Invité

Sam 20 Fév 2016 - 20:02

Welcome in my world, my dream.

Maléfice et Couleur des Abysses ▽ On a parcouru le chemin, on a tenu la distance...

Le regard illuminé, elle avançait. Ses prunelles demeuraient perdues dans un monde qui devait être fantastique. Si merveilleux...Bien plus que le monde dans lequel elle vivait visiblement. Ses yeux plongeaient dans le vague. Car Couleur des Abysses ne voyait pas ce qui se passait sous son museau. Elle ne voyait pas le Grand Lac et sa beauté envoutante, sa surface brillante comme un diamant. La jeune guerrière ne sentait même pas le froid et encore moins le vent. Pourtant elle ne trainait pas les pattes, sa tête était bien droite. Elle ne ressemblait pas à ces fantômes de chats que l'on croise parfois, ces restes torturés et martyrisés. Non, elle, elle était pleine d'une grâce mystérieuse. Peut être parce que dans le fond la jolie féline était vraiment emplis de bonheur en cet instant. Délicatement elle posait ses pattes l'une après l'autre, pas hésitante pour un sous. Ses muscles fins roulaient sous ses épaules, et ses moustaches frémissaient. Ses oreilles étaient agitées au moindre sons, même si finalement leur propriétaire n'y faisait guère attention. Son nez analysait des odeurs, des parfums délicieux qui auraient dû la sortir de son songe éveillé. Mais rien n'y faisait. Dans son esprit tout était beau et ensoleillé. Elle y était bien. Elle ne voulait plus être dehors. Dehors il faisait froid.

Finalement la jeune chatte avait fini par s'assoir avec délicatesse face au Grand Lac. Ses yeux semblaient ne plus être perdu dans la contemplation de mondes imaginaires. Couleur des Abysses regardait, s'émerveillait devant la beauté de cette eau presque immobile. Comment avait-elle pu passer à côté sans s'en rendre compte ? La guerrière du Clan du Vent n'en savait rien. Encore une fois elle se retrouvait dans un lieu sans savoir comment elle y était arrivée. L'odeur d'un félin inconnu lui parvint aux narines mais encore une fois elle n'y fit pas attention. Elle, elle était occupée à se demander ce que cela ferait d'être un poisson. Cela devait être si agréable de sentir l'eau onduler contre ses écailles ! Soudain elle se releva et fit demi-tour, mettant fin brusquement à ses contemplations. Et là, Couleur des Abysses se heurta contre un chat qu'elle n'avait pas vu venir. Sans doute l'odeur inconnue ! Quelle tête en l'air elle était. Ses yeux bleus-verts se posèrent sur l'intrus, et elle bégaya, un peu gênée : "- Excusez moi, je suis désolée, je ne vous avez pas vu..."
▲ RIMBAUD

Invité

Lun 22 Fév 2016 - 7:29

Welcome in my world, my dream

J'errais. Comme d'habitude, en somme. J'errais sans me presser, en dehors du territoire du Clan du Vent cette fois. Plutôt du côté de ces « Troupes » qui avaient débarqué. Je n'allais pas les voir, oh non, je n'y connaissais personne, et puis j'aimais bien ma solitude. On se connaissait par cœur elle et moi, on se tenait compagnie depuis que les autres m'avaient mis de côté. On s'était apprivoisés, et je l'avais appréciée de plus en plus. Oui, j'y tenais à cette solitude. Au moins elle me laissait penser en paix. Elle ne venait pas interférer avec ses paroles bruyantes qu'on doit écouter pour ensuite y répondre. Elle ne me posait jamais de question. Et elle se taisait. Le silence aussi j'avais appris à l'aimer. A reconnaître ses différentes formes également. Le silence est magnifique, quand on sait l'écouter. Non, je ne suis pas fou. Je ressens juste certaines choses que vous avez oubliées, assaillis par tout ce bruit qui vous entoure jour et nuit.

J'errais, donc, près du Grand Lac. Il était beau, scintillant au soleil, seulement troublé par quelques rides à la surface, de temps en temps. Des ridules qui faisaient onduler l'eau comme un serpent hypnotique. J'aurais pu rester là des heures, à l'observer, à ne penser à presque plus rien. Calmer ce flot de pensées continu, le rêve. Mais non. Sans savoir pourquoi, je n'en avais avais pas envie. Alors je me remis debout et remarchai en longeant le lac. Je replongeai aussitôt dans l'océan de mon esprit. Je ne faisais plus attention à rien excepté ma douleur. Mais un choc dans mon épaule droite m'en empêcha. Je m'arrêtai subitement, et regardai ce qui m'était rentré dedans. C'était une jeune chatte, noire et fine. Elle paraissait gênée, et parla pour s'excuser :
"- Excusez moi, je suis désolée, je ne vous avez pas vu...
- Oh, euh, ce n'est pas grave... Parce qu'en fait... Moi non plus."

J'avais l'impression d'être tout aussi gêné qu'elle. En fait, on était autant en tort l'un que l'autre. Alors, pourquoi devrait-elle s'excuser toute seule ? Cela paraissait normal qu'elles viennent des deux côtés, les excuses. Je relevai la tête, pour voir plus distinctement mon interlocutrice, et et croisai son regard. Je sursautai imperceptiblement. Ce qu'on y voyait ne pouvait exister ici-bas. C'était un mode bien trop joyeux et optimiste. Un monde tout rose. Un monde utopique. Comment pouvait-elle voir ça autour d'elle ? La réalité ce n'était pas ça... La réalité, c'était les amis partis, les combats, la mort, les larmes, la faim, le froid, la souffrance, ... La réalité c'était la douleur que je ressentais, là. Elle était réelle cette douleur, je le savais mieux que personne ! Alors non, non, non, le monde c'était pas ça. Elle n'avait pas le droit de tout cacher ! Pas le droit de s'en cacher ! Tout le monde doit l'affronter, alors pourquoi pas elle ? C'était injuste !

Je détournai le regard. Je ne pouvais pas le supporter. Il me brûlait. Et j'avais déjà bien assez mal sans cela.

"- Qui es-tu, au fait ?"

Elle m'intriguait tout de même. Et la moindre des choses pour commencer à la connaître était de savoir son nom. Une simple question suffisait pour ça. Trois mots, ce n'est pas trop. Le silence n'en sera pas trop gâché par ma voix devenue rocailleuse. Normal, quand on l'utilise peu. Et à qui vouliez-vous que je parle ? Difficile de trouver, hein, quand les autres ne veulent plus de moi ? Bah oui, vous avez votre réponse. Personne.

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