Fuite et éclaircissements à la faveur du matin || Ft. Clan de l'Ombre & les Troupes

Fuite et éclaircissements

Etoile de la Mélopée avançait à pas de velours sur le chemin de terre menant au Grand Lac. Le croissant de lune qui trônait dans le ciel hivernal éclairait leur chemin, comme une invitation à continuer. Et il leur fallait au moins ça pour mettre une patte devant l'autre, car ils étaient fatigués. Epuisés même. Par leur blessure, par leur longue marche, par l'attaque de leur camp surtout. Rêve d'Ebène courrait, s'affairant au milieu des membres de l'Ombre pour soutenir ceux qui ne tenaient plus sur leur pattes, soigner ceux qui étaient blessés et pour lesquels il n'avait pas le temps de s'arrêter...
La meneuse leva un instant les yeux vers le ciel, fixant les étoiles avec un semblant de crainte, d'appréhension. Le Clan des Etoiles, ses chers ancêtres. Ceux en qui elle avait toujours eu confiance. Et qui pourtant n'avait pas empêché les Clans du Tonnerre, du Vent et de la Rivière de les attaque lâchement à la faveur de la nuit... Non ! Etoile de la Mélopée secoua la tête, glacée. Elle ne pouvait pas se mettre à douter de ses ancêtres. Elle leur devait ses 9 vies, les visions passées et futures destinée à sauver son Clan... Ce Clan de l'Ombre qu'aujourd'hui aussi elle devait soutenir. Elle ne pouvait pas se mettre à douter des astres qui veillaient sur eux, alors que ses camarades déjà devaient hésiter. Elle devait être forte, inébranlable, pour eux.

La guerrière bicolore sentit soudain les vétérans qui marchaient à ses côtés ralentir, des plis soucieux se formant sur leur front. La meneuse se stoppa net, dévisageant la grimace inquiète qui déformait le visage de sa lieutenante sans comprendre, avant qu'une forte odeur féline parvienne à son museau. Elle tendit immédiatement les oreilles vers l'avant, agitée. Elle ne connaissait pas cette odeur... Et tant de présences félines la mettait mal à l'aise maintenant, le souvenir de la bataille encore trop vif dans son esprit. La cicatrice qu'elle avait reçue à l'arcade sourcillère la démangea et elle grimaça en étrécissant les pupilles. Qu'y avait-il dans ses bois ? Elle jeta un regard de connivence à Plume d'Ombre. Fallait-il entrer, ne pas entrer ? Elle lisait la même angoisse latente que la sienne sur le visage de sa fidèle seconde. Elle sembla hésiter, tout comme elle, jetant des regards en arrière aux chatons, puis acquiesça avec réserve. Etoile de la Mélopée cligna lentement des yeux en signe d'assentiment. C'était également ce qu'elle pensait. Sans doute des dangers les attendaient-ils devant eux, auprès de ces félins. Mais laisser anciens, chatons et blessés derrière eux était une idée bien plus dangereuse, car il ferait des proies faciles si ces félins inconnus venaient à se séparer pour les attaquer par derrière, alors que leurs guerriers les plus puissants allaient parler avec eux par devant.

Conforté dans sa décision, la meneuse commanda de reprendre la marche d'une voix puissante et où ne transparaissait nul doute. Et le Clan de l'Ombre reprit sa marche vers le lac. L'odeur inconnu devenait à chaque pas plus forte, tendant chacun de leurs muscles d'une crainte justifiée. Et bientôt, ils croisèrent le premier de ces chats inconnus. Un tout jeune félin, un peu maîgrichon, mais semblant en bonne santé. Il les fixa avec des yeux ronds, troupe de chats blessés et aux traits tirés, avant de filer en hurlant, dans la direction de ce qui semblait être leur lieu de résidence.
Etoile de la Mélopée le regarda disparaître en silence, soucieuse, avant d'encourager son Clan à le suivre. Et ils arrivaient bientôt près du lac, là où tant de chats avaient élu domicile à leur insu.
La meneuse bicolore promena un regard à la lueur fatiguée sur ces félins inconnus, cherchant à les reconnaître, à voir ce qui avait pu les mener ici... Elle n'eut aucun succès jusqu'à ce que deux chats de haute stature et au port altier s'approchent d'eux, le regard sombre et un peu menaçants. Eux, elle les reconnut. C'était les deux qui avaient interrompu l'Assemblée en accusant les Clans d'être responsables... d'enlèvements. Cela les avait tous surpris : même des félins non liés au Clan étaient touchés ? C'était ce qui l'avait fait douter de la théorie des chats domestiques, des solitaires.
Mais ces chats eux, ne doutaient pas. Ils étaient certains que les Clans étaient responsables. Et elle craignait maintenant pour ses camarades, car ils étaient tous là blessés, à la merci de ceux qui les rendaient responsables des enlèvements des leurs.
Il allait donc falloir vite tirer les choses au clair, pour éviter à son Clan d'être exterminé.
Etoile de la Mélopée, qui s'était brièvement assise pour récupérer, se remit lentement sur ses quatres pattes et chuchota quelques mots à Rêve d'Ebène afin qu'elle se débarasse du cataplasme posé sur le haut de son oeil et qui lui bouchait la vue. Elle gémit sourdement au froid qui souffla sur son oeil après le départ de ce soin, puis secoua doucement la tête. Elle ouvrit grand ses deux yeux clairs, le gauche toutefois un peu plus abîmée, remercia la guérisseuse d'un chuchotement et se tourna vers les deux... chefs, dirigeants ? ennemis. Elle leur fit face avec ce qui doit être le port altier d'un chef, malgré sa fourrure sans doute plus négligée que d'ordinaire et ses blessures. La meneuse plongea son regard clair dans le leur et cligna doucement les yeux en signe de salut.

- Salutations. miaula t-elle doucement. Elle fit une pause, laissant un silence glacial, mais qu'elle trouvait pourtant réconfortant, planer, puis reprit. Je me nomme Etoile de la Mélopée, chef du Clan de l'Ombre. Nous nous sommes... croisés à l'Assemblée.
Nous avons eu quelque effarouché avec les trois autres Clans que vous avez vu à l'Assemblée qui nous a poussé à venir ici. La meneuse prit à nouveau une inspiration, presque en secret, puis reprit. Et nous avons l'intention de rester quelques temps.
[UC] ?

 

© Codage by Ella' for Nexouille <3

Le croissant de la Lune était bien haut dans le ciel et le vent soufflait de façon bien irrégulière. Le pelage de la meneuse était toutefois assez long pour la réchauffer ne serait-ce qu’un tout petit peu. Volcan explosant sous les Braises soupira tout doucement, les oreilles dressées, tous les sens en alerte. Elle était ainsi depuis plusieurs jours, et ne comptait pas changer. Quand elle n’était pas amorphe et couchée dans son lit de mousse sans prêter aucune attention à ce qui se passait, elle était alerte et toujours prête à riposter, le pelage hérissé et les crocs souvent montrés. Soit c’était la tristesse qui dominait ou alors c’était la colère et d’une certaine façon, valait mieux la tristesse. Ainsi on était sûr que personne n’était blessé. Sauf peut-être elle, psychologiquement. La féline au pelage de nuit n’était définitivement plus la même et ne le sera sans doute plus jamais.

Présentement, le camp était endormi. Sauf elle et Lyrielle, de l’autre côté. Elle le voyait éveillé. Elle comprenait très bien pourquoi. Le vent soufflait toujours, et l’eau bougeait doucement, mais restait silencieuse. Par contre… elle se sentait près du Clan des Étoiles. En tant que meneuse, peut-être devrait-elle aller aux Hautes-Pierre pour communiquer avec leurs ancêtres ? Non. Elle était la meneuse d’une Troupe, pas d’un Clan. Mais.. peut-être… elle irait. Avant de partir, elle irait se recueillir à la Pierre de Lune pour comprendre peut-être le rôle du Clan des Étoiles dans tout cela et peut-être revoir sa mère, peut-être revoir sa soeur. Oui. Elle irait, mais pas maintenant, pas en pleine nuit, pas quand le camp n’était pas averti et elle n’irait pas réveiller Elbion pour le faire veiller le camp, ça devait et pouvait attendre au lendemain ou peut-être le surlendemain, de toute façon ils ne partaient pas tout de suite.

Volcan explosant sous les Braises prit une profonde inspiration puis se leva, s’étira. Le temps ne se réchauffait pas, c’était plutôt même le contraire. Comme si on essayait de lui parler, de lui dire quelque chose.
Sans doute même que c’était le cas, mais que pouvait-on essayer de lui dire ? Elle se le demandait sérieusement. Elle promena son regard épuisé sur la Troupe Inondée et retint un nouveau soupir. Après avoir fait une rapide toilette, elle s’assit et profita du doux silence qui envahissait l’espace. Aikrya tentant l’Impossible s’approcha d’elle. C’était un chasseur au pelage gris foncé, avec quelques fines rayures blanches et noires. Son regard vert était perçant et sage. Volcan avait toujours aimé le calme de ce félin. Il lui annonça son désir de chasser et de se recueillir dans les terres, sans trop pour autant s’éloigner et la féline à la robe noire lui donna l’autorisation. Elle, elle allait rester pour surveiller le camp et donner les ordres, si jamais il avait de besoin.

Elle sentait la colère sourde reprendre place dans son corps, lui faisant ainsi ignorer le froid qui soufflait et tentait de lui glacer les os. Son regard jaune vit Montagne trier les herbes, nerveusement et plusieurs chasseurs se réveillèrent progressivement, mais ne bougèrent pas, restant dans leurs lits, assis. Quelques minutes s’écoulèrent ou peut-être un peu plus, quand Aikrya revint, les yeux ronds et angoissés. Volcan fut rapidement debout, tremblante d’une rage qui n’était pas totalement justifiée et attendit que le chasseur lui raconte ce qu’il se passait. Il inspira profondément et expliquait qu’une troupe de félins blessés s’approchaient dangereusement du Grand Lac. Il précisa que leur odeur lui rappelait la charogne et elle se retint de le rabrouer méchamment. Le Clan de l’Ombre ne sentait pas la charogne ! Elle hocha simplement la tête et ordonna à tous de rester là. Sans attendre, elle fila dans le camp de la Troupe adverse et résuma brièvement la situation à Lyrielle qui la suivit lorsqu’elle se dirigea vers l’endroit décrit par son chasseur. Elle connaissait le territoire, après tout. Et elle les sentait, à présent.

Elle s’approcha de la meneuse quand elle la vit. Volcan parcourut le Clan du regard et remarqua que tous étaient blessés. Son coeur manqua un bond quand elle vit sa fille, mais ne s’attarda pas sur elle. Étoile de la Mélopée parla à la guérisseuse et cette dernière enleva alors le cataplasme qui était sur son oeil. La meneuse de la Troupe Inondée l’entendit gémir, mais ne bougea toujours pas. Elle sentait la colère émanée de tous les pores de sa peau. La meneuse du Clan qui avait autrefois été celui de Volcan cligna des yeux avant de les saluer, laissant tout de suite le silence revenir brièvement. Volcan ne pipait mot et attendait de Lyrielle la même attitude. Elle se retint de toute réaction quand Étoile de la Mélopée se présenta et résuma la situation et qu’elle expliqua qu’ils avaient l’intention de rester quelques temps. Volcan inspira et expira.

“ Bien sûr, dès que quelque chose arrive, le Clan de l’Ombre est coupable.”

Sa voix était mesquine et ironique, mais elle s’adoucit, restant tout de même froide.

“Je sais qui tu es, Étoile de la Mélopée. Félicitation pour ton rang et toutes mes condoléances pour Étoile de Baies Sauvages. Je suis sûre que tu sais à merveille le remplacer. Je ne suis guère étonnée du comportement des trois autres Clans, il en a toujours été ainsi. Cependant, tu respectes bien trop le code du guerrier pour t’adonner à quelconque acte qui irait à l’encontre de ce code. Tu as déjà montré que ta dignité est plus forte que ta fierté en apportant ton Clan pour le sauver et non pas le pousser à mourir dans une bataille injustifiée. “

Petite pause.

“Ceci dit, je suis Volcan explosant sous les Braies, meneuse de la Troupe Inondée et tu resteras ici que si je n’en vois aucun inconvénient. Je ne t’attaquerais pas. Mais je pense que tu es suffisamment intelligente pour comprendre que si je décide que je ne t’accepte pas auprès de nous, il te faudrait mieux fuir. Sans quoi.. j’attaquerais. Toutefois, je ne suis pas cruelle et je ne vois guère d’inconvénients à ce que le Clan de l’Ombre reste ici un temps.”

Volcan se tourna alors vers Lyrielle et le regarda longuement avant de reporter son regard sur Étoile de la Mélopée. Elle espérait que le meneur de la troupe Embrumée comprenne que c’était à son tour de parler. Nul ne devait comprendre qu’elle espérait que le Clan de l’Ombre reste pour qu’elle puisse voir sa fille encore un peu.

Codage by Kayl pour Luny only

La lune brillait haut dans le ciel nocturne et le vent soufflait dans les feuilles. Le pelage de la chatte la protégeait un peu du froid, mais pas assez pour l'empêcher de trembler. Séia se tortillait dans son nid, cherchant à trouver le sommeil. La chasseuse laissa son regard se promener dans le camp. Les novices, les chasseurs, les Ainés ainsi que les Mères et leurs petits dormaient. Même les flambeaux dormaient, blottis dans leur nid de mousse. Montagne triait ses herbes avec des gestes nerveux. Volcan et Lyrielle semblait sur leurs gardes, l'oeil aux aguets et les oreilles à l'affut du moindre bruit étrange. Un matou alla parler à Volcan. La chatte détourna la tête pour regarder les vestiges de la pile de gibier. Rien. Pas une proie. Une vague forme tricolore s'élança vers la forêt. Aikrya. Sûrement va-t-il chasser. Se dit la jeune chatte. Ses camarades se réveillaient petit à petit, mais comme elle, restaient assis.
Les minutes passèrent. Le vent soufflait toujours, amenant les senteurs ennivrantes de la forêt aux narines de la chatte. Le silence régnait près du lac, parfois entrecoupé de craquements de brindilles lorsqu'un de ses camarades remuait. Le long pelage tricolore de la chatte scintillait. La lune et les étoiles se reflétait dans l'eau pur du lac. Elle vit Aikrya rentrer en trombe dans le camp et foncer vers la meneuse au pelage noir. Que se passait-il ? Volcan s'avança vers Lyrielle. Les deux chats échangèrent queques mots et se dirigèrent vers la sortie. Soudain, une "Troupe" entière arriva dans la clairière. Du plus jeune Petit au plus viel Ainé en passant par le plus fort des Chasseurs semblaient épuisés et meurtris. Une chatte bicolore avançait en début de file et Séia n'eut aucun mal à deviner qu'il s'agissait du Meneur de la Troupe. Mais, était-ce réelement une Troupe ? N'était-ce pas plutôt un Clan ? La jeune chatte remarqua qu'une chatte noir s'approchait de la Meneuse inconnu et lui ôta ce qui semblait être un cataplasme de l'oeil de la chatte qui prit la parole et dit qu'elle se nommait Etoile de la Mélopée. Déjà drôle de nom. Elle fit aussi allusion à la rencontre des Meneurs à l'Assemblée. Et à un problème qui aurait divisé les Clans. Cela aussi était étrange. La chatte dit aussi qu'elle souhaiterait rester ici quelques temps. Après ceux de la Meneuse adverse, ce furent les propos de sa propre Meneuse qui étonnèrent la chatte. Elle semblait connaître les traditions des Clans. Après un long discours, Volcan accepta la requête de la chatte bicolore et Lyrielle fit de même. Et maintenant ? Qu'allait-il se passer ? Où ce Clan de l'Ombre trouverait-il de quoi se nourir ? Et où dormiraient-ils ? Oh, et puis cela avait peu d'importance, tout ce que voulait la chatte, c'était dormir ! 

Tout ce que je veux, c'est dormir ! /div>

Don't bury me

Je baille à m’en décrocher les mâchoires. Je le sens, quelque chose de terrible se prépare. J’aimerais en parler mais les mots ne sortent pas. Je reste silencieux, ne parlant que lorsque j’ai besoin de répondre à une question. J’aime la neige. J’aime la pluie, aussi. Enfin, je dois être l’un des seuls félins à aimer la neige. Les autres ont froid et se plaignent sans cesse. Pourquoi se plaindre ? Il faut profiter, il faut apprécier toutes ces choses. Même la neige. C’est si beau. Je me rappelle qu’il y a plusieurs lunes, je me suis transformé en tas de neige. J’ai vu ce qu’ils voient. Mais personne ne m’avait cru, enfin mon frère, Koï. Mais ce n’est pas très grave de toute façon. Je sais que je me suis transformé.

Maintenant je suis une étoile. Ça, je ne l’ai dit à personne. Je ne tiens pas à ce qu’on me regarde encore comme si j’étais fou. Je brille dans le noir, mes poils ne sont pas blancs, ils scintillent à la lumière de la lune. Ils sont d’une couleur si pure. Je me sens bien en étoile. Mais je trouve que c’est plus compliqué de communiquer avec les chats. Les étoiles ne parlent pas aux chats. Les étoiles sont méchantes. C’est Nieza qui l’a dit un jour, et je lui avait dit que non. Alors je l’ai attaquée, et je me suis rendu compte que les étoiles sont méchantes. J’ai attaqué ma camarade parce que je ne voulais pas qu’elle aie raison. Pourtant je n’ai rien ressenti. Aucune culpabilité. Rien.

Juste ce sentiment de paix intérieure, tandis que tout le reste s’est écroulé autour de moi. La famine, la maladie, le monde dans lequel je vis s’est effondré. Mais ce n’est pas mon monde à moi. Mon monde est bien plus haut, dans les cieux. Plus haut que n’importe quel arbre, que n’importe quel nuage et même la lune est plus proche d’ici que moi. Je suis loin. Je m’éloigne encore… Je me sens transporté. Je vole. Non je flotte. Je vais rejoindre les miens dans le ciel ! Je sens que cette fois, ils vont bien m’accueillir. Je suis juste une étoile qui est tombée un jour, mais bientôt je serai à nouveau à ma place. Je m’en veux d’abandonner Koï… Mais je n’ai pas le choix. Je suis resté trop longtemps sur terre..

Je n’entends plus que des battements de coeur. Est-ce le mien qui bat si fort ? Souvenirs. Les ténèbres. La lumière. La chaleur. Le froid. Les odeurs. La douceur. Non. Ma naissance. C’est impossible. Je ne peux pas être un chat. Je suis né étoile. Je ne peux pas devenir un chat. Et si… Je ne sais plus. Un miaulement. D’où cela provient-il ? Ma mère ? Mon père ? Nouveau miaulement. Plus près de moi. On me touche. Non ! Je suis dans la ventre de ma mère. Je suis une étoile ! Laissez moi, tous ! Pourquoi je ne peux pas être ce que je suis ? Ils ne me voient pas. Ils me jugent sans me voir. Et toi là, t’es fou ! C’est quoi être fou, dis ? C’est ne pas penser comme toi ? C’est ne pas appartenir à la même espèce ? Et si je suis une étoile, peux-tu m’en empêcher ?

J’étais endormi sous la neige. Personne autour de moi. Qui a osé me réveiller ? J’entends à nouveau des miaulements et ça vient du camp. Là où les deux Troupes ont trouvé refuge. Des odeurs se mélangent et je sens la forêt. L’odeur des Clans. Mon coeur fait un bond. Et s’il y avait Petite  me ? Et si sa famille venait récupérer mon frère ? Koï ne doit pas les suivre. C’est mon frère, c’est ma famille, ils ne peuvent pas me l’enlever ! Je me lève en trébuchant et me mets à courir dans la poudreuse, le plus vite que je peux. Ce n’est pas Petite  me. Ce sont des inconnus. L’odeur du sang me parvient nettement. Mon estomac réclame et mes pattes me démangent comme pour m’inciter à me mordre encore.

Je reste sans bouger, à l’écart. Je les entends. Ils parlent, et j’entends ce qu’ils disent. Mais ce ne sont que des voix lointaines. Je veux mon frère. Je ne parlerai à personne d’autre. J’ai eu peur qu’il s’en aille, mais en même temps je suis comme… Déçu qu’il n’y ait pas la petite femelle grise. Je voulais lui parler aussi. Mais je lui parlerai plus tard. Pour l’instant je ne veux que mon frère et personne ne pourra me faire bouger à part lui. Je m’allonge à nouveau dans la neige. Je n’ai plus la force de bouger encore. Juste une petite sieste. Juste une éternité. Un peu de tranquillité. Car ces chats vont rester et moi, je ne veux pas. C’est chez moi. Je veux être seul. Je veux mourir.

Codage by Ella' for Kaylou <3