Tiens donc, un petit fugueur... [PV Petit Torrent]

J'en ai marre d'être enfermé dans le camp, d'abord!

Le camp. Encore et toujours. Ce même maudit camp. Impossible de sortir de cet endroit. C'est tout petit, pourtant! Dehors, il y a de l'espace! En plus, je pourrais vraiment tester mes capacités là-bas! Au lieu de ça, je suis coincé dans un camp dont je connais chaque fissure sur le sol, chaque vibration, chaque bruit, chaque odeur, chaque recoin. Je m'assois dans un grand bruit devant l'entrée de la pouponnière en soupirant un grand coup. Je veux sortir de là! J'étouffe à rester ici! Plus choyé que les autres, pris en pitié, j'en ai marre de tout ça. Le pire dans un camp, c'est que l'on ne peut jamais être tranquille. Seul pour réfléchir. Avoir la paix. En plus, le camp est plein de poussière en ce moment. Je veux découvrir la rivière moi!

C'est décidé, aujourd'hui je sors. je ne sais pas comment, mais je dois sortir. Je vais trouver un moyen. Je ne suis pas le premier chaton à fuguer. Il y a toujours une technique. Voyons voir, où peut-il y avoir une brèche dans ce camp? Je fais lentement le tour du camp, près des limites, les oreilles dressées, aux aguets, prêtes à sentir une différence de son, concentré sur mes pattes afin de voir une brèche à côté. Il suffit d'une amplitude de vibration légèrement plus grande pour trouver. C'est alors que je m'arrête. J'avais trouvé. Enfin. Et mon odorat m'a fixé sur le lieu de la brèche. Pouah! Le coin pour faire ses besoins! Néanmoins, le trou fait à peu près ma taille si j'en crois mes moustaches, lorsqu'elles examinent ma porte de sortie. Un autre chaton a dû se frayer un chemin ici auparavant. Pas de bruit... A plat ventre... Doucement, ne pas faire remuer quoi que ce soit... Voilà! Je suis dehors! Ah, enfin! Je vais pouvoir partir en exploration...

J'inspire l'air un grand coup. Il est différent du camp. Il a l'odeur et le goût du vent, de l'eau, des arbres. Dans le camp, l'air est abrité. Il sent la terre et les chats. Je préfère celui-là. Bon, par où aller? Oh, je veux voir les arbres. Il n'y en a pas beaucoup sur nos terres et je veux savoir à quoi ressemble la forêt. Pour cela, il faut aller aux Rochers du Soleil. C'est de l'autre côté de la rivière. Plus qu'à trouver la rivière. Au moins, ça, c'est facile. L'odeur de l'eau est présente partout. Il suffit de différencier l'eau sale venant de zones marécageuses, de l'eau propre venant de la rivière et d'écouter attentivement. Tout oreille attentive un minimum fine peut entendre la rivière d'ici. C'est parti.

Tranquillement, j'arrive à la rivière. Les espaces vastes sont vraiment géniaux. Mais, uh... Je recule. Le sol est moins solide ici. L'eau a tout humidifié. Dans la boue ou les sols plus mous, je vois moins bien. Je l'avais remarqué. Bon, explorons l'endroit! Il y a des touffes d'herbes un peu partout, elles peuvent sûrement cacher quelques proies. Ne pas oublier qu'il ne faut pas piétiner les herbes. Celles-ci aideront à la chasse. La proie se croira en sécurité, ce qui ne sera pas le cas. Un aide pratique! Ensuite... oh, les ennuis. J'aurais dû faire plus attention aux alentours. Et maintenant, la guerrière un peu plus loin m'a sûrement remarqué.

Tu es Petit Torrent, c'est ça ? Que fais-tu ici ? Et tout seul en plus ?

Fin de la partie. Dommage. Mais elle n'est pas obligé de me parler d'aussi loin. Elle va faire fuir les proies. Ce n'est pas très malin de la part d'une guerrière. Comment veut-elle chasser après? Je m'assois calmement en enroulant la queue autour des pattes, les sens étendus jusqu'à elle et ce qui l'entoure. Quand on remarque un chaton, on ne fait plus très attention au reste. Odeur importante. Là, juste devant. Remède de guérisseur. Petite pousse. Utile pour plus tard. Je me relève et court jusqu'à la guerrière, légèrement agacé. Je la bouscule au passage pour éviter qu'elle écrase la pousse. Personne ne remarque une jeune pousse. C'est l'avenir pourtant. Comme nous, chatons.

Attention! Tu as failli écraser une pousse de remède! L'odeur est la même que celle que j'ai sentie la dernière fois que je visitais la réserve de notre guérisseuse...

Je m'assois à côté d'elle et relève la tête pour la regarder. A vrai dire, j'oriente plutôt mes sens vers elle pour connaître ses ressentis. Je remue les moustaches avant de reprendre la parole. Je reste poli tout de même, ça ne se fait pas de ne pas répondre quand quelqu'un pose une question.

En fait, j'explore. Je ne suis jamais venu ici alors je visite. C'est trop monotone dans le camp, j'avais besoin de sentir l'odeur de la rivière, de l'écouter et d'explorer ses alentours... Les histoires des anciens, c'est bien, mais voir en vrai, c'est mieux.

Et je n'ai pas fini mon exploration, donc je continuerai quand tu seras partie. Et hors de question que je rentre avec toi! Je sais comment te faire défaut... Cela s'appelle l'intelligence.

© by Night 015. Pas touche e.e