« C'est lorsque la poussière céleste se pose sur les cicatrices éternelles d'un cœur meurtri que l'aurore se lève pour se faire réconfortante.» 

Petite Aurore est aussi belle que l'aurore qui se lève chaque matin sur la forêt, mais cette petite chatonne l'ignore. Sa modestie la poussera toujours à vous contredire lorsque vous lui ferez remarquer. Elle n'est pas belle, non, c'est vous qui rêvez.
Petite Aurore a un pelage long, retenant de son père sur cela. Un magnifique pelage doux qui donne parfois le sentiment d'un nuage et malgré ce pelage long, elle a une silhouette renvoyant à sa mère, une silhouette effilée, svelte, fine qui lui procurera grâce et discrétion. Parfaite petite espionne en devenir.
Son pelage est d'un gris pâle, aussi pâle que celui du pelage de son père, mais son gris ne rappelle pas la poussière, elle. C'est un gris qui rappelle la douceur, simplement. La douceur qu'elle incarne. Ce gris est, à l'instar du pelage de sa mère, parcourut de petites rayures, parfois plus grandes, qui entourent aussi ses pattes. Des rayures d'un gris plus foncé, plus poussiéreux, et parfois, d'un peu de blanc. Elle aime son pelage, elle aime les différentes couleurs qui y règnent. Elle a toujours aimé son pelage depuis sa naissance, et maintenant qu'elle approche son âge pour devenir novice, elle l'aime encore plus.
Tout comme son père, Petite Aurore est infiniment petite. Elle a la taille d'un chaton de deux lunes alors qu'elle en a cinq. Il faut croire que ce problème qui sévissait chez son père l'a frappé de plein fouet elle aussi. Ce n'est pas grave, elle ne s'en sent absolument pas complexée et elle sait qu'elle pourrait même en jouer. Et puis... comme elle le dit si, c'est le destin.
Son regard est tout simple. Et pourtant chaque fois que ses yeux croisent ceux de sa mère, sa mère y voit le fantôme d'un chat qu'elle a aimé. Oui, Petite Aurore a les mêmes yeux gris pâle que son père, avec les mêmes petites nuances près de l'iris, à croire qu'elle aurait arraché les yeux de son père pour les prendre. Mais évidemment, ce n'est pas le cas.

Douce - Autoritaire - Aimante - Jalouse - Têtue - Fataliste -  Modeste

Généralement douce, Petite Aurore est appréciée des chatons plus jeunes qu'elle parce qu'elle ne les réprimande par en criant. D'ailleurs, la féline ne supporte pas que l'on crie. Quelqu'un lui crie dessus, elle cesse immédiatement d'écouter, alors vaut mieux faire comme elle et parler doucement. Petite Aurore est, néanmoins, autoritaire et ne supporte donc pas la contradiction. Toutefois, il n'est pas nécessaire qu'elle insiste puisqu'en général, les chatons plus jeunes l'écoutent dès le premier instant. Dans ce monde où il y a presque que de la haine et de l'hostilité, Petite Aurore est une femelle aimante, tout particulièrement envers sa mère, et sa seule famille en vie, ou tout du moins auprès d'elle. Elle n'en est pas naïve, et demeure méfiant envers l'ennemi. Seulement, elle ne rejette pas l'affection des autres et ne voit pas que la haine. Mais même si elle se trouve à ne pas hésiter à aimer, elle est d'un naturel jaloux et elle pourrait avoir une envie terrible de s'en prendre à ceux qui approchent l'être aimé. Seulement, cette jalousie n'est pas visible, elle la garde en elle, la laisse fleurir, éclore. Petite Aurore est ainsi, après tout, elle ne veut pas emprisonner ceux qu'elle aime.

Petite Aurore retient de sa mère et de son père, beaucoup. C’est ainsi qu’elle se retrouve à être têtue et à défendre ses idées, inlassablement, même si elle doit passer des heures pour convaincre l’autre… ou ne pas le convaincre. Elle n’abandonnera jamais, parce que ses opinions sont importantes, alors il faut bien les faire valoir. Pour la chatonne, la vie n’est pas un ensemble de choix et de conséquences, la vie est simplement quelque chose de tracé à l’avance, alors si quelque chose arrive, c’est que cela devait arriver et qu’on ne pouvait pas l’en empêcher. «C’est la vie» dirait-elle. C’est la vie si un chaton ne survit pas, c’est la vie si un guerrier devient traître, c’est la vie si les Clans sont en danger. C’est comme ça, c’est la vie. Petite Aurore ne cherchera donc pas à réconforter un chat triste, parce que ce n’est pas utile. S’il ne peut pas comprendre que c’est la vie, à quoi bon ?

Au fil des lunes, au fil du temps, elle entendra une voix. Une petite voix assez grave qui résonne en elle, mais cette voix n'est pas malveillante, bien au contraire et sans même qu'elle ne le sache, cette voix ne sera rien de plus qu'un lien entre elle et son père qui vit dans les étoiles, dans les nuages et c'est cette voix qu'elle entendre, sa voix à lui. Elle n'en parlera jamais, tout comme elle ne parlera pas des ressentiments qui l'envahiront par moments. Ce sera son petit secret.

Petite Aurore n'est pas née dans un temps calme, dans un temps qui valait la peine, un temps où elle aurait dû naître. Elle aurait pu naître après, après les tensions, après cela, mais non. Non, parce qu'elle est née à ce moment et que c'est la vie qui en avait décidé ainsi. Elle est née dans un temps de guerre, dans un temps de tension, alors que la tristesse et la haine se trouvaient à être au rendez-vous. Elle est née dans ce moment alors qu'elle aurait pu naître plus tôt, mais non, il a fallu qu'elle naisse là, aux Quatre Chêne, lieu sacré, lieu sans querelles, sans sang. Et pourtant, une novice a eu l'inconscience d'imbiber la terre de sang. Nuage de Cicatrice, dix-huit lunes, était gestante depuis deux lunes lorsqu'elle s'est trouvée dans les terres libres, dans le lieu de l'assemblée et que la petite dans ce ventre arrondi a décidé désirer sortir. Cicatrice de Ronces, une mère sans compagnon parce que celui a rejoint les étoiles. Trop fier. Trop déterminé. Trop inconscient. Mort dans un entraînement, alors que la fièvre le rendait bien trop faible. Cicatrice de Ronces qui n'avait pas de mère. Où était-elle ? À cet instant, on la pensait dans les étoiles.
Si seulement elle avait su.
Si seulement on avait su.

Ainsi, Petite Aurore est née aux les Quatre Chênes. À proximité, sans le savoir, de deux Troupes vivant de base bien trop loin pour être présente, mais ayant fait le voyage à cause d'un empoisonnement de l'eau. Par chance, pour la novice qui aurait déjà dû être guerrière. Parce qu'ainsi la botaniste de la Troupe Inondée n'était pas loin lorsque le début de l'accouchement se fit voir. Montagne de son nom. Elle accourut pour aider la jeune mère à mettre au monde sa petite sans de trop grandes complications. Sans doute même que cela vint sauver la vie de Nuage de Cicatrices qui vit une petite chercher de l'attention, un pelage mélangeant des traits de son défunt compagnon et elle. Doux ressentiments et détermination de ne pas faire comme sa mère avant elle : la chatonne aura toute l'attention et l'affection nécessaire à son bon développement.
Et son nom ?
Petite Aurore.
Pour que le matin se lève toujours,
Pour que les étoiles cessent de briller un peu.
Pour que l'espoir ne s'efface pas un jour.

La vie suivit son cours, rien ne détonna, tout était normal, enfin, elle voyait sa mère tenter de vivre, de survivre, de montrer à la vie qu'elle était forte et ne s'abaisserait pas. Nuage de Cicatrice pour le moment. Bientôt guerrière. Ils durent, le Clan de l'Ombre, fuir leurs terres. Les trois autres Clans se sont attaqués à eux. Ils étaient trop nombreux, l'Ombre a dû donc se réfugier aux Grands Lacs, où les meneurs des Troupes ont accepté avec gentillesse leur présence. Ou plutôt tolérance. C'était sans doute préférable ainsi, parce que Petite Aurore ne voulait pas prendre le risque de mourir tout de suite, même si elle savait que ce serait la vie qui déciderait du jour où elle mourra et qu'elle n'aura aucune emprise sur cela.

Et les lunes passèrent quand soudainement une petite chatonne au pelage noir, Liwa piégée par le Sang, appartenant à la Troupe Embrumée, se ramena en clamant avoir découvert la prison. Petite Aurore était dubitative, mais elle ne se prononça point. Elle eut mainte difficulté à ne pas pleurer quand sa mère se porta volontaire pour partir afin d'annoncer aux Clans la nouvelle. Elle ne parla pas plus de son soulagement quand elle put se blottir dans la fourrure chaude de Cicatrice de Ronces. Elle ne parla pas plus de sa curiosité concernant l'animosité qui liait sa mère à la meneuse de la Troupe Inondée malgré la curiosité qui la rongeait. Elle comprenait que ce n'était pas le cas et une petite voix lui disait de ne pas poser de questions, qu'un jour, elle comprendrait.
Je te promets, Petite Aurore, qu'à la levée de tes jours éternels, ta compréhension du monde ne sera que la plus claire.

Et puis la bataille finale arriva. Cette bataille qui remplit Petite Aurore de terreur, encore plus que lorsque les Clans s'en sont pris aux Troupes et à l'Ombre aux Grands Lacs. Cette bataille de laquelle plusieurs guerriers ne revinrent pas. Cette bataille qui fit couler des larmes, cette même bataille qui attaqua des membres, cette fameuse bataille qui s'ancrera dans l'histoire et que les guerriers d'aujourd'hui, les anciens de demain, conteront aux chatons du futur.
Et ils rentrèrent chez eux pour un nouveau levé de soleil aux lueurs sanglantes.
Le destin frappera de nouveau, fatal.