Sieste dans un environnement apaisant [Rayn]

Une brise fraîche me caresse le visage et fait se soulever mes poils. L’air est froid, le ciel est pâle. L’aube se lève à peine. On dirait que mon exploration continue. Je vais pouvoir vagabonder une nouvelle fois. Cela ne pose aucun problème à ma sœur, tant que je reviens le soir.
Parfois, je me demande si les choses seraient les mêmes si nous avions toujours nos parents. Maan ne m’en parle jamais. Je n’ai aucune idée de ce qui leur est arrivé. J’aimerais les connaître, même si au fond de moi, quelque chose me dit que ce n’est pas une bonne idée. Quelque chose me dit que l’ignorance est mieux pour moi. Quelque chose me dit que je ne dois pas savoir qui ils sont, quand bien même ma curiosité est plus forte que tout. Je dois résister. Je résiste, pour le moment, mais résisterai-je pour toujours ? J’en doute fort.

Pour le moment, mon exploration des territoires qui bordent les troupes me vont oublier cette envie irrépressible. Je ne dois pas y penser. Je ne dois plus y penser. Je n’ai pas besoin de mes parents. Maan et moi, on vit très bien seules.
Il y a des collines, là où je suis. Des collines apparemment inhabitées, pourtant pas si hostiles. Peut-être qu’on devrait s’établir ici, ne serait-ce que l’espace de quelques couchers de soleil, un quart de lune tout au plus. Ma sœur ne m’a pas encore dit qu’on devait repartir, mais je l’attends. Je sais qu’en réalité, et malgré tout ce qu’elle veut me laisser penser, on est toujours en fuite. On est toujours méfiante. On est toujours aux aguets. On est toujours en train de craindre ce poursuiveur que je ne connais même pas. Je ne sais même qui je fuis. Peut-être que Maan devrait me le dire, un jour. Comme elle devrait me dire qui sont nos parents, qui est notre famille. J’aimerais qu’elle me dise enfin qui je suis.

Des oiseaux chantent. Des arbustes poussent. Des fleurs bourgeonnent. C’est vraiment un bel endroit. J’aime ces collines. Elles sont reposantes, agréables. Il n’y a même pas un aigle pour tournoyer dans les airs et me faire peur. Pas un renard. Pas un blaireau. Rien du tout que je puisse craindre. Je suis dans une béatitude totale.
Je m’allonge dans l’herbe, ferme les yeux. Je suis bercée par le chant des oiseaux et par le doux souffle du vent dans mes oreilles. Peu à peu, je m’endors.

Je rêve d’un chat. Un chat sans visage. Il porte ma sœur, chatonne. Et deux autres chatons que je ne connais pas. Il semble heureux, ma sœur aussi, et la chatte qui commence à apparaître également. Tout semble parfait, apaisant. Et puis soudain, ma vue se brouille. Des gouttes de sang obstruent ma vision. Tout semble mal tourner. Je ne vois pas ce qui se passe. J’entends des cris, comme si on m’appelait, et je me fais pousser par derrière. Je tombe, tombe, tombe…

Je me réveille en sursaut. Une chatte est là. Je crois qu’elle veut me réveiller. Oui, c’est ça. Elle se demande peut-être ce que je fais là. Ou alors c’est son territoire. Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Je suis encore trop choquée par ce cauchemar épouvantable. Je me relève tout de même. La chatte miaule.

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