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Eux, ils sont fous. Mais pas comme moi. Je le sais, je le sens. Eux, ils sont dangereux. Moi, je fais tout pour ne pas l'être. Tu peux me faire confiance [ft Luny]

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 Dim 20 Déc 2015 - 15:33


- Eux, ils sont fous. Fous de sang. -

  ft. Petit Lac

Dis-moi, t'as réussi à dormir? Parce que j'ai pas l'impression... Tais-toi... J'en peux plus... Je veux sortir de là... Je vais finir encore plus fou et faire du mal à des innocents si ça continue... Je resterais là pour éviter ça. Un jour, ça sera tellement fort que tu n'y arriveras pas, je le sens... Il faut que tu tiennes bon! Pour ton Clan! Pour le pauvre chaton qui est parmi nous... Mais, Petite Sauvageonne est la seule chatonne enlevée? Aucune idée. Pauvre petit bout...

- En tant que guerrier, on survit, mais en tant que chaton, qu'est-ce qu'on doit endurer... Je tiens presque plus debout à manger si peu... A cet âge, on devrait jouer et vivre heureux sans se soucier du monde qui nous entoure... T'en penses quoi, toi?

J'en pense que tu viens de parler à voix haute. Et la Prison reste tout de même un espace assez restreint. Si personne ne t'as remarqué, c'est un miracle. Crotte de souris! Cet endroit me rend vraiment barge. J'arrive même plus à formuler des pensées silencieuses. J'espère que personne n'a entendu, ou du moins compris... Si on découvre que je suis deux dans ma tête, c'est la fin pour moi... Que JE suis deux? Bah merci bien, mais je suis quand même assez différent de toi. Et puis, je suis pas une double-personnalité, on pourrait pas communiquer sinon. Oui, mais dans le sens, deux dans la même tête, dans le même corps, avec le corps en "je". Excuse de cervelle de moineau.

Je m'écroule par terre, à bout de force. Je n'ai pas dormi de la nuit et j'ai un mal de crâne horrible. Pour le moment, je n'ai pas connu de mauvaise période mentale ici, mais j'ai peur du jour où cela arrivera. Comme un instinct qui me dit que plus longtemps ça met à venir, plus ça s'emmagasine, plus ce sera fort, pire ce sera pour moi et les autres. Mon très cher compagnon de corps me bloque souvent, en causant quelques souffrances au passage, mais non seulement il a dû perdre l'habitude, mais en plus, si c'est beaucoup plus fort, aura-t-il la force de me bloquer? J'ai peur de moi-même, si ce n'est pas triste. Il faut que je trouve un moyen de me défouler pour éviter une trop grande explosion. Je lève la tête vers le haut du trou, où nos ravisseurs se trouvent, et se délectent de nous voir dans cette misère, en train de souffrir. Je ne les ai jamais vus avant, mais ce ne sont que des fous. Pas comme moi, non. Des fous de sang. Des fous de torture. Une rage incroyable me prend aux tripes. Je me lève.

- Faites-nous sortir de là! On vous sert à quoi, ici? Qu'est-ce que ça vous rapporte de nous voir crever, hein? Rien du tout!

Je crois que je me suis fait insulté en retour. Au moins, ça me permettra de contrôler mieux mes mauvaises périodes. Puis, bon, comme ça change rien, autant faire quelque chose. Évidemment, ça fait passer le temps.

- Je crois que j'ai trouvé comment t'aider à éviter une catastrophe, l'ami.

Je déteins sur toi, on dirait. Mais si tu sens que ça change quelque chose, et en bien, je ne te retiens pas. Par contre, t'as encore parlé à voix haute.

- Cet endroit va me faire perdre la tête...

Et dans les deux sens sûrement, ah, que je suis drôle! Mouais, je trouve pas, et puis, pour ce coup, je préfèrerai au sens propre, car le figuré n'a pas le temps de venir et ainsi c'est moins dangereux. C'est pas toi qui décide, l'ami.
© by Nuity

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 Lun 21 Déc 2015 - 0:07


Ne prétends pas être quelqu'un d'autre
Luny ft Nuity


Tu te trouvais encore une fois là. Dans cette grotte. Emprisonnée. Ton corps de chaton ne parvenait pas à prendre du poids. Dormir ne servait à rien, il n’y avait pas de proies dans la Forêt Sombre, parce que la nourriture de la Place Sans Étoiles était les ressentiments des chats… et cette nourriture te permettait de tenir à chaque fois que tu parcourais les sentiers de cette Forêt que tu connaissais si bien. Elle te permettait de garder ton énergie, parce que chaque fois que tu redevenais Sakuya, tu te nourrissais de la peur des félins de la grotte, cette peur qui t’enivrait. Tu ne savais pas encore t’en nourrir en étant Petit Lac et tu ne savais même pas si c’était possible, mais tu pouvais encore parcourir cette forêt qui t’avait accueilli après ta mort, alors c’était l’essentiel pour toi.

Tu ne bougeais pas. Contre ta mère. Elle respirait doucement. Maigre, comme vous tous, dans cette grotte. Vous souffriez tous de cette situation. Toi sans doute moins que les autres, parce que les situations extrêmes ne te dérangeaient plus à présent, n’est-ce pas ? Tu t’y étais fait, tu y étais habituée, aux situations extrêmes et ton comportement te permettait de t’y faire encore plus facilement. La seule chose qui amplifiait la colère qui vivait dans ton corps, dans ton cœur depuis toujours, c’était le vent froid qui te glaçait les os puisque ton pelage n’était pas épais, toi qui étais dans le corps d’un simple chaton. Ce pelage ne gardait pas sa chaleur, malheureusement. Tu demeurais là, contre Éclair Filant, ta mère et la compagne de ton père, ton fils. Tout ça, c’était étrange. Mais tu t’amusais de cette étrangeté que seulement ton père, ton fils, connaissait. Seulement, tu te demandais quand même comment les appeler mentalement, parce que ça portait à confusion.

Tu levas les yeux au ciel. Non, tu dormais pas. Ça ne servait à rien de ne faire que dormir, c’était même ennuyeux. Toi, tu voulais sortir et courir après des proies pour planter tes griffes dans leurs chairs et goûter le sang chaud qui coulait dans leur corps. Tu attendais le moment où tu pourrais sentir le vent souffler sur ton pelage tandis que tu chassais une proie pour en sentir le sang chaud dans ta gueule, oh oui, tu attendais ce moment. Mais pour le moment, tu ne pouvais pas avoir ce moment parce que tu étais coincée dans la grotte, avec d’autres kidnappés et ça ne te plaisait pas, mais au moins, tu pouvais t’assurer qu’Éclair Filant vive, c’était important, ça, pour t’assurer que ton fils ne perde pas toute sa tête. Tu ne voulais pas d’une guerre de ce genre.

Tu levas la tête quand tu entendis une voix et tu remarquas un guerrier. Un guerrier dont tu ne connaissais pas le nom qui ne semblait pas aller bien, qui avait parlé sans que personne ne soit autour de lui, donc il parlait sans doute seul. Tu inclinas la tête, curieuse. Tu avais toujours été curieuse. Surtout lorsque le guerrier en question portait l’odeur de ton Clan de naissance de ton ancienne vie. Ce Clan que tu aurais pu dominer si tu avais réussi à tuer non pas le lieutenant, mais le meneur. Tu le regardais, ton regard vert sombre, vert forêt sombre plutôt, ce regard qui reflétait cette forêt à laquelle tu tenais tant, fixé sur ce guerrier qui ne semblait pas remarquer qu’on le regardait. Tu ricanas faiblement sans même qu’il ne bouge, ne se tourne vers toi. Ainsi, il était complètement retiré avec ses pensées, sans doute quelque chose que tu ne pouvais percevoir, sinon il ne parlerait pas tout seul, il ne serait pas si seul.

Et le vent qui soufflait toujours te donnait envie de crier, d’hurler, de tous les tuer ou au moins en tuer un, mais tu te fis la promesse de ne pas rejoindre les escogriffes comme cette femelle qui avait tué un chat afin de sortir de la prison. Pas que tuer ne te dérange, seulement que tu détestais les escogriffes pour ta fille qui en faisait partie. Alors tu ne rejoindrais pas les rangs d’un groupe où ta fille était. Cette fille qui te désolait. Elle ne pourrait jamais te rendre fière, n’est-ce pas ? Tu n’étais pas capable d’être fière de ta fille, pas plus de ton fils ou encore de ton autre fille. Surtout pas de celle-ci qui était devenue une domestique. Ça te désolait tellement. Non, toi tu resterais au sein du Clan du Vent pour pouvoir atteindre le pouvoir que tu désirais obtenir, tu attendrais, tu patienterais, mais un jour tu ferais partie des élites ayant le pouvoir, oui. Et la Forêt n’aurait plus quatre Clans, non, elle n’en aura qu’un. Tu attendais ça, toi.

Mais pour le moment, tu regardais ce guerrier qui semblait toujours ailleurs. Tu ne le connaissais pas, mais il t’amusait bien et ça, tu ne pouvais pas le nier. Le félin finit par s’écrouler. Tu ne pensas même pas à aller le voir pour savoir s’il allait bien, s’il allait s’en remettre, non, tu demeuras là, sans rien te demander. Tu te dis seulement qu’il manquait sans doute de force. Ce n’était pas facile, dans cet endroit, d’avoir de la force, de préserver sa force tout simplement, alors tu ne fis qu’émettre cette supposition, tout en demeurant bien collée contre le pelage de ta mère.

Après tout, tu n’avais absolument aucune considération envers les chats que tu connaissais, alors encore moins envers ceux que tu ne connaissais pas et tu n’étais pas du type à t’inquiéter pour un inconnu. Donc tu ne cherchas même pas à savoir s’il s’en sortait ou s’il avait besoin d’aide, cela ne t’importait au final pas. Tu t’en fichais totalement de ce chat qui ne faisait que t’apporter une distraction dans cette journée qui s’annonçait, comme les autres, ennuyeuse. Trop ennuyeuse. Il t’apportait quelque chose pour te distraire un instant, heureusement.  

Le guerrier finit par lever la tête vers l’entrée de la prison. Entrée que tu avais déjà franchi auparavant. Et il ne semble pas content, il semble désirer se défouler, peut-être te trompais-tu et tu n’en avais que faire de te tromper ou pas. Et puis il parla. Il leur lança une phrase qu’un chat désespéré aurait pu lancer. Il te faisait rire, il était pitoyable à s’adresser aux ravisseurs comme ça, comme s’ils allaient changer d’avis pour une phrase que n’importe quel des prisonniers auraient pu leur sortir. Les escogriffes l’insultent, bien évidement. Cela n’aurait pas pu être autrement. Ils ne savaient qu’être violents dans leurs paroles ou leurs gestes. Tu le savais depuis longtemps, ça.

Tu le regardais et il se remit à parler tout seul. Un moyen de permettre d’éviter la catastrophe à qui ? Tu te le demandais bien, mais la suite ne fit que t’ébranler d’un petit rire. Cet endroit n’était pas la cause de sa perte de logique, c’était simplement qu’il était fou, sans précédent. Tu te levas et te secouas pour approcher ce félin qui t’amusait, qui te distrayait dans l’ennui mortel qui régnait dans la grotte. Une grotte que tu détestais pour t’empêcher d’enfouir tes griffes dans le corps d’une proie avant de le sentir mourir, pousser son dernier souffle. Tu étais maintenant proche de ce mâle et tu inclinas la tête. Ta question serait indiscrète, mais tu ne t’en souciais guère.

« Il y a quelqu’un dans ta tête ? »

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 Dim 27 Déc 2015 - 20:47
Eux, ils sont fous. Pas comme moi.

   
Je ne vois pas venir le chaton qui s'approche par-derrière. De toute façon, qu'est-ce que ça peut me faire? Je voudrais juste sortir d'ici, au moins pour ne pas mourir comme une souris coincée dans son trou. Respirer de l'air pur. Ici, c'est plein de boue, c'est sale, c'est invivable. Mon instinct de survie va petit à petit prendre le dessus, vu le peu que nous avons pour survivre. Mais au moins, je respire. Je reste en vie. Peut-être... Mais vaut-il mieux vivre fou ou mourir? C'est une question à laquelle je ne peux pas répondre n'ayant pas vécu la mort. Quelle drôle de tournure. Vivre la mort. La blague. Pourtant, je ne sais pourquoi, un espoir, un lueur me force à survivre, me pousse à ne pas me laisser abattre et à ne pas mourir. La lucidité m'attendrait-elle après finalement? Je ne peux savoir. Ce que je sais, au fond de moi, c'est que je dois vivre si je veux savoir ce qu'il se passe après. Quel gâchis sinon. J'aurais dû mourir il y a des lunes alors.

Le chaton est proche de moi mais je ne le remarque qu'au dernier moment. Quand elle pose une question que j'ai redouté très longtemps. Trop. Il fallait bien que je l'entende un jour, que j'y réponde. J'y ai pensé des dizaines de fois. Et je ne me suis jamais préparé. Cervelle de rat. Je sais maintenant que j'aurais dû.

« Il y a quelqu’un dans ta tête ? »

Que dire? Oui, bien sûr qu'il y a quelqu'un. Mais un chaton. Je risque de lui faire peur. Ou alors... Un chaton dit tout ce qu'il pense. Il risque de le répéter. Et après, soit je me fais tuer dans cette mare de boue, traité de fou misérable, soit on le dit à mon Clan et je me fais bannir. Condamné à errer en solitaire pour le restant de mes jours. Ce n'est pas une vie ça. Du moins, pas celle d'un guerrier. Je ne pourrais jamais. Dois-je lui mentir pour sauver ma peau pour autant? Mentir serait dangereux. Je pourrais sombrer dans la folie meurtrière si cela devait arriver. Je suis sûr que c'est ce qu'il se passerait. Combien de lunes a-t-elle au moins? Ma réponse dépendra notamment de ça. Elle est toute petite et chétive. Et puis, avec la situation dans laquelle nous sommes, ça n'arrange rien. Elle n'a peut-être connu que ça. Justement, pose-toi des questions. Ah tiens, ça fait longtemps toi. Quelles questions veux-tu que je me pose? Il n'y a rien d'extraordinaire à être curieux étant chaton. Réfléchis, cervelle de rat! Tu viens de dire toi-même qu'elle n'avait peut-être connu que la Prison. Comment aurait-elle pu tirer de telles conclusion aussi jeune? Te voir parler seul, elle devrait te trouver bizarre et point. Elle a à peine une lune! Je le sens pas, crois-moi. Tu veux que je ne lui réponde pas? Mais ça pourrait avoir des conséquences lourdes! J'aimerais que tu me fasse confiance. Que tu me laisse tenter une chose inédite. Dans tous les cas, t'es pas en état de commencer une discussion avec elle. Au point où j'en suis, allons-y, soyons fou! Fais ce qu'il te chante.

Je sens de moins en moins mon corps. Comme si mon esprit prenait de la distance avec lui. J'ai l'impression de regarder le guerrier planté devant ce petit chaton sans y être moi-même. Quelle étrange sensation... Je crois avoir compris ce qu'il se passait. Mon cher ami qui partage mes pensées a interverti nos fonctions. Il a pris le contrôle du corps pour avoir celui de la parole. Je n'aurais jamais pensé qu'une chose pareille était possible. En ce cas, il l'aurait déjà fait lors de mes crises, non? Ou alors, il ne veut en aucun cas se faufiler dans ma vie. Il reste spectateur et évite que je massacre ma propre vie car sa présence me perturbe. Le cas actuel doit être exceptionnel. Mais si je ne vois vraiment pas quoi. C'est un chaton curieux qui essaie de comprendre le monde qui l'entoure. De comprendre dans quoi elle était tombée. T'as des abeilles dans les oreilles, ma parole... Tu comprendras. C'est étrange de voir soi-même sans l'être réellement. Cela avait dû lui faire bizarre à lui aussi. Quand je regarde, j'ai l'impression que la lueur de mes yeux a changé. Comme si cette lueur correspondait à notre esprit et était unique à chacun. C'est étrange, j'ai l'impression de l'avoir déjà connue cette lueur... En tout cas, elle est très proche de la mienne, si bien qu'il faut très bien me connaître pour voir le changement. Je me vois prendre la parole. Je ne sais même pas ce que je vais dire. Comme quand j'écoute un autre parler.

"Comme tout le monde, je pense. Il y a moi, logique. On ne pourrait pas vivre sans sa conscience, non? Je suis sûr que tu comprends. Même si tu m'as l'air un peu jeune pour tout ça."

Je me vois, assis, tourné vers le chaton, qui baisse la tête pour plonger mon regard dans celui du chaton.

"Mais il ne faut pas si fier aux apparences à ce que l'on dit."

Je sens mon regard puissant et pénétrant, sans pour autant être intimidant. Juste plein de vigueur et de conviction. Je ne la quitte pas du regard. Je ne sais pas à quoi joue mon cher compagnon de pensées, mais c'est un jeu très subtil. Comment cette petite comprendrait-elle si je ne le comprends pas moi-même? Il y va peut-être un peu fort, là. Mais je dois attendre, tout ça est une première et je ne peux me fier qu'à ce que je vois chez les autres pour savoir si je dois le laisser faire ou pas.
   
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 Lun 28 Déc 2015 - 0:02


Ne prétends pas être quelqu'un d'autre
Luny ft Nuity


Tu le regardais. Il ne répondait pas. Tu avais été directe, après tout. Mais tu étais toujours directe et ne voyais pas pourquoi tu ne le serais pas, parce que tu n’aimais pas ne pas l’être, c’était comme ça tout simplement. Chatonne ou guerrière, tu allais droit au but. Sans passer par des détours qui ne servaient à rien, alors en ce moment également tu étais directe, en lui demandant s’il avait quelqu’un dans sa tête, sans savoir s’il te répondrait. On te prenait pour un chaton. Tu savais qu’on allait chercher à t’épargner de la noirceur du monde, de ce que tu ne comprendrais pas selon eux, mais tu comprenais tellement plus qu’ils ne pourraient jamais l’imaginer, parce que tu n’étais pas une chatonne qui ne connaissait rien de la vie. Tu n’avais pas connue que la prison dans laquelle vous vous trouviez actuellement. Non, tu ne connaissais pas que cet endroit, tu ne vivais pas que là. Tu n’avais pas vécu que là, même si pour eux tu avais moins d’une lune et que tu étais née là.

Tu avais connu les marécages du Clan de l’Ombre. Le camp de ce Clan. Tu avais connu le promontoire du Clan de l’Ombre, qui était sans doute comme tous les autres. Tu avais connu la pouponnière du Clan de l’Ombre qui était isolée, dans un roncier. Tu avais connu la tanière du guérisseur. Et la clairière principale. Tu avais connu les marécages qui tu aimais particulièrement, le sentier qu’ils nommaient le sentir de la Forêt Sombre. Tu avais connu longuement ce lieu avant de te faire bannir et de connaître alors plusieurs autres lieux. Des lieux arides, parfois sans proies, le territoire du Clan de la Rivière, près de cette rivière les alimentant, quand tu avais abandonné Patte Lunaire. Tu avais connu les Quatre Chênes également. Tu avais connu la forêt tout simplement, avec les Hautes Pierres lorsque tu te nommais Nuage du Lac. Lorsque tu étais novice, tout simplement. Mais personne ne savait que tu avais connu tout ça, parce que pour eux, tu avais connu tout autre chose.

Tu le regardais donc et attendais. Il semblait perdu dans ses pensées et tu supposais qu’il parlait à ce qu’il entendait dans sa tête, comme il l’avait fait plus tôt, mais pas à voix haute cette fois et tu attendais, parce que tu désirais une réponse à ta question, peu importe qu’il désirât te la donner ou pas. Tu t’étiras un moment et t’assis de nouveau, attendant tout simplement. Tu demeurais patiente. Tu n’allais pas abandonner, tu n’allais pas laisser faire. Et tu le regardais. Ton regard était vert et dedans, tu voyais une forêt que tu connaissais bien et qui n’était pas celle que ceux autour de toi connaissaient. Ton regard le fixait donc dans l’attente d’une réponse qu’il semblait prêt à te donner. Finalement. Tu attendais une réponse et tu t’étais demandée s’il comptait te la donner au bout du compte, tu avais ta réponse maintenant.

Il te répondit d’une façon tellement banale. Qu’il n’y avait que lui dans sa tête, mais que c’était sa conscience. Tu ne le croyais pas. Tu voyais bien qu’il avait parlé à quelqu’un d’autre qu’à une conscience. On ne parle pas à sa conscience comme on parle à quelqu’un d’autre et tu avais déjà vu cette situation, après tout. Auparavant. Qu’il ne le sache ou pas et par la suite, il te dit qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, à ce qu’on lui disait. Parce qu’il te trouvait trop jeune pour comprendre tout cela ou du moins, tu lui paraissais trop jeune, mais il avait ajouté qu’il ne fallait apparemment pas se fier aux apparences et tu savais qu’il ne fallait absolument pas se fier aux apparences. Parce qu’elles se retrouvaient bien trop trompeuses, les apparences. Tu n’étais pas un petit chaton qui pouvait être tué facilement après tout, tu reviendrais dans les rêves. Tu tuerais dans les rêves. Tu l’avais déjà fait.
Comme ton fils.

« Non. »

Doucement, ta voix froide et mesquine résonna dans les airs, comme pour trancher, le remettre à sa place. On ne mentait pas à une ancienne traîtresse, on ne faisait pas mine, on ne se cachait pas derrière des phrases toutes faites et on assumait. Comme elle avait assumé le jour où elle avait presque tuer le lieutenant, comme elle avait assumé lorsqu’on l’avait banni. Elle avait quitté le Clan, la tête haute, le regard froid et brillant d’une ambition qui ne s’éteignait jamais, qui brillait encore dans tes yeux, et tu avais quitté le camp sans même perdre de ton assurance. Certains t’admiraient pour cela, mais beaucoup plus te détestaient pour être qui tu étais. Ton regard se plantait dans celui du guerrier qui s’était penché pour te regarder.

« On ne me mentira pas. Tu n’es pas seul dans ta tête. Il n’y a pas que toi, ce n’est pas ta conscience, plutôt une voix qui te parle, comme si elle venait d’ailleurs, comme si elle était quelqu’un d’autre et sans doute a-t-elle le moyen de te soumettre à elle. J’ai déjà vu ça. Tu n’es pas le premier au sein du Clan de l’Ombre. Un ancien, Queue de Rat qu’il se nommait, il y a vingt-cinq lunes de cela, était ainsi. Il est mort aujourd’hui, mais les novices ne l’approchaient pas. Ils avaient tous peur de lui. Il n’était pas seul dans sa tête. Comme tu n’es pas seul dans ta tête, mais tu sais ne pas le montrer, toi. »

C’était aussi simple que cela.
N’est-ce pas, Petit Lac ? Ou devrait-on dire, Sakuya.

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 Sam 2 Jan 2016 - 19:16
Eux, ils sont fous. Pas comme moi.



« Non. »

La voix de la chatonne me fit frissonner. Comment peut-on répondre comme ça aussi jeune? On ne connaît pas le sang, la cruauté encore. En même temps, c'est comme si elle était née ici, la cruauté et l'infélinité, elle connaît. Elle ne connaît que ça. Pourtant, c'est comme si elle avait plus d'expérience que sa petite lune le montrait. C'est pour ça que j'ai dû laisser l'ami prendre ma place temporairement? Comment a-t-il vu une chose pareille? N'importe quel félin n'aurait pas pu deviner. Qui est celui qui partage mes pensées et ma conscience? Fais-moi confiance, Feuille d’Érable, par pitié. Tu comprendras plus tard, c'est vraiment pas le moment. De plus en plus de mystère et de choses troublantes. Ma vie n'est décidément pas faite pour être normale. Quel dommage... Pouvoir être en paix, chasser, se battre pour son clan, rire, se faire des amis, une compagne, des ennemis, des rivaux, des chatons. Ce n'est pas pour moi malheureusement. Un jour, si. Si tu le dis...

« On ne me mentira pas. Tu n’es pas seul dans ta tête. Il n’y a pas que toi, ce n’est pas ta conscience, plutôt une voix qui te parle, comme si elle venait d’ailleurs, comme si elle était quelqu’un d’autre et sans doute a-t-elle le moyen de te soumettre à elle. J’ai déjà vu ça. Tu n’es pas le premier au sein du Clan de l’Ombre. Un ancien, Queue de Rat qu’il se nommait, il y a vingt-cinq lunes de cela, était ainsi. Il est mort aujourd’hui, mais les novices ne l’approchaient pas. Ils avaient tous peur de lui. Il n’était pas seul dans sa tête. Comme tu n’es pas seul dans ta tête, mais tu sais ne pas le montrer, toi. »

C'est bon, je nage dans l'incompréhension totale. Et je déteste ça. C'est un mélange visqueux et obscur, inquiétant, que la lumière a du mal à éclaircir. Que sait-elle du Clan de l'Ombre? Elle fait partie du Clan du Vent! Et il y a vingt-cinq lunes? Mais c'est un chaton! Et en plus... Queue de Rat? Je ne le connais même pas. Je n'en ai jamais entendu parler. Ou peut-être que si? Dans ma vie de chaton? Dont je ne me souviens plus? Pourtant, ça ne me dit rien. C'est le néant total, le flou incroyable. Je me vois montrer les crocs. Je me vois humer le fumet de la chatonne. Elle ne possède que l'odeur du Clan du vent ainsi que celui de cet infect endroit. Quoi de particulier? Pourquoi fait-il ça? Je vais essayer de nous sortir de là, mais ne t'approche plus jamais d'elle, ne la laisse pas t'approcher, ne lui parle plus jamais, ne la laisse pas te parler. Elle est dangereuse, tu comprends? Je ne vois pas en quoi, mais ok, j'éviterais. Pourquoi?

J'ai senti ta pointe d'angoisse et de peur dans ce que tu viens de me dire. C'est pour cela que je suivrai tes instructions. Qu'est-ce qui te fait peur? Pourquoi veux-tu rester loin d'elle? Elle sait que tu es là, si on lui fait tenir sa langue, tout se passera bien, ça ne sera rien! J'espère comprendre, un jour... Ou peut-être que ta réponse me suffira. J'entends déjà ma voix, que tu utilises pour lui répondre.

" Tu ne viens pas du Clan des Étoiles. Tu saurais sinon. Or, tu ne sais pas. Tu viens donc de la Forêt Sombre. Et je suis certain que je ne suis pas le seul à l'avoir deviné. Sache que c'est plus complexe que ça en a l'air et que ça ne te regarde pas. Tout ceci ne regarde que moi et le Clan des Étoiles. Tu as trahi le Clan de l'Ombre. Je ne sais pas qui tu es, mais je trouverais. Si tu deviens dangereuse pour moi, crois-moi, ta vie sera bien moins drôle que maintenant. N'oublie jamais ça. "

Je voyais une lueur brûlante de détermination dans mes yeux. Je ne pensais pas que mon corps était capable de ça. Ma voix avait été froide et sans intonation, comme lâchant une sentence avec fatalité. Je ne comprends décidément rien. Et puis... Le chaton disait qu'il tentait de me soumettre? Comment ça? Serais-je en train de me faire manipuler depuis le début? Je ne t'éviterais pas les pires débilités de ta vie sinon. Je n'essaierais pas de te protéger sinon. Ne regarde pas le corps de ce chat. Ce n'est pas un chaton. Souviens-toi juste que c'est un ennemi du Clan des Étoiles. Je sens qu'il me manque certaines connaissances pour comprendre ce qui m'échappe. Mais je continue d'observer, espérant les récupérer pour finir d'assembler les dernières pièces du puzzle que je construis inconsciemment. Pour me souvenir. Et savoir. Mais ça, je ne m'en rends pas compte.
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 Dim 3 Jan 2016 - 5:10


Ne prétends pas être quelqu'un d'autre
Luny ft Nuity


Le guerrier ne te fait pas peur. Peut-être aurait-il fallu que tu aies peur, que tu te montres ne serait-ce qu’un peu intimidée, comme un petit chaton de ton envergure l’aurait été, mais tu ne cherchais aucunement à dissimuler que tu étais étrange, différente. Aucun chat ne pouvait comprendre que tu venais de la forêt sombre. Aucun… sauf ceux qui s’entraînaient dans la forêt sombre, bien entendu, parce qu’autrement, ils ne connaissaient pas l’existence de ce lieu où jamais les étoiles ne pouvaient briller. Tu t’étiras, te remis à ta place et le regardas à nouveau. Il ne te faisait pas peur, c’était tout ce que tu pouvais dire.. tu ne le trouvais même pas imposant. Il n’était rien pour l’ancienne guerrière sauvage que tu avais été, absolument rien. Alors tu n’avais pas peur et tu ne tremblais pas. Tu te tenais bien droit, bien imposante à ta façon, les griffes sorties et enfoncées dans la terre de la grotte, usant les petits griffes du corps de chaton que tu avais, mais tu t’en fichais. Tout ce qui t’intéressait, c’était ce curieux guerrier, Feuille d’Érable, qui était né bien après toi et qui semblait différent, lui aussi.

Malheureusement pour toi, tu sentais également émané de lui l’aura du Clan des Étoiles, comme s’il était protégé par ce Clan auquel tu avais déclaré la guerre. Toute la forêt sombre avait déclaré la guerre au Clan des Étoiles, ou du moins presque tous, alors ce guerrier devait se tenir à carreaux, ne pas les irriter. C’était dur, d’accord. Par sa simple existence, il irritait la Forêt Sombre… le pauvre. Tu te retins fortement de ricaner tandis que tu attendais toujours une réponse du guerrier qui semblait perdu entre deux pensées contraires, nager dans l’incompréhension la plus totale, mais tu te disais que tu pourrais bien t’en amuser. Surtout que Feuille d’Érable devrait se montrer bien prudent. Si le Clan des Étoiles lui servait de protection de son éveil, cela n’en était rien dans son sommeil. La Place Sans Étoiles était si près du Clan des Étoiles, les terres se touchaient presque, seulement.. le Clan des Étoiles n’avait pas le droit de venir dans les terres de la Forêt Sombre. Si un membre de ce Clan s’égarait dans les terres de cette place éclairée par des champignons vénéneux, et bien.. il était à la merci des chats assoiffés de sang et de vengeance. Et il était rare qu’il survive.

Ton cœur battait normalement. Le vent soufflait encore et encore dans la grotte glaciale et inhospitalière. Tu te souvenais de l’avoir vu frissonner encore une fois quand tu avais répondu non. Que se passait-il à l’intérieur de lui ? Tu désirais tant le savoir. Mais tu ne pouvais pas. Pas encore. Surtout pas s’il était du côté du Clan des Étoiles, mais quelque chose vibrait en lui. Quelque chose qui pouvait ressentir à ce que toi tu ressentais lorsque tu éclatais et tuais. Il montra alors les crocs et tu ricanas franchement cette fois. Parce que tu avais comme le sentiment qu’il essayait de te remettre à ta place, alors que tu avais qu’à venir le voir dans ses songes pour lui faire comprendre que ta place était là où tu désirais. Tu inclinas la tête, affichas un sourire mesquin, carnassier, qui en disait bien plus long qu’un discours qui se serait éternisé jusqu’au coucher de ce soleil que vous ne pouviez voir dans ce lieu désagréable.

Et puis il parla. Tu compris à ce moment. Tu compris que Feuille d’Érable n’était pas celui qui parlait. Que celui qui parlait était la voix, parce qu’elle mentionnait la Forêt Sombre et qu’il était du côté du Clan des Étoiles, alors il ne pouvait pas connaître la Forêt Sombre à moins d’être une réincarnation et tu étais sûre et certaine que ce n’était pas ça. Tu ne comprenais pas comment la voix faisait pour prendre possession du corps de son hôte, mais tu te juras d’essayer un jour de reproduire cela. Mais pour le moment, ce n’était pas là ton problème. Ainsi, c’était la gouverne du Clan des Étoiles ? Tu ne savais pas si la voix comprenait bien dans quelle galère elle venait de plonger son protégé, mais toi tu le savais. Il était une cible à présent, une cible de la Forêt Sombre. Tu prendrais bien soin de faire circuler l’information et tu te demandas brièvement s’il savait les risques encourus. Sans doute pas. Ça ne te regardait pas ? Oh mais si, tu aimais que les choses te regardent, toi et tu faisais en sorte que cela te regarde, même si ce n’était pas le cas. Et tu ricanas une nouvelle fois. D’une façon plus menaçante. Tes yeux devinrent plus froids. Glacials. Ils étaient réduits à une fente. Ton amusant était teinté d’agacement et tu étais définitivement énervée à présent. On ne menaçait pas la féline que tu étais. Ton corps était ébranlé par la colère que tu avais maintes fois ressenti lorsque tu étais guerrière, dans ton ancienne vie. Une colère si forte qui revenait si souvent.

«  Alors mon cher… Ceux qui l’ont deviné ne peuvent être que du côté de la Forêt Sombre, car les purs mortels ayant jamais côtoyé le Clan des Étoiles ne connaissent pas la Forêt Sombre, sauf s’ils s’y entraînent et dans ce cas… ils sont de mon côté, non ? »

Petite pause. Ta voix était froide. Entièrement froide. Il n’y avait plus aucune trace d’amusement, de mesquinerie. Il n’y avait qu’une froideur et une menace sous-entendu. Une menace qui représentait beaucoup, pour un membre du Clan des Étoiles, non ? Parce qu’après tout, si les chats mortels s’entraînaient dans la Forêt Sombre, le Clan des Étoiles perdait du terrain, et la Place Sans Étoiles en gagnait. C’était justement le but, après tout. De vieilles querelles devaient être réglées. Un jour.

« Si je deviens une menace, tu m’élimineras ? Je peux frapper au sein de la Forêt Sombre. J’y ai tué. Peux-tu en dire autant de vos chères petites étoiles ? Vous ne pouvez pas infliger de blessures, vous pouvez seulement soigner. Soigner.. comme c’est dérisoire, ne trouves-tu pas ? »

Tu fouettas le sol glacé de ta queue, crachas et ricanas de nouveau. Tu t’étiras et reculas légèrement. Il t’amusait, mais surtout t’agaçait.

« Enfin.. j’admets que ce serait plus difficile. Surveille les arrières de Feuille d’Érable. Il est l’allié du Clan des Étoiles. Ce serait une terrible perte pour vous, non? »

Menaces.. menaces..

« Le lac est parfois givré, au final, lorsque les premières gelées arrivent. Il craque facilement sous le poids d’un chaton plus lourd que prévu.  »

Tu lui donnais la clé pour comprendre qui tu étais auparavant, traîtresse du Clan de l’Ombre. Tu te retournas et allas auprès de ta mère pour te rendormir.. et faire passer l’information. Tu étais belle et bien dangereuse.



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