatte crème qui répète cette phrase en un murmure. Tu te fiches que les paroles n’étaient pas celles d’un chaton si jeune. Tu te fiches du sens de ces quelques mots. Toi, tu as décidé de survivre, de tuer, et simplement de vivre. Et aussi, est-ce que je l’ai dit, de tuer ? Ah oui. Mais c’est ton unique but. Faire souffrir les autres. Parce que toi tu as souffert et tu ne trouves pas ça juste que les autre aient une belle vie, tranquille. Alors tu les fais souffrir. C’est une vengeance en quelque sorte. Même si tu ne t’en rends pas compte.
Cette fois tu t’en vas. Tu n’as que faire de ce que te dis un chaton. Un gros mâle lorgne sur la petite. Tu l’aurais au moins prévenue. Tu ne jettes même pas un dernier regard à ta nièce, ou plutôt à ta mère réincarnée dans ta nièce. Elle pouvait crever devant tes yeux, ça ne te choquerait pas plus que ça. Tu irais sans doute chasser pour toi maintenant. Tu es un peu désoeuvrée ici, enfin tu trouves toujours quelqu’un à tuer. Il y a de nombreux félins qui cherchent la bagarre. Et puis les chiens dans les jardins. C’est drôle de voir ça, pas vrai ? Des petits chiens insupportables qui hurlent à mort dès qu’un chat s’approche, mais ils ne font pas long feu eux non plus. Les Escogriffes sont comme les chiens. Tu préfères ne pas être une Escogriffe.
Toi, tu n’es rien du tout. Et tu préfères n’être rien. Ça fera moins mal au moment de partir, car tu sais que tu ne vivras pas bien vieille. C’est la destinée des Escogriffes, mais aussi des chats comme toi qui n’appartiennent à rien. Des chats qui n’ont ni parents, ni famille. Qui n’ont pas de maison. Qui n’ont même pas de sexe. Mais surtout, toi tu es une chatte qui n’a pas de valeurs. Aucune loi qui te dirige hormis celle de la survie. Tes griffes s’enfoncent dans le sol. Tes griffes qui te servent à égorger bien des ennemis… Tu as l’âme noire et toi qui aurait peut-être pu être gentille dans une autre vie, est devenue ce monstre. Et fière de l’être ? Et puis tu t’enfonces à nouveau dans les ténèbres, ne pensant déjà plus aux paroles de la chatonne. Ne pensant plus qu’à survivre.
Codage by Kayl
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Ven 27 Nov 2015 - 2:50
Tu savais qui elle était. Ta fille. Que tu n’aimais pas. Tu savais qui elle était, comme tu savais qui tu étais, qui les autres étaient, tu gagnais une longueur d’avance, tu les connaissais, tu te connaissais. Tu la regardais. Tu restais le regard fixe, ne détachant pas tes yeux d’elle, parce que tu ne baissais jamais ton regard. Tu étais ainsi, Petit Lac. Oui, même quand tu ne t’appelais pas Petit Lac, tu n’avais jamais baissé les yeux. C’étaient pour les faibles, cela. La femelle te regardait. Elle ne répondait pas. Tu attendais. Parce que tu aimais bien ça, attendre et laisser le silence peser. Tant de chats n’aimaient pas le silence, toi il ne te procurait qu’une indifférence froide. Mais elle… elle te procurait dégoût et tu te fis même en cet instant précis la promesse de lui retirer la vie que tu lui avais auparavant offerte. Tu ne l’aimerais jamais. Même si un jour tu apprenais tout doucement à aimer quelqu’un, ce qui t’étonnerait fortement. Tu ne voulais pas apprendre cette émotion, que tu ne ressentais pas présentement. Aimer, c’était être faible. Aimer, c’était se laisser tomber dans une faiblesse des plus grandes, la plus horrible et la plus fatale des faiblesses. Tu n’étais pas une de ces femelles faibles et qui avaient d’aimer pour survivre. Non. Tu n’avais besoin que de toi pour parvenir à survivre dans ce monde où la loi du plus fort était bien présente. Tu survivais bien. Tu aimais bien survivre ainsi, toi.
Et puis soudainement, elle s’en alla. Elle n’avait plus rien à faire auprès de toi, alors elle s’en allait. Tu la comprenais parfaitement, tu aurais fait la même chose qu’elle à sa place. Après tout, qu’étais-tu pour elle ? Un chaton. Rien de plus qu’un vulgaire chaton, mais un rictus déforma ton visage… tu étais bien plus que ça. Tu étais l’apparence d’un chaton uniquement, mais les mémoires et souvenirs d’une traîtresse farouche du Clan de l’Ombre. Sakuya, Lac Givré.. recommencerais-tu les mêmes choses dans cette vie? Tu essayerais de faire différent pour pouvoir mener à bien tes buts, ton but. Surtout qu’à présent, tu savais que tu n’allais plus succomber à l’amour, cette faiblesse vile qui te retirait tes capacités à trahir, à manipuler, faire des autres tes choses, tes sujets. Elle n’était plus là maintenant. Elle s’était éclipsée de ton champ de vision. Et tu remarquas rapidement un chat qui te lorgnait avec une avidité évidente. Chargé de haine, ton regard vert sombre se posa sur lui. Il frémit. Quel chaton pouvait avoir des yeux si profonds et si dénués de sentiments? Tu respirais la haine, toi. Il recula d’un pas. Satisfaite, tu te retournas, fouettant le sol de ta queue. Tu sortis tes griffes, les plantas dans la terre et les rentras avant de t’engouffrer dans l’entrée de la grotte. Une prison, tout simplement.
Une prison que tu n’aimais pas, parce que tout ce qu’elle faisait, c’était te priver de ta liberté. Tu soulevas avec toi de la poussière sans que cela ne te dérange pour autant et tu observas autour de toi. Ils dormaient toujours. Léthargiques, ils étaient tous dans un état léthargique qui te donnait envie de vomir. Tu plantas de nouveau tes griffes dans le sol et rejoignis ta mère, sans d’autre choix véritable que de retourner dormir, bien que tu n’en eus point envie. Couchée en boule contre son flanc, tu fixais le vide. Au moins, vous étiez dans Cerfblanc, tu l’avais vu. Tu t'étiras longuement encore une fois et poussas un feulement rageur avant de fermer les yeux et laisser le sommeil t’emporter dans les sentiers de cette forêt que tu connaissais. Devant toi, un félin qui t’avait promis de te faire garder contact avec ce lieu.
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